Chapitre 2 - Le Happy Bar (Adam)

Je me retourne doucement et tombe nez à nez avec une espèce de chat anthropomorphe qui tient un paquet de cartes à la main. Eh merde !

— Toi ! m'exclamé-je.

— Surprise ! lance Husk.

Il s'agit du réceptionniste et barman du Happy Hotel. Un addict' aux jeux, recouvert de fourrure blanche et grise sur tout le corps avec de longs sourcils rouges verticaux et des yeux rouges. Ses grandes ailes rayées de noir, comme les couleurs des cartes qu'il tient dans ses mains, s'accommodent parfaitement avec son haut-de-forme, son nœud papillon et son costume.

— Qu'est-ce que je te serre ? demande-t-il d'un ton morne.

Ce mec est un dépressif ambulant. Hors de question que je boive quoi que ce soit venant de lui. Il serait capable de me droguer ou je ne sais quoi. Il faut se méfier de tout le monde ici. Ces gens ont tous été condamnés pour une bonne raison. D'autant que je suis prêt à parier que sa petite copine araignée ne devrait pas tarder à...

— Eh ! Mais qui voilà ?

Qu'est-ce que je disais ?

— Adam ! lance l'androgyne rose. Incroyable. Lulu nous avait prévenu que les anges t'avaient puni, mais je n'osais pas y croire. Alors, qu'est-ce que ça fait de se faire couper les ailes ?

Angel Dust, star de porno, démon pêcheur par excellente, débarque de je-ne-sais-où, un verre d'alcool à la main. Avec ses bras en pattes d'araignées, son œil blanc et l'autre noir percés d'une iris rouge, sa poitrine proéminente et sa fourrure, j'ai toujours du mal à savoir de quel genre iel est. Cela dit, là n'est pas la question. Le principal, c'est surtout de le remballer le plus vite possible, avant qu'il ne se fasse des idées sur ma venue ici :

— Personne ne m'a coupé les ailes, répliqué-je. C'est temporaire. 

— Bien sûr, bien sûr, raille Hust. Nous aussi, on pensait ça au départ, pourtant, on est encore là. Un peu à cause de toi d'ailleurs !

Un sourire machiavélique étire ses lèvres. Sourire qui me fait aussitôt penser à celui de Lucifer. Je trésaille sans le vouloir...

Il faut que je trouve une façon de me barrer d'ici, et vite.

— Alors ? Qu'est-ce que je te serre ? insiste Hust.

— Tu veux me droguer, c'est ça ?

Angel arque un sourcil avant d'éclater de rire.

— Le drogué ici, c'est moi, mon cœur. C'est moi l'addict et le dépendant, un corps parfait, une âme de perdant. J'aurais aimé quitter les Enfers, tu vois, mais à cause de toi...

L'araignée androgyne tend un doigt arachnéen dans ma direction. Je tremble.

— Je suis encore là, déclare-t-il.

— Ta gueule, répliqué-je. Si vous ne vous êtiez pas révoltés...

Hust tape dans ses mains, me coupant la chique.

— Si tu n'étais pas venu avec sa clique angélique pour nous exterminer, tu veux dire ? raille-t-il. Bon alors, je te serre quoi ?

— J'ai dit que je ne voulais pa...

— On prendra deux mojito ! déclare Angel, en posant une main sur mon épaule. C'est la maison qui offre mon chou. Et ensuite, je t'emmène au premier étage. Alastor t'attend.

— Que... Quoi ?

Je me fige. Lucifer m'a dit de me rendre au Happy Hotel, mais je n'avais pas du tout l'intention de lui obéir. Au contraire, mon plan était simple : traverser cette ville, marcher le plus loin possible, m'agenouiller face au ciel et appeler ce petit chien de Gabriel pour qu'il ramène ses ailes le plus VITE possible, afin de rentrer à la maison pour me venger.

Malheureusement, cela ne va visiblement pas se dérouler ainsi. Hust fait un clin d'œil à Angel, puis dépose deux cocktails sur le comptoir. L'acteur porno me place de force mon verre dans la main, avant de le faire tinter.

— À ta santé, Premier homme, déclare-t-il.

Bordel ! Dans quel merdier je me suis fourré ?

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