Chapitre 27 : Ennemi des 8es années, prends garde
Un rayon de soleil filtrait à travers les lourds rideaux noirs et réchauffait les visages d'Harry. Ses yeux verts fixaient une araignée au plafond. Il poussa un long soupir. Cela faisait maintenant un bout de temps qu'il était réveillé, mais il attendait du bruit dans la salle commune pour se lever, il n'avait pas envie de se retrouver seul. Il referma ses yeux cinq minutes, profitant de la grasse matinée qu'il pouvait s'accorder le dimanche matin.
Les voix qui lui parvenaient depuis la salle commune éclataient comme des bombabouses sur le sol. Harry grogna et se tourna vers son rideau, essayant de comprendre ce qui était dit, et surtout qui était énervé à ce point. Il se rendit compte très vite qu'il n'entendait rien de ce qu'il se disait la tête enfoncée dans son oreiller blanc et trouva le courage de se lever. En arrivant dans la pièce circulaire il trouva Hermione et Drago en train de crier au milieu de la salle, et il vit les autres 8es années émerger de leur sommeil comme lui venait de le faire. Il s'avança vers ses amis pour essayer de comprendre la situation, ce qui n'était pas vraiment compliqué vu le volume sonore de la discussion.
- Mais t'es vraiment con ou comment ça se passe ? C'est pas drôle ! On peut pas rire de ça ! Des gens ont failli mourir ! Une fille est morte ! Qu'est-ce qu'il y a de marrant dedans, dis-moi ?
Drago ne répondait pas et baissait le regard, comme en soumission, mais Harry crut rêver. Drago, se soumettre, c'était vraiment impossible. Le blond leva la tête en remarquant Harry et plongea ses yeux acier dans les émeraudes, ne cillant pas une seule fois. Harry dut détourner le regard et revenir à sa meilleure amie, qui se tenait là, les bras croisés et visiblement à bout.
- Regarde ce qu'il a fait, Harry, et dis-lui qu'on ne rigole pas avec ça !
S'attendant à la fois à quelque chose de vraiment grave ou quelque chose de complètement stupide, il la suivit vers la cheminée où un nouveau tableau avait été accroché. Il mit du temps à comprendre ce qu'elle voulait lui montrer, puis il remarqua que le centaure dans le tableau tenait un parchemin de telle sorte qu'il pouvait le lire. Dessus était inscrit d'une écriture ronde et élégante :
Le tableau aux Messages est ouvert,
Ennemi des 8es années, prends garde
Harry sourit contre son gré à la référence à la chambre des secrets, et transforma rapidement son sourire en grimace sous le regard fulminant d'Hermione, qui n'avait pas desserré la mâchoire. Il se tourna vers le serpentard qui attendait une réaction de sa part, et lui adressa un regard désolé. Il ne savait pas pourquoi Hermione avait réagi aussi violemment, mais il n'y avait pas de raison qu'il s'en prenne autant dans la tête. Drago comprit tout de suite le message, au grand soulagement de tous les autres 8es années qui attendaient la résolution de l'histoire.
- Si ça blesse quelqu'un je peux changer ... C'était ... Juste mon projet mais on peut changer tout de suite ce qu'il y a d'écrit, regardez...
Il leva sa baguette et fit une petite spirale en direction du tableau, en murmurant une phrase qu'Harry n'entendit pas de là où il se trouvait. Une légère traînée argentée sortit du bout de la baguette et alla se déposer sur le tableau, où le message s'effaça. Très vite, de nouvelles courbes se dessinèrent sur le parchemin et Harry reconnut les mots
Pour changer le message il suffit d'utiliser sa baguette en prononçant clairement le message à inscrire.
Hermione remercia plutôt sèchement Drago et dévala aussitôt les escaliers. Harry rencontra le regard du blond qui semblait presque embarrassé et lui adressa un sourire encourageant avant de descendre à son tour prendre un petit-déjeuner consistant, puisqu'ils avaient entraînement de Quidditch tout le reste de la matinée. Malgré l'incident du tableau l'ambiance était plutôt détendue et même Hermione rigola à l'anecdote de Drago sur un cours de divination où il avait réussi à prédire qu'il était mort depuis une dizaine d'années.
