TW : Sexualité.

J'ai toujours su qu'Adam me désirait. Cela n'a jamais été un secret.

Lorsque nous étions encore au Jardin d'Eden, je le voyais nous observer, tel un voyeur, à la dérobée, pendant que Lilith s'allongeait sur moi, le corps nu, ou que je m'allongeais sur elle. Alors que nos deux corps s'emboîtaient, j'apercevais Adam, caché derrière ses buissons, parfois la main dans le pantalon. Au départ, j'étais persuadé qu'il la voulait, elle. Quand il l'a enlevé, j'ai cru mes doutes confirmés. Je me disais qu'il me l'avait pris parce qu'il était jaloux de l'amour que nous nous portions, puis j'ai compris...

Il n'était pas jaloux de moi, vis-à-vis d'elle.

Il était jaloux d'elle, vis-à-vis de moi.

C'est moi qu'il voulait. Lilith représentait un obstacle entre ses désirs et les miens. Et au lieu de tenter de me charmer, il a voulu nous éloigner. Puis, il est revenu me trouver, me narguant, m'expliquant qu'il ne me rendrait jamais Lilith, et qu'elle finirait par l'aimer lui. Tout cela parce que ce crevard n'est pas capable d'assumer ses préférences sexuelles.

— C'est ça que tu veux, n'est-ce pas ?

Ma main glisse sur son torse, descend vers son entrejambe, se retrouve sur ce membre dressé, gonflé, prisonnier de son pantalon. Adam se tend, ses dents se serrent, tout son corps se contracte.

— Je ne te désire pas, crache-t-il. Je te déteste.

— Mais de l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas.

Mes lèvres effleurent les siennes. Adam se tend plus encore, son sexe gonfle. Ma main l'empoigne avec brutalité à travers le tissu, et un gémissement s'échappe de ses lèvres. Ma langue glisse dans son cou.

— Dis-moi ce que tu veux.

Si je parviens à le faire plier, à s'ouvrir à moi, si je lui offre ce qu'il veut, peut-être acceptera-t-il de me rendre Lilith ? Je dois la retrouver. Et si pour cela, je dois m'offrir à Adam, je le ferai. Mon amour pour elle est sans limite et elle me manque depuis trop longtemps. Un vide s'est creusé dans mon cœur, que seuls mes canards parviennent à combler, et si je ne la retrouve jamais, je déprimerai pour l'éternité. Je n'en peux plus de cette souffrance. On cherche tous la rédemption, d'une quelconque façon. Moi, je cherche à retrouver l'amour de ma vie et seul Adam peut me la ramener.

— Je t'offre mon corps, en échange de Lilith.

— Je ne veux pas de ton corps.

J'appuie plus fort sur son entrejambe. Son esprit refuse peut-être de voir la réalité, mais son corps parle pour lui.

— Ah oui ?

— Dégage de là, Lucifer.

Mes mains glissent sur son torse, mes doigts dégrafent sa chemise. Mes ombres s'amusent, s'enroulent autour de ses chevilles. Adam gesticule et continue de me refuser, sauf que son corps, son souffle et ses gémissements, chaque fois que mon genou ou mes doigts appuient sur son entrejambe, prouvent tout le contraire.

Il me veut.

Et il le sait.

— Arrête.

Son ordre n'est qu'un murmure. Pour autant, je m'exécute et cesse, laissant son torse bleu dénudé.

— Très bien. Si tu insistes.

Tant pis pour lui. Je laisse mes ombres le relâcher.

— Tu peux rentrer au Happy Hotel, déclaré-je. On se reverra une autre fois.

— Tu vas me laisser rentrer comme ça ?

Il se lève et baisse le regard sur son pantalon tendu. Je dois avouer que ce n'est pas le meilleur accoutrement pour traverser la ville, mais je suis persuadé qu'il saura trouver quelqu'un pour le soulager.

Sinon, il a sa main.

— Tu as affirmé n'éprouver aucun désir pour moi, elle devrait vite retomber dans ce cas.

— Sale démon ! Qu'est-ce que tu m'as fait ?

— Oh, rien que tu n'ais déclenché tout seul, mon chou. Je ne suis pas le démon de la luxure, tu sais. Cette envie que tu ressens, elle vient de toi, pas de moi.

Adam ne dit rien. Il continue de me fixer. Je vois toutes les questions qui défilent en lui, je peux les lire dans sa tête. Il panique, s'interroge, il ne sait pas quoi faire. Me céder, comme le cri son corps et ses désirs. Ou me repousser. Personnellement, je préfèrerai ne pas m'adonner à cela. Je n'ai aucun désir envers Adam, je veux seulement récupérer Lilith. Mais si je parviens à le faire plier, s'il me tombe entre les bras, s'il tombe amoureux, littéralement, je n'aurais aucun mal à lui faire signer un pacte dans lequel il consentira à me rendre Lilith.

— On se dit à plus tard.

— Attends.

Un sourire étire mes lèvres. Ah ? Il a changé d'avis ? Je me retourne. Adam ne bouge toujours pas, mais son corps parle pour lui.

— Tu es vraiment prêt à coucher avec moi ?

Je continue de sourire, malgré mon envie de l'envoyer faire un tour dans mon volcan.

— Oui, mais uniquement si tu acceptes de me rendre Lilith.