Chapitre 46 : Héritier de Fred et George


Harry était allongé sur les jambes de Drago, fermant les yeux alors que les mains fines du blond venaient jouer dans ses cheveux. Sur le lit du Serpentard, ils profitaient de ces instants de pur bonheur au milieu de ces semaines qui devenaient de plus en plus stressantes. Leurs ASPICs approchant, ils croulaient tous sous le travail et le stress montait, plus particulièrement pour Harry et Ron qui côtoyaient Hermione toute la journée. Cela ne laissait que très peu deux temps aux garçons, qui rattrapaient le temps perdu le soir en parlant jusqu'à pas d'heure. Les autres 8es années n'étaient pas encore au courant, et même s'ils n'en avaient pas encore parlé entre eux, c'était comme d'un accord tacite qu'ils le cachaient. Pourtant au milieu de cette bulle de bonheur Harry ressentait une petite gêne, et il n'arrivait pas à en parler au principal concerné, dont les yeux aciers le déstabilisaient par leur simple existence. Le Gryffondor se releva et s'assit en faisant face à Drago, et se sentit immédiatement rougir en découvrant le sourire ravageur du blond. Il avait retiré son T-shirt et les rayons de la lune laissaient entrevoir ses muscles parfaitement dessiné, et Harry déglutit difficilement en relevant ses yeux vers le visage pointu du sorcier.

- La vue te plaît, Potter ? Chuchota le Serpentard, l'air sûr de lui.

Harry ne répondit pas et sentit ses joues chauffer encore plus. Il ferma les yeux quelques instants pour se libérer du regard presque provoquant que Drago lui lançait, et essaya de rassembler tout le courage qu'il pouvait lui rester face à celui qui faisait battre son cœur pour déclarer d'une traite, sans respirer une seule fois :

- Drago pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas le dire aux autres parce que c'est insupportable comme situation et ...

- Wow, respire un peu ! Rit le Serpentard. Et sinon, la même, mais en français, c'est possible ?

Harry lui lança un regard assassin qui n'eut pas l'effet escompté, et il dut à nouveau essayer de se faire comprendre, toujours aussi gêné.

- Je ... Pourquoi est-ce qu'on se cache ? Pourquoi on peut pas le dire aux autres ? Déjà qu'on a pas beaucoup de temps ensemble, mais là, c'est nous qui le réduisons en soit ...

- Oh c'est mignon, tu peux déjà plus te passer de moi !

- Drago. Le coupa Harry, déjà profondément fatigué des piques incessantes de son petit-ami.

- Oui ça va, si on peut plus rigoler ... Je savais que tu me demanderais ça Harry.

- Alors pourquoi tu n'en as pas parlé ?

Une pointe de colère montait en lui alors que les yeux acier gardaient leur aspect joueur. Drago était clairement plus à l'aise, et il le savait, alors pourquoi il ne faisait rien pour l'aider ? Ce dernier sembla remarquer que quelque chose n'allait pas, puisqu'il embrassa doucement le front du Gryffondor, avant de chuchoter, l'air beaucoup plus sérieux :

- Je veux pas te mettre dans une position où tu serais pas à l'aise, bébé. T'es déjà pas super à l'aise avec moi, je ne veux pas t'infliger le regard des autres en plus. Ils ne m'aiment toujours pas, tu sais ... Je suis l'héritier des Malefoy, les paria des paria, je mérite pas le héros de la guerre ...

- Selon eux.

- Oui, selon eux. Mais je veux être sûr que d'abord tu te sentes bien avec toi, qu'on soit tous les deux sûrs que ça peut marcher, avant de t'exposer à tout ça. Tu l'as déjà remarqué il y a quelques semaines, ce qu'ils sont capables de croire et de dire, alors je veux juste te protéger. Tu comprends ?

Harry hocha timidement la tête, sans prononcer un seul mot. Il n'arrivait pas à croire à quel point Drago avait été prévoyant et protecteur depuis qu'ils s'étaient mis ensemble, deux semaines plus tôt, et il se sentait mieux de jour en jour grâce à sa présence. La veille, alors que des filles de 6e année essayaient tant bien que mal d'approcher Harry, Drago les avait fait partir en les menaçant sérieusement et la bande avait finalement abandonné et avaient insulté le Serpentard de tous les noms. Alors qu'Harry était constamment touché par ce que les autres pouvaient dire de lui, incapable de passer au dessus, il était impressionné par l'indifférence avec laquelle le sorcier recevait toutes ces critiques. Il avait toujours pris ça pour un sentiment de supériorité, alors que ce n'était qu'un détachement pour ne pas souffrir de tout ce qu'on pouvait dire de lui.

