Chapitre 8

Une routine avait lentement fini par s'installer au fil du temps, au rythme des journées à flâner d'une pièce à l'autre. Le grand enfant avait fini par se calmer en s'habituant à son nouveau lieu de vie, ses questions se faisaient de plus en plus rares maintenant que chaque lieu n'avait plus de secret pour lui.

Toutefois, Keonhee continuait d'avoir cet émerveillement lorsqu'il observait l'extérieur tout en faisant glisser la pulpe de ses doigts sur les vitres colorées. Le garçon adorait observer le jardin lorsque l'aube donnait cette teinte rosée au ciel et il rêvait de pouvoir aller s'y balader un matin.

A cette heure prématurée de la journée, les parterres de fleurs étaient inondés d'une lueur particulière faisant parfaitement ressortir la beauté des pétales couvertes de rosée matinale. Les reflets de lumières ricochaient sur les gouttelettes d'eau et il arrivait que de minuscules arc-en-ciel puissent se former au niveau de la jolie fontaine en marbre qui trônait au milieu du labyrinthe de haies.

Cependant, le plus beau des spectacles restait celui créé par Mère Nature elle-même et, encore aujourd'hui, Keonhee avait pu être témoin de ce dernier. Là, entre les jonquilles et les muguets, le brun pouvait observer cette splendide créature brune.

Son regard noble et pure, sa tête haute et fière, un magnifique cerf traversait le jardin pour rejoindre les bois alors que les premiers rayons de soleil irradiaient les brins d'herbes et qu'il était temps pour lui de se camoufler dans les ombres des chênes centenaires.

Keonhee était subjugué par la beauté de l'animal. Ces immenses bois pointaient vers les cieux et ils prenaient une teinte irréelle à cause de la lumière qui léchait chaque pointe avec douceur : un spectacle fascinant que le garçon n'oublierait pas de sitôt.

Accoudé à la fenêtre, la main sur le verre, il vit l'animal tourner son regard dans sa direction et croiser ses iris noisette. Le temps sembla se figer, la respiration du brun se coupa et il sentit quelque chose se passer, se produire en lui.

Le cerf pencha légèrement sa tête, ses naseaux frémirent doucement avant qu'il ne finisse par se secouer et fuir en direction de l'orée des bois dans d'élégants sauts. En suivant la trajectoire de l'animal, le brun remarqua soudainement que, entre les arbres, se dressaient deux autres silhouettes : une biche et son faon.

Réuni au complet, la petite famille s'empressa de fuir dans les bois car il était temps pour eux d'aller se cacher, de se reposer à l'abri des regards curieux même si le plus jeune semblait intrigué par Keonhee. Ses yeux doux et innocents observaient avec curiosité la vitre, ses petites oreilles duveteuses pointaient en direction du brun et il se mit à tapoter de la patte droite avant de sautiller joyeusement sur place ce qui arracha un sourire à l'humain.

Hélas, la biche revint raisonner son petit en lui donnant des petits coups de tête tandis que son père souffla bruyamment ramenant le faon à la raison. Les trois silhouettes s'éloignèrent, les ombres les engloutirent silencieusement tandis que le Soleil terminait de se lever.

« - Déjà réveillé, monsieur Keonhee ? »

Dans un sursaut, le brun quitta l'extérieur pour se retourner vers la porte d'entrée où se dressait Yunho avec un plateau argenté dans les mains. Souriant au majordome, ce dernier s'approcha pour venir poser le petit déjeuner sur l'une des tables du petit salon où Keonhee venait se réfugier tous les matins depuis que le maître des lieux l'avaient autorisé à se balader dans l'aile droite sans être sous la surveillance de Yunho.

Trois semaines s'étaient écoulées depuis son départ du centre et Keonhee avait fini par s'habituer à sa vie au manoir. Il n'avait jamais autant appris qu'ici, sa curiosité ne cessait de se décupler et d'être abreuvé par les connaissances du châtain qui passait toujours quelques heures avec lui le matin pour parler de tout et de rien le temps d'un petit-déjeuner.

« - Vous semblez avoir vu des choses bien intéressantes à travers cette fenêtre, monsieur Keonhee. Vos yeux pétillent ! »

Le majordome s'était assis sur le canapé, vite rejoint par le brun de bonne humeur qui attrapa gentiment la paume droite de Yunho dans ses deux mains.

« - J'ai vu un grand animal marron avec des grands bois sur la tête ! Il était superbe ! Comment ça s'appelle Yunho ?

