Chapitre 49 : Et après ?

La gorgée du Whisky pur feu laissa une sensation de brûlure dans la gorge d'Harry. Il tenait son verre à moitié vidé dans la main, faisant se balancer le liquide ambré. Il était totalement hypnotisé par les vagues qui se formaient à la surface de sa boisson, et son cerveau n'arrivait pas à réagir pour lui détacher les yeux de la surface en mouvement. Ils prenaient à toute la maison Dumbledore trois tables entières des trois balais, mais le pub était vide à part eux. Ils avaient reçu une autorisation spéciale de Mac Gonagall à se rendre à Pré-au-Lard hors des week-ends organisés pour ça, après tout, ils étaient en vacance.

- Je suis sûre que j'ai raté quelque chose en métamorphose, la question 57 était tournée bizarrement et ...

- Granger. La coupa Drago. On vient de passer deux semaines intenses à souffrir pour les épreuves des ASPICs, tu es vraiment obligée de revenir dessus après alors que c'est fini ?

- Oui ! On a fini ! On a réussi !criaient les garçons.

- C'était pas gagné, vu votre niveau, railla Pansy.

Hermione leur répondit à tous par une moue boudeuse et reprit cet air concentré qui signifiait qu'elle revenait sur ses examens question par question. Harry soupira doucement et laissa tomber sa tête contre la table. Il sentit la main fine de Drago passer dans sa nuque, suivie immédiatement de la voix mélodieuse du blond :

- Bah alors Potter ? Un petit examen et t'es déjà cramé ? Mais comment tu vas faire une fois dans mon lit ?

Tout le monde éclata de rire, sauf Harry. Ses joues chauffaient dangereusement et il chercha de la compassion dans le regard de sa meilleure amie, qui le contemplait avec un petit sourire qui le laissait clairement se débrouiller tout seul avec son copain. La porte du pub s'ouvrit et Harry releva la tête, curieux. Son sourire s'agrandit en reconnaissant George, et il lui fit signe de se joindre à eux. Il entendit Drago marmonner à côté de lui :

- Sérieusement bébé ? George ? Je pensais que je n'avais pas à être jaloux des Weasley ...

Harry éclata de rire et l'embrassa sur la joue, avant de remarquer que l'aîné de Ron était totalement choqué, puisqu'il n'y avait pas de raison qu'il ait su pour les deux amoureux. Il ne dit rien mais ne lâcha pas l'élu des yeux tout en s'asseyant avec les 8es années. Il refusa poliment les boissons qu'on lui proposait mais ne fit même pas mine de s'intéresser à la conversation, son regard insistant toujours fixé dans les pupilles émeraude.

- Et en plus on a un mois encore avant d'avoir le Poudlard express ! s'exclama Suzanne. Hannah et moi n'avons pas encore pu ... voir l'orage, ajouta-t'elle avec un regard en coin vers George, qui ne devait pas apprendre cette histoire d'Animagus.

- Mais qu'est-ce qu'on va bien faire pendant un mois ?

- Travailler ! Me regardez pas comme ça, c'est vrai ! C'est pas parce qu'on a passé nos ASPICs qu'il faut s'arrêter là, après on va rentrer dans la vie active, être formé spécifiquement pour notre futur métier et ...

- On sait Hermione, mais on a bien le droit de se détendre un peu non ?

Ron et Hermione se regardaient dans les yeux, chacun cherchant à convaincre l'autre. Le sourire qui illumina le visage de la Gryffondor fut le signe de sa défaite, mais fut apparemment un signe pour Ron. Alors qu'il avait attendu tout ce temps pour ce réconcilier avec celle qu'il avait toujours aimé, ce petit sourire semblait avoir enlevé toute la retenue dont il faisait preuve depuis le début, et très vite il encadra le visage de la jeune sorcière de ses deux mains et l'embrassa à la surprise générale.

- Y a des hôtels pour ça ... lança Pansy à l'hilarité générale.

Hermione s'éloigna rapidement et Harry eut un moment d'inquiétude, mais la voir prendre le roux par la main le rassura instantanément.

- Ron et moi on a besoin de parler deux minutes, on revient.

Et elle tira le sorcier complètement abasourdi derrière elle, sous les plaisanteries de leurs amis. George profita de ce moment pour se rapprocher des deux garçons et demander froidement à Drago :

- Je peux t'emprunter Harry cinq minutes ?

