Chapitre 37 : Brigade anti-fuite

Harry soupira bruyamment. Il était avec Suzanne et Hannah en chemin pour la bibliothèque, où il voulait juste emprunter un livre, mais il n'avait pas pu y aller seul. Il se remémora avec un sourire le premier soir où les correspondants d'Ilvermorny étaient arrivés.

Hermione avait commencé à leur expliquer que l'obsession que portait Agilbert à l'égard de l'élu était semblable à celle que Voldemort lui portait avant, et tout le monde avait paniqué. Ils avaient alors mis en place un système de surveillance, qu'ils avaient nommé la « Brigade anti-fuite » en parlant de Fontaine, et Harry n'avait pas été seul dans les couloirs ou dans une salle depuis deux semaines. Même pour aller aux toilettes, un ou deux garçons attendaient devant la porte. Malgré la présence constante de 8es années autour de l'élu, Agilbert avait essayé de nombreuses fois de lui parler, utilisant le prétexte d'un sujet banal à chaque fois, comme le chemin d'une salle spéciale ou encore le temps qu'il faisait dehors. Mais à chaque fois, les « gardes du corps » du Gryffondor trouvaient un prétexte pour les faire partir vite d'ici, et Harry reconnaissait bien cet éclat de déception dans les pupilles acier du sorcier. Au début, être constamment entouré gêné profondément le brun, détestant en demander autant à ses amis, mais il avait fini par reconnaître qu'il était surtout soulagé, car les apparitions du directeur au coin d'un couloir se faisaient de plus en plus fréquentes et de plus en plus oppressantes. De plus, Agilbert semblait perdre petit à petit sa patience et ne prenait même plus la peine de chercher un prétexte pour accoster l'élu, il lui demandait simplement à lui parler directement.

- Vivement demain.

Hannah souffla en réponse à son amie. Les deux filles pensaient la même chose que tous les autres 8es années. La présence des élèves d'Ilvermorny leur pesait depuis deux semaines, et le fait de devoir surveiller Harry en continu n'aidait pas. Ils n'avaient pas vu un seul de leurs professeurs depuis que les américains étaient là, puisqu'ils étaient tous trop occupés avec les nouveaux venus. Hagrid leur avait laissé le soin des Hippogriffes avec lesquels étaient venus les correspondants. Sauf qu'ils n'étaient pas comme les Hippogriffes européens, non. Avec un plumage noir corbeau, ils étaient bien plus grands et plus musclés que ceux qu'Harry connaissait, et ils étaient bien plus fiers et méchants. Tous les soirs, il y avait une séance de soins dans la salle commune pour apaiser les bras meurtris de ceux qui étaient allés s'occuper d'eux dans la journée. Malgré l'absence de leurs professeurs, ils croulaient sous le travail, et c'était le premier moment de libre qu'avait eu Harry pour aller chercher son livre à la bibliothèque depuis le début. Il aperçut la robe rouge du directeur américain juste avant de pénétrer dans le calme feutré de la bibliothèque, et bénit pour la première fois Madame Pince, qui était la meilleure excuse pour éviter la confrontation avec le sorcier.

- Bon, Harry, tu cherches quoi ?

- Un livre de défense contre les forces du mal ... Il doit être par ici ...

Il le trouva et partit prévenir la bibliothécaire de son emprunt, les deux élèves de Pouffsoufle commençant à prendre de l'avance. Quand il sortit de la bibliothèque, il n'était qu'à deux pas d'elles mais il sentit tout à coup une main se refermer sur son bras. Il allait dire quelque chose mais il sentit qu'on lui lançait un sort pour le rendre silencieux, et il se fit entraîner dans une salle de classe toute proche.

En face de lui se tenait Agilbert Fontaine, l'air plus sûr de lui que jamais. Il avait fermé la porte et avait lancé en direction du couloir un sort qu'Harry soupçonna d'être Muffiato, un sort qu'il avait souvent utilisé pour pouvoir parler sans être entendu. Le directeur se tourna vers l'élu, ses yeux acier le transperçant de toutes parts.

- Enfin je peux te parler, Harry Potter.

- Qu'est ce que vous me voulez ?

- Toujours sur la défensive, alors qu'il n'y a pas de raison. Quel dommage, quel gâchis franchement ...

Il regardait le Gryffondor avec un air ennuyé, et levait sa baguette en sa direction. Le cerveau d'Harry fonctionnait à mille à l'heure. Le sorcier lui coupait l'accès à la porte, et il n'avait aucune idée de ce qui pouvait émerger de la baguette blanche pointée sur lui. Il fallait qu'il gagne du temps, à tout prix, en espérant que quelqu'un lui vienne en aide.

- Qu'est ce que vous voulez me faire ?

- Tu verras ce ne sera pas douloureux ...

