Chapitre 18 - Stupeur dans l'Assemblée (Charlie)
Adam a accepté de m'accompagner à l'assemblée du Paradis. S'il veut récupérer sa place, nous devons convaincre les anges qu'il a changé. J'ai discuté avec Sera il y a quelques jours. Les anges souhaitaient donner une bonne leçon à Adam, mais ils n'ont jamais voulu le chasser à tout jamais. Elle est convaincue que mon idée d'hôtel-rédemption peut fonctionner. Lorsque je lui ai montré Angel, refusant de la drogue, et tous les efforts qu'il fait, elle était prête à lui accorder une seconde chance. C'est Adam qui a tout fait capoter en avançant la date de l'extermination.
Mais maintenant qu'il a compris (du moins je l'espère), tout va changer. Je suis certaine que ces semaines sans ses ailes, à voir son âme damnée et la promesse de longues souffrances en perspective lui ont fait revoir ses positions.
Ça, et le rejet de mon père.
Quand j'ai raconté ça a Vaggie, elle est tombée des nus :
— Adam est amoureux de Lucifer ?
— Qui l'eut cru, hein ?
Je ne l'ai pas dit aux autres, je sais garder les secrets.
— Cela dit, ça ne m'étonne pas vraiment, ça explique même son obsession.
J'y ai pensé moi aussi. Cette haine qu'Adam voue mon père depuis des siècles venait forcément de quelque part. Je pensais qu'il aimait ma mère – raison pour laquelle il l'a enlevé -, mais en fait, c'était parce qu'elle faisait barrage à son idylle.
Un peu tordu quand même.
— Tu es sûre que tu ne veux pas que je t'accompagne à l'Assemblée ? m'a demandé Vaggie.
— Ne t'en fais pas, Alastor sera présent.
Je l'ai embrassé, puis je suis parti rejoindre Adam et nous nous sommes envolés.
Nous avions rendez-vous à minuit. L'assemblée se situe dans un lieu de réunion où mon père m'a déjà envoyé le représenter. C'est un espace situé entre le ciel et les Enfers, sur terre.
Lorsqu'on entre ensemble, côte à côte, Adam et moi, et que les représentants des anges et démons se taisent pour fixer leurs regards sur nous, je le vois déglutir avec difficulté. Le chef du Paradis n'en mène pas large depuis qu'on lui a coupé les ailes.
— Bien ! Merci d'avoir fait le déplacement et accepté cette réunion d'urgence, déclaré-je en m'avançant. Je sais que vous êtes tous et toutes prises par vos obligations respectives, mais nous devions discuter.
Mes mains sont moites, le stress monte. Je me sens toujours très vite intimidée, quand je dois m'exprimer en public. C'est pour cela que je débile parole sur parole, cela me canalise. Mon père dit que je dois gagner en assurance, mais ce n'est pas facile.
— Nous sommes réunis pour statuer sur le sort d'Adam, ici présent, et l'avenir de mon hôtel.
Aussi, des voix s'élèvent. Hurlements. Railleries. Moqueries. Insultes.
— Qu'est ce qui nous prouve qu'il a changé ? hurle un démon.
— Rien ! ricane un autre. C'est une petite fouine malsaine.
— Laissez-lui une chance ! cri un autre.
— Est-ce qu'il nous en a laissé nous ?
— Les anges ont bien fait de lui couper les ailes.
— Ce n'était qu'une punition, lance Sera. Il a sûrement compris...
Je me retourne vers Adam pendant que les autres s'écharpent et débattent de son sort. Légèrement en retrait, il relève la tête vers Sera. Ses yeux luisent d'une lueur de colère. Même s'il est prêt à faire acte de repentance, la rage gronde encore en lui. Si je le laissais faire, il déferlerait sa haine et se vengerait d'elle et de tous les anges qui l'ont trahi.
Il ne doit pas en arriver là
Je dois tout faire pour que cela n'arrive pas.
