02 - la route
Ashton partait de chez lui, la tête baissée le temps de descendre les marches du perron du petit immeuble à appartement dans lequel il vivait. Il releva la tête, remit la bretelle de son sac à dos sur son épaule droite parce qu'elle commençait à glisser. Il regarda tout autour de lui alors quelques paires d'yeux se tournaient vers lui. Il sourit légèrement, gardant en lui celui-ci parce qu'il n'aimait pas sourire par joie mais sourire par politesse uniquement. Il avança doucement dans la rue, faisant attention à s'il y avait au moins une personne qui avait son regard posé sur lui.
Ashton marchait dans la rue, la main droite entourant la bretelle de son sac à dos tandis que sa main gauche était dans sa poche avant gauche de son jeans, le pouce en dehors alors que tous les autres doigts étaient dedans jusqu'aux phalanges au moins. Il avait la tête ailleurs même s'il regardait s'il y avait au moins une personne qui le regardait. Il était plongé dans ses pensées, aux nouvelles citations qu'il aimerait écrire sur une feuille ou sur son téléphone mais il ne pouvait pas, il devait marcher en faisait attention là où il mettait les pieds.
Ashton marchait rapidement, comme s'il avait besoin d'aller vite, comme s'il était pressé alors qu'il était nettement en avance, comme si sa vie en dépendait. Il n'avait pas besoin d'aller vite parce qu'il marchait habituellement à une telle allure. C'était normal pour lui, il pressait le pas pour sentir le regard des autres encore plus sur lui. Il ne savait pas vraiment en réalité pourquoi mais il était ainsi. Il aimait que le monde entier le regarde. Il aimait que tout le monde soit avec lui, rien que pour lui et qui ne prêtait attention qu'à lui. Il était ainsi, et pas autrement.
Ashton regarda à droite puis à gauche et continua de regarder devant lui. Il allait bien parce qu'il y avait pas mal de personnes qui le regardaient, qui lui prêtaient attention ce matin. C'était signe pour lui qu'une bonne journée commençait, que c'était un excellent début. Il n'avait pas besoin de sourire pour être heureux. Il était plutôt blasé, comme s'il tirait la gueule alors que ce n'était pas le cas. Dans le fond, il irradiait une magnifique lumière, une lumière que seul son sourire pourrait la démontrer mais il ne souriait pas, parce qu'il avait décrété que ce n'était point pour lui.
Ashton se pinça les lèvres entre elles quand il s'arrêta à un passage pour piéton et qu'une voiture fila devant lui, sans le laisser passer. Il le prit pour lui alors que le véhicule ne l'avait même pas vu avant de continuer sa route, passant sans même s'en rendre compte sur un passage pour piéton. Il avança un peu plus et la voiture suivante le laissa passer, il adressa un signe de la main comme remerciement avec sa main droite et la remit quelques secondes plus tard autour de la bretelle de son sac qu'il tenait fermement, la redressant avec un mouvement d'épaules.
Ashton prit sur la droite pour continuer sa route. Il aurait pu traverser plus loin mais il préférait ce passage pour piéton-là, sans même savoir pourquoi. Il continua sa route vers son université, la main gauche dans sa poche et la droite en train de serrer la bretelle de son sac. Il ralentit l'allure lorsque les grandes bâtisses de son université entrèrent dans son champ de vision. Il n'était plus loin. Il ne vivait qu'à approximativement 15 ou 20 minutes à pieds de son université et en profitait souvent pour s'éclipser le plus rapidement possible lorsqu'un professeur n'était pas là ou qu'un cours ne lui donnait plus du tout envie.
Ashton continua d'avancer mais avec les deux mains dans les poches cette fois. Il avait l'air blasé, la démarche non chalande. Il avait l'air mystérieux, mauvais, sombre. Il faisait mouche à tous les coups avec les demoiselles ainsi. Il les attirait comme une souris par du formage. Il les avait presque toutes à ses pieds à la base, mais quand il faisait son mauvais garçon, elles affluaient encore plus rapidement et encore plus de regards étaient tournés vers lui. Il se sentait bien quand le monde entier le regardait sans exception. Quand le monde entier faisait attention à sa petite personne.
Ashton arriva vers le passage pour piéton, le dernier, juste devant l'université. Il était légèrement décalé sur la droite par rapport aux grandes grilles, qui faisaient office de portail d'entrer. Cela faisait, dans un style un peu ancien mais avec les bâtiments presque tous modernes et remis au goût du jour, faisait tâche avec le décor. Les grilles faisaient vraiment très mauvais goût et tâche face aux nouveaux bâtiments. C'était l'avis de l'australien, et il n'était pas le seul à le penser aussi. Il traversa en jetant un simple coup d'œil sur la gauche et un seul sur la droite.
Ashton passa devant quelques étudiants, dont certains le regardaient déjà avant même qu'il n'ait prit le passage pour piéton. Tous ceux qui n'avaient pas encore leurs yeux posés sur lui, fit de même que les autres, si bien que tout le monde regardait le jeune homme. Il était une star dans toute la ville et tout ceux qui osaient l'affronter ou ne pas le regarder, ou encore ne pas le laisser passer sur un passage pour piéton, était directement mit dans sa liste noire. Il n'était pas bien méchant physiquement mais il démontait des personnes à longueur de journée, parfois.
Ashton continua sa route, passant par le portail. Il avança dans l'allée menant au bâtiment principal, celui où il y avait la cantine, le beau du directeur, les administrations, l'accueil, les casiers et certaines classes. C'était plus le bâtiment de passage, comme une douane, pour aller dans les autres bâtisses plutôt qu'un lieu scolaire. Il passa devant son casier, prit quelques cahiers, même s'il n'avait pas vraiment besoin de chacun d'eux. Il avait omis qu'il n'avait pas besoin de chacun d'eux, mais ne sachant jamais, il préférait se les trimballer pendant plusieurs mètres que de se retrouver sans.
Ashton continua sa route, passant devant une multitude de personnes aux personnalités tellement diamétralement opposées mais qui avaient tout de même une chose en commun ; ils le regardaient. Tout le monde avait ses yeux posés sur lui et il était heureux ainsi, même s'il faisait comme si cela ne lui faisait rien, comme s'il était habitué. Il avait l'air de s'en balancer alors que c'était la chose la plus importante à ses yeux, que c'était ce qui le maintenait en vie dans ce monde qu'il trouvait très noir et très con. C'était ce qui le faisait rester malgré que l'envie n'y fût pas toujours.
« L'humain peut devenir tellement sombre parfois, qu'il ressemble à une ombre fugitive. »
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