Le Serpentard passa son bras autour du concerné d'un air protecteur et défia le roux du regard, mais le brun s'en dégagea doucement et déposa ses lèvres sur la tignasse claire de son copain avant de suivre George dehors.

La rue était complètement déserte, et les premières gouttes d'une grosse averse s'écrasaient au sol. Harry ne comprenait pas le comportement de son ami, qui avait toujours su être ouvert d'esprit et accepter ce qui était pour le bien de ceux qu'il portait dans son cœur.

- Tu te rends compte de ce que tu fais Harry ?

- Je suis avec Drago, oui, et ?

- C'est l'héritier des Malefoy.

- Et ?

- Et le fils d'une Black.

- Et alors ?

Harry perdait légèrement patience. Tout sonnait comme des reproches, et il avait besoin d'absolument tout sauf de ça. George grimaça et continua, un peu moins brusquement.

- Je sais que les gens changent, les gens se rachètent mais ... Tu es l'élu, le survivant, l'homme à la cicatrice d'éclair ... Et ces familles sont les premières à servir avec dévotion Tu-sais-qui. Et ces familles sont les premières à te détester, parce que c'est toi qui les a détruites. Donc ...

- Mais je m'en fous de leurs familles ! Cria Harry. Ils m'énervent tous, à vouloir contrôler ma vie, celle de Drago ! Pourquoi, un seul instant, je peux pas être comme tout le monde ? Pourquoi, un minimum de temps, j'ai pas le droit d'être avec celui que j'aime, sans problème de comptabilité des idéaux des familles ?

- Mais je parle pas d'idéal politique ! C'étaient des Mangemorts, Harry ! Putain, tu veux pas réaliser ça ? Drago était un Mangemort aussi ! Il a le tatouage encore sur son bras gauche, et toi tu laisses ce même bras t'entourer, te serrer ... Ce même bras qui porte la marque qui flottait au dessus de tes parents il y a 17 ans !

Les larmes dévalaient sur les joues du brun. Son cœur lui faisait si mal, alors qu'il réalisait qu'il n'aurait sûrement jamais une vie normale avec Drago. Il dut se faire violence pour ne pas retourner en courant à l'intérieur se réfugier dans les bras de celui qui occupait constamment ses pensées. Il reprit d'une voix calme et glaciale, comme si un étranger parlait à sa place.

- Tu as autre chose à dire sur le fait que je n'ai pas le droit d'aimer Drago ou c'est bon, t'as fini de détruire la vie des gens ?

- Je n'ai pas dé ...

- Tu as autre chose à dire ? Le coupa Harry.

George leva ses yeux vers le frère de son meilleur ami, à la recherche d'un signe, n'importe lequel, qui montrait qu'il y avait autre chose que cette haine froide. Pourtant il ne trouva rien qui pouvait rappeler qu'ils avaient toujours été amis, et continua, incertain.

- Surtout ... Lucius est sorti d'Azkaban et ... Je sais que Narcissa peut faire preuve d'une grande humanité en ce qui concerne son fils mais ... De tout ce que j'ai pu entendre, Lucius est devenu violent et presque fou en prison ...

- Il l'était déjà, c'est pour ça qu'il est allé faire un tour chez les détraqueurs.

- Sûrement mais ... Je m'inquiète pour toi, Harry. Je sais que tu es heureux avec ton Serpentard, je suis vraiment content pour vous, mais te mets pas en danger. Surtout que Malefoy risque de mal prendre le fait que celui qui est responsable de sa déchéance soit fol amoureux de son fils unique.

Harry réfléchissait. Drago ne lui avait rien dit par rapport à son père et il ne comprenait pas pourquoi, il avait toujours été au courant de tout. Ce qu'avait dit George le faisait réfléchir aussi, et il comprenait pourquoi le roux s'inquiétait. N'étant plus à Poudlard, il ne pouvait pas témoigner de l'incroyable transformation du Serpentard pendant l'année et il devait avoir du mal à comprendre comment ils avaient pu finir ensemble.

- Merci George. Finit par dire Harry. Désolé de m'être énervé, c'était pas contre toi mais contre ...

- Ta situation, j'ai bien compris oui, ne t'inquiètes pas.

- Je vais en parler à Drago, mais sache que je n'oublie pas ce que tu m'as dit. Je vais redoubler de prudence en attendant de trouver une solution et ... merci encore.

