Chapitre 38 : Une étoile dans la nuit
Les gros flocons qui tombaient depuis maintenant plusieurs heures assombrissaient complètement la salle commune. Harry, Ron et Hermione étaient assis près du feu à discuter doucement. Autour d'eux la neige semblait donner à la salle circulaire un silence feutré, que personne n'osait briser. Dans ses mains Harry tenait le livre que Drago lui avait offert, et il le gardait obstinément ouvert à la page concernant Dumbledore. Juste à côté de celle-ci était celle de Grindelwald, et le bouquin n'était pas sans mentionner leur supposée relation. Depuis la mort de son ancien directeur, l'élu s'était posé mille questions sur la vie du sorcier. Il n'avait jamais obtenu de réponse vraiment satisfaisante, et le fait de savoir que sa jeunesse n'avait pas été sans tache lui crevait le cœur. Et ce livre n'aidait pas en passant sous silence cette partie de sa vie. Ils évoquaient le rapport entre les deux plus grands sorciers de leur temps, mais connaissant l'attrait de la magie noire pour Grindelwald, Harry se doutait bien que Dumbledore devait y avoir trempé au moins une fois. Il serrait son livre si fort que ses jointures devinrent blanches, et Hermione arrêta net sa phrase quand elle le remarqua.
- Harry, ça va ? Oh ... Dumbledore ...
Elle semblait gênée et regardait le nom du sorcier écrit en lettres d'or avec un air bizarre. Ron remarqua à son tour et se frotta la nuque, mal à l'aise.
- Tu sais Harry ... commença le roux. Il ne faut pas rester bloquer sur un seul épisode de sa vie, il avait un cœur immense et voulait toujours aider le maximum de gens, tu ne pourras pas le nier.
- Je pense surtout, Harry, le coupa Hermione, qu'il faut que tu arrêtes de psychoter dessus. Tout le monde fait des erreurs. Dumbledore était jeune, et il s'est largement racheté vu ce qu'il a fait pour le monde des sorciers. Non, je sais ce que tu vas dire, mais jamais rien n'a prouvé qu'il a fait un quelconque mal à d'autres personnes. Jamais rien n'a prouvé qu'il a commis un crime. Jamais rien n'a prouvé qu'il n'était pas opposé aux idées horribles de Grindelwald. Alors maintenant arrête de douter, arrête de remettre en cause tout ce que cet homme a pu t'apprendre, parce que tout ce que tu fais actuellement, c'est ternir sa mémoire. Alors fais-moi plaisir et arrête.
Harry baissa la tête, honteux. Une larme lui échappa avant qu'il n'ait pu la rattraper, et quelques secondes plus tard Hermione l'avait pris dans ses bras.
- Harry, je comprends que tu doutes, mais tu te fais plus de mal qu'autre chose, alors je t'en supplie, fais nous confiance, fais lui confiance ...
Ron adressa à son meilleur ami un sourire encourageant, et le brun sentit une vague de chaleur dans son cœur. Que c'était bon de retrouver ses deux meilleurs amis ... Suzanne et Hannah interrompirent le cours de ses pensées en faisant irruption dans la pièce, essoufflées et les yeux pétillants.
- Les invités pour demain sont arrivés à Pré-au-Lard ! Ils arrivent dans 5 minutes au château !
- Demain ?
- Le bal de Noël, Harry. Me dis pas que t'as déjà oublié ?
Harry regardait Hermione avec une pointe d'incrédulité. C'était déjà demain ? Le bal de Noël ? Mais ... Avec qui allait-il y aller ? Et comment il pourrait s'habiller ? La Gryffondor émit un petit rire en voyant son incompréhension et Harry ne pouvait pas la blâmer pour cela, mais ses circonstances étaient atténuantes. Entre les cours, les problèmes et surtout les correspondants d'Ilvermorny, l'élu avait eu bien des choses pour occuper son esprit ces dernières semaines. Il se leva avec les autres, non sans une boule montante dans le ventre de n'avoir absolument rien de prévu pour le bal de Noël.
Il arriva dans le hall pour y découvrir Ginny en grande conversation avec George et Angelina Johnson, qui se tenaient la main. Son cœur fit un bond à la vue de la cadette des Weasley, mais il ne devait pas avoir d'espoir. Il se força à sourire avant d'aller saluer ses anciens camarades de Gryffondor, qui avaient été invités par Mac Gonagall, puisque George habitait maintenant à Pré-au-Lard.