Ils montèrent tous ensemble dans le dortoir pour se changer et prendre les balais, et très vite ils étaient de retour sur le terrain, tout le monde prêt à jouer, même ceux ne faisant pas partie de l'équipe. Harry avait trouvé un super moyen d'entraîner son équipe de Quidditch et avait besoin de faire jouer tout le monde, au grand dam de Neville qui n'aimait toujours pas sentir ses pieds décoller du sol, que ce soit de trente centimètres ou de plusieurs mètres. Malgré sa peur, il avait énormément progressé depuis les quelques fois où Harry l'avait fait jouer, et aujourd'hui il paraissait encore plus déterminé que d'habitude à vaincre sa peur. Il regardait fixement devant lui, les deux mains crispées sur le manche de son balai, la mâchoire si contractée qu'on en voyait les veines et son visage avait pris une légère teinte rougeâtre, sûrement due à une respiration insuffisante. L'élu esquissa un sourire en encourageant son ami et monta aussi sur son balai, décollant presque aussitôt.
Quelques minutes plus tard, ils étaient tous à une distance assez respectable du sol, et ils commencèrent à se faire des passes, gentiment. Malheureusement certains, comme Neville ou même Hermione, semblaient incapables de détacher leurs mains du bois vernis pour essayer de toucher la balle, et cette dernière chutait alors piteusement sur plusieurs mètres, avant d'être arrêtée par un des membres de l'équipe. Contrairement à ce qu'Harry avait pu penser, personne ne se plaignait de ces entraînements qui n'avaient pourtant rien de passionnants, puisqu'ils se résumaient souvent à rassurer Neville et Hermione. À l'inverse, tout le monde semblait heureux d'être là et de pouvoir aider les moins forts, et il y avait une telle entraide que personne ne trouva cela étrange de voir Drago expliquer calmement, sans une once de méchanceté, comment tenir son balai de façon optimale à Neville. Un grand sourire illumina le visage d'Harry, et, perdu dans sa contemplation du Serpentard et de son camarade de Gryffondor il ne remarqua pas Hermione qui s'était approchée tant bien que mal. Il sursauta au son de sa voix et détacha immédiatement ses yeux des deux garçons, comme pris sur le fait.
- Eh bien, ça faisait longtemps qu'on ne t'avait pas vu sourire comme ça, Harry ! Ça fait plaisir !
Harry ne répondit pas, ne sachant lui-même pas ce qui le rendait vraiment heureux à ce point. Il n'avait même pas bien dormi la veille, tourmenté par des cauchemars tous en lien avec l'album photo qui reposait bien sagement dans sa valise. Sa meilleure amie ne semblait pas attendre de réponse spécifique, car elle reprit, se tournant à son tour vers les deux garçons un peu plus loin, un sourire sur le coin des lèvres.
- Y-a-t-il une raison spécifique pour que tu aies l'air de nager littéralement dans le bonheur, ou c'est juste comme ça ?
Ignorant le regard appuyé qu'elle lui adressa, Harry répondit en haussant les épaules, les yeux délibérément rivés sur la cabane d'Hagrid, un peu plus loin.
- Je sais pas trop ... Juste du Quidditch, du beau temps, une bonne ambiance, et le tour est joué non ?
La jeune femme ne répondit pas, mais semblait presque déçue de la réponse qu'il venait de donner. Elle s'éloigna quelques instants plus tard, dans une trajectoire pas tout à fait contrôlée. Ils reprirent les exercices tous ensemble, et n'arrêtèrent que deux heures plus tard alors que la pluie tombait à torrents et ne pouvait même pas couvrir le bruit des estomacs désespérément vides des joueurs. Une fois changés, ils partirent en riant tous ensemble prendre le déjeuner, fatigués mais heureux, comme de vieux amis. Neville était encore un peu pâle, mais il parlait avec les autres alors Harry ne s'inquiéta pas. Tout était parfait, sans aucune ombre au tableau, un poids semblait être parti du cœur du Gryffondor et pour la première fois depuis quelques mois il avait l'impression de respirer à nouveau. Il voulait courir, sauter, chanter, mais se contentait de rester assis à manger avec entrain, car même ça arrivait à le rendre heureux.