Il leva la baguette et un filament violet en sortit, et sans avoir le temps de s'en protéger, Harry se retrouva assis et attaché sur une chaise devant Agilbert, et une sueur froide coulait dans son dos. Ses mains étaient attachées de telle sorte qu'il ne pouvait pas se saisir de sa baguette, pourtant elle était là, dans sa poche. Il sentait le bout de bois sur sa jambe, peut être qu'avec une petite manœuvre il pourrait la récupérer, mais il faudrait distraire le directeur.

- Je n'ai rien à donner.

- Crois-moi, tu as tout à me donner. Ton pouvoir est incroyable, tu ne sentiras pas si j'en prends un bout.

L'estomac du brun se tordit douloureusement. Prendre un bout de son pouvoir ? Mais comment c'était possible ? Et il savait que perdre aussi brutalement du pouvoir pouvait même le tuer, vu que la magie d'un sorcier était son énergie vitale.

- Comment vous comptez me prendre de ma magie ? Ce n'est pas possible.

- C'est vrai que pour l'instant je ne sais pas comment faire, c'est pourquoi je vais te faire venir en Amérique très bientôt, pour que tu sois l'objet de mes expériences.

En Amérique ? Pour se faire prendre sa magie ? Il avait au moins gagné du répit. Alors qu'il se détendait, rassuré de ne pas être confronté à ça immédiatement, Agilbert leva sa baguette en criant Imperio !

Une vague de chaleur parcourut le corps de l'élu. Tout lui semblait si facile, si beau maintenant. Une voix lui disait de se lever, alors il se leva. Une fois debout ses yeux croisèrent ceux du directeur d'Ilvermorny, et il eut comme une révélation. Alors que la voix dans sa tête lui disait « Donne moi ta baguette », il serrait encore plus fort son poing dans sa poche où se trouvait sa baguette. La voix se faisait plus oppressante, plus menaçante, mais Harry lui répondait. Non, il ne lui donnerait pas sa baguette, c'était son bien le plus précieux, ce qui lui permettait de rester en vie, alors non, il ne lui donnerait pas. Une force invisible essayait de pousser son bras, mais Harry se battait pour lui résister. Dans un élan d'adrénaline, il sortit sa baguette et lança un contre-sort si puissant qu'il fit chanceler Agilbert en face de lui. En même temps la porte s'ouvrit avec fracas et Hannah, Suzanne et Drago entrèrent, les baguettes pointées, suives de Kraster. Le directeur profita de la confusion générale pour feindre la peur et crier :

- Il m'a attaqué ! Il a voulu m'attaquer !

Mais aucun des nouveaux venus n'était dupe, et le professeur de Poudlard s'approcha des deux sorciers qui se faisaient face, et prit leurs baguette dans sa main gauche. Il commença par la baguette du sorcier aux cheveux blancs et murmura Priori Incantatum. L'image et le sort qu'il avait crié quelques instants plus tôt sortit comme d'un brouillard, laissant tout le monde sous le choc. Kraster se racla la gorge doucement et prit Harry par le bras, à la fois doucement mais fermement.

- Je crois, Professeur Fontaine, que votre place est auprès de vos élèves. Quant à moi, je dois m'assurer que mes propres élèves vont bien. Bonne journée.

Il tira Harry hors de la salle de classe et l'amena directement au bureau de Mac Gonagall. Il lui expliqua tout, et le Gryffondor dût compléter l'histoire. À la fin du récit, la directrice semblait ne plus savoir où se mettre, et congédia le petit groupe qui se tenait dans son bureau pour envoyer une lettre aux aurors et aux membres du Macusa, le groupe des aurors aux États-Unis. Kraster raccompagna les élèves à la salle commune, ne prononçant pas un mot et l'air étrangement fermé.

Dans la salle commune le silence se fit immédiatement quand les 4 élèves passèrent la porte. Les rumeurs avaient bien évidemment déjà commencé à circuler, et Harry pouvait voir l'inquiétude sur leurs visages, mais il ne pouvait pas les rassurer. Il n'arrivait même pas à dire un seul mot. Hermione avait les yeux humides lorsqu'elle se leva et le prit dans ses bras si fort qu'il en étouffait presque. Il ne réagit même pas à son étreinte. Il se sentait vidé. Pourquoi fallait-il que ça arrive ? Sans menace réelle, était-il toujours en danger permanent ? Pourquoi le directeur d'une école avait utilisé sur lui un sortilège impardonnable ? Il sentit qu'on le conduisait sur les canapés, mais il était incapable de dire qui se tenait autour de lui. Il ferma les yeux mais les rouvrit aussitôt, ayant vu le visage d'Agilbert derrière ses paupières closes. Il tremblait de tous ses membres, et quelqu'un décida qu'il était mieux pour lui d'aller se coucher. On l'aida alors à se relever et à aller vers son lit, où il tomba, tremblant comme une feuille. Il sentit une main chaude se poser sur son bras et il entendit une voix grave lui parler. On lui mit sa couette pour le couvrir et on ferma ses rideaux. Pris de panique, le Gryffondor se mit à pleurer comme il n'avait jamais pleuré. Il ne voulait pas se retrouver seul, il avait trop peur. Il avait besoin de quelqu'un. Une forme pâle se glissa derrière le rideau et s'assit sur le bord du lit. Quand il parla, Harry reconnût la voix de Drago mais n'arrivait pas à discerner un seul des mots qui sortaient de sa bouche. Toutefois, ce timbre familier l'apaisait et il finit par fermer ses yeux, soudainement épuisé.

