Chapitre 40 : Joyeux Noël

- Bon, Harry je crois que je ne te l'avais pas dit mais ... Je vais retrouver mes parents pour noël, on va visiter l'Espagne ensemble ...

- D'accord.

- Et Ron va au terrier. Tu es sûr que tu ne veux pas y aller ?

- Oui.

- Bon eh bien ... Passe de bonnes vacances, alors, on s'envoie des lettres, hein ?

- Oui. Bonnes vacances Hermione.

La brune lui lança un regard gêné et prit son sac sous le bras. Elle s'avança vers lui comme pour lui faire un câlin mais se ravisa face au regard glacial que le brun lui lança. Elle lui lança un au-revoir de la main et partit timidement. Harry n'avait pas desserré la mâchoire depuis la veille. Après ce qu'il s'était passé avec Ginny il était remonté au dortoir et s'était couché sans parler à personne. Et depuis son réveil, il avait tout fait pour éloigner les autres de lui, et même s'il s'en voulait infiniment d'être si désagréable avec ses amis, surtout avec Hermione qui n'y pouvait absolument rien, il était sûr que c'était pour le mieux. Ron était avec Ginny depuis le début de la matinée et il n'était pas remonté voir Harry au dortoir depuis qu'il avait vu sa sœur. L'élu se doutait bien qu'il avait appris d'une certaine manière ce qu'il s'était passé entre les deux, et qu'il en voulait à son meilleur ami, et tant mieux. Il n'avait pas à lui faire du mal pour l'éloigner, et il s'en sentait profondément soulagé. Il détestait faire autant de mal à ses amis, mais il devait les protéger. Il regarda les élèves partir à pieds vers la gare où le Poudlard Express les attendaient, se demandant combien d'élèves allaient rester pendant les vacances.

Il eut rapidement la réponse, et c'est non sans surprise qu'il vit que Drago et Pansy restaient, ainsi que 5 autres élèves venant de Serdaigle et de Pouffsoufle, et bien évidemment les professeurs. Il évita donc soigneusement toute la soirée ses deux camarades de maison et s'enferma à la bibliothèque pour commencer son travail. Il était plongé dans un devoir de métamorphose quand il remarqua le jour décliner dehors. Il ne pouvait pas fuir plus longtemps, il allait devoir affronter les autres pour le dîner. Son estomac lui faisait clairement comprendre qu'il n'appréciait pas être resté vide toute une journée, et il se dépêcha de ramasser ses affaires et sortir avant que Madame Pince ne débarque à cause du bruit. En allant poser ses affaires à la salle commune, il croisa le chemin de Drago, et se maudit intérieurement alors que ses cahiers lui échappaient des mains et s'écrasaient aux pieds des deux garçons. Il sentit ses joues brûler alors que les pupilles grises du Serpentard se fixèrent dans ses yeux, et il avait envie de s'enterrer 6 pieds sous terre lorsque leurs mains se rencontrèrent autour des livres. Il les retira si brusquement qu'il s'entailla toute la paume de sa main droite. Il jura et sursauta quand Drago, qui s'était relevé lui aussi, lui prit la main et lui fit un sort de soin dessus. Alors que la tiédeur familière entoura sa blessure, il n'osait pas prononcer un seul mot ni ne serait-ce que relever les yeux et croiser le regard acier qui ne le quittait pas.

- Harry, dit Drago doucement, qu'est-ce qu'il t'arriver depuis hier soir ?

- Rien.

Les doigts fins du Serpentard relevèrent son menton jusqu'à ce que leurs regards se croisent, et le blond reposa sa question, le visage sérieux et presque menaçant.

- Me mens pas, Potter, tu es aussi mauvais pour mentir qu'en potions. Que s'est-il passé au bal ?

- Je suis juste un connard, c'est tout. Je suis violent, mentalement instable, dangereux pour les autres, alors y a pas à t'inquiéter pour moi.

Harry se dégagea presque méchamment de ce contact qui le troublait bien plus que ce qu'il ne voulait admettre et attrapa son tas de cahiers avant de partir dans le couloir. C'était sans compter sur l'entêtement de Drago, et il se retrouva immobilisé par les bras pâles du Serpentard qui l'enlaçaient. La tête aux cheveux argent se posa sur l'épaule du Gryffondor, et il murmura d'une voix si basse qu'Harry faillit ne pas comprendre.

