Chapitre 1
L'Obscurité.
Une noirceur profonde et insondable, semblant contenir aussi bien le néant que l'infini.
Elle s'avance un peu plus chaque seconde, dévorant avec une facilité déconcertante tout ce qui se trouve sur son passage.
Une larme m'échappe, roulant sur mon visage jusqu'à rejoindre le coin d'un sourire crispé.
Ah.
Je vais mourir.
Il ne restera bientôt plus rien de cette porte impossible à ouvrir, qui avait constitué l'espace d'un instant, mon seul espoir dans cet enfer qu'est devenu ma chambre. C'était une solution, bien plus viable que mon refuge actuel, si tant est qu'un coin de chambre, une couette et une vieille peluche puissent être considérés comme tel.
Ma fin est proche.
Mon cœur bat de plus en plus vite au point de me faire souffrir.
Il reste plus que quelques centimètres entre les ténèbres et mon corps recroquevillé et tremblant.
Je savais... Je savais que ça finirait comme ça.
***
"AAAAAAAAAAAH !"
J'ai le souffle court, mon cœur me fait souffrir et mon corps tremblant est en sueur, mais cette fois pas de ténèbres, seulement quelques rayons de soleil.
"Aaaah... Et un cauchemar de plus, ça faisait un moment. Même après douze ans de cauchemar récurent je ne m'y habitue toujours pas."
Même si j'ai l'habitude, être dans ma chambre après un cauchemar qui s'y déroule me laisse toujours un sentiment de malaise.
Une crainte sourde, qui me hurle de fuir cet endroit où je suis censé me sentir en sécurité, mais je ne peux pas changer de chambre après chaque nouveau cauchemar, ni passer ma vie sur le canapé du salon, alors pas le choix, il faut faire avec.
Mon téléphone sur la table de chevet m'indique 6h34, visiblement le soleil vient à peine de se lever. Quand je pense que je n'étais pas censé me réveiller avant 9h ce dimanche ça me déprime. C'est mon dernier jour de vacance avant la rentrée donc ce cauchemar m'a fait perdre une mâtiné inestimable.
Sans trainer plus longtemps, je sort de mon lit et part en direction de ma salle de bain en allumant mon enceinte au passage, la musique c'est bon pour le moral et ça vide la tête.
Malgré sa petite taille cette pièce comporte le trio douche, toilettes et lavabo donc j'en suis assez satisfait. et puis tout le monde n'a pas l'avantage d'avoir une salle de bain dans sa chambre alors je m'estime privilégié.
Le visage lavé et la bouche débarrassé du goût âcre de la nuit, je fait un point sur mes cernes avant de me rendre à la table du salon accompagné d'un bol de lait et d'une boite de céréales au diabète.
Alors que je regarde quelques dessins animés sur le canapé depuis une bonne heure, la chevelure noire de mon père entre dans mon champ de vision. En toute logique ma mère ne tardera pas à sortir elle aussi, puis ils iront sur la terrasse boire leurs cafés comme d'habitude.
"Bonjour mon grand, tu n'es pas aussi matinal d'habitude, mauvaise nuit ? Tes cernes font peur à voir.
- Bonjour Papa, C'est rien de grave je me suis juste réveillé très tôt sans pouvoir me rendormir alors je suis descendu.
- D'accord d'accord, tu nous le dirais si ça n'allait pas, hein ?
- Oui oui, bien sûr ne t'inquiète pas.
- Ok je te fais confiance."
Mon père est bien sympa mais pas question de retourner chez ma psy à chaque cauchemar, j'ai eu mon compte. Ça fait bien longtemps que j'ai compris qu'un millier de séances ne pourraient pas mettre fin à tout ça. Pour y arriver il faudrait déjà qu'ils comprennent que je dis la vérité depuis le début ! Enfin ça, même moi je n'en suis plus très sûr parfois.
"J'ai bien envie de rester devant quelques dessins animés ce matin. Je regarderais en mangeant mon petit déjeuner avant le début des hostilités.
- Quelles hostilités ?
- Le ménage mon grand, le ménage.
- Noooon, pourquoi... ?
- Ah ! Ah ! Ah ! Aller à tout de suite. "
Comme prédit plus tôt, ma mère Anne sortit de la chambre quelques minutes plus tard. Elle me comfirma que ma matinée ne serait que souffrance tout en faisant des papouilles humiliantes à mon visage d'adolescent trop vieux et viril pour ces conneries. Un café plus tard mon père s'installa à table pour son petit déjeuner et le reste de la famille, enfin réveillé, ne tarda pas à l'y rejoindre.
Tout comme mon père et moi, Eden et Jinia ont finalement rejoint la team canapé pendant quelques minutes après avoir mangé. Ces jumeaux de 24 ans s'entendent comme chien et chat, un comportement qu'on pourrait considérer comme étrange pour des jumeaux, mais avec des caractères à ce point opposés est-ce qu'il y a vraiment de quoi être étonné ? Après tout, on met face à face une working girl extravertie et un geek qui vie principalement dans sa chambre. Ça ne colle pas. Perso au milieu de ça je n'ai pas d'autre choix que d'être aussi neutre que la Suisse, généralement flemmard mais sérieux quand il le faut. Bon, surtout flemmard.
Après "les hostilités", j'ai finis par regagner ma chambre redevenue un lieu de paix qui, optionnellement, pouvais me garder éloigné des membres de ma famille pour une heure ou deux. Je me suis donc laisser tomber sur mon lit cinq minutes avant d'aller prendre une douche bien méritée.
Globalement j'ai une vie plutôt agréable, en temps que designer automobile ma mère nous assure le confort et le restaurant de mon père aussi tourne très bien donc je n'ai pas vraiment à me plaindre.
J'aime ma vie et ma famille mais il y a une ombre au tableau, de manière étonnamment littérale d'ailleurs. Un être fait d'obscurité pure qui hante régulièrement mes nuits depuis plus de dix ans, un démon.
Quand j'avais six ans, j'ai été confronté à un incendie qui a failli me coûter la vie. Ma tante Elena et son mari n'ont pas eu ma chance. A cause de mon traumatisme, je ne me souviens que de peu de chose, cependant quelques bribes subsistent.
Je crois que j'étais dans un endroit sombre et froid quand ça s'est passé, peut-être un placard. A un moment donné il a commencé à faire très chaud et j'avais de plus en plus de mal à respirer, parvenant à peine à rester conscient. Il y avait beaucoup de bruit dehors puis tout est redevenu calme, et là je l'ai vu, le monstre de ténèbres.
Ce n'était peut être qu'une hallucination dû au manque d'oxygène, c'est possible vu que j'était à peine conscient mais... je me rappelle avoir été attrapé par la nuque. J'ai été soulever par sa main alors que ses griffes me transperçaient la peau. Malgré les avis de la police et des psychiatres sur le sujet, les cicatrices que je porte encore aujourd'hui me laissent penser que c'est réellement arrivé.
Après ça c'est le trou noir, j'ai repris conscience à l'hôpital. Ma mère m'a expliqué que les secours m'avaient trouvé à l'ombre d'un arbre à plusieurs mètres de la maison. À l'origine, ils m'avaient laissé chez la sœur de mon père parce que les jumeaux voulaient absolument se rendre à un parc d'attraction spécialisé dans les manèges à sensations. Ce n'était que pour quelques jours et il était plus simple que je ne vienne pas, c'est pourquoi ils m'ont laissé à leur charge. C'était l'occasion de profiter un peu de la nature autour de la propriété de mon oncle Arthur.
Je sais qu'à l'heure actuelle ils regrettent encore cette décision.
"Bon assez d'introspection, si je continue je ne me laverai jamais."
Je me lève de mon lit et rejoins la salle de bain avec un t-shirt, un jogging et évidemment un boxeur propre pris dans ma commode.
Ma douche terminée, je recoiffe sommairement les boucles de mes cheveux bruns puis observe mon corps que je qualifierais de "pas mal du tout" dans le miroir. Quelques gouttes d'eau roulent encore sur ma peau mate que je tiens de mon père. J'ai une bonne carrure dû à quelques années de pratique de self défense et de kick boxing, mais je reste assez fin malgré tout, un peu plus de masse ne m'aurait pas déplu. Quelques centimètres aussi pour enfin faire partie de la team 80 mais mon corps ne semble pas vouloir dépasser mon mètre soixante-seize. Mis à part les fameuses cicatrices sur ma nuque, mon autre petite touche d'originalité tient dans la couleur de mes yeux. D'après ma mère mes iris dorés seraient semblables à ceux de mon arrière grand-mère, c'est plutôt rare mais c'est une couleur qui surgit de temps en temps dans la famille apparemment.
Mon inspection terminée et mes vêtements enfilés je m'allonge sur mon lit avec mon pc à la recherche d'une série, d'un anime ou d'une vidéo quelconque mais finit par abandonner car mon corps semble vouloir récupérer les précieuses heures de sommeil dont il a été privé plus tôt. C'est un peu paradoxal mais malgré mes cauchemars j'adore dormir, heureusement mes rêves sont autant peuplés d'aventures fantastiques que d'ombres maléfiques.
***
Personnages évoqués :
Mael Evans : Personnage Principal
17 ans, lycéen, flemmard
Owen Evans : Père de Mael
54 ans, cuisinier
Anne Evans : Mère de Mael
55 ans, designer automobile
Eden Evans : Frère de Mael
24 ans, geek, se cherche
Jinia Evans : Soeur de Mael
24 ans, étudiante, travailleuse
Elena : Tante de Mael
Arthur : Mari de Elena
??? : démon ?
...
Réécrit le 06/02/25
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