Chapitre 14 : Rouge amour, Rouge sang
Bonjour à tous, petite surprise, ce weekend encore un chapitre qui apportent quelques réponses à celui de la semaine dernière. Warning : mention de torture et mutilation dans les flashback en italique. Bonne lecture à tous et bon weekend !
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Les deux hommes auraient pu rester ainsi enlacés, blottis l'un contre l'autre, pour l'éternité et même plus si Max ne s'était pas mis à pleurer depuis sa chambre. Contre lui, Magnus sentit distinctement son époux se tendre, les muscles tétanisés, les oreilles aux aguets et la gorge nouée. Les larmes étaient revenues hanter ses orbes cobalts et il sentit son coeur se tordre douloureusement. Alec était un bon père aimant pour leur fils, ce n'était pas le problème, loin de là et Magnus le savait. Le problème était qu'avec sa dépression post partum, le noiraud était bien plus à vif que le reste du temps et un rien pouvait le briser ou le faire partir dans des colères monstres. Il ne s'en serait jamais pris directement à leur bébé, évidemment, mais l'entendre pleurer lui donnait souvent envie de se frapper la tête contre les murs et de fondre lui-même en larmes. Par ailleurs, leur Blueberry pleurait énormément, et pas uniquement comme la plupart des bébés. Max pleurait pratiquement tout le temps et aucun des deux n'arrivait à comprendre la raison de son chagrin permanent. Catarina les avait rassuré en disant que certains bébés pleuraient énormément pendant les premiers mois et que, étant l'enfant d'un sorcier et d'un Chasseur d'Ombre, il possédait peut-être une sensibilité plus accrue aux énergies magiques et runiques et qu'il ne savait pas comment gérer la situation. Lorsque sa meilleure amie avait émis cette hypothèse, l'Indonésien s'était empressé de tapisser le sol et les murs de la chambre de leur trésor de moquette insonorisante et duveteuse qui lui donnait chaque fois l'impression de plonger au cœur d'un nuage de coton. Malgré tout, leur stratagème n'avait servi à rien et Max pleurait toujours autant, leur donnant tout le mal du monde pour le rendormir chaque fois. La seule chose qui fonctionnait plus au moins bien, mais pas à chaque fois, était de lui mettre la tête à l'envers quelques secondes, comme s'il marchait au plafond. Visiblement, l'inversion de la gravité amusait le nourrisson qui finissait par s'apaiser dans les bras de son Ayah, le plus souvent. Le descendant d'Asmodée caressa donc la joue de son homme et plongea son regard félin dans les yeux larmoyant de son cadet et il lui captura les lèvres tendrement comme pour lui promettre que tout irait bien et qu'ils s'en sortiraient, tant qu'ils restaient ensemble.
- Va prendre une douche pour te détendre, Sayang, je m'occupe de Max et ensuite on pourra se reposer d'accord ? Je gère la situation, ne t'en fais pas.
- Tu es sûr ? S'enquit le noiraud en reniflant fébrilement. Je...C'est toujours toi qui va le voir...Je veux t'aider...
- Tu m'aideras en te reposant, Alexander, assura le plus vieux en l'aidant à se relever. Je ne peux pas prendre soin de nous trois tout seul, alors prendre un peu de temps pour toi et te reposer me sera bénéfique, je te le promets.
Sur ces mots, il lui vola un dernier baiser et se dirigea vers la chambre de leur petit monstre bleu pour effectuer quelques sorts de pesanteurs et lui faire faire un tour du côté du plafond. Il pourrait même lui faire des roulades, sourit-il intérieurement avant de se rappeler à l'ordre : son bébé était un sorcier, pas un hamster dans sa boule. Alec, lui, observa son cher et tendre immortel s'éclipser dans la chambre de Max et il inspira plusieurs fois profondément pour calmer ses larmes imminentes qui menaçaient de couler. Il devait être fort et tenir pour Magnus. L'asiatique faisait énormément pour lui, pour Max, pour que leur chez eux soit agréable et en bon état, tout en continuant d'assurer ses fonctions de Grand Sorcier de Brooklyn et de représentant des sorciers au siège du Conseil de l'Enclave. L'immortel était également lié au Labyrinthe en Spiral où il aidait Tessa et Ragnor à former leurs plus jeunes membres à la maîtrise de leur magie, sans parler du temps qu'il passait au Dumort pour assurer la sécurité des boucliers qui protégeaient la demeure de son petit frère et de son clan. Magnus enchaînait les casquettes sans jamais se plaindre et Alec se força à garder son calme et à se diriger d'un pas pesant jusqu'à la salle de bain : il devait bien ça à son amant. Peut-être même pourrait-il appeler Raphaël dans la semaine et lui demander de passer une nuit pour permettre aux deux hommes de se voir ? Reprenant peu à peu confiance sur cette pensée, le directeur de l'Institut de New York gagna la salle d'eau attenante à leur chambre où il se déshabilla pour prendre une douche chaude, voire même bouillante, et permettre à ses muscles et à son esprit de se détendre et de se relâcher. Le père de famille fit couler l'eau du pommeau et, attendant qu'elle soit à bonne température, se tourna pour apercevoir son reflet dans le miroir. Son corps nu était pâle comme le lait et couverts de cicatrices de ses trop nombreuses séances d'entraînements et patrouilles. Sur sa cuisse, il y avait encore la marque du dard du démon scorpion qui l'avait transpercé peu de temps avant ses seize ans. Bien que cette blessure ait été l'une des plus douloureuses pour lui, elle était également sa préférée : sans elle, il n'aurait jamais pu rencontrer l'homme qui faisait battre son cœur. Un sourire tendre et ému étira doucement ses lèvres et Alec laissa ses doigts effleurer sa peau, remontant plus haut.
Sur sa taille, il frôla sa rune parabatai et l'activa quelques instants, s'assurant que son frère de cœur allait bien. Une fois serein sur le sort du blond, il continua la redécouverte de son corps en caressant chaque rune, chaque cicatrice. C'était un exercice que Jem et Catarina lui avait appris à faire et qu'il avait longtemps pratiqué. Le but était, pendant cinq minutes pleines, de se mettre nu devant le miroir et d'observer son corps, simplement. Les premiers temps, Alec finissait en larmes et le miroir en petits morceaux. Avec le temps, il se contentait de détester son reflet puis d'attendre que les cinq minutes soient écoulées. En fin de compte, après un nombre inimaginable de moment passés à s'observer, il avait fini par tolérer son corps puis à l'aimer, peu à peu, voyant les changements en lui s'opérer. Sa musculature était plus affirmée, ses hanches moins marquées, sa mâchoire plus franche. Parfois, Magnus se joignait à lui, nu également, et s'observait longuement, apprenant lui aussi à aimer ce corps que le monde avait longtemps considéré comme celui d'un démon. Pour l'Indonésien, le plus dur avait été d'affronter son propre regard, mais aux côtés du noiraud il avait apprit à aimer ses yeux de chats et les affichait avec fierté, ne les dissimulant plus jamais sous des charmes, même face aux Chasseurs d'Ombres les plus virulents. Souriant doucement, le noiraud remonta ses mains sur son ventre souple et un peu lâche qu'il n'avait pas encore totalement perdu après son accouchement. Il avait envie de retrouver son corps, ses muscles dessinés et ses abdominaux, mais il savait aussi que son compagnon aimait cette partie douce de son corps et il se promit de le garder juste encore un peu pour lui faire plaisir. Presque rasséréné, le Nephilim porta ensuite le regard sur les deux cicatrices qui barraient son torse et ses larmes revinrent de plus belle. Il se souvenait parfaitement de la mastectomie qu'il avait subie et qu'il s'était, d'une certaine manière, infligée à lui-même. L'opération s'était d'ailleurs produite le soir même qui avait suivit son agression à l'Institut et les souvenirs qu'il pensaient avoir enfouis au plus profond de lui revinrent le frapper comme des coups de poings en plein plexus, le laissant pantois, haletant, replongée dans le drame qu'avait été sa vie sept ans plus tôt...
L'appartement était plongé dans le silence et l'obscurité quand Alec rentra de l'Institut. Encore hagard et à peine rhabillé, le jeune homme fonctionnait sans même réfléchir à ce qu'il faisait, ressemblant presque à un automate sans âme. Pétrifié d'une terreur tenace qui ne le lâchait plus et d'un sentiment de honte qui lui glaçait les veines, le Chasseur d'Ombre bifurqua jusqu'à la salle de bain et retira ses vêtements abîmés avant de les jeter à la poubelle, purement et simplement. Magnus râlerait sûrement, il lui en voudrait peut-être même, mais pour l'heure Alec n'arrivait pas à s'en inquiéter. Nu, grelottant sous le choc de ce qu'il venait de subir, toujours aussi mutique et pâle comme la mort, le jeune homme se glissa sous l'eau et entreprit de frotter son corps meurtrit pour le laver et le purifier de la souillure qu'il avait subit. Dans sa poitrine gonfla un sanglot qui lui noua la gorge et, alors qu'il frottait violemment ses membres rougit, presque brûlés par les griffures de ses ongles qui lui arrachait pratiquement la peau, il fondit en larme, se recroquevillant dans le bac de douche. Brisé, aussi bien physiquement qu'émotionnellement, le Chasseur d'Ombre hurla de toutes ses forces en déversant des litres de larmes, se balançant d'avant en arrière sous l'eau brûlante du pommeau de douche. L'air commença à lui manquer, comme si un poids comprimait ses poumons, et le souvenir de ses agresseurs laissa sur son corps meurtrit des sensations fantomes qu'il tenta de chasser une nouvelle fois en frottant sa peau à sang, quelques goûtes carmin venant tâcher le carrelage blanc. C'était trop, trop fort, trop vif, trop douloureux, trop tout. Avec un énième sanglot, le jumeau d'Isabelle coupa l'eau et sortit de la douche, ruisselant et frissonnant. Dans le reflet du miroir, il entrevit sa poitrine se soulever frénétiquement sous l'effet de son angoisse et un hurlement de rage le traversa, résonnant dans tout l'appartement. Tout ça était de la faute de son corps, ce corps qu'il n'avait pas demandé, ce corps qu'il détestait et méprisait plus que tout sur cette terre, plus encore même que les deux hommes qui lui avaient volé son innocence à peine quelques heures plus tôt. D'un geste vif, le noiraud essuya ses larmes et, toujours nu, se dirigea vers la cuisine avec la détermination d'un dément, ses yeux cobalts assombris de haine et de folie meurtrière. Fouillant anarchiquement dans les tiroirs qu'il ne connaissait pas encore, il finit par y dégoter l'objet de ses désires : un long couteau de chef aiguisé et tranchant dont Magnus se servait chaque fois qu'il leur préparait une pièce de boucher, son péché mignon après le poulet et le citron.
Haletant, fou de rage, son sang bouillant dans ses veines, Alec retourna à la salle de bain, le manche du couteau fermement serré dans son poing. D'un geste furieux, il claqua la porte de la salle d'eau et la ferma à clé. Magnus n'était pas censé rentrer de bonne heure, mais on n'était jamais trop prudent, après tout. Une fois enfermé avec son arme, seul, le noiraud fixa son reflet une fois de plus, des larmes douloureuses dévalant ses joues. C'était de sa faute, c'était de la faute de son corps, si seulement il n'était pas comme ça. Mais ce n'était pas grave, il y avait un moyen d'y remédier. Baissant les yeux sur la lame qu'il tenait fermement, le noiraud pencha la tête sur le côté et se retrouva hypnotisé, envoûté par la folie qui faisait rage dans son esprit. Et pourtant, pourtant il ne s'était jamais senti aussi calme et serein qu'en cet instant précis. Il eut l'impression que son corps picotait d'anticipation, comme si chaque fibre de son être savait ce qu'il projettait de faire et que cette sensation n'était autre qu'un consentement implicite et silencieux. Un sourire fou, presque tendre, peignit son visage et un soupir de grâce et de soulagement pur lui échappa. Les larmes se tarirent peu à peu, devenant moins violentes, presque résignées et Alec ferma les yeux. Il allait le faire, il allait se débarrasser de ce qui clochait chez lui comme il s'était débarrassé de ses vêtements souillés. Plus jamais il ne laisserait qui que ce soit toucher sa poitrine, son corps. Personne. Plus jamais. Prenant en coupe son sein gauche, le noiraud retint une vague de nausée et de dégoût et s'intima au calme. Bientôt il n'aurait plus à toucher ce corps, bientôt il serait débarrassé de ces excroissances qu'il jugeait monstrueuses. Tenant son sein à s'en faire mal, comme ses agresseurs l'avaient fait, le jeune homme prit le couteau de chef et se trancha la peau comme s'il s'agissait d'une pièce de viande. Un hurlement de douleur déchira sa gorge et son corps se plia en deux sous la force de sa souffrance. La bile remonta dans sa gorge et il ferma les yeux à s'en fendre les paupières pour ne pas être malade. Il sentait le sang, chaud, s'écouler sur son ventre et jusqu'à ses cuisses, et la tête lui tournait violemment. Mais il ne pouvait pas s'arrêter, pas maintenant, pas tant que son œuvre ne serait pas achevée. Reprenant le dessus sur sa douleur et sa nausée, le Chasseur d'Ombre tremblant répéta l'opération avec son sein droit et, alors que la sang s'écoulait une fois encore, il s'écroula à peine le sol, sa tête venant frapper le carrelage taché d'hémoglobine. Victime de sa douleur, le noiraud sombra dans l'obscurité, se vidant de son sang, mais un sourire épanoui étirant ses lèvres...
- Alexander ? Tout va bien ? L'appela la voix de Magnus depuis l'autre côté de la porte, le ramenant au présent.
- Ou-oui..., bredouilla le noiraud en secouant la tête. Juste une minute, j'arrive.
Inspirant et soufflant plusieurs fois pour calmer les battements frénétiques de son coeur, le directeur de l'Institut fila sous la douche sans prendre le temps d'en apprécier la chaleur et il se rhabilla aussi sec avant de sortir de la pièce qui abritait les cauchemars de son passé. Regagnant la chambre conjugale qu'il partageait avec son époux, Alec soupira de soulagement et de sécurité en voyant son cher et tendre allongé sur le lit, Max endormis sur son torse. Leur bébé avait enfin fini par se calmer et le noiraud pourrait le serrer un peu contre lui avant qu'ils n'aillent tous deux le recoucher. Le Chasseur d'Ombre se glissa donc aux côtés de son compagnon et lui vola un baiser tendre avant de tendre ses mains pour prendre leur petit Blueberry sur son torse. Le nourrisson à la peau bleue gigota quelque peu mais resta profondément endormi, sa tétine dans la bouche et s'agrippant au haut de pyjama de son père. Les deux hommes restèrent ainsi dans le calme, bercés par leur respiration mutuelle et celle de leur fils qui se reposait contre eux. La crise dysphorique d'Alec était enfin terminée et ils pouvaient enfin profiter de leur bonheur d'être ensemble. Pas besoin de mot, pas besoin de geste, juste le silence et la quiétude d'être ensemble. C'était toujours ainsi que leur couple fonctionnait : dans l'amour et la simplicité, car quand bien même Magnus pouvait leur obtenir et faire apparaître tout ce qu'ils désiraient grâce à sa magie, il n'y avait rien de plus beau que d'être ensemble à partager un câlin et un baiser. Ils restèrent donc allongés à somnoler, leurs mains jointes et Max dormant sur le torse de son père, jusqu'à ce qu'il ne décident d'aller le coucher dans son berceau pour entamer à leur tour une bonne nuit de sommeil dont ils auraient bien besoin après tant d'émotions. Les époux Lightwood-Bane allèrent ensemble à la chambre de leur fils et s'en retournèrent ensemble dans la leur, main dans la main, les doigts entrelacés. Épuisés par les longues journées qui s'accumulaient depuis la naissance de Max, Magnus fut le premier à s'abandonner aux bras de Morphées, rapidement rejoint par Alec qui posa sa tête contre son coeur pour l'entendre battre et être bercé par l'amour de son cher et tendre aux yeux félins qui était déjà partit bien loins, plongé dans des souvenirs qui s'étaient décidé à remonter eux aussi à la surface, son subconscient lui remémorant ce qu'il était advenu de ce fameux soir de cauchemar...
- Magnus ? Magnus...?
Assis sur son siège en plastique inconfortable, l'Indonésien releva la tête à l'entente de son prénom et ses yeux mordorés à la pupille fendue tombèrent sur le visage avenant à la peau bleue de sa meilleure amie qui l'observait d'un air aussi compatissant que soucieux. Habillée de sa blouse blanche, l'infirmière avait gardé sa charlotte, signe qu'elle revenait du bloc opératoire. En la voyant, Magnus sentit un élan d'angoisse l'étreindre et il fit de son mieux pour ne pas perdre le contrôle de ses émotions. Pourtant, n'importe qui aurait pu comprendre sa réaction s'il avait craqué, là, au milieu de ce couloir remplis de médecins, de patients et de familles éplorées. Cela faisait deux heures qu'il attendait, deux heures d'interminable attente. Deux heures qu'il avait emmené son petit ami aux urgences de l'hôpital pour implorer l'aide de Catarina alors que le noiraud se vidait de son sang. Lorsqu'il était rentré chez lui en début de soirée après sa journée au Labyrinthe en Spiral, le Grand Sorcier de Brooklyn s'était sentit rassuré et même heureux d'avoir fini plus tôt que prévu et il s'imaginait déjà emmener son cher et tendre au restaurant ou faire une balade en amoureux sur le célèbre pont qui les avait réunis tant de fois. Malheureusement, à peine avait-il passé la porte que sa magie, sa plus fidèle compagne, l'avait alertée que quelque chose clochait. Quelque chose ne tournait pas rond. Quelque chose dans l'air peut-être ? Ou le silence alarmant de l'appartement qui aurait dû être plein de vie des allées et venues de son petit ami ? Non, quelque chose n'allait définitivement pas et Magnus avait fouillé chaque pièce à la recherche de son cadet pour finalement tomber sur la porte verrouillée de la salle de bain. Lorsqu'il avait tourné la poignée et que la porte avait refusé de s'ouvrir, l'asiatique avait compris qu'une catastrophe s'était produite en son absence et il se maudissait déjà de n'avoir pu être là pour l'empêcher, quelle qu'elle fut. N'écoutant que son instinct, l'immortel à la peau caramel avait forcé le passage en défonçant la porte de son épaule comme un bélier et son coeur avait cessé de battre à la vue de son précieux Chasseur d'Ombre nu, le corps imbibé de sang, mutilé. L'Indonésien n'avait pas cherché à comprendre les tenants et aboutissants qui avaient pu mener le noiraud à se faire tant de mal, il l'avait pris contre lui et avait ouvert un Portail pour les urgences. Heureusement, la sorcière était de service ce soir-là et avait pu porter les premiers soins au Nephilim inconscient, disparaissant les deux heures suivantes et ne revenant que maintenant.
- Comment va-t-il ? S'enquit l'asiatique en broyant de son poing un énième gobelet vide du café qu'il n'avait cessé d'avalé depuis deux heures pour s'occuper.
- Il est encore sous les effets de l'anesthésie, l'informa la sorcière en s'installant à ses côtés. Je l'ai placé en chambre individuelle. L'opération s'est bien passée, Magnus. La mastectomie a été réussi, et même si Alec a essayé de se trancher la poitrine, les dégâts n'étaient pas irréparables : on a pratiqué la chirurgie comme pour une ablation standard et même si les cicatrices seront un peu plus marquées dans son cas...il n'aura aucune séquelles. Au moins maintenant il aura le torse qu'il a toujours voulu.
- Merci....Oh, Cat', mais qu'est-ce que j'ai bien pu manquer ? Souffla-t-il en se prenant la tête entre les mains. Il commençait à se remettre, tu as commencé son traitement avec lui, je l'ai aidé à choisir de nouveaux vêtements qui lui plaisait...J'ai appelé Jace et Isabelle, ils m'ont dit que tout allait bien jusqu'à ce qu'il s'en aille sans donner d'explication...J'aurai dû être là...Et s'il s'était senti abandonné par ma faute ?
- Ecoute...C'est aussi pour ça que je viens te voir, j'ai suivit le même raisonnement que toi alors j'ai poussé un peu plus mes examens...Magnus, je ne sais pas comment te le dire, et il n'y a pas de manière douce d'annoncer ça mais...Je lui ai fait un examen vaginal et j'ai décelé des traces de sperm et des légers saignements. Il a été abusé, Magnus...Je suis sincèrement désolée.