- Harry, tu n'es pas un connard, ni dangereux pour nous. On est là pour t'aider, ne te renferme pas sur toi-même ça ne te fera aucun bien, et à nous non plus. Alors tu vas me faire le plaisir de venir avec moi manger, te laisser mourir ne sert à rien.

Les bras libérèrent Harry mais Drago passa son bras sur les épaules du brun, qui était bien trop bouleversé pour protester, et le guida poser ses affaires. Ils descendirent ensemble jusqu'à la grande salle, où il n'y avait qu'une seule grande table. Tout le monde était déjà assis et Pansy regarda bizarrement les deux garçons qui arrivaient. Mac Gonagall adressa un sourire entendu à Harry avant de faire venir les plats. Assis à un bout de la table, l'élu mangea en silence se faisait aussi discret que possible, ne parlant que lorsque c'était nécessaire. Il sentit à plusieurs reprises le regard insistant de Drago sur lui mais ne releva pas une seule fois, préférant, encore une fois, fuir. Peut-être était-il lâche, mais il ne voulait pas prendre le risque de les blesser, et la façon la plus simple restait quand même la fuite. Il termina son repas en silence, sous le regard brûlant du blond, et ne réussit pas à échapper à ses deux camarades de maison à la fin du dîner. Pansy lui lança un regard amusé et attrapa le bras droit du brun en riant, le tirant vers les escaliers. Drago les suivit en riant doucement, et il passa sa main dans ses cheveux fins en regardant Harry, un sourire affiché sur ses lèvres. Le brun se surprit à se mordre les lèvres en suivant la brune dans la salle commune.

Les deux semaines de vacances passèrent assez vite, Harry fuyant régulièrement à la bibliothèque. Très vite il termina ce qu'il avait à faire pour la rentrée mais trouva bien vite d'autre travail à faire, car il sentait dans la bibliothèque un réel apaisement. Pas une seule fois des deux semaines il ne s'était retrouvé à taper quelque chose, et même s'il évitait toujours la compagnie des deux 8es années il n'était plus si froid avec eux. Le dernier soir des vacances, Drago avait réussi à obtenir quelques bouteilles de Bièraubeurre, et ils se retrouvèrent sur les canapés noirs de la salle commune, devant un bon feu. Harry décapsula la sienne et but une gorgée, sentant le liquide brunâtre brûler le fond de sa gorge. Il s'installa plus confortablement dans les coussins, quand Drago se leva de son canapé et alla s'asseoir à côté d'Harry, un sourire sadique collé sur son visage pâle.

- Bon, Potter. Tu nous as toujours pas expliqué ce qu'il s'est passé entre Weaslette et toi, et je considère qu'on a assez attendu. Donc ?

Le regard noir que lui lança le brun ne fit que déclencher l'inverse que ce qu'il espérait, et le rire de Drago envahit la pièce. Harry ne se souvenait pas l'avoir vu rire aussi franchement très souvent, et vu la tête de Pansy, elle non plus. À la grande surprise du Gryffondor, c'est la brune qui reprit la parole, elle aussi avec un air malicieux.

- Tu sais Harry, on est désolés que ça n'ait pas marché avec Ginny mais ... Je suis sûre que tu retrouveras le bonheur, tu le mérites.

- Je l'ai giflée.

- Pardon ?

Pansy avait crié, en même temps de laisser s'échapper sa bouteille de Bièraubeurre. Le verre éclata au sol, et la boisson se répandit rapidement. Drago nettoya le liquide et les morceaux de verre d'un coup de baguette, avant de reporter son attention sur Harry.

- Comment ça tu l'as giflée, Potter ? T'es vraiment stupide en fait ou ... ?

- C'est pour ça que tu nous évites depuis deux semaines ? Le coupa Pansy.

- Oui.

Il n'osait plus les regarder dans les yeux. Ils savaient, maintenant. Il savait, et maintenant Drago ne pouvait plus dire qu'il n'était ni violent ni dangereux pour les autres. Il savait qu'en levant la tête il croiserait des regards débordants de reproches, et il n'était pas prêt à s'y confronter. Il n'arrivait déjà pas à passer au-delà de ses propres remords, et il n'avait pas besoin d'un mépris supplémentaire, il se sentait assez mal comme ça.