Adam doit comprendre que Sera œuvrait pour son bien en le punissant.
— Adam ? l'appelé-je.
— Jdueiozjehydudb
Mais encore ?
Il croise les bras de mécontentement, comme un gosse que l'on oblige à s'excuser. C'est quand même un comble pour un ange de ne pas savoir demander pardon. J'attends, telle une maîtresse d'école devant un élève particulièrement difficile. Une main sur son épaule, je me veux encourageante.
— Allez, Adam.
— Bon, très bien.
Il prend une forte inspiration. Je sais combien cela lui coûte. Sera et tous les autres anges du grand conseil sont réunis. Ils sont tous alignés sur la droite. Sur la gauche se trouvent les démons.
— Ce n'était pas gentil de ma part de vouloir vous exterminer ! Voilà. Salut.
— Adaaaaaaaam.
J'appuie ma main sur son épaule, quitte à planter mes ongles. Je le sens se crisper. Décidément, c'est si facile de dire « désolé » ? On dirait que ça va lui trouer le cul de s'excuser !
— Je vous demande pardon et vous prie de bien vouloir me pardonner, finit-il par marmonner. J'ai commis une erreur et je m'en excuse.
— Excuse refusée !
Un démon frappe sur la table. Je le reconnais, il s'agit de Vox, le démon de la télévision. Alastor, qui m'a accompagné, et se tient assis à deux chaises de lui, tourne son monocle vers lui.
— Je soutiens Vox.
Quoi ? Comment ça ?
— Pardon ? m'exclamé-je. Alastor ! Tu es de mon côté d'habitude !
— Désolé Charlie, mais je déteste cet homme. Je suis pour sa damnation éternelle.
— Si on le laisse retourner au Paradis, je ne lui donne pas une semaine avant de nous exterminer, hurle un autre démon. Ce sera une purge.
— Je ne le ferai pas. Je le jure.
Adam lève sa main, puis crache dedans.
— Juré, craché.
Il abaisse sa main.
— Du moins, pas tout de suite, ajoute-t-il dans un murmure.
— C'est un menteur ! s'insurge Vox.
— Nous ferions mieux de le découper en rondelle et de le faire manger aux œufs de Sir Pentious, déclare calmement Alastor. Sinon, Angel peut aussi l'attacher. Je crois qu'il des cordes.
— Bonne idée ! ricane Vox.
— Allons, messieurs ! Calmez-vous.
Je tente de ramener le calme et l'attention de l'assemblée. Ils se dispersent. Cela ne va pas du tout. Nous sommes là pour le pardon et la rédemption, pas pour la vengeance bon sang de bonsoir.
— Nous sommes prêts à examiner la demande de Charlie Morningstar, déclare finalement Sera. Adam, serais-tu d'accord pour que le Hazbin Hôtel devienne un pont entre nos deux mondes ?
— Mmmmmmm.... Mouais.
— Tu vois ! s'exclame Alastor. C'est un menteur. Il ne changera jamais. Tout cela n'a servi à rien.
— Moi je dis : brûlons-le ! cri Vox.
— BRÛLONS-LE ! reprennent les démons en chœur.
Adam soupire.
— Laisse tomber, Charlie, cela ne sert à rien. Ils ne m'aiment pas.
Mon cœur se serre. Je ne peux pas le laisser croire que je l'abandonne. Toutes les âmes méritent une seconde chance et d'être sauvée. Quand il l'aura compris, il adhérera d'autant plus à mon projet d'hôtel-rédemption.
— Adam ! m'agacé-je. Si nous devons te faire confiance, on a besoin d'une vraie preuve de repentance. Alors arrête de faire l'enfant et bouge ton cul.
Adam cligne des yeux, estomaqué que j'ai osé lui parler sur ce ton. Et bien quoi ? Je commence à en avoir assez que l'on me mette des bâtons dans les roues. Je suis là princesse des Enfers et je veux que mon projet FONCTIONNE !
— ADