Chapitre 32 : Noir, blanc, rouge et or


Il semblait y avoir un accord entre tous les professeurs pour dire que la maison Dumbledore ne travaillait pas assez. Le seul problème, c'est qu'ils avaient tous réalisé ça la même semaine, qui de plus était la semaine avant leur premier match de Quidditch. Ils jouaient contre Gryffondor, Ginny était devenue la capitaine de l'équipe et Harry considérait comme moindres leurs chances de gagner. Entre le travail intensif et les entraînements de Quidditch, l'élu n'avait pas eu une seule seconde à lui de la semaine, et était si épuisé qu'il sombrait dès que sa tête touchait l'oreiller. Le seul avantage d'être si chargé c'est qu'il ne faisait que peu de cauchemars, comme si son inconscient s'était rendu compte qu'il n'avait pas de temps à perdre avec ses monstres nocturnes.

Le jour du match la tension était à son comble. Harry était plus que stressé et n'avait pas pu avaler quoi que ce soit au petit-déjeuner, mais comparé à Ron son état n'était qu'une plaisanterie. Le roux avait le teint verdâtre et tremblait de tout son corps. Le reste de l'équipe ne semblait pas mieux, et l'ambiance dans les couloirs n'aidait pas. L'école était divisée en deux : ceux pour les jeunes, et ceux pour les vieux. Mais le problème était que les supporters des vieux étaient assez limités, et aucun d'eux ne venait de Gryffondor, ni de Serdaigle d'ailleurs. Étonnamment, ils avaient plus de soutien de la part des Serpentards que des Pouffsoufle, mais Harry soupçonnait que la présence de Drago dans l'équipe n'y était pas pour rien. Il avait bien remarqué que les filles vert et argent regardaient souvent le blond, et il pouvait comprendre pourquoi.

L'équipe descendit se changer dans les vestiaires, ayant une robe de Quidditch à leur nom, étant donné qu'elle ne resserviraient jamais. Harry contempla avec un certaine admiration sa robe, qui était entièrement noire avec juste les extrémités blanches, et derrière « Potter » était marqué en grosses lettres blanches. Ils avaient devant toutes leurs robes un gros D blanc pour Dumbledore. Tout le monde était admiratif devant ces robes étincelantes, mais très vite la réalité de la situation les rattrapa. Harry sentit son ventre se tordre sous le stress du match à venir en même temps que l'adrénaline. Il avait l'impression d'être déjà au milieu du terrain à serrer la main de Ginny seulement quelques secondes plus tard, et tout de suite il était déjà parti dans l'air sur le coup de sifflet de Bibine. Il cherchait activement le vif d'or, car il savait que l'équipe ne faisait pas le poids face à celle de Gryffondor. Même si Suzanne et Hannah faisaient du bon travail pour éloigner les Cognards, la combinaison Drago, Dean et Seamus ne marchait pas toujours à merveille, sans parler de l'efficacité de Ron sous la pression. La voix qui faisait le commentaire n'était pas inconnue, puisque ce n'était autre que Denis Crivey. Harry l'écoutait d'une oreille en même temps de chercher désespérément un éclair doré autour de lui.

- Et c'est encore 10 points de plus pour Gryffondor, la maison Dumbledore se fait maintenant mener 40 à 0 ! Il semblerait que l'âge ait ramolli nos aînés ...

Toujours aucun signe de la petite balle en or, et Harry commençait à vraiment craindre la défaite. Son équipe était en train de se faire laminer par Gryffondor, il ne fallait pas se mentir, Ginny menait son équipe d'une main de maître. Abandonnant une petite minute sa recherche, Harry cria des conseils à son équipe pour essayer de les faire jouer mieux, car il savait qu'ils pouvaient faire bien mieux. Et c'est quand il se tenait à côté de Ron pour le soutenir moralement qu'il vit l'éclair doré qu'il cherchait depuis toute à l'heure. Le vif d'or était à l'autre bout du terrain, derrière les gradins où se tenaient les professeurs, et l'autre attrapeur, un jeune de deuxième année, ne l'avait pas encore vu. Harry s'en rapprocha en utilisant le prétexte de donner une consigne à Drago pour ne pas éveiller les soupçons, mais il ne quittait pas la balle des yeux. Quand il fut assez près, et que l'attrapeur se trouvait plus loin, il lança son éclair de feu à pleine vitesse et plongea derrière les gradins, où il venait de disparaître. Il y eut un « Oh » général de la foule qui le vit plonger comme ça hors du terrain, et un « Ah » quand il réapparut, le vif d'or se débattant dans son poing levé en signe de victoire. Entre temps, son équipe s'était pris encore des buts et ils e gagnèrent qu'avec 20 points d'avance.

- Et c'est la victoire pour la maison Dumbledore ! Incroyable ! Grâce à cette super feinte de Potter, ils emportent 150 points et gagnent donc 160 à 140 !

Harry rejoignit les 8es années au sol, qui étaient tous là, même ceux qui n'avaient pas jouer, et se mêla à l'euphorie générale. Ils l'avaient fait. Ils avaient gagné. Mais le bonheur d'Harry fut de courte durée et son sourire se figea quand il vit que Ginny l'observait de loin, les poings serrés et la mâchoire contractée. Elle avait visiblement mal pris la défaite, et ses yeux lançaient des éclairs. Harry déglutit. Il n'avait toujours pas oublié Ginny et, même s'il avait réussi difficilement à mettre un point final à leur relation, elle n'en restait pas moins une personne importante pour lui, et il ne voulait pas la blesser. Il s'approcha alors qu'elle détournait son regard.

- Bien joué, Ginny, ton équipe jouait mieux que la mienne !

- On a perdu.

- Ton attrapeur manque encore un peu d'expérience, il me laissait trop tout seul, il n'avait aucune chance d'attraper le vif d'or.

- Viens-en au fait, Harry, je n'ai pas besoin que tu apprennes à mes joueurs comment ils devaient jouer.

- Je ...

Il hésita. Il n'était vraiment pas venu avec un but précis, il voulait juste pouvoir lui parler à nouveau, avoir la confirmation que oui il était bien passé à autre chose et qu'elle ne le mettait plus dans tous ses états.

- Je voulais juste te parler tu sais ... J'ai ... Je suis passé à autre chose, et ... j'aimerais vraiment qu'on redevienne amis ... Si tu veux bien, bien évidemment.

Le visage de la rousse s'éclaira. Elle ne semblait plus du tout en colère maintenant, et éclata de rire, au grand étonnement d'Harry. Elle en pleurait de rire même, et il lui fallut une bonne minute pour reprendre son souffle et pouvoir recommencer à parler.

- J'ai cru que c'était beaucoup plus important, moi ! Bien sûr Harry que je veux bien qu'on redevienne amis, je suis heureuse que tu aies réussi à passer à autre chose !

Elle lui adressa un sourire lumineux et s'éloigna en compagnie de Luna qu'Harry salua au passage. Il se sentait plus léger, comme si dans le livre de sa vie, la page qui concernait Ginny avait été définitivement tournée, laissant la place à de nouvelles histoires. Il rejoignit le reste de son équipe dans les vestiaires et dût se dépêcher pour se changer pour ne pas trop les faire attendre. À la sortie des vestiaires les attendait Mac Gonagall, Hagrid et Kraster.

- Ah Potter ! Nous vous attendions !

Les trois professeurs le regardaient avec un grand sourire qui ne rassurait pas Harry pour autant. Être attendu par trois professeurs à la fois ne présageait absolument rien de bon, même avec leurs beaux sourires.

- Professeur Kraster, comme vous le savez sûrement, est à la tête de la maison Gryffondor. Et il a reçu des plaintes de la part des élèves. Il est vrai que j'avais précisé au début de l'année que vous ne participeriez pas à la coupe des 4 maisons ni au Quidditch, et il semblerait que certains trouvent cela injuste de vous inclure dans la coupe de Quidditch étant donné que vous êtes plus vieux et que vous avez donc l'avantage. J'ai discuté avec Hagrid, qui vous représente, et nous pensons tous les trois qu'il vaut mieux ne pas vous inclure officiellement dans la coupe de Quidditch cette année.

- Mais professeur, on a vraiment travaillé beaucoup et ..

- Je suis navrée, Potter, mais c'est comme ça.

- Mais le Quidditch est vraiment important pour nous madame ! C'est le seul moment où tout le monde est vraiment ensemble ! C'est vous qui parliez de cohésion dans la maison Dumbledore non ? Eh bien former cette équipe était mon projet pour la cohésion, justement, ce serait contraire à tout ce que l'on nous dit de nous la retirer !

- Je ne compte pas vous la retirer, Potter, juste la sortir de la compétition, vous pouvez encore utiliser le terrain de Quidditch et les balles quand l'envie vous prend.

- Mais sans match il n'y a pas de motivation, et il n'y aurait pas tout le monde d'inclus ... C'est vraiment important pour nous professeur, s'il vous plaît ...

- Je vais voir ce que je peux faire, Potter, mais je ne vous promets rien. Bonne journée.

Et elle tourna les talons, visiblement ennuyée des arguments que lui avait donnés Harry. Elle fut suivie très vite par les deux autres professeurs et le brun monta rejoindre les autres qui devaient déjà être dans la salle commune. Il n'était pas sûr d'avoir réussi à obtenir quelque chose pour leur équipe, mais ce dont il était sûr, c'était d'avoir utilisé les meilleurs arguments face à Mac Gonagall, et qu'elle allait sûrement y repenser avant de rendre sa décision finale.

Harry ne dit rien au sujet de l'équipe de Quidditch pour n'inquiéter personne et passa le reste de la journée à travailler dans la salle commune avec les autres 8es années, se démenant tant bien que mal avec des devoirs particulièrement difficiles en sortilèges. Le temps fila pourtant comme une flèche avec la promesse d'une petite fête dans la salle le soir même, Dean et Seamus ayant réussi à se procurer des Bièraubeurres.

C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent à parler de tout et de rien, leurs bouteilles à la main. Personne n'avait encore assez d'énergie pour se lever, et encore moins pour rester éveillé encore longtemps. Ils se couchèrent tous tôt, mais histoire de passer la soirée ensemble ils s'installèrent tous sur les canapés. Le placement était particulièrement difficile, et Harry se mit soigneusement loin de Drago pour ne pas raviver les rumeurs. Il se retrouva donc entre Dean et Pansy, à qui il posa une question qui le perturbait particulièrement.

- Dis Pansy ... Hagrid a vérifié les projets de tout le monde, non ? Donc comment se fait-il qu'il n'ait rien su pour ton projet de devenir Animagus ?

- Mêle toi de ce qui te regarde, Potter.

Malgré sa réponse un peu sèche elle arborait un sourire presque joueur, et une étincelle brillait dans ses yeux chocolat.

- D'ailleurs, toi et Drago, c'en est où ?

Harry remercia intérieurement le peu de luminosité dans la pièce pour empêcher à la vert et argent de remarquer à quel point il avait rougi. Il avait espéré que cette idée était partie de la tête des autres 8es années avec le flot continu de travail qu'ils avaient eu ces deux dernières semaines, mais c'était sans compter sur Pansy qui retenait tous les potins. Il fallait qu'il réponde assez vite, sinon elle allait suspecter quelque chose.

- Y a rien entre Drago et moi, et il n'y aura jamais rien, donc je suis désolé de te dire qu'il faut que tu abandonnes tes espoirs, Pansy.

- Ne jamais dire jamais, c'est pas les moldus qui disent ça ? En tous cas je te crois pas, tu es vraiment un très mauvais menteur, et le pire c'est que tu arrives à te mentir à toi-même. Je sais pas si c'est de l'intelligence ou de la stupidité, que tu croies tes propres mensonges ...

Harry ne releva pas et ne répondit pas non plus au regard malicieux de la brune. En s'installant pour dormir, il entendit Hermione et Ernie discuter vivement en chuchotant pas loin de lui. Il s'inquiétait pour eux, et il avait bien vu que ça n'allait plus du tout dans le couple. Ils passaient leur temps à se disputer, Hermione passait plus de temps avec Harry qu'avec Ernie et ce dernier ne l'appréciait vraiment pas. Quelques minutes plus tard, le silence était retombé sur la salle commune et l'on n'entendait plus que les craquements du feu.

Une heure plus tard, Harry était encore à se retourner, cherchant désespérément le sommeil. Il était physiquement et mentalement épuisé, mais il n'arrivait pas à fermer les yeux, il avait trop peur de ce qu'il pouvait retrouver derrière. Entendre la voix de Denis ce matin là lui avait rappelé son frère Colin, mort pendant la bataille de Poudlard. Et maintenant qu'il avait pris le temps de se poser, une douleur singulière compressait sa poitrine, et ses pensées dérivaient inévitablement vers la guerre. Il soupira sans même s'en rendre compte et tendit l'oreille pour voir s'il n'avait dérangé personne, et regarda autour de lui. Tout le monde dormait, sauf une personne. Et son cœur se serra de savoir qu'il aurait pu s'installer à côté de lui, et que tous les deux auraient très bien dormi, si seulement il n'avait pas peur des autres. Mais il ne savait pas vraiment de qui il avait peur : Craignait-il le regard des autres, ou bien simplement Drago, ou bien lui-même ?

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