- Oh, vous avez vu un cerf ! C'est assez rare de les apercevoir, vous avez eu de la chance. De plus, cela annonce un bon présage.

- Vraiment ? Oh et tu sais quoi ? Y avait aussi sa famille ! Dans la forêt y avait une femelle cerf mais sans bois avec un bébé cerf tout mignon qui sautillait partout en me regardant. Il était adorable ! »

Yunho ne pouvait s'empêcher de sourire en voyant les paillettes d'admiration consteller les prunelles noisettes du garçon. Le brun était réellement une présence incroyablement chaleureuse qui rendait le quotidien du majordome plus radieux et agréable : cela lui faisait un bien fou qu'il ne soit plus seul entre ces murs.

« - La femelle du cerf c'est la biche et son petit le faon.

- Oh ! Mais c'est trop mignon comme mot faon ! Comme lui, il était adorable ! Si tu l'avais vu Yunho, sa petite queue blanche bougeait dans tous les sens et ses oreilles semblaient si douces et-

- Calmez-vous monsieur. »

L'aîné ricana tout en déposant une main rassurante sur son épaule avant de se pencher pour attraper une des tartines qu'il avait préparé pour son petit protégé.

« - Respirez un coup, mangez et racontez-moi tout cela. »

Keonhee avait réellement l'énergie d'un enfant de six ans qui se devait de tout raconter à ses parents. Sa bouche ne se fermait jamais, les questions fusaient tellement qu'il finissait souvent ses journées avec la gorge asséchée et quelques quintes de toux. Toutefois, cela ne dérangeait pas le majordome bien au contraire. Ce genre d'échange le passionnait tout en le rendant plus qu'heureux bien qu'il ne pouvait pas l'écouter toute la journée puisque son devoir l'appelait par moment, comme aujourd'hui.

Accompagné de deux autres domestiques, le châtain s'était dirigé vers la porte du manoir suivi par un Keonhee bougon d'être séparé de son unique soutien pendant quelques heures. Sa main accrochée à la manche de son aîné, il refusait de lâcher cette dernière.

« - Non ! Je ne veux pas. »

Cette petite scène faisait pouffer le majordome qui ébouriffa les cheveux chocolat de son petit protégé avant de lui tapoter le front avec gentillesse tout en soufflant maternellement.

« - Je reviendrai vite, ce ne sont que quelques courses à la capitale.

- Je veux t'accompagner ! S'il te plaît, je veux venir !

- Allons, tu sais que tu n'as pas le droit de quitter le manoir. Ce sont les ordres de monsieur Lee. »

Keonhee arbora une moue boudeuse tout en grommelant dans sa barbe inexistante ce qui fit pouffer davantage le châtain qui vint tendrement le prendre dans ses bras avant de murmurer d'une manière rassurante.

« - Je vous ramènerez des cupcakes et on se fera une petite soirée où je vous raconterai pleins d'histoires, d'accord ?

- Mais je vais m'ennuyer en t'attendant...

- Allez jouer du piano ? Le temps passera plus vite, j'en suis certain. »

A contre cœur, le brun dut se séparer de son point de repère avec des yeux larmoyants malgré ces paroles rassurantes. Yunho passa la porte avec les autres domestiques l'accompagnant, le plus jeune accourut à la fenêtre pour le regarder monter à la place conducteur de la voiture puis partir hors du domaine.

« - Cela va être long quatre heures sans toi... »

Keonhee était triste. Le manoir semblait soudainement oppressant à cause du silence l'envahissant. Il n'y avait pas une âme qui vive, monsieur Lee était dans son bureau comme à son habitude puisqu'il travaillait pour son entreprise tandis que les domestiques ne montraient jamais le bout de leur nez car c'était une des règles qu'eux se devaient de suivre : travailler sans être vue.

« - Super la solitude... »

Soupirant en traînant des pieds, le brun avait son regard qui se perdait dans l'entrée et, dans un geste mécanique, il tenta d'ouvrir la grande porte d'entrée mais cette dernière avait été soigneusement fermée à clef par Yunho.

La nervosité monta en Keonhee qui observa autour de lui en quête d'une distraction, quelqu'un ou quelque chose qui pourrait le distraire, le maintenir occupé pendant ces quatre heures qui semblaient être une éternité.

Ses mains vinrent triturer le bas de son haut, une des habitudes qu'il avait lorsqu'il était mal à l'aise ou stressé, puis ses pieds glissèrent sur le sol pour rejoindre le premier étage de l'aile droite et une salle particulière.

