14 - réalisation

Ashton repensait encore à son cauchemar alors qu'il sortait tout juste de la douche. Il avait une boule dans la gorge qui partait uniquement quand il buvait, mangeait ou fumait. Elle était à nouveau là. Elle ne partait jamais en réalité. Quand il croyait en être débarrassé, elle revenait comme si cela l'avait appelé. Il aimerait vraiment ne plus devoir la subir, mais il n'y pouvait rien, la boule était là et n'avait pas vraiment l'air de se décider à dégager pour de bon. Il passa l'essuie sur son visage et releva la tête alors qu'il arrivait devant la glace et que des gouttes d'eau dégoulinaient de ses cheveux.

Ashton examina son reflet et pour une fois dans sa vie, il ne se trouve pas beau ni séduisant. Il se trouva carrément horrible alors que des cernes étaient apparentes sur son visage, que ses lèvres étaient humides mais avaient saignés à cause du fait qu'elles avaient été gercées et qu'il s'était mordu la lèvre trop fortement et trop longtemps. Il avait les paupières fatiguées malgré qu'il sorte tout juste de la douche. Il avait les joues creuses et les cheveux en bataille. Ils avaient l'air à moitié mort, sur sa tête alors que son visage était plus pâle que d'habitude.

Aussi ce cauchemar avait totalement chamboulé le jeune homme. Il n'en ressortait pas indemne. Il en ressortait totalement différent. Il examina son corps dans la glace et il ne put s'empêcher de se critiquer, ne se trouvant pas assez musclé par-ci, trop musclé par-là, avec de la graisse ici et la peau sur les os là. Il ne pouvait s'empêcher de se critiquer et de se trouver des défauts physiques. Mais les défauts qu'il se trouvait par rapport à son corps pouvaient avoir l'air sévère et injuste mais ils n'étaient rien du tout comparés à ceux qu'il se faisait à lui-même au nouveau de sa personnalité.

Ashton inspira un grand coup et plaqua ses mains sur ses deux joues après avoir enroulé la serviette autour de sa taille. Il se regarda dans les yeux à travers le reflet du miroir et il se trouva plus moche que jamais, plus moche que le monde entier, plus moche que n'importe qui, plus moche que la personne la plus moche du monde. Il se trouvait ainsi alors qu'il s'était toujours trouvé beau, séduisant, attirant, magnifique et tous les autres adjectifs du genre. Il y croyait tellement que tout le monde le trouvait aussi ainsi ; le pouvoir de persuasion par l'attitude.

Ashton n'arrivait pas à s'en remettre de ce cauchemar débile dont il n'oubliait pas une seule image, un seul fragment, un seul détail, une seule seconde. C'était 4 années qui avaient défilés rapidement, certes, mais les détails étaient tellement précis qu'il se rappelait exactement de tout. Rien ne lui avait échappé et tout était coincer dans sa boîte crânienne. Tous résonnaient dans son esprit et repassait en boucle, encore et encore comme si ce n'était déjà pas assez douloureux comme ça d'avoir fait un tel cauchemar, comme si ce n'était déjà assez douloureux de s'en être rappeler dans les moindres détails, comme s'il n'avait pas autre chose à quoi penser.

Ashton passa sa main sur visage et enfila ensuite un t-shirt blanc immaculé. Il passa sa main dans ses cheveux et les agita dedans. Ils partirent encore plus en couilles mais il s'en foutait parce que cela ne changeait pas grand-chose à son physique, parce qu'il se trouvait quand même moche et horrible autant physiquement que mentalement que moralement que psychologiquement alors autant mieux s'en foutre si c'est pour n'avoir l'air de rien à la base. Il enfila ensuite un boxer et l'un de ses éternels « skinny » noir. Il y avait un trou, une ligne ouverte, sur chaque genou.

Ashton sortit de la salle de bain et passa encore une fois sa main dans ses cheveux parce qu'il lui tombait devant les yeux. Les boucles châtaigne retombèrent rapidement devant ses yeux alors qu'il se baissait pour ramasser son drap et le remonter sur son lit. Il ne prit même pas la peine de refaire son lit trouvant cela totalement inutile si c'était pour le défaire dans quelques heures alors qu'il irait dormir et qu'il bougerait toute la nuit en cherchant après le sommeil, comme toujours ou en le fuyant de peur de refaire ce même cauchemar.

Ashton avait vraiment envie de l'oublier mais les paroles qu'il avait dirent, les paroles que les autres avaient dites, les cris et les pleurs de cette petite blonde assez corpulente. Il s'en souvenait parfaitement. C'était tellement aigu, assourdissant. Il se demandait comment il avait pu supporter des cris pareils alors qu'il ne devait avoir que 7 à 11 ans maximum. Il ne devait pas avoir plus et son cœur fit un bon dans sa poitrine parce qu'il fit le lien entre Lila qui lui avait crié qu'il lui avait gâché littéralement sa vie entière quand ils étaient enfants mais qu'il ne s'en souvenait pas et cette petite blonde bouclée qui avait quelques kilogrammes en trop.

La petite blonde qu'il avait tapé, insulté de tous les noms, torturé, blessé, détruite mentalement dans son cauchemar très réaliste était Lila. Il s'arrêta net dans ses mouvements alors que cœur loupa un battement, puis un second et ils s'enchaînèrent ensuite. Il avait vraiment fait du mal à Lila, et ce cauchemar paraissait trop réel que pour ne pas l'être enfin de compte. Il ne pouvait pas n'être qu'un simple cauchemar dont il aurait du mal à s'en remettre, comme un enfant qui sort d'un cauchemar qui la terrorisé. Il ne pouvait pas ne pas être réel, il devait être réel.

Ashton contracta la mâchoire alors qu'il se détestait de plus en plus. Il se détestait encore et toujours plus comme s'il n'y avait aucune limite à la haine que l'on pourrait ressentir envers soi-même, comme s'il n'y avait pas de limite à la haine qu'on ressent pour quelqu'un, comme si la haine n'avait pas du tout de limite en faite. Il s'assit sur le bord de son lit défait et se prit la tête entre les mains. Il n'en revenait pas qu'il ait pu faire cela alors qu'il était adorable avec elle, au début. Mais il avait mal tourné et il se rendait compte à quel point il avait été con et il se rendait compte aussi qu'il avait brisé une perle rare.

Ashton se laissa tomber sur son lit alors qu'il avait encore les mains posées sur son visage. Il se méprisait, se détestait, s'insultait, se dévalorisait, s'en prenait à lui-même, se tapait mentalement. Il n'aimait pas la personne qu'il était devenu. Il la détestait même et ressentait tellement de haine envers celle-ci au point de se dire que cette personne ne pouvait pas être lui, cette personne a prit possession de son corps et a jeté son ancienne âme à la décharge. Il avait le cœur en bandoulière et l'âme à la décharge et il se sentait horriblement con ; au point de vouloir mourir.

« Les cœurs brisés n'ont pas de maison, pas de chance mais ont ce que les autres n'auront jamais ; le savoir. »



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