Chapitre 7 - Le secret d'Adam (Adam)


Je fixe Lucifer. Est-ce qu'il est sérieux ? Compte-t-il me laisser prisonnier des Enfers à tout jamais, sauf si j'accepte de libérer sa chère et tendre ? Ce serait presque trop facile. De toute façon, je n'ai pas besoin de lui. Si je gagne ma rédemption grâce au Happy Hotel, je pourrai retourner chez les anges.

Mais encore faut-il que je supporte ces imbéciles de démons ! Et Charlie Morningstar. C'est loin d'être gagné. La sensation d'oppression ne m'a pas quitté depuis que j'ai quitté le Happy Hotel. J'ai l'impression de les sentir partout. Leur joie de vivre me dégoûte. Je les exècre.

Quant à Lucifer...

— Lilith m'aime, elle ne souhaite pas te revoir ! répliqué-je.

— Lilith ne t'aime pas, Adam. Tu l'as enlevé et emprisonné.

— Qu'est-ce que tu en sais ? Depuis combien de temps ne l'as-tu pas revu ? Dix, vingt siècles ?

Une éternité.

Cela dit, il n'a pas tort. Lilith ne m'aime pas. Mais cela, je m'en contrefiche. Je n'ai pas besoin de son amour, tant que j'ai son corps à ma disposition. Un jour, elle comprendra que je suis bien mieux que ce dépressif de roi des Enfers. En attendant, elle restera à mes côtés.

— Je connais la force de notre amour, réplique Lucifer.

— Et tu es prêt à me rendre mes ailes, si je te la ramène ?

Lucifer affiche une moue réflexive. Dehors, un corbeau croasse. Je regrette de ne pas avoir accepté son verre, j'aurais bien bu de l'alcool, finalement.

— Tu sais, Adam, intégrer le Happy Hotel ne suffit pas à racheter une âme, explique calmement Lucifer. Charlie offre un abri aux damnés, dans l'espoir qu'ils seront récompensés par les anges, et que l'accès au Paradis leur sera ouvert.

Connerie.

— Tu n'es pas sans savoir qu'il ne suffit pas de dire qu'on s'est repenti pour se repentir, il faut aussi le montrer. Et pour cela, il faut des actes. Si tu acceptes de libérer Lilith, et que tu te montres gentils et obéissants, que tu t'intègres parmi les démons, et que tu convaincs les anges de leur offrir une seconde chance, tout te sera pardonner.

Je crois que je vais vomir. C'est vraiment le chef des Enfers qui me dit ça ? C'est machiavélique. Le pire, c'est qu'il continue de sourire. C'est ça, son plan alors ? M'obliger à accepter des démons au Paradis ? M'obliger à libérer Lilith ? Me soumettre à ses exigences et celles de sa cinglée de fille ?

— Et si je refuse ?

Lucifer quitte sa chaise. Calmement, avec une élégance qui me rappelle Alastor, il traverse la salle de réception et s'arrête près de moi. Ses doigts glissent sous mon menton. Je tente de me retirer, mais me retrouve soudain cloué à ma chaise par une force invisible et inexplicable. Je tente de bouger. Des ombres glissent sur mes poignets, m'emprisonnant à la chaise. Rien n'y fait, je ne peux plus m'en défaire. Alors quoi ? Il va me séquestrer à cette chaise pour l'éternité ?

— Tu ne peux pas refuser.

Lucifer penche sa tête vers moi, ses lèvres effleurent mon oreille.

— Tu ne peux rien me refuser Adam, je suis le roi des Enfers, et tu es à ma merci.

Son souffle chaud court dans ma nuque. J'ai chaud, mais pas seulement à cause de la température. Tout mon être s'embrase et s'enflamme. J'ai chaud dans mon corps, et surtout dans mon pantalon dans lequel je suis brusquement à l'étroit. Oh Dieu ! Qu'est-il en train de m'arriver ? Est-ce que ce taré de Lucifer est en train de...

— Je connais tous de tes désirs, Adam, même les plus secrets...

Les ombres s'agrippent à mon corps, enserrent mon torse, m'oppressent. Je manque de souffle et d'air. Mon cœur palpite fort, mais surtout mon entrejambe. Je me sens gonfler. Je sens le désir me gagner. Je relève la tête et croise le regard de Lucifer.

Une vision me submerge : Lucifer, allongé contre Lilith, et moi, caché derrière un buisson, en train de les épier. Ma main qui glisse dans mon pantalon, effectuant des va-et-vient, alors que mes yeux sont rivés sur leurs deux corps.

Sur son corps à lui.

J'ai enlevé Lilith à Lucifer, il y a des siècles.

Lucifer, que j'ai toujours désiré en secret.

Car si j'ai enlevé Lilith, ce n'était pas juste par égo, ni parce que je la voulais elle.

C'était parce que je le désirais lui.

Et qu'il était hors de question que j'assume ça. 

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