05 - rien à faire

Ashton passa sa main dans ses cheveux châtains, écrivant toujours avec sa main droite sur le papier alors que la blonde tapait énergiquement sur le clavier de son passé comme tous les autres étudiants présents dans la salle. Il ferma les yeux et contracta la mâchoire parce qu'il préférait tellement le son des style à bille grattant le papier plutôt que les touches d'un clavier. Mais il ne pouvait pas se lever d'un seul coup et gueuler à tout le monde d'arrêter de taper ainsi sur leurs claviers. Il ne pouvait pas et cela le dérangeait encore plus que cette Lila se soit mise si près de lui.

Lila était concentrée sur son écran, elle tapait rapidement, toujours de plus en plus rapidement sans même jeter une seule fois un coup d'œil sur les touches. Elle les connaissait par cœur, saurait les réciter sans même avoir un ordinateur dans les kilomètres environnants ou son téléphone dans les mains. Elle tapait comme si sa vie en dépendait mais elle tapait, tout ce que le professeur disait presque au mot près. Elle reformulait certaines phrases parfois pour suivre le rythme des mots du quarantenaire qui parlait vite mais presque tout ce qu'il disait, finissait sur l'écran de la belle blonde.

Ashton passa sa main sur mon menton, continuant d'écrire avec sa main droite, mais il commençait vraiment à en avoir marre de ce bruit de touches. Il en avait vraiment marre et était sur le point de craquer. Il se lèverait bientôt, tous les regards convergeant sur lui et il clamerait haut et fort « Arrêtez de taper comme ça sur vos claviers putain ! Vous me donnez mal au crâne ! Apprenez à écrire à la main, rapidement, parce que vous n'aurez pas toujours un ordinateur sur vous ! Vous oublierez carrément avec quelle main vous écrivez si vous continuez ainsi ! ».

Ashton en avait terriblement envie mais il ne le faisait jamais. Il voulait le faire à chaque cours et malgré qu'il soit connu pour son franc-parler aussi, il se taisait. Il était aussi connu pour aimer se donner en spectacle et se mettre en avant, mais il se taisait à chaque fois, à chaque cours. Il mordait sur sa chique et ne disait rien parce qu'il savait très bien, au fond de lui, que même s'il gueulait cela au milieu de l'auditorium, personne ne le respecterait et tout le monde continuerait de venir avec son ordinateur et de taper sur le clavier de celui-ci comme des acharnés.

Ashton se mordit la lèvre inférieure parce qu'il n'en pouvait vraiment plus. Habituellement, il était un peu tout seul dans son coin, dans sa bulle mais avec cette « Lila Saddam » près de lui qui tapait comme une déchaînée sur son clavier, il sentait qu'il allait vraiment craquer et cela serait assez puissant. Son rythme cardiaque augmentait et les pulsassions de son cœur devenait de plus en plus rapide et de plus en plus forte, au point qu'il avait l'impression que celui-ci allait sortir de sa poitrine. Il avait vraiment l'impression que c'était la fois de trop, mais vraiment de trop.

Ashton leva les yeux au ciel et sa main droite se resserrait autour de son stylo à bille alors que sa main gauche se refermait en un poing, les ongles se plantant carrément dans la chair de sa paume et que les jointures de ses doigts devenaient blanchâtres. C'était le genre de chose, le tapement frénétique sur un clavier en cours, alors que chez lui, quand il le faisait, cela ne le dérangeait aucunement. Il était ce genre de personne à avoir des petites choses qui l'énervait au plus haut point alors que ce n'était vraiment point grave.

Ashton se redressa d'un coup et la sonnerie retentit dans toute la salle à ce moment-là. Tous les regards, dont celui du professeur mais pas celui de Lila, bifurquèrent vers lui. Il soupira fortement, las, et remballa ses affaires en jurant contre lui-même et en pestant contre les autres. Il tira furieusement sur la tirette de son sac et réussit enfin à le fermer, après s'être battu pendant plusieurs secondes. Il n'était pas de bonne humeur et cela se voyait sur les traits tirés et figés de son visage, tirant la gueule alors que sa peau rougissait sous la colère qui l'habitait.

Ashton n'en avait que faire de cette « Lila Saddam ». Le professeur voulait qu'il lui donne toutes ces notes de cours pendant une période indéterminée pour qu'elle se remette en ordre et rattrape son retard ? Qu'elle aille se faire voir ! Il s'en battait totalement les couilles de cette jeune adulte, tout juste arrivée dans l'université, qui avait tous les regards sur elle et qui tapait énergiquement sur son clavier. Il n'en avait rien à foutre d'elle parce qu'il sentait déjà qu'ils n'allaient pas s'entendre. Il ne voulait même pas en entendre parler parce qu'elle était belle et qu'elle lui avait volé la vedette.

Lila lui avait volé la vedette pendant quelques secondes, minutes, seulement mais rien de plus, il n'avait fallut que cela pour que le châtain la mette dans sa liste noire et qu'il commence déjà à la détester alors qu'il ne connaissait que son physique et son prénom ainsi que son nom de famille. Il connaissait le son de sa vie aussi mais ce n'était pas cela qui changerait quoique se soit dans la tête du jeune homme. Elle pouvait avoir la voix douce qu'elle a comme celle d'une camionneuse fumeuse et alcoolique, il s'en foutrait.

Ashton partit, les mains dans les poches alors que tout le monde partait aussi. Il continua sa route, sans attendre qui que se soit. Il n'en avait rien à foutre des autres non plus parce que même si certaines personnes, il les appelait ces « amis », ils ne l'étaient pas vraiment ; voire même pas du tout. Il s'en foutait de tout le monde, en réalité. Personne ne comptait vraiment pour lui. Il avait toujours été une âme solitaire et errante. Il n'avait su compté sur personne et ce n'était pas à 19 ans qu'il comptait commencer à compter sur les autres et à leur faire confiance. Il ne faisait confiance qu'à lui-même, point.

Ashton mit ses mains dans les poches avant de son jean, et marchait vers la sortie. Il passa la porte sans même entendre que le professeur l'appelait. Il avait comme les oreilles bouchées. Il était coupé du monde, perdu dans ses pensées et dans sa petite bulle. Il était perdu à l'intérieur de lui-même et ne faisait plus attention à rien. C'était machinalement qu'il se rendait au cours suivant, connaissant le chemin par cœur et se rendant seulement compte qu'il avait fait tout ce chemin sans le savoir seulement quand il se trouva devant la porte avec la main sur la poignée.

« Se perdre dans ses pensées, s'enfermer à l'intérieur de soi et ne plus entendre ce que peuvent dire les autres et ne plus entendre que nos pensées ; c'est relaxant, si souvent. »



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top