- Harry ! Tu vas bien ?
- Super et toi Angelina ? Tu fais quoi en ce moment ?
- J'ai trouvé un poste au ministère pour la régulation des sports magiques, c'est cool parce que j'ai du temps pour jouer dans une équipe de Quidditch !
George éclata de rire et lui déposa un baiser sur la tempe, et Harry sourit doucement en voyant la brune rougir. Ils étaient mignons tous les deux, et à voir le sourire de Ginny, le brun n'était pas le seul à le penser. Quelques instants plus tard Hermione et Ron arrivèrent, sortant visiblement d'une dispute, même si les deux avaient plaqué un sourire forcé sur leurs visages. Bientôt Mac Gonagall vint à leur rencontre et commença à parler avec ses deux anciens élèves. Harry vit qu'elle avait les larmes aux yeux, sûrement dues à l'émotion. Du coin de l'œil il remarqua Drago qui prenait dans ses bras une fille qui avait l'air plus jeune que lui. Il se demandait qui elle pouvait être quand Pansy débarqua dans la salle et cria d'une voix suraiguë :
- Astoria ! Qu'est-ce que tu viens faire ici ?
- Pansy, ça faisait longtemps !
Étonné de voir les deux jeunes filles se faire la bise comme de vieilles amies, Harry fut déçu de ne pas entendre la suite de la conversation pour en apprendre plus sur cette brune. Un coup léger dans les côtes de Ginny le ramena à la réalité, et il remarqua non sans gêne qu'ils n'étaient plus que tous les deux, puisque Mac Gonagall commençait à partir avec George et Angelina, et que Ron et Hermione avaient recommencé à se disputer en chuchotant.
- Tu veux aller faire un tour Harry ?
Sans réellement attendre de réponse la rousse partit en direction des grandes portes et Harry se dépêcha de suivre sa silhouette élancée jusque dans la neige. Il profita d'un moment d'inattention de son amie pour lui lancer une poignée de neige, et très vite une bataille commença. Ils en étaient à ensorceler une bonne dizaine de boules de neiges pour les lancer d'un seul coup quand ils abandonnèrent tous les deux, trop fatigués pour continuer. Le soleil commençait à se coucher doucement derrière les collines, et le silence tombait aux alentours de la forêt. Une fine brise vint faire tourbillonner une petite colonne de neige aux pieds des deux Gryffondors, aucun des deux n'osant briser la magie du moment. Harry observait le visage de celle qu'il avait aimée, mais à sa grande surprise, il n'y avait plus autant de sentiments qu'avant, même s'il ne pouvait pas se lasser de ce nez couvert de taches de rousseur et de ces lèvres fines. Ses yeux verts pétillaient comme avant, mais il y avait comme un voile de tristesse qui ne semblait pas vouloir quitter ces pupilles. Sa lèvre inférieure se mit à trembler et une larme coula sur sa joue, qu'elle ne prit même pas la peine d'essuyer. Elle se contenta de dire à Harry, la voix basse et chancelante :
- Je ne suis pas sûre d'y arriver, Harry ...
- Arriver à faire quoi ?
- Te regarder comme un ami.
Le cœur du Gryffondor fit un bond douloureux dans sa poitrine. Pourquoi disait-elle cela maintenant ? Il était passé à autre chose, il s'était reconstruit ce qu'il lui semblait être une vie correcte, sans elle, et elle venait de tout faire s'effondrer. Toutes les convictions d'Harry, tout ce dont il pensait être sûr, tout s'était envolé au moment même où les mots étaient sortis de sa bouche. Il croyait être redevenu le maître de ses émotions mais d'un coup tout lui semblait illusoire, comme s'il n'avait jamais réussi à en reprendre réellement le contrôle.
- Ginny je ... Je ne peux pas faire ça c'est ...
- Je le savais Harry. C'est ça qui fait le plus mal ... C'est que finalement c'est moi qui t'ai fait partir, pour nous deux, et que je ne peux pas passer à autre chose alors que je te vois commencer déjà à regarder les autres filles ...