Quand il se réveilla le lendemain, le brun remarqua que Drago avait dormi sur le sol de son compartiment, et le serpentard était assis sur sa couverture et regardait le lit fixement. De l'autre côté du rideau lui parvenaient des voix qui s'efforçaient de rester basses, et Harry n'en saisit pas un mot. Il n'était pas tout à fait remis de la veille, mais la longue nuit de sommeil l'avait considérablement calmé, même s'il tremblait toujours un peu. La journée se passa sans accroc, aucun des 8es années ne quitta la salle commune, sauf un à chaque repas pour aller chercher de quoi manger pour les autres, et tous faisaient attention à ne pas laisser Harry seul un instant. Le soir, Suzanne avait proposé qu'ils fassent leur père noël secret juste après le repas, et c'est avec une certaine impatience générale que l'après-midi passa, ponctuée par la seule visite de Mac Gonagall.

- Vous allez mieux Potter ? Mon garçon, je suis terriblement navrée, j'aurais dû me rendre compte ... Ce n'était pas le vrai Agilbert, c'était un professeur d'Ilvermorny qui avait pris du Polynectar, et il a pris la fuite dans la nuit. Les élèves ont été renvoyés chez eux ce midi, c'est une véritable catastrophe.

- Il ... Il ne faut pas vous en vouloir Professeur, vous n'auriez rien pu faire dans tous les cas ...

Harry avait envie de vomir à prononcer cette phrase. Il savait qu'elle n'aurait rien pu faire, et ça le rendait malade de voir que ses proches s'inquiétaient autant pour lui, alors qu'il était incapable de les rassurer. À ce moment, il se détestait d'être le poids qu'il était pour ceux qui l'entouraient. Il voulait leur dire qu'il allait bien, mais c'était tout bonnement impossible. Alors il se contentait de regarder, impuissant, tous les efforts que ses amis faisaient pour lui.

Après la fondue moldue qu'ils avaient pu manger ensemble dans la salle commune, le sentiment de culpabilité de l'élu n'avait pas disparu, mais il se forçait à sourire le plus possible, même si ça sonnait faux. L'heure des cadeaux arriva et c'est avec une pointe de fierté qu'Harry tendit son paquet à Ernie, qui l'ouvrit impatiemment. Le visage du Pouffsoufle s'éclaira quand il lut le titre qui ornait la couverture colorée du livre : Magie : écoles du monde. Ayant remarqué comment son camarade était intéressé dans l'histoire d'Ilvermorny, Harry n'avait pas hésité une seconde et avait commandé ce livre par hibou. Il se tourna en entendant un petit cri, qui n'était que l'exclamation d'Hermione devant son cadeau. Ron avait sculpté et ensorcelé des petits bonhommes en bois qui représentaient chacun de la maison Dumbledore et qui pouvaient bouger le strict minimum. Harry rit doucement en voyant sa propre figurine trébucher sur un pli du canapé et tomber. Il sursauta en sentant une main sur son épaule, et attrapa de justesse le paquet que lui tendait Drago. Il l'ouvrit et en sortit un livre épais intitulé Sorciers d'antan et de maintenant, Maîtres de la communauté. Sur le livre était collé une petite note, et quand Harry voulut remercier le Serpentard, il vit que ce dernier était retourné près du feu, laissant le brun seul dans son coin. La note disait d'aller voir aux trois dernières sections du livre, et c'est avec un réel choc qu'il vit la section sur Dumbledore suivit d'une section dédiée à plusieurs membres de l'Ordre du Phénix, et enfin une section dédiée à « Harry Potter, Celui qui a vaincu la mort ». En plus d'un long texte il y avait une photo de son patronus en train de galoper gracieusement, à côté d'une photo de lui en 3e année aux côtés de Lupin. Il ignorait que cette photo avait été prise, mais ne pouvait retirer le sourire idiot qui ornait son visage. Il adorait son cadeau. Il serra le livre contre lui avant de rejoindre les autres dans les canapés, sur lesquels tout le monde finit par s'endormir.

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