Ashton se réveilla en sursaut, en sueur dans son lit. Ses draps étaient sur le bord de son lit pour le peu qui ne se trouvait pas sur le sol ou entre les deux. Il avait les mains posées sur le matelas moelleux et son dos était voûté vers l'avant alors qu'il essayait de reprendre sa respiration. Il avait le cœur qui battait très rapidement dans sa cage thoracique. Il avait l'impression qu'il ferait bientôt un bond tellement puissant qu'il sortirait de son corps et se taperait contre le mur. Il glisserait ensuite pour arriver sur le sol et crever ainsi.

Ashton avait les pupilles dilatées, les yeux écarquillés et les paupières grandes ouvertes. Son souffle était saccadé, irrégulier et sifflant. Il n'arrivait plus à respirer correctement tellement que son cauchemar l'avait chamboulé de l'intérieur. Son sang ne faisait qu'un tour dans ses veines alors qu'il était en manque d'oxygène et que son cœur battait trop vite par rapport à la normal. Il avait les jambes tendues comme tous ses muscles qui étaient aussi crispés. Il avait la tête baissée et fixait ses cuisses. Il ne fixait rien en réalité. Il avait le regard posé dessus mais il était bien à, au moins, mille lieu de là.

Ashton posa sa main sur son buste, là où devrait se trouver son cœur sous toute cette couche de peau, de muscles, d'articulation et de tissus. Il avait encore la respiration bordélique mais cela se calmait petit à petit, parce qu'il se remettait doucement de ses émotions. À priori ce n'était qu'un cauchemar de plus qu'il faisait dans sa vie depuis sa naissance, comme tout être humain qu'il soit ou non normalement constitué mais celui-ci était spécial, celui-ci n'était clairement pas comme les autres et celui-ci, surtout, n'avait aucun mot pour le décrire ou quoique se soit d'autre.

Ashton n'en revenait tout simplement pas. Il revenait doucement à la réalité mais il était encore un peu perdu dans ce cauchemar qu'il aimerait oublier et qui était en train de lui prendre la tête. Habituellement, les cauchemars, il s'en foutait presque. Il ne s'en souvenait même pas la plupart du temps et cela ne le frustrait même pas de ne pas être au courant de ce qui l'avait réveillé, comme ça. Mais là, tout était parfaitement bien détaillé. Tout avait l'air tellement vrai et tellement crédible que son cœur faisait encore des bonds dans sa poitrine au point qu'il pourrait battre le record du saut en longueur.

Ashton retira sa main de l'endroit où est son cœur et la déposa sur le matelas, la paume touchant celui-ci. Sa respiration était presque redevenue régulière, normale et non-sifflante. Il n'était pas encore totalement rétabli parce qu'il y avait encore les images qui lui hantaient l'esprit. Il s'en rappelait comme s'il l'avait vécu pour de vrai, comme si cela allait être bientôt vrai. Il ne savait pas pourquoi mais il avait un mauvais pressentiment. Il se sentait vraiment mal après ce cauchemar qui paraissait si réel, si vrai, si juste. Il avait une impression de « déjà vu ».

Ashton se dandina un peu pour se mettre sur le bord de son lit alors qu'il jeta le reste de sa couette sur le sol et qu'il se prit la tête entre les mains. Ses cheveux étaient trempés par la sueur et quelques gouttes tombèrent sur le sol et sur les cuisses nues du jeune homme. Il ne portait qu'un boxer mais malgré cela, il avait chaud, beaucoup trop chaud. Il se mit debout après avoir attrapé un peu trop fortement ses cheveux par la racine –il en arracha quelques mèches- et manqua de tomber.

Quand Ashton trouva le juste équilibre, autrement dit, qu'il ne manqua plus de tomber rien qu'en levant le petit orteil ou rien qu'en respirant, il se dirigea jusqu'à l'une de ses fenêtres. Il l'ouvrit en grand et passa sa tête dedans. L'air frais de l'extérieur et le vent fort lui fouettèrent le visage mais l'aidèrent à reprendre plus facilement ses esprits. Il était encore un peu dans brouillard et recommençait à prendre conscience de la réalité et du cauchemar. Il venait de comprendre et de réaliser qu'il en était vraiment sortit, qu'aucune partie de lui n'était resté dedans, qu'il en était sortit vivant mais pas le même.

Ashton inspira un grand coup. Il avait l'impression de revivre à nouveau après un tel cauchemar qui était en train de le changer, de rendre différent. Il venait de faire l'un de ses cauchemars dont on ne sort pas indemne, dont on ne sort pas comment avant, dont on sort différemment. Il s'en souvenait dans les moindres détails tellement que c'était réaliste même si c'était assez rapide parce qu'il avait l'impression que 4 ans étaient passés en quelques heures. 4 années qui lui paraissaient lointaine encore maintenant mais si proche quand il était encore plongé dans ce cauchemar très réaliste.

Ashton fit quelques pas en arrière pour revenir à son bureau. Il ouvrit un tiroir et en tira un paquet de cigarette « Lucky Strike ». Il en sortit un cylindre qu'il plaça à ses lèvres, sortit son briquet du même tiroir tandis qu'il reposait le paquet de clopes. Il alluma le bout de celle qu'il avait au bec et lança l'objet dans le tiroir qu'il referma tout de suite après. Il retourna à sa fenêtre en tirant une latte de la cigarette. Il ferma les yeux alors qu'il expira la fumée. Le cylindre était entre ses doigts et il le rapportait déjà à ses lèvres.

Ashton fuma toute sa clope, comme ça, au bord de sa fenêtre avec les avant-bras appuyés dessus et la tête dehors. Il fermait souvent les yeux, non pour revivre son cauchemar, mais pour se calmer et profiter de l'air frais. Il rouvrait les yeux pour regarder les étoiles dans le ciel, scintillés de milles feux comme des petites lumières. Il était persuadé que le monde devait être beau depuis l'espace avec toutes ces petites lumières mais il préférait nettement la vue des étoiles. Il aimait les étoiles mais ne saurait vraiment dire pourquoi. Il les aimait simplement.

Ashton écrasa son mégot sur le mur à l'extérieur et balança ensuite le cylindre écrasé par la fenêtre. Il atterrit quelque part, sûrement sur la route ou sur le trottoir voisin. Il continua de regarder les étoiles, les admirant une par une même si c'était presque techniquement impossible tellement qu'elles étaient nombreuses ce soir-là mais il les regardait parce qu'il ne voulait pas accorder plus d'importance à l'une qu'à l'autre même s'il le faisait sans le savoir parce que pour lui ; les étoiles étaient plus importantes que les humains, les étoiles sont sacrées.

« Parce que les étoiles si envoûtantes, importantes et belles à regarder. Parce que les étoiles peuvent faire sourire plus de personnes que les humains. »