- Je n'ai jamais regardé quelqu'un d'autre ! s'exclama Harry.
- Et celle qui était avec Drago alors, tu ne la voyais pas ?
- Ce ... ce n'est vraiment pas ce que tu crois, Gin'.
Ce n'était vraiment pas ça. Il était juste curieux de savoir qui pouvait bien être cette fille qui semblait plutôt proche de Drago, et qui de plus connaissait bien Pansy. Il ne pouvait même pas dire si elle était jolie ou non, il ne l'avait pas regardée pour de vrai. Mais comment expliquer ça à Ginny ? Elle le regardait avec une expression neutre, même si le brun la connaissait suffisamment pour reconnaître la tristesse dans son regard qui s'était éteint. Il voulait la rassurer, lui faire comprendre qu'il n'était pas vraiment passé à autre chose non plus, mais il n'y arrivait pas, et il n'en était même pas si sûr. Un flot d'émotions contraires se déversait dans son âme et il n'y comprenait qu'une seule chose : la petite sœur de son meilleur ami le bouleversait toujours.
- Écoute Ginny, si tu veux, demain, on peut aller au bal ensemble et ... voir ce qu'il se passe après ? Seulement si tu le veux, bien sûr, je ne vais pas te forcer.
- Tu es sûr que c'est une bonne idée ?
- Une soirée sans se prendre la tête, et on avise après le bal de ce qu'on fera après, est-ce vraiment une mauvaise idée ?
- Tu ne vas pas regretter cette soirée ?
- Sûrement pas !
La rousse semblait en plein débat intérieur. Harry quant à lui ne savait pas pourquoi il avait dit ça, les mots étaient sortis de sa bouche sans qu'il s'en rende compte, mais il n'allait pas les retirer, ce serait trop cruel pour la jeune fille qui souffrait déjà par sa faute. Finalement, Ginny accepta timidement sa proposition et Harry avait officiellement une cavalière pour le bal de Noël. Même s'il n'était pas vraiment sûr que ce soit une bonne idée, le mal était fait et il ne pouvait pas revenir en arrière. Son esprit dérivait de Ginny à cette fameuse Astoria quand les deux Gryffondors retournèrent dans la chaleur du château.
- Eh bah vous voilà ! Où étiez-vous passés ? On vous a cherchés partout !
- On... commença Harry.
- On était en train de vous chercher, qu'est ce que tu racontes, Ron ?
Ginny semblait sûre d'elle et ne se laissa pas démonter face à son grand frère. Elle gardait la tête haute malgré le mensonge qu'elle tentait de faire passer, et Harry se demandait pourquoi elle ne disait pas simplement la vérité. Il comprit bien vite quand Ron continua.
- Bon,bref. Vous ne voulez pas faire quelque chose ? Je m'ennuie à mourir, ils me dégoûtent tous à passer leur temps avec leurs partenaires de bal ! Y a que Hermione et Ernie qui n'ont pas passés la journée collés l'un à l'autre, encore heureux, mais Hermione travaille donc je suis tout seul, et ça m'énerve.
Harry et Ginny laissèrent échapper un petit rire alors que leurs regards se croisèrent. Ron semblait mal vivre le fait de ne pas avoir de cavalière pour le bal, et Harry comprenait mieux pourquoi la rousse n'avait pas dit la vérité, il tenait à ne pas se faire assassiner sur place par un Weasley enragé. Le roux se plaint tout le long du chemin mais personne n'y faisait vraiment attention, cela faisait quelques jours que son humeur avait tendance à devenir plutôt morose, et ils étaient plutôt habitués à l'entendre râler.
À table ce soir-là l'ambiance était chaleureuse, George, Angelina et quelques autres anciens élèves plus âgés avaient pris place avec la maison Dumbledore, ne voulant pas forcément se retrouver avec leurs anciennes maisons où ils ne connaissaient plus grand monde. Même les professeurs semblaient parler avec plus d'entrain que d'habitude, et la magie de Noël commençait peu à peu à s'installer dans Poudlard, à commencer par les bougies qui avaient été ensorcelées pour être rouges, vertes et or, les couleurs de Noël. Cette nuit-là le château tout entier semblait se préparer au bal du lendemain, comme si la fête avait déjà commencé.
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