Sa main vint appuyer sur la poignée et le garçon poussa la porte derrière lui sans la fermer, comme à son habitude. Naturellement, Keonhee prit place sur la petite banquette devant le piano et ses doigts vinrent toucher aléatoirement les touches dans un ennui perceptible : il n'avait pas d'idée de quoi jouer.

« - Pourquoi je ne peux pas y aller avec lui... »

Ronchon, les accords qu'il faisait étaient clairement faux mais il s'en fichait totalement. Ces mains s'activaient d'elles-mêmes, pianotant simplement pour occuper le jeune homme pendant cette éternité tout en comblant ce silence qui l'oppressait tellement.

Néanmoins, cette mélodie distordue commença à s'accorder, à s'améliorer en s'inspirant des pensées de Keonhee qui se laissa happer par l'instrument. Ses paupières se fermaient de frustration, il se plongea dans sa bulle comme il le faisait au centre et qu'on l'enfermait dans sa chambre jusqu'à qu'un nouveau client finisse par quémander ses services. Son corps bougeait de droite à gauche, ses mains se baladaient naturellement sur les notes ivoires exprimant ses sentiments dans cette mélodie unique qui envahissait les couloirs déserts.

La musique était un défouloir pour le brun. Son unique libération dans ce monde, les seuls moments où il fuyait son quotidien avec sa mère au milieu de cette gare. C'était sa porte de sortie, le rêve de celle qui l'avait élevé.

La piano s'était le seul moment où il arrivait à mêler le blanc et le noir dans son cœur. C'était cet instant où il appuyait en même temps sur les touches aux deux couleurs contrastées. Noir et blanc ne formait qu'un, sa joie et sa peine se mêlèrent pour s'équilibrer et s'unir dans une mélodie criant haine et espoir.

Don't leave me in the dark.

You said you won't be far.

Timidement, sa voix s'était élevée dans la pièce car son cœur voulait hurler en union avec la mélodie. L'air devint plus mélancolique, presque triste, alors que le brun descendait dans des accords plus aigües.

I can't stand the quiet

Cette phrase vibra en lui alors que ses doigts commencèrent à être douloureux à force de jouer depuis plusieurs minutes s'en s'arrêter. Mais il ne pouvait se stopper, il ne pouvait pas laisser la musique s'essouffler car il haïssait le silence.

Lorsqu'il n'y avait plus de bruit, lorsque le monde devenait aphone, Keonhee paniquait en entendant ses pensées. Ces voix qui résonnaient dans sa tête, ces questions qui étaient murmurées à voix basse dans un coin de son esprit qu'il n'acceptait pas d'entendre. Le bruit était la seule manière de les faire taire, la seule façon de les repousser.

Désespérément, il accéléra le rythme en appuyant un peu plus fort sur les touches pour renforcer le cri de l'instrument. Les accords mélodiques devinrent presque anarchiques formant des notes hurlées, imaginant parfaitement la crainte qui envahissait Keonhee lorsque ses doigts ne pourront plus bouger et que sa voix ne pourra plus combler le silence.

Is anyone out there?

« - Pauvre piano. »

Keonhee sursauta de peur en sentant un souffle s'échouer dans sa nuque et une voix grave murmurer dans le creux de son oreille. Cependant, son corps se mit à frissonner lorsqu'il sentit une paume chaleureuse attraper sa main droite et caresser ses doigts avant de s'attarder sur l'un d'eux.

« - Et pauvres mains abîmées. »

Sentant des petits picotements au niveau de ses phalanges, le brun baissa timidement son regard vers ces dernières et il remarqua des petites gouttes rouges sur son épiderme recouvrant ses articulations. Ce n'était que des microfissures dans sa peau, des coupures minimes mais suffisantes pour qu'un peu de sang puisse s'y écouler.

« - Règle numéro 5, Keonhee ? »

Ce murmure s'échouant sur la mâchoire du brun le fit frissonner et fermer les yeux alors que sa main monta vers les lèvres du nouveau venu. Tremblant d'impatience, le corbeau remarqua cette tension qui augmentait entre les deux, changeant totalement l'ambiance de la pièce et combien cela lui plaisait. Le plus jeune était totalement charmé, sous son joug en attendant patiemment la suite, les conséquences tandis que Seoho chuchota la règle comme rappel.

« - On n'abîme pas ce qui m'appartient. »

Puis sa langue vint lécher cette goutte vermeille et ce geste stimula les deux garçons qui frissonnèrent en chœur. L'un se délecta de ce liquide d'un goût incroyablement exquis tandis que l'autre tremblait d'impatience car son corps demandait un véritable contact après des nuits à s'imaginer des scénarios tous plus luxuriants les uns des autres.

« - Tu as été un mauvais garçon, Keonhee.

- Hm~ »

Le brun ne put retenir son petit gémissement alors que ses jambes se contractèrent et qu'il cambra son dos naturellement ce qui fit sourire le corbeau.

« - Tu veux te faire pardonner ? »

Il avait murmuré sa requête alors que ses lèvres continuaient de se déposer sur la main prisonnière, absorbant ces petites gouttelettes sanglantes. Ses canines le dérangeaient, ses sens s'éveillaient et il rêvait d'enfouir sa bouche dans la nuque du brun mais quelque chose le retenait au fond de lui, calmant son instinct.

« - P-peut-être q-que... Que j'aime être un m-mauvais garçon, monsieur. »

Keonhee papillonna des paupières tout pivotant légèrement son visage afin de plonger son regard noisette dans celui ténébreux du maître des lieux. Il se noya dans ces orbes encres qui se parsemaient d'éclats glacés l'hypnotisant davantage : il avait incroyablement envie de désobéir.

« - Vous m'avez dit d'essayer... »

Lentement, Keonhee s'était redressé et il faisait maintenant face au corbeau qui l'observait avec attention. Ses lèvres cerises avaient cessé d'embrasser ces phalanges rougies par les baisers, elle était maintenant libre et accessible.

« - Que je verrais les conséquences... »

Le brun s'approcha du plus vieux. Son corps se rappelait ces nuits, ces rêves qu'il avait eu avec monsieur Lee. Face à ses réminiscences, les iris noisette du garçon vinrent brillants de plaisir, d'envie et cela fit sourire Seoho. Ses douces lèvres s'étiraient dans un rictus incroyablement attirant qui retourna le ventre de l'escorte qui se mit à mordiller les siennes avec envie : il était tenté.

« - Tu les veux, noisette ? »

Seoho s'approcha à son tour, laissant simplement un maigre centimètre entre leurs bouches alors que l'échange visuel s'intensifia. Il voyait tout : sa luxure, ses envies, ses pensées, ses souhaits. Keonhee le voulait, maintenant.

« - Tu veux les embrasser, n'est-ce pas ? »

Les serres du corbeau se refermèrent sur les hanches du petit pour le rapprocher, entrechoquer leurs bassins tous en saisissant le fessier du brun qui couina en fermant une seconde les yeux, brisant le contact visuel ce qui fit gronder l'aîné qui remonta sa bouche à son oreille avant de dire d'une voix profondément grave.

« - Règle 3, noisette. »

Le concerné frissonna en gémissant tout en sentant son fessier être malmené, légèrement griffé sous les ongles du corbeau ce qui lui procurait des sensations incroyables. Il se sentait déjà bien humide en bas, sa respiration s'emballait mais il n'était pas au bout de ses peines car sa bouche s'ouvrit en grand dans un petit cri aiguë alors que Seoho planta ses dents dans le lobe de l'oreille de l'escorte.

« - On ne brise pas le contact visuel sans mon autorisation. »

Il tremblait. Tout son corps tremblait dans les bras du maître des lieux qui adorait le spectacle face à lui. La bouche du brun entrouverte, son souffle affolé et cette petite couche de sueur qui commençait à apparaître sur son front mais le plus beau restaient ses yeux noisette.

Les pupilles dilatées, frémissantes de luxure en quémandant davantage. Son regard était incroyablement expressif, son honnêteté était si pure et Seoho n'avait qu'une envie : le garder pour lui. Sa main continua à malaxer le fessier du brun, se faufilant dans la poche arrière de son pantalon pour avoir le moins de tissu possible tout en l'empêchant de fuir ses serres.

« - Ah~ »

S'extasiant à pleine voix, le silence était maintenant comblé d'une autre manière. Keonhee n'arrêtait pas de trembler, le sentiment des dents de monsieur Lee dans sa peau le retournait, l'éveillait et il voulait plus.

« - M-mordez-moi. »

Le corbeau sentit son cœur rater un battement, son souffle se coupa avant de s'affoler alors que ses iris prirent une teinte entièrement bleu glace. Son corps frémit à son tour, ses mains vinrent enlacer davantage le petit en entrechoquant à nouveau leur bassin amenant le brun dans un nouveau cri avant d'être soulevé avec aisance.

Tout alla vite, la tension avait grimpé comme leur excitation. Le dos de Keonhee rencontra le mur tandis que ses jambes s'accrochaient au dos du corbeau qui ondulait son bassin contre son entrejambe.

« - M-monsieur~ »

Il chercha une accroche, une manière de rester liée à la réalité. Les mains du brun griffèrent la tapisserie, ses ongles se plantèrent dans le mur alors qu'il se cambrait divinement bien sous les ondulations de Seoho qui laissa sa bouche glisser sur la mâchoire du garçon.

« - Tu es vraiment un mauvais garçon, noisette... »

Il mordilla son os produisant des petits sons de plaisir au brun qui tremblait de plus en plus tout en se sentant réellement humide dans son bas. La bouche du corbeau se baladait, survolant sa pommette tout en se rapprochant dangereusement de ses lèvres mordillées d'excitation.

« - Un très mauvais garçon... »

Seoho était juste à côté de la commissure des lèvres du brun, impatient. Ses iris brillaient d'allégresse, attendant avec excitation la suite, ce contact qui allait déverser en lui une telle décharge d'émotions qu'il risquait sûrement de venir en un baiser. Putain, qu'est-ce qu'il voulait ses lèvres.

« - Tu penses réellement les mériter. »

Il recula, un rictus malicieux sur le visage alors que le brun couina sa frustration et que ses iris hurlaient en silence. Hélas, Keonhee ne put montrer sa frustration plus longtemps car le maître des lieux donna un coup de bassin qui manqua de le faire venir s'il ne s'était pas retenu mais ses efforts furent vains face au nouvel assaut.

Sans prévenir, le corbeau avait plongé sur sa proie. Sa bouche prenant d'assaut sa nuque crème extrêmement sensible. Cela avait débuté avec quelques baisers puis il avait augmenté l'intensité de ces derniers jusqu'à y ajouter ses dents faisant crier de jouissance le brun.

« - AH~ »

Ce n'était qu'une morsure dans son cou, d'autres de ces clients avaient déjà fait cela avec son corps dans les chambres d'hôtels et pourtant...

« - Putain, noisette. »

Les dents de Seoho dans sa chair lui procuraient un tout autre effet, cela avait une intensité qu'il n'avait jamais ressenti auparavant.

« - E-Encore~ »

Keonhee était enivré par ce nouveau sentiment, par cet effet que le corbeau avait sur lui. Jamais il n'était venu avec de simples baisers, de simples caresses. Jamais son corps n'avait répondu aussi positivement aux attouchements d'un de ces clients.

« - Tu vas me rendre fou, noisette. Qu'est-ce que j'ai envie de le faire. »

Ses mains se cramponnaient aux hanches du brun, soulevant légèrement son t-shirt en y laissant des marques de griffures alors qu'il sentait ses canines lui faire affreusement mal, quémandant de se planter dans la chair vierge et sucrée du garçon. Mais il ne voulait pas, pas lui.

« - Pourquoi me rends-tu ainsi ? »

Le corbeau avait peur de le casser. Il sentait ce petit corps fragile trembler dans ses bras, il caressait ses os saillant au niveau de ses hanches et la pulpe de ses doigts reconnus des cicatrices et des brûlures sur son épiderme.

« - Putain. »

Combattant ses pulsions instinctives, Seoho recula de la nuque du plus jeune pour attraper son menton entre ses doigts et planter son regard ébène dans le sien noisette. Ces deux perles étaient envahies de pureté malgré la situation actuelle. C'était incroyable comment la luxure arrivait à se mixer avec la douceur du regard pétillant de Keonhee.

« - Monsieur~ »

Le brun loucha sur les lèvres de l'aîné qui sourit en passant son pouce sur la bouche de l'autre tout en se rapprochant doucement de lui. Les lippes cerises s'approchèrent de celles framboises du petit qui se mit à trembler à nouveau d'une manière qui serait inquiétante si Seoho ne savait pas qu'il était simplement surstimulé.

« - Tu les veux ? »

Son souffle tomba sur la bouche du brun. Ses yeux hurlaient sa réponse mais lui voulait l'entendre.

« - Oui.

- Good boy. »

Sans plus attendre, Seoho brisa l'espace qui les séparait pour s'emparer de la bouche framboise du brun qui ne répondit plus de rien. Son corps explosa, son cœur s'arrêta et sa bouche suivit simplement le rythme du corbeau qui y allait incroyablement doucement, tendrement.

C'était un baiser léger, nuageux. Il n'y avait pas de violence, pas d'excitation bestiale juste un échange délicat que tous deux dégustaient. Seoho se surprit lui-même, jamais il n'avait été aussi attentif et patient avec quelqu'un. Sa colère s'était étrangement envolée, son âme était en paix avec le brun dans ses bras et leurs lèvres entrechoquées.

Ils voulurent que tout ceci soit éternel, que cela ne prenne jamais fin. Hélas, Seoho finit par se reculer calmement alors que sa main remonta sur la joue du brun qu'il se mit à caresser attentivement avant de poser l'autre à terre et susurrer suavement.

« - Je pense que tu devrais prendre une douche, noisette. »

Rougissant violemment, Keonhee détourna le regard de gêne en sentant son caleçon salie par le plaisir mais ses noisettes vinrent vite se replonger dans les orbes du corbeau qui avait attrapé fermement son menton avant de se rapprocher du garçon et souffler à voix basse.

« - Tes yeux. Sur moi. »

Puis Seoho vint attraper la lèvre inférieure de l'escorte entre ses dents et il tira légèrement dessus faisant couiner le pauvre brun qui n'arrivait plus à supporter tout ce plaisir qui déferlait en lui. Ce mélange de bien-être et de douleur : cela le rendait fou.

« - Que cela te serve de leçon, noisette. »

Ils s'observèrent, s'analysèrent et s'imaginèrent faire davantage que de simples caresses ou morsures mais Seoho savait, il savait parfaitement que le brun n'était pas encore prêt. Il lui fallait plus que son regard quémandeur, que ses gémissements satisfaits... Il lui manquait son accord, son consentement.

Et puis, il devait aussi lui dire, le mettre en garde. Keonhee devait avoir toutes les cartes en main, savoir tous les risques à prendre pour accepter une telle requête, pour faire un pas vers lui tout en se donnant au corbeau.

« - Noisette ?

- O-oui, monsieur ?

- Que suis-je à tes yeux ? »

Le petit observa sans comprendre, ses sourcils se froncèrent alors qu'il essayait péniblement de revenir à la réalité après avoir ressenti autant de choses en lui. Son corps ne cessait de trembler, Seoho était obligé de le maintenir par la taille pour qu'il ne finisse pas par s'effondrer sur le sol mais, malgré la fatigue, le brun donna une réponse honnête.

« - Clairement pas humain. »

Un petit rictus traversa le visage du corbeau tout en dévoilant ses canines alors que son pouce vint jouer avec la bouche du petit qui soupirait en essayant péniblement de revenir sur Terre.

« - Va plus loin dans tes pensées, noisette. »

C'était dur de réfléchir, de trouver les mots corrects tant il était fatigué. Son cerveau n'arrivait pas à employer un langage correct comme il le faisait habituellement devant un client, il n'arrivait pas à trouver ce que le maître des lieux voulait alors il se laissa aller à la franchise.

« - Ma mère m'a toujours dit de faire attention avec monsieur Geonhak car il n'était pas humain. Elle me disait que Dongju était bien plus que son bras droit, qu'il était son Calice.

- Continue.

- Elle ne m'a pas dit grand-chose de plus. Juste de faire attention car il existe six autres personnes comme Geonhak. »

Un éclat de surprise traversa le regard du corbeau, son pouce cessa de bouger sur les lèvres du garçon mais il se reprit rapidement en insinuant au brun de continuer, de parler davantage.

« - C'est tout ce que ta mère a dit ? Juste de faire attention aux gens comme Geonhak ?

- Elle m'a aussi dit de protéger mon sang. »

En disant ces mots, Keonhee se mit à fixer intensément l'homme face à lui. Un éclat particulier dans ses noisettes, une lueur incroyable qui éblouit le corbeau tout en l'hypnotisant davantage. Keonhee savait, il savait ce qu'il était même si le mot lui était inconnu, il savait que monsieur Lee était comme Geonhak.

« - Si ma mère était encore de ce monde, elle me dirait de vous fuir mais...

- Mais ?

- Mais je n'ai bizarrement pas envie de quitter vos bras, monsieur. »

-----

Seoho et Keonhee se rapprochent dis donc ! La suite s'annonce sympa, n'est-ce pas ?

J'espère que vous avez passé une bonne semaine, personnellement j'ai enfin Internet dans mon nouvel appartement 🥳 Je vais pouvoir vivre à nouveau après mes journées de stage !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top