Le Grand Sorcier de Brooklyn releva la tête lentement, sonné par le sens que les paroles de son amie de toujours prennaient dans son esprit. Alec, son Alexander, son magnifique Chasseur d'Ombre si pur, si innocent et si fragilisé avait été agressé, et violé par un monstre sans nom. Le noiraud n'était encore qu'un enfant aux yeux de la Loi de l'Enclave, mais aussi aux yeux du Monde Obscur. Magnus avait déjà eu des amants de son âge évidemment et même lors de sa première vie, quand il n'avait que seize ou dix-sept ans, il avait découvert les plaisirs à deux, mais toujours avec des personnes de son âge et de manière consentie. Ils en avaient parlé, lorsqu'Alec lui avait révélé la vérité, qu'il n'avait jamais eu de relation avant lui et qu'il préférait attendre d'être en accord avec son corps pour tenter quoi que ce soit. La réalisation frappa alors le sorcier qui sentit ses mains trembler violemment et les larmes noyer ses yeux de chat. Alec n'avait pas seulement été violé, il avait été violé alors qu'il était vierge. Le descendant d'Asmodée ferma les yeux à s'en faire mal et se plia à deux de douleur et de chagrin, tâchant de ne pas hurler de désespoir. Finalement, alors que Catarina posait une main compatissante sur son bras, le plus vieux s'abandonna à ses larmes et sanglota de tout son saoul contre sa meilleure amie qui le berça du mieux qu'elle le pouvait. Il aurait dû être là, il aurait dû protéger Alec comme il avait toujours promis de le faire. Il lui avait dit que ça irait, qu'être lui-même ne serait que bénéfique, et par sa faute le noiraud se retrouvait à l'hôpital, seul et sans doute terrifié parce qu'il avait traversé. Si seulement l'Indonésien avait pu remonter le temps et empêcher ce monstre de nuire à son cher et tendre ou, mieux encore, lui faire payer l'affront qu'il venait de lui faire en abusant la personne qu'il aimait le plus au monde. Mais était-ce vraiment impossible ? Remonter le temps ne serait pas donné, mais se venger ? Magnus pouvait se montrer le digne fils de son père quand il le voulait et même Asmodée aurait craint la colère qui commençait à gronder dans son cœur. Reniflant et soufflant brusquement, l'asiatique se redressa et son visage aux traits tirés se ferma de colère et de détermination, tandis qu'il plongeait ses yeux furieux dans ceux de sa cadette.
- Qui lui a fait ça ? Demanda-t-il d'une voix monocorde.
- Magnus, je sais à quoi tu penses, mais ce n'est pas une solution, tu le sais...
- Qui a fait ça ?! Je veux savoir qui s'en est pris à l'homme que j'aime !
- Je ne sais pas, avoua l'infirmière. Va voir Alec, il est chambre 412. Tu es plus habile que moi pour passer inaperçu dans les souvenirs...
Le Grand Sorcier hocha la tête pour remercier son amie et il se dirigea vers la chambre de son petit ami aussi furtivement que possible. A l'intérieur, Alec dormait, immobile, plus pâle que jamais et ses cheveux noirs aplati sur son front. L'Indonésien sentit son cœur se fendre mais n'eut d'autres choix que de garder son calme. Il aurait tout le temps de s'appesantir sur sa douleur et de revenir au chevet du noiraud, mais pas maintenant. D'abord, il devait venger son petit ami et réparer l'injustice qui avait été commise. Posant ses doigts bagués sur la tempe du plus jeune, Magnus ferma les yeux et laissa sa magie fouiller dans la mémoire du noiraud à la recherche du visage de son agresseur. Il n'eut, pour son plus grand malheur, pas à chercher bien loin, le traumatisme encore trop frais dans l'esprit meurtri de son cadet. Lorsque le visage non pas d'un, mais des deux agresseurs de son compagnon apparurent, Magnus vit rouge et il s'écarta brusquement, comme si le souvenir l'avait brûlé. Inspirant profondément pour se calmer, Magnus ne put toutefois pas retenir la rage qui menaçait d'exploser en lui comme un volcan et il sentait sa magie crépiter de fureur sous ses doigts, prenant une vive teinte rouge, digne de son ascendance démoniaque princière. Il quitta l'hôpital sans un regard en arrière et, une fois plongé dans les rues de la grosse pomme, laissa ses pouvoirs se déchainer autour de lui, chargeant le ciel de nuages noirs et d'électricité. Arrivé devant l'Institut, le sorcier s'arrêta un instant, un sourire mauvais scotché aux lèvres. Seuls les Nephilims étaient censés pouvoir entrer sans invitations, mais il était Magnus Fucking Bane, prince héritier d'Edom, fils légitime d'Asmodée, et il n'avait besoin de l'invitation de personne. Concentrant sa magie écarlate de colère dans ses paumes, l'immortel envoya une vague puissante sur les portes de l'Institut qui cédèrent sous la force du choc. Bouillonnant de rage, l'Indonésien pénétra dans l'édifice et laissa sa magie trouver pour lui les auteurs des crimes qu'avait subit Alec. En chemin, il croisa Jace, Isabelle, Clary et Simon qui, en voyant son état, comprirent sans difficulté que la personne responsable de l'hospitalisation d'Alec n'était autre que l'un des leurs. La magie de Magnus les mena finalement en salle d'entraînement où se trouvaient les deux agresseurs du noiraud. Voir leur visage provoqua chez le sorcier un élan de rage et il se saisit d'eux avant même qu'ils n'aient pu réagir, ouvrant un Portail et les y envoyant avec la délicatesse de deux sacs à patates.
