Chapitre 1
« - Combien ?
- Je dirais 270 698 wons pour une journée. »
Dans les ombres de la nuit, l'un des deux dialoguant grimaça légèrement en fixant son opposant. Ancré sur sa position, l'annonceur du prix n'était pas prêt à modifier le montant et l'autre le savait parfaitement : son interlocuteur était dur en affaires.
« - Pas de période de test ?
- Ma marchandise est précieuse. Je connais leur qualité, jamais je n'en donnerais de mauvaise facture.
- Certes, mais le dernier a vite lâché. »
Les bras croisés, l'acheteur commença à ruminer légèrement en se souvenant de son dernier achat : une véritable catastrophe. En à peine deux jours, l'article avait fini briser et cela lui avait causé bien des soucis par la suite dont un manque assez sévère qui l'avait conduit à un bad trip assez violent.
« - Si tu étais plus doux aussi ! Tu ne fais jamais attention à ma marchandise, S- »
Brusquement, l'acheteur vint plaquer sa paume sur les lèvres de son interlocuteur qui dû faire attention à ses appuis car la force de l'autre était colossale. Roulant des yeux face à sa crainte d'être repéré par il ne savait quel fantôme, le vendeur attrapa la poignée du plus jeune tout en le forçant à s'éloigner.
« - Ok, ok... Je ne dirais pas ton prénom. Pas la peine d'être aussi agressif. »
Blasé, le vendeur voulut en finir au plus vite avec sa transaction car la nuit avançait et il avait d'autres commandes à régler.
« - Tu en veux ou pas ?
- Ai-je réellement le choix ? J'ai besoin de ma dose...
- Certes mais tu n'as pas intérêt à faire une nouvelle connerie. C'est la cinquième transaction ce mois-ci et cela sera clairement la dernière ! J'en ai marre que tu ne fasses pas attention à ma marchandise... »
Grommelant pour lui-même, le concerné tendit une liasse de billets à l'homme au sourire éclatant à contre-cœur. Il n'avait pas réellement le choix de faire cette transaction, son vendeur était le seul du pays. Fier de l'échange, le concerné promit que la livraison sera effectuée dans la journée de demain.
« - Tu ne seras pas déçu, je te le promets ! Mais fais gaffe, c'est fragile.
- Ils sont tous fragiles.
- Certes, mais celui-ci un peu plus que les autres. »
Lançant un clin d'œil, le vendeur s'éclipsa dans les ombres à la vitesse de l'éclair sous le regard légèrement écarquillé de celui qui venait de dépenser quelques milliers de wons pour un article bancal. Se sentant légèrement arnaqué, il eut du mal à canaliser sa colère et il frappa dans un arbre en mordillant sa lèvre.
« - Connard de Geonhak ! Tu m'as encore eu, salaud ! »
Se défoulant en brisant l'écorce des arbres avec ses poings, l'arnaqué sentit son esprit se brouiller alors qu'il était assailli, encore et toujours, par sa haine, sa frustration et pleins d'autres émotions néfastes qui le traversaient sans relâche. En manque, il était difficile pour lui de se contrôler, d'atténuer ses pensées invasives qui le conduisaient à avoir un comportement des plus violent.
Un arbre tomba, un second le rejoignit et l'homme s'arrêta lorsqu'une petite clairière s'était formée autour de lui et que son souffle se brouillait légèrement : il avait encore perdu le contrôle. Fixant le paysage détruit, il passa sa main dans ses mèches ébènes tout en soupirant.
Les arbres jonchaient l'herbe piétinée, les branches se mêlaient aux fleurs ayant perdu leurs pétales sous ces assauts colériques et les teintes de la nature avaient disparu sous les notes marrons des chênes effondrés sur le sol. Les rayons lunaires illuminaient le triste spectacle que l'homme à la chevelure corbeau observait avec fatigue.
« - J'ai vraiment besoin de ma dose... »
Rebroussant chemin avec ses mains dans les poches, ses épaules voûtées, l'homme continua de mordiller sa lèvre avec nervosité tout en laissant ses pieds suivre le chemin d'herbe fauchée. La tête dans les étoiles, il se perdit dans ses songes en se rappelant les quatre dernières marchandises qu'il avait commandées. Toutes s'étaient brisées si rapidement entre ses doigts, aucune n'avait supporté le quotidien du corbeau et, tel des poupées de porcelaine, les quatre s'étaient détruits entre ses mains pâles.
« - Si celui-ci est plus fragile que les autres, cela ne va même pas durer quelques heures... Geonhak, je te jure que je vais te péter la gueule la prochaine fois que je te vois. »
Le corbeau frappa dans une roche qui alla ricocher dans un tronc d'arbre pour revenir directement vers lui au niveau de son front.
« - AÏE ! Putain de- »
Frottant la zone endolorie en grognant, il se mit à maudire le monde entier tout en arrivant dans le jardin de sa demeure privée, car la forêt où avait eu lieu la transaction se trouvait derrière chez lui. L'immense manoir brilla sous l'éclat lunaire, les fenêtres entrouvertes étaient toutes joliment illuminées par d'imposants lustres en cristal et l'élégante décoration baroque pouvait s'observer dans ce splendide jeu de lumière.
La porte arrière du manoir s'ouvrit sur un majordome tiré par quatre épingles, sa chevelure châtaigne parfaitement coiffée alors qu'il se courbait élégamment devant le maître de maison.
« - Monsieur, le repas est servi. J'espère que l'échange fut fructueux.
