Chapitre 23 : Juste une photo

- T'es stupide ou tu le fais exprès Potter ? Je t'ai dit de mettre les brins de valériane en fils, pas en petits carrés, maintenant il va falloir rattraper ça ...

Harry souffla doucement. Il était encore avec Drago en potions, et même si ses résultats s'étaient nettement amélioré grâce à la participation du serpentard il avait parfois du mal à supporter l'humeur massacrante de ce dernier et son ton condescendant pendant ces cours. Il ne dit pourtant rien, ne voulant pas perdre son seul espoir d'obtenir des résultats suffisants à ses ASPICs pour devenir Auror. Il s'excusa rapidement et essaya de rattraper son erreur sous le regard agacé de Drago. Si le lundi matin était un moment difficile pour tout le monde, Drago était particulièrement exécrable et Harry l'avait appris à ses dépends au cours de ces dernières semaines, et il semblait avoir encore plus mal dormi que d'habitude puisqu'au cours de ces deux heures de potions il n'avait ouvert la bouche que pour râler et accuser son voisin de table. Finalement le blond ne tint plus et prit les brins de valériane des mains d'Harry et se mit à couper rapidement et extrêmement précisément les plantes avant de les mettre avec attention dans le chaudron.

Quelques minutes plus tard, leur potion de respiration sous l'eau était prête, avec sa couleur caractéristique bleu canard. Drago et Harry se tenaient derrière leur chaudron, et attendaient Stebbins, qui passait dans les rangs de ses élèves. Quand il arriva devant les deux garçons il se pencha au dessus du chaudron et se releva aussitôt, un sourire aux lèvres.

- Eh bien ça c'est une potion de respiration sous l'eau réussie ! Regardez-moi cette couleur ! Monsieur Malefoy, je dois dire que vous avez un réel talent en potion, félicitations. Pour la semaine prochaine je veux un essai de 30 pouces, ni plus ni moins, sur l'histoire de cette potion ainsi que ce qu'elle a permis comme avancée dans le monde des sorciers. Vous pouvez sortir.

Harry rangea ses affaires à la hâte, ils allaient manger juste après et son estomac criait famine. Il suivit les autres vers la sortie mais son professeur le rappela avant qu'il ne puisse passer l'embrasure de la porte.

- Monsieur Potter ! Venez ici s'il vous plaît, j'aimerais vous parlez. Ne vous inquiétez pas, ce n'est rien de grave.

L'homme avait dû voir la lueur d'inquiétude passer dans les yeux verts de son élève, mais Harry se détendit légèrement quand Stebbins lui montra un sourire d'encouragement. Il posa son sac à ses pieds et attendit que son professeur de potions reprenne la parole, curieux.

- Vous savez, j'ai entendu parler de la disparition d'Ernie, le professeur Mac Gonagall m'en a fait part ce matin, mais également de tout ce que vous avez fait pour le retrouver, et je dois dire que j'étais impressionné. Il y a d'abord eu le moment où la directrice m'a expliqué que Drago et vous étaient ... ennemis ? J'ai eu du mal à y croire, mais quand je remarque tout ce que vous faites pour vos camarades de classe, qu'ils soient vos amis ou non, je me rends compte que vous avez vraiment ... Quelque chose en vous de différent.

Il y eut un silence brisé par les échos lointains des élèves se dirigeant vers la grande salle, et Stebbins reprit la parole.

- Vous savez, j'ai connu votre mère, Lily Evans ... C'était une femme forte et déterminée, malheureux était celui qui lui cherchait des problèmes mais ... Elle pouvait être d'une douceur incroyable. Je pense que c'est la seule qui, du haut de ses douze ans, ait jamais tenu tête à une assemblée d'élèves toute seule pour protéger son ami Severus ... Personne n'osait jamais contredire les maraudeurs ou qui que ce soit, Severus était la victime prédéterminée et ... Elle se levait pour lui, elle le défendait contre tout le monde ... Elle avait vraiment un cœur en or, et vous en avez hérité, Potter. Je sais que la directrice compte sur vous pour la cohésion des 8es années, et je compte sur vous également. Je sais que vous en êtes capable, Potter, c'est dans votre sang.

Harry était sous le choc. Il s'était attendu à à peu près tout sauf ça, et il lui fallut quelques secondes avant de réussir à poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis leur tout premier cours de potions.

- Monsieur ? Vous connaissiez bien mes parents ? James et Lily je veux dire ? Et ... Sirius et Lupin ?

Son coeur était gonflé d'espoir. Il y croyait, il s'y accrochait à ce petit lien qu'il aurait avec ses parents. Il voulait en savoir plus, il voulait apprendre à les connaître, que ce soient ses parents, Sirius ou Remus. Il voulait rattraper le temps perdu, retrouver tous ceux qui étaient partis trop tôt. Son professeur mit quelques instants à lui répondre, sa main frottant doucement sa barbe naissante. Finalement, il regarda Harry de ses yeux clairs, incertain, et répondit doucement.

- Je sais que vous aimeriez en apprendre sur eux, Potter, ce qui est normal mais ... J'étais à Serpentard, je ne fréquentais ni les Maraudeurs ni Lily Evans, je ne suis pas sûr de pouvoir vous apporter grand-chose de plus ... A moins que ... Oui, restez là un instant, je reviens.