- On devrait peut-être le suivre ? Suggèra Simon en avisant l'asiatique qui venait de disparaître à son tour dans le Portail.
- Chouette, ça sent le spectacle croustillant ! Il va y avoir du sang ! S'extasia Isabelle en tapant joyeusement dans ses mains et passant devant tous les autres.
Les trois autres la suivirent et les quatre Nephilims débouchèrent sur...la place publique d'Alicante ! Bon, Magnus devait vraiment être dans une colère noire pour arriver à outrepasser les autorisations de l'Enclave pour pénétrer dans leur capitale sans s'annoncer au préalable. Sur la place, les Chasseurs d'Ombre résident sur place furent interloqués de voir un sorcier ligoter deux des leurs avec sa magie, suivi par quatre autres qui avaient l'air aussi ravis que conspirateurs. Relevant la tête une fois ses proies immobilisées, le Grand Sorcier de Brooklyn ordonna aux passants qu'on lui amène le Consul sur le champ. Les Nephilims présents, peu enclins à s'attirer les foudres de l'immortel, s'empressèrent d'aller chercher le Consul qui arriva quelques instants plus tard, accompagné de l'Inquisitrice. Ils se figèrent tous deux et Magnus se redressa de toute sa hauteur, sa magie crépitant au bout de ses doigts et enveloppant tout son être.
- Qu'est-ce que tout ça signifie ? Bane, on peut savoir ce qu'il vous prend, par l'Ange ? S'indigna le Consul. Relâchez ces deux hommes avant que je ne demande aux gardes de vous mener à la Basilia...
- Je suis venu réclamer mon dû ! Expliqua le sorcier d'une voix forte. Un crime a été commis, et c'est mon droit, par votre Loi, de faire justice.
- Vous n'avez aucun droit d'être juge, juré et bourreau, contrat le Consul. Au nom de Raziel, aucune loi n'a jamais...
- En 1301, le coupa le plus vieux en haussant le ton, la Loi des Nephilims accordait aux clans de Créatures Obscures de réclamer un tribut de réparation lorsqu'ils avaient été attaqués de manière injustifiée. Les sorciers, selon cette même Loi, étaient perçus comme chef de clan dès lors qu'ils se portaient garant de toute personne, Nephilim ou Créature Obscure. Ces deux hommes ont attaqué mon clan, pour reprendre les propos de votre Loi, et je suis venu réclamer un tribut. Vérifiez vos textes : vous ne me duperez pas, je suis née bien avant la ratification des premiers Accords...
- Mais enfin...Qu'est-ce que ces hommes ont-ils pu bien faire ? S'étonna l'Inquisitrice d'un ton plus calme.
- Un viol, ça vous semble justifié ? Ironisa Magnus d'un air mauvais. Je suis dans mon droit, et j'exige mon tribut : leur sort m'est confié et quoi que je fasse vous ne pourrez rien y faire. C'est la Loi....
L'Inquisitrice en resta muette, et les quatre Chasseurs d'Ombres qui accompagnaient l'Indonésien échangèrent des regards surpris et brisés. Ces deux hommes n'avaient pas seulement provoqué l'hospitalisation d'Alec, ils avaient abusé de lui sexuellement. Sous le choc, l'Inquisitrice et le Consul se concertèrent à voix basse tandis que l'immortel tâchait de contenir sa rage, épaulé par Isabelle et Jace, les deux êtres les plus proches d'Alec avec lui. Finalement, les deux représentants officiels de l'Enclave se tournèrent vers eux.