- Dis Drago ... Est-ce que tu penses qu'on aurait fini pareil si, en première année, j'avais accepté ta proposition ? Et que je n'avais pas demandé au Choix-peau de ne pas me placer à Serpentard ?

- On ne refait pas l'histoire et ... Attends tu as vraiment demandé à ne pas aller avec les Serpentards ?

- Oui, répondit Harry, incertain. C'était là-bas qu'il voulait me mettre au tout début, mais j'avais trop peur, je crois, avec ce que Ron m'avait dit.

- Donc si y avait pas eu ce stupide roux, pardon, Weasley, on aurait été dans la même maison ? Tout le temps ensemble ?

- Je voix pas c'est quoi le souci ...

- Mais utilises ta tête parfois, Potter ... On aurait été ensemble depuis le début, sans rivalité entre nos maisons, on aurait sûrement été amis dès cet instant.

- Je ne suis pas sûr.

- Pourquoi, je suis pas assez bien pour toi ? Railla Drago.

- C'est pas ça, reprit Harry, gêné. C'est juste que ...

- Que ?

Harry était bloqué. Comment dire au Serpentard qu'ils n'étaient pas forcément faits pour être les meilleurs amis du monde normalement ? Que tout les séparait du temps de Voldemort ? Que Harry n'aurait sûrement pas voulu être son ami à cet époque ?

- On n'était pas vraiment compatibles ...

- Et qu'est-ce qui a changé ? Tu ne réponds pas ? C'est que rien n'a changé dans le fond.

- Si, ton père.

- Mon père ? Qu'est ce que mon père peut venir faire ici ?

- Tu étais totalement dépendant de lui, à suivre ses traces, et ça ... J'aurais pas pu être ton ami, c'est tout, puis de toute façon, on ne refait pas l'histoire comme t'as dit.

Entre temps Drago s'était éloigné, et le courant d'air qui vint faire frissonner le Gryffondor n'était rien par rapport au regard glacial qui ne le lâchait pas.

- Donc le problème, c'est que j'ai eu un père, que j'ai aimé ? C'est ça ?

- J'ai pas dit ça Drago, et si on pouvait arrêter de ...

- Non on ne peut pas arrêter, tu m'expliques que t'aurais jamais pu me blairer avant, alors j'aimerais comprendre un peu plus, parce que je t'imaginais plus ouvert d'esprit Potter.

Harry avait bien remarqué qu'il ne l'avait plus appelé « Harry » mais « Potter », comme avant, et cela lui fit l'effet d'un coup de lance dans le cœur. Il ne savait pas comment rattraper le coup, et la colère froide du sorcier qui faisait chavirer son cœur lui faisait vraiment peur. Il commençait tout juste à se sentir bien, ça n'allait pas finir comme ça, si ?

- Je vois que tu réponds pas, c'est bon j'ai compris. Bonne nuit.

- Drago attends ! S'il te plaît, écoutes moi ... J'ai changé, toi aussi, c'est faux quand tu dis que rien n'a changé. J'étais un petit con égoïste qui était convaincu que le monde allait se mettre à mes pieds, et même si je tenais à mes amis comme à ma propre vie, j'étais une véritable ordure avec ceux qui n'étaient pas mes amis, toi compris. Et j'ai fait des erreurs, beaucoup. Une partie de l'âme de Voldemort était encore en moi, elle n'y est plus. Je sais, ça n'excuse rien, mais quand même ... S'il te plaît, je ne veux pas qu'on se batte pour ça, on ne saura jamais ce qu'il aurait pu se passer si j'étais allé à Serpentard et ... c'est tellement bête ...

Il avait baissé les yeux, incapable de supporter plus longtemps la flamme qui consumait les pupilles grises de son petit-ami. Il se sentait minable, il aurait voulu juste retirer ce qu'il venait de dire, il ne pouvait en vouloir qu'à lui même pour ça. Drago vint le prendre dans ses bras, et après avoir déposé un baiser sur la joue du brun, il lui murmura à l'oreille :

- Je sais qu'on a changé Harry. Tu as fait des erreurs, et moi aussi, mais je t'en supplie, ne dis plus à quel point tu me détestais avant, c'est bien trop douloureux.