Il lui adressa un petit signe de tête, et retourna dans la salle chaleureuse des Trois balais où tout le monde les attendait. Drago l'interrogea du regard et Harry attendit que les conversations reprennent pour lui parler de ce qui le tracassait.

- Drago. Pourquoi tu m'as pas dit que ton père était sorti d'Azkaban ?

Le blond ne répondit rien. Il semblait à la fois être énervé que le brun soit au courant, et à la fois craindre ce qui allait suivre. Harry reprit.

- C'est George qui me l'a dit, et il a raison. C'est ce qui ramène notre éternel sujet non ? Ce qu'on fait après ? Parce que ton père ne voudra pas de moi, et maintenant qu'il est libéré, la question se pose.

Drago avait baissé la tête, et restait obstinément silencieux. Harry voulait une réponse, mais il se ravisa quand il vit les sanglots du blond secouer ses épaules. Il le prit dans ses bras, laissant sa main jouer avec les cheveux fins de son petit-ami, et lui chuchota à l'oreille.

- Tout va bien, mon ange. On va trouver une solution. Ensemble. D'accord ?

- Si je ne t'ai rien dit, c'est que j'avais trop peur ... dit Drago, après un long silence. Trop peur que tu t'en ailles, que tu me laisses, que tu trouves tout ça impossible ...

- Je ne t'aurais jamais laissé derrière, je te le promets. Mais il faut trouver une solution pour ton père ...

- Je ne veux pas le voir.

Drago se dégagea et fixa Harry de ses yeux rougis par les larmes. Il était déterminé, et la haine qu'il ressentait envers son géniteur faisait ressortir les veines de sa nuque. Le Gryffondor réfléchissait à toute vitesse à une solution, et soudain elle se présenta devant elle, idéale, parfaite.

- Tu oublies peut-être que je possède une maison en plein cœur de Londres ... Pleine de magie noire, tu devrais t'y retrouver !

Drago sourit à la pique du brun et Harry sentit son cœur se réchauffer à la vue de ce visage qui s'était illuminé d'un coup. Drago lui vola un baiser avant de revenir dans la conversation, et Harry remarqua avec une pointe de déception que George était parti alors qu'il ne l'avait pas remarqué.

- Bon, le plan du coup. On montre à Mac Go dans le Poudlard Express, puis on va tous ensemble se recenser au ministère ?

- Pourquoi ne pas se recenser maintenant ? Demanda Dean.

- Suzanne et Hannah ne sont pas encore transformées.

- Et il faut être sur place de toutes façons, ajouta Hermione.

Harry croisa le regard de Drago. Ils allaient devoir s'organiser pour pouvoir partir tranquille dans la noble demeure des Black.

- De toutes façons, il faudra bien qu'on le fasse assez rapidement, dit Ernie, et désolé les filles mais ... On ne pourra pas vous attendre indéfiniment.

- Ernie ! T'es vraiment qu'un égoïste.

Le concerné jeta un regard assassin à son ex-copine qui était calée dans les bras de Ron et se tut, les yeux rivés sur son verre vide. Si une personne avait eu du mal à rester intégré dans la maison Dumbledore, c'était bien Ernie, mais il n'avait fait aucun effort depuis qu'il s'était fait lâcher par la brunette. Il se leva et sortit sans un mot, personne ne fit ne serait-ce qu'un geste pour tenter de le rattraper, et les conversations reprirent avec presque plus d'entrain en son absence. Une pointe de culpabilité rongeait Harry de l'intérieur, il ne voulait pas que qui que ce soit se sente exclu, mais il décida de l'ignorer. Le Pouffsoufle n'avait été ni ouvert ni agréable depuis des mois, il n'avait fait que renvoyer ceux qui venaient gentiment le voir, et le survivant comptait bien ne pas perdre une seconde de ce mois à s'en vouloir pour quelqu'un qui n'en valait pas la peine. Il posa sa tête sur l'épaule de Drago et écouta les débats sans fin qui animaient ses amis les yeux fermés, savourant l'instant présent. Finalement, tout était rentré dans l'ordre, Ron et Hermione étaient à nouveau ensemble, les 8es années étaient plus soudés que jamais, et Harry avait trouvé quelque chose – plutôt quelqu'un – qui lui donnait envie de vivre, et la vie n'aurait pas pu paraître plus belle.

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