Ashton n'avait que 7 ans à l'époque. Il était déjà mignon et se comportait comme un vrai « Don Juan ». Il avait le cœur gros et grand. Il avait les yeux braqués sur le monde et non sur sa propre petite personne. Il était très gentil et collectionnait les amourettes sans vraiment ne pas en prendre compte. Il les comptait et les notait sur une feuille pour ne jamais les oublier parce qu'il trouvait qu'une fille, peu importe qui elle était, ne méritait pas d'être oublier. Il trouvait que personne ne devrait être oublié et être mit au même niveau.

Ashton ne faisait aucune différence entre les inférieurs et les supérieurs, entre ceux qui étaient au-dessus et au-dessous. Il ne savait pas faire la différence parce que pour lui, tout le monde –sans exception- était égal. Pour lui, les différences n'existaient même pas. Les filles étaient des garçons et des filles. Les garçons étaient des filles et des garçons. Il s'en foutait de tout et ne faisait pas de jugements. Il n'avait vécu ainsi, sachant ce que cela faisait d'être rejeter pour telle ou telle chose. Il le savait du haut de ses 7 ans et voulait à tout prix que cela change.

Ashton était en train de jouer avec des dinosaures et des poupées en même temps, ne voyant pas pourquoi les dinosaures ne pourraient pas vive une histoire fantastique avec des poupées mais aussi pourquoi les dinosaures étaient réservés aux garçons et les poupées aux filles. Il s'en foutait éperdument de l'avis des autres parce qu'il n'y avait que le sien, sur sa propre personne, qui comptait. Et il était sûrement déjà un peu narcissique à cette période de sa vie parce qu'il s'aimait bien, du moins il ne se détestait pas. Il aimait tout ce qui l'entourait aussi, sans exceptions.

Ashton passa sa main dans ses petits cheveux châtains alors que des filles et des garçons jouaient tout autour de lui. Il était un peu perdu dans son monde mais avait encore les oreilles ouvertes. Il faisait encore attention à ce qui l'entourait malgré qu'il soit concentré sur son histoire où des dinosaures et des Barbie tombaient amoureux les uns des autres et faisaient des bébés « Bardinos ». Il avait encore les yeux sur le monde entier et sur ce qui l'entourait alors qu'il ne regardait que ses jouets. Il avait 7 ans mais jouait encore, parce qu'il aimait ça et que cela entraînait son imagination.

Ashton releva la tête alors qu'il entendit des petits gémissements. Il n'arrivait pas à savoir d'où cela venait mais ce n'était pas très loin de lui, il en était sûr et certain. Il avait l'impression que le monde ne tournait pas rond parce qu'une personne, de sexe féminin et de bas-âge était sûrement en train de pleurer toute seule dans son coin alors qu'elle pourrait jouer et être heureuse. Il regarda tout autour de lui et finit par se retourner pour jeter un coup d'œil derrière lui et c'est là, qu'il la vit en train de pleurer, doucement et le plus silencieusement possible.

Ashton se leva, laissant ses jouets là où ils étaient. Il n'en avait rien à faire que d'autres enfants jouaient avec. Il les partageait même volontiers avec la première personne qui voulait jouer avec lui ou sans lui. Il s'en foutait s'il se retrouvait sans jouets parce qu'il avait toujours le moyen de s'amuser ou de trouver quelque chose qui pourrait l'amuser. Il se dirigea vers la petite blonde bouclée, repliée sur elle-même avec les larmes glissant sur ses joues et ses jambes repliées sur son buste. Elle avait la tête dans les genoux mais il pouvait deviner qu'elle devait avoir les plus beaux yeux du monde pour vouloir cacher ainsi.

Ashton prit l'une des mains de la petite fille qui entouraient les jambes de celle-ci. Il prit celle qui croyait être la gauche alors que c'était la droite avec sa main droite. Il était peut-être adorable comme tout mais il avait du mal avec l'effet miroir, sa droite et sa gauche. Il oubliait souvent que les personnes en face de lui avaient les « côtés » inversés. Il tira la petite main tremblante jusqu'à lui et tenta du mieux qu'il le pouvait de relever la petite fille mais cela ne servit à rien parce qu'il n'avait pas assez de force mais aussi la petite fille était trop lourde pour lui.

Ashton s'assit, alors, à côté d'elle et prit sa main dans la sienne alors qu'elle continuait de pleurer dans ses genoux ne relevant même pas la tête et n'essayant même pas de reprendre sa main. Elle était tellement faible que cela ne servait à rien. Elle était tellement mal alors qu'elle n'avait que 6 ans. Elle avait tellement mal au cœur qu'elle n'avait même plus envie de lutter physiquement pour reprendre sa main. Son cœur saignait dans sa poitrine et il n'y avait eu personne pour arrêter l'hémorragie avant le petit châtain, inquiet de l'état de la petite blonde.

-Pourquoi tu pleures ? Demanda-t-il d'une toute petite voix pour ne pas la brusquer.

Elle ne releva même pas la tête et ne lui jeta pas un seul regard. Elle ne lui portait déjà pas beaucoup d'attention à la base, déjà à ce temps-là. Elle avait le cœur en miette et ce petit châtain qui venait vers elle, ce n'était que le cadet de ses soucis. Elle s'en foutait totalement et elle pleurait parce qu'elle ne trouvait pas d'autres moyens que de sortir tout cela d'elle-même. Elle ne trouvait pas d'autre moyen de tout faire sortir. Elle devait le faire et il n'y avait pas d'autre manière de le faire à part pleurer, toute seule dans son coin mais maintenant, elle n'était plus seule de tout.

-Pourquoi tu pleures ? Retenta-t-il à nouveau.

Mais Ashton n'était pas prêt d'avoir une quelconque réponse et il le savait au plus profond de lui mais refusait de l'admettre. Tout le monde lui avait toujours ouvert son cœur, sans même essayer de se renfermer sur lui-même alors qu'elle, cette petite blonde qui devait avoir des yeux magnifiques pour les cacher dans ses genoux, était en train de l'ignorer ouvertement. Elle renifla et un sanglot lui échappa. Le châtain releva les sourcils, étonné. Il n'avait jamais entendu un enfant pleurer de cette façon-là. Il surnommait cette façon de pleurer ; « celle des adultes ». Elle pleurait comme une adulte, comme si elle avait des années d'avance sur les autres, comme si elle était plus mature et aussi détruite qu'un « grand ».

-C'est quoi ton nom ? Essaya-t-il tout de même.

Ashton ne s'attendait clairement pas à avoir une réponse, quelle qu'elle soit. Il n'en voulait même pas en réalité, parce que cela voulait dire qu'il abandonnait ou qu'elle s'ouvrait mais pas comme il le fallait. Il s'était dit qu'il allait faire cela pour la mettre en confiance mais il essayait juste de se détourner de son échec.

-Lila Saddam, répondit-elle dans un murmure.

« Les larmes ne sont pas un signe de faiblesse. Les larmes sont là où naissent l'espoir et où meurt la douleur. »