Arrivés au dessert Seamus se leva et demanda l'attention de la table, avant de déclarer, un peu mal à l'aise devant ces regards convergents vers lui :
- Comme on est dimanche, bah c'est le bon moment pour moi de vous exposer mon projet. J'ai demandé l'autorisation à Mac Gonagall et j'ai dû régler ça avec les elfes de maison en cuisine, mais finalement c'est bon et ... Ce soir on mange tous ensemble dans notre salle commune ! Tous les dimanches soirs on pourra manger dans la salle commune, les plats seront envoyés directement sur notre table !
Un silence suivit sa déclaration, et quand il s'en rendit compte, il commença à s'excuser pour son idée, et proposait même d'annuler et de chercher autre chose, mais d'un coup tout le monde se mit à parler.
- Mais non c'est super !
- Ca va vraiment être cool !
- Change rien, c'est parfait !
Et dans la confusion générale tout le monde finit par se retrouver de retour dans la salle commune sans avoir trop réalisé d'avoir fait le chemin et Seamus portait au dessus de sa tête une couronne magique faite de plumes jaunes. L'enthousiasme retomba bien vite quand Hermione déclara qu'il était temps qu'ils se mettent à leurs devoirs de métamorphose, qu'ils avaient prévu de faire tous ensemble. Et l'après-midi passa, rythmée par la pluie sur les vitres et des pages qui se tournent, seul le raclement des plumes sur les rouleaux de parchemin osant briser ce silence studieux. Au bout de trois heures, ils avaient tous fini d'écrire et contemplaient avec satisfaction les parchemins recouverts d'encre posés devant eux. Personne n'avait encore prononcé un seul mot, comme si le moindre bruit allait briser la magie de l'instant.
Et au milieu de ce silence, mélange de tension et d'apaisement, de concentration et de détente après le travail fini, Harry se sentait bien. Il avait besoin d'être entouré, il avait besoin de l'agitation des autres pour réussir à chasser les nuages de ses pensées, mais après une matinée si intense, si active, juste travailler, au calme, sérieusement, comme s'il n'y avait rien d'autre autour qui se passait, avait quelque chose d'apaisant. C'est comme si, après une fête, il s'était retrouvé à contempler les étoiles au milieu d'une prairie complètement silencieuse, ne pensant à rien d'autre qu'à regarder les étoiles, comme si sa vie en dépendait. Il ne souriait pas, mais sentait tous les muscles de son visage détendus. Ses muscles contractés dans son dos d'avoir travaillé pendant longtemps d'affilée étaient un peu douloureux, mais cela aussi lui faisait du bien. Il se sentait vivant. En cette journée de dimanche, il avait l'impression d'avoir vécu, et c'était amplement suffisant pour lui qui ne vivait plus depuis longtemps déjà. C'était à peine s'il survivait, avec quelques éclaircies au milieu de la tempête, mais il n'avait jamais pris le temps de réparer son bateau. Et là il commençait enfin à boucher les trous, à recoudre sa voile, prêt à affronter la mer de la vie et ses tempêtes, prêt à avancer, tout simplement.
Rien ne changea de la soirée, quand il jouait aux échecs avec Pansy ou alors qu'il se mettait à table dans leur salle commune au lieu de la grande salle, et le repas lui apporta même un sourire supplémentaire, qu'il ne lâcha pas avant d'aller se coucher, ni même pour s'endormir. Pour une fois, il s'endormit sans problème et put goûter à une nuit sans rêve, aussi calme et reposante qu'une nuit peut l'être.
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