- Je suis sûre qu'il y a une raison, alors je ne juge pas. Par contre si tu ne te dépêches pas de nous expliquer je te jure que je t'éclate la tête. J'aimais pas trop Ginny avant, mais ça reste une fille et je t'interdis de lever la main sur une fille. Compris le balafré ?

- Merci Pansy ... murmura Harry.

Il termina sa bouteille en trois gorgées pour se donner du courage et entama son récit, sans oser lever les yeux ni même bouger d'un pouce. Il sentait sur lui les regards intenses des deux Serpentards, et s'il voulait pouvoir continuer à parler il savait qu'il ne fallait pas qu'il croise ces yeux.

- Je suis allé au bal avec elle, sans prise de tête, en ami mais on devait aviser après et ... On s'est bien amusés, on a dansé, et quand je suis allé m'asseoir, Hermione m'a dit qu'elle pleurait, alors je suis sorti. En sortant j'ai ...

Tout à coup, il se rappela de la présence d'Astoria dans sa belle robe couleur perle qui pleurait, elle aussi, et évita le sujet qui était à tous les coups lié à Drago. Il reprit de plus belle, regardant ses mains.

- J'ai tourné partout dans le château et ... quand je l'ai trouvée elle pleurait, alors j'ai voulu la consoler mais elle ne voulait pas me dire puis ... Elle m'a accusé de jouer avec elle, et puis ... Elle a dit que j'avais beau être malheureux, tout le monde était à mes pieds parce que ...

Il se mordit les lèvres si fort que le goût métallique du sang lui envahit la bouche, et il n'arrivait pas à retenir les larmes. Il aurait voulu crier, faire comprendre au monde qu'il aurait préféré mille fois avoir eu le bonheur de connaître encore ses parents plutôt que d'avoir toutes ces attentions fausses et hypocrites, qui avaient le pouvoir de le mettre toujours aussi mal-à-l'aise.

- Parce que ?

Harry leva les yeux, incapable de continuer. Pourquoi tout le monde s'évertuait tant à l'accuser d'avoir perdu ses parents ? Il rassembla toutes ses forces pour chuchoter :

- Parce que je n'ai plus de parents. Et je l'ai giflée.

Il ne voulait plus pleurer, il avait fermé tout accès à son cœur, et le regard qu'il lança aux deux amis ne les incita pas à répondre. Pourtant, Drago s'approcha et le prit dans ses bras, tandis que Pansy lui souriait gentiment. Le blond lui chuchota au creux de l'oreille, son souffle chaud caressant la nuque du Gryffondor.

- On le sait, bébé Potter, que tu n'as jamais demandé à perdre tes parents. Tu n'es ni violent, ni dangereux, tu sais juste pas te maîtriser sur ce sujet, et ça se comprend. Alors arrête de te blâmer pour rien, et arrête de nous fuir, s'il te plaît.

Il s'écarta et adressa un sourire encourageant à Harry, avant d'aller se coucher. Très vite, Pansy fit de même, non sans un mot gentil pour l'élu. Même s'il était légèrement rassuré, il se sentait comme une coquille vide. Qu'allait-il faire, qu'allait-il dire le lendemain au retour de Ron et Hermione ? Il n'avait pas le courage de les affronter. Le dire à Drago et Pansy, c'était facile, aucun des deux ne le connaissait autant que ses deux meilleurs amis. Mais il ne voulait pas subir une nouvelle colère du frère de Ginny, ni un simple froid au sein du trio d'or. Perdu dans ses pensées, il partit chercher l'album photo qui dormait dans sa valise et le rapporta auprès du feu. Tournant page après page, détaillant les visages du quotidien de ses parents, il se surprit plusieurs fois à sourire en retour aux figures de ces photos vieillies. Il s'arrêta bien plus longtemps à la page où les maraudeurs étaient en photo, et d'où Remus, Sirius et James lui faisaient un signe de la main. Qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour avoir sa propre famille près de lui, à le soutenir et à l'épauler, à le rassurer à cet instant ... Plus les pages défilaient et plus ses paupières se firent lourdes, et il finit par s'effondrer sur le canapé.

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