Et il partit rapidement, ne laissant à Harry pas d'autre choix que d'attendre devant le bureau, regardant ces cachots qu'il connaissait maintenant si bien. Stebbins revint très vite, un gros livre poussiéreux entre les mains.

- J'avais ça, c'est un livre avec des photos de toute la promo, où vous pourrez voir vos parents Potter. Prenez-en soin, il n'y en a qu'un seul exemplaire. Je vous le lègue, puisque c'est moi qui l'ai fait, mais je ne m'en servirai plus, si peu sont encore en vie ...

Sa voix se brisa légèrement et il regarda dans le vide, une larme pointant au coin de l'oeil. Harry le remercia avant de s'éclipser et monta en courant les escaliers pour rejoindre les autres qui avaient déjà commencé à manger. Il arriva à table en serrant le livre contre sa poitrine comme si sa vie en dépendait, ce qui lui attira des regards curieux. Il s'assit rapidement sans un mot et commença à manger son rôti en évitant les yeux de Drago.

Finalement ce fut Ron qui posa la question que tout le monde se posait, reposant la fourchette de purée qu'il allait manger.

- Dis Harry, c'est quoi ce livre ? Je l'ai jamais vu, c'est Stebbins qui te l'a donné ?

Alors qu'il se penchait pour le prendre et le regarder, Harry marmonna une réponse très vague et l'éloigna vivement de la main de son ami. Il ne savait pas pourquoi il refusait de le dire aux autres, mais quelque chose au fond de lui voulait que ce livre reste uniquement pour lui, et il ne voulait le partager avec personne, même avec Ron. Dans ce livre il y avait ses parents, Remus et Sirius. Dans ce livre il y avait la seule famille qu'il avait jamais eue, et même si Hermione et Ron connaissaient bien Remus et Sirius, il ne voulait pas leur montrer. Il se sentait égoïste de garder ça pour lui, mais il en avait besoin. Eux au moins ont une famille, pensa-t-il amèrement. Il finit rapidement son assiette et se leva de table sans même prendre de dessert, n'ayant pas prononcé un mot de tout le repas. Il n'avait qu'une hâte, s'installer dans un recoin tranquille et parcourir les photos à la recherche des visages familiers. C'est avec une pointe de déception qu'il remarqua Hermione qui se levait pour le suivre. Il ne dit rien pourtant quand il vit ses lèvres pincées et ses yeux rougis, il n'allait pas refuser d'aider sa meilleure amie. Ils partirent dans les couloirs déserts à cette heure-ci, et Harry ouvrit une salle de classe vide où ils s'installèrent pour parler tranquillement.

- Merci Harry.

Le brun avait encore le dos tourné qu'Hermione avait déjà dit ces deux mots, auxquels il ne s'attendait pas du tout. Il se retourna et la regarda les yeux grand ouverts, ne sachant pas quoi répondre, ni quoi comprendre à travers. La Gryffondor vit très rapidement son embarras et s'empressa de continuer, une larme solitaire coulant sur ses joues roses.

- Merci pour tout, Harry. Vraiment. Pour Ernie, même si je sais que ... tu n'approuves pas vraiment, j'ai bien vu comment tu le regardais ... Tu es toujours là pour nous mais Ron ...

L'unique larme fut bien vite rejoindre par un torrent d'autre, et en quelques instants Harry avait supprimé les quelques mètres qui les séparaient et avait pris sa meilleure amie dans les bras. Il lui frotta doucement le dos pendant quelques minutes, avant qu'elle ne retrouve le souffle pour continuer à parler.

- Je n'en peux plus de ses crises de jalousies il ... Il faudrait qu'il passe à autre chose ... Il ne peut pas dépendre que de moi ... Il me fait peur parfois, Harry ... Je n'en peux plus de lui, je n'en peux plus de tout ...

Sa voix n'était plus qu'un léger murmure. Harry comprenait très bien ce qu'elle voulait dire, ces derniers temps Ron était complètement différent, il s'énervait sur tout ce qui pouvait approcher Hermione et était si emporté dans ses colères qu'il en faisait presque peur. Harry avait l'impression d'être de retour un an plus tôt, quand les horcruxes dégageaient leur aura maléfique et que Ron les avait quittés pour un moment. Sauf que maintenant il n'y avait pas d'Horcruxe. Il n'y avait plus de mage noir. Il n'y avait plus la guerre. Il n'y avait plus de raison d'être constamment sur ses gardes. Mais la guerre avait laissé des traces, qui ne s'effaceraient sûrement jamais. La confiance ne reviendrait peut-être jamais comme avant, les sourires paraissaient tous plus fades, les rires moins brillants ... Finalement, la joie de vivre était un peu comme une feuille de papier que la guerre avait froissé, elle ne pourrait plus jamais redevenir aussi lisse et belle qu'avant.

Les deux Gryffondor restèrent encore quelques minutes à discuter dans la salle de classe jusqu'à ce que l'heure soit venue de retourner en cours, et Hermione se leva, comme à son habitude, afin de n'être surtout pas en retard en classe. Elle s'arrêta dans l'embrasure de la porte, la lumière du couloir projetant son ombre jusqu'aux pieds d'Harry. Elle adressa au brun un sourire chaleureux, et déclara avant de partir :

- Dumbledore aurait été fier de toi Harry, sache-le. Tu es l'unité de la maison qu'il aurait rêvée.

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