- La Loi est dure..., commença l'Inquisitrice qui était chargée de la faire appliquer,...mais c'est la Loi. Votre tribut vous est accordé, monsieur Bane, et que Raziel ait pitié de vous, ajouta-t-elle à l'intention des deux prisonniers.
- Vous deux, susurra Magnus d'un ton démoniaque alors que l'Inquisitrice et le Consul s'eclipsaient, vous avez vraiment choisis d'énerver la mauvaise personne. Reste à savoir quelle punition sera assez sévère pour ce que vous avez fait...Vous ne méritez que la mort à mes yeux mais ce serait trop clément, trop pudique...J'ai envie qu'on se souvienne de ce que je vous aurais fait...J'ai tout le temps d'y réfléchir...on va commencer par s'échauffer !
Partant d'un rire sardonique, l'immortel retira son manteau, retroussa les manches de sa chemise à hauteur des coudes et, alors que les liens de sa magie brûlaient la peau des deux hommes, commença à abattre ses poings sur leur visage, faisant craquer leur nez, leur mâchoire. Ils perdirent quelques dents, saignèrent, leur peau tourna au violet, et Magnus semblait s'amuser comme un petit fou. Il donna même l'autorisation à Jace de se joindre à lui tandis que Simon et Isabelle jouaient les cheerleaders avec Clary en observant la scène.
- Tu sais, souffla Jace alors qu'il assénait un coup de botte dans le nez d'un des agresseurs, dans l'antiquité, certaines civilisations coupaient les testicules des criminels pour les punir ! Comme à un voleur on lui coupe la main, sauf que là c'était le service trois pièces.
- Et une tournée d'émasculation, une ! Gloussa Izzy en brandissant ses dagues.
- Je t'adore, Izzy, assura le blond, mais parfois tu me fais peur. Et tu fais peur à mes bijoux de famille aussi...
- Range ça, assura l'immortel en secouant la tête. J'ai une meilleure idée...
D'un claquement de doigt, le descendant d'Asmodée déshabilla les deux Chasseurs d'Ombres et fit apparaître un long couteau de chef cuisinier. Un couteau à la lame tachée de sang, le sang d'Alec. C'était tout ce qu'ils méritaient. Et même plus encore : de sa magie, l'Indonésien fit rouiller la lame tout en préservant le sang dessus. Au moins, s'ils pouvaient attraper les pires crasses qui soit, ça n'en serait que plus satisfaisant encore. S'approchant d'eux, Magnus fit une révérence aux quatre Nephilims comme un magicien à son public et, d'un geste vif et précis, trancha la virilité des deux hommes qui hurlèrent de douleur en commençant à se vider de leur sang. Isabelle, Jace, Clary et Simon auraient pu se réjouir, mais ils gardaient la tête haute et l'allure fière, comme l'aurait fait Alec s'il avait pu assister à la vengeance qui leur était offerte. Magnus, pour faire bonne mesure, scarifia également leur torse afin qu'ils subissent le même sort que le noiraud.
- Il fallait réfléchir avant de vous en prendre à l'homme que j'aime, gronda-t-il en finissant le travail. Le premier qui tente de les secourir finira comme eux ! Annonça-t-il d'une voix forte à la foule amassée. J'espère que ce que je me suis bien fait comprendre.
- Oh ça oui, sourit Jace avec reconnaissance. Pour Alec, merci Magnus...Magnus....
- Magnus...Magnus ! Appela la voix d'Alec, le tirant de son sommeil et de son souvenir.
- Alexander ? S'étonna-t-il en ouvrant les yeux, fronçant les sourcils en avisant le visage baigné de larmes de son amant. Mon ange, qu'est-ce qu'il se passe ?
- C'est Max..., pleura le noiraud débout à côté du lit. Viens m'aider...Je t'en supplie..., renifla-t-il en tordant nerveusement ses mains que Magnus remarqua couvertes de sang.
Le cœur de l'Indonésien manqua un battement et il se précipita hors de la chambre, le souffle court, le corps en vrac. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer encore...?
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A suivre...
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