Pour toute réponse, Harry prit les devants et écrasa ses lèvres sur celles du blond. Ce dernier, après un instant de surprise, répondit avec plus d'ardeur encore, et ils partagèrent tout ce qu'ils avaient à travers ce contact, après la crainte de leur première réelle dispute, une sorte d'accord tacite et silencieux de ne jamais se laisser. Ils se séparèrent à regret, ne se quittant pas des yeux. Drago se laissa tomber sur le matelas et attira le brun contre lui, calant sa tête dans son cou musclé. Harry soupira de bonheur et attrapa les bras que le blond avait glissé autour de sa taille avant d'embrasser doucement ses mains pâles. Il ferma les yeux avec l'idée qu'il ne pourrait plus jamis être malheureux, tant que Drago resterait à ses côtés. Et il était déterminé à le garder avec lui, quoi qu'en pensent les autres, ou même la famille de Drago. Il ne pouvait pas laisser tomber ce Serpentard qui lui avait réappris à vivre. Il s'installa plus confortablement, mêlant ses jambes à celles de Drago. Ils s'endormirent l'un contre l'autre, bercé par la chaleur de l'autre.

Le réveil le lendemain fut plus difficile, et un moment de panique suivit la réalisation de leur situation. Vu le bruit qui venait de la salle commune, tout le monde devait être réveillé. Et ils étaient tous les deux dans le compartiment de Drago, aillant encore une fois dormi ensemble et oublié de se réveiller plus tôt pour que chacun retourne seul dans son compartiment, le cœur lourd et déjà impatient de la prochaine soirée qu'ils passeraient ensemble. Harry se demandait ce que pouvait bien signifier cette lueur espiègle dans les yeux du blond, et le regretta presque aussitôt.

- Potter, qu'est-ce que tu fous là ? Pourquoi t'as dormi par terre ? Tu t'es trompé de compartiment ou ... ?

En même temps qu'il parlait, il sortit en exagérant son énervement, et Harry craignait que ce soit trop mais personne ne posa de question et il décida de rentrer dans le jeu en prenant un air complètement absent, comme s'il n'avait vraiment pas réalisé où il s'était endormi. Ron lui lança un regard suspicieux mais il fit de son mieux pour ignorer son meilleur ami, priant intérieurement pour que le roux ne remarque pas à quel point la couleur de son visage avait changé. À son grand soulagement, il ne dit rien à ce sujet et fit une annonce générale à tous les 8es années.

- Bon, comme vous le savez je suis le dernier à ne pas avoir encore présenté mon projet et c'est parce que même si j'ai commencé très tôt, ça s'est révélé bien plus long que ce que j'avais prévu. Ce soir, on se mettra tous ensemble sur les canapés et on aura tous une pastille à avaler, que j'ai nommé, la pastille de rêve groupé !

Sur ces mots il brandit une petite boîte où se tenaient comme des petites billes transparentes où avaient l'air de se mouvoir plein de petits arc-en-ciels. Un « oh » d'admiration parcourut la petite assemblée et, fier de son effet, Ron continua en souriant jusqu'aux oreilles :

- Je l'ai créé tout seul, vu que je travaillais avec George il m'a appris quelques petits tours mais j'ai refusé son aide, et voilà le résultat ! J'ai déjà essayé avec George et l'employée du magasin, donc je suis sûr que ça marche !

Il descendit du fauteuil sur lequel il était monté pour parler et se dirigea immédiatement vers Hermione et Harry, des étoiles dans les yeux.

- Vous savez ce qu'a dit George après notre essai ? Demanda Ron. Il a dit que j'étais le « digne héritier de Fred et George » !

Harry éclata de rire, mais il était très heureux pour son meilleur ami. Les jumeaux n'avaient jamais été vraiment encourageants avec leur cadet, et pour ce qui était de le reconnaître comme leur frère, c'était une autre affaire. Si George avait dit ça, ce n'était pas sans raison, et c'est infiniment heureux pour Ron que le brun l'enlaça avec enthousiasme.

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