- Hm... On peut dire cela. On mange quoi ?
- Tartare, monsieur.
- Encore... J'en ai marre de la viande rouge. »
Devenant lentement bougon, le jeune homme retira son long manteau pourpre qui lui arrivait aux chevilles et il le passa au majordome qui le déposa sur le porte-manteau tout en continuant de suivre son maître.
« - Monsieur Lee, vous savez que c'est la seule chose qui vous permet de rester un tant soit peu calme.
- Mouais... J'ai défoncé une partie de la forêt donc je ne dirais pas que cela me garde parfaitement calme. »
Se laissant tomber sur sa chaise au haut dossier, le maître des lieux posa sa joue dans sa paume en soupirant face au tartare face à lui. Hélas, il savait que son majordome avait raison et qu'il se devait d'avaler cette viande fraîche, rougeoyante et encore saignante pour tenir quelques jours supplémentaires sans sa dose.
Avec difficulté, il commença à manger tout en mâchant difficilement les morceaux tendres et fondant qu'il avala bruyamment. Le majordome était toujours présent, légèrement en retrait, s'assurant que son maître mangeait sa portion.
« - Yunho, vous pensez pouvoir vous occupez de la marchandise lors de son arrivée ?
- Comment cela, monsieur ?
- Geonhak m'a dit que ce dernier était plus fragile que les précédents... Je pense que vous devriez vous occuper de lui et me permettre une... Transition ? J'ai bien peur qu'à la première utilisation je ne le brise en mille morceaux. »
Le majordome hocha de la tête, compréhensif, et il assura à son maître qu'il s'occuperait de la marchandise lorsqu'elle arrivera au manoir.
« - Mets le dans l'aile droite, le plus loin possible de moi.
- Bien monsieur Lee. Qu'en est-ce que la livraison se fera ?
- Demain selon les paroles de Geonhak. Après je ne sais pas si cela aura lieu dans l'après-midi ou la soirée. Tout dépend si c'est ce connard qui vient me l'amener ou s'il envoie son chienchien. »
Avalant la dernière bouchée de son plat avec difficulté, il bu une grande gorgée d'eau pour faire glisser le tout vers son estomac et se lever finalement. L'homme annonça qu'il allait dans son bureau pour voir si les affaires allaient bien dans son entreprise et il ajouta qu'il comptait faire une visite surprise à ses employés dans l'après-midi.
« - Prévenez le chauffeur d'être garé à 13h pile devant les escaliers. Je ne devrais pas traîner au siège trop longtemps mais la livraison sera peut-être effectuée durant mon absence.
- Êtes-vous sûr que cela soit une bonne idée d'aller au siège dans votre état, monsieur ?
- Tout ira bien, je n'ai pas choisi mes employés au hasard.
- Certes, leurs odeurs vous répugnent mais tout de même... Face à votre manque, les choses pourraient peut-être mal tourner et-
- Yunho. »
D'un ton plus grave, le maître de maison tonna le nom de celui qui s'occupait d'ordonner le personnel et, en ouïssant ce timbre, les rares domestiques qui astiquaient la demeure devinrent encore plus discrets que d'ordinaire. Similaire à des fantômes, ces derniers se terraient dans les portes dissimulées pour ne pas croiser un monsieur Lee d'une humeur exécrable et assassine.
« - Oui, monsieur ? »
Le majordome baissa la tête alors que le maître des lieux s'approcha avec une aura dominante et sûr de lui. Ses iris scintillèrent fortement dans une teinte presque irréelle ce qui n'annonçait rien de bon. Les poings du Lee se serrèrent, sa lèvre inférieure se mit à trembler de colère tandis que ses muscles devinrent douloureux tant il les contracta.
Se recroquevillant, Yunho s'attendait à recevoir une correction pour avoir était dans le sens inverse du raisonnement de son maître. Il vit la main se lever, son sort se distinguer plus clairement puis la paume de monsieur Lee descendit rapidement en direction de son visage le forçant à fermer les yeux.
« - Pardon... »
Le coup ne vint jamais, la violence disparut des prunelles du corbeau qui recula de quelques pas en mordillant sa langue avec crainte tandis qu'il s'éloigna rapidement de son majordome qui redressa la tête avec une mine déconfite.
« - Je... Je vais dans mon bureau. Ne me dérange sous aucun prétexte, Yunho. »
Puis, l'homme s'éclipsa dans l'immense couloir boisé tapissé de peintures familiales gigantesques représentant les différents membres de la famille Lee au travers des générations et des générations. Yunho resta planté dans le couloir, observant son supérieur fuir tout en jouant nerveusement avec ses doigts avant de tourner à l'angle du couloir pour rejoindre l'aile gauche, soit la plus occupée par le Lee.
Une fois totalement volatilisé, le majordome soupira tristement en allant contacter le chauffeur personnel de son maître pour lui donner l'ordre d'être garé à 13h devant l'entrée mais, alors qu'il descendit l'escalier en direction du téléphone fixe, Yunho passa devant un tableau particulier.
Il s'agissait d'une toile familiale où l'on remarquait trois personnes : un homme de riche famille ayant dans la quarantaine, une femme légèrement plus jeune à la beauté hypnotique puis un enfant possédant un irradiant sourire. Yunho s'arrêta devant le tableau puis s'inclina respectueusement avant de murmurer calmement dans le silence du manoir.
« - Je vous promets, madame, monsieur, de rendre le sourire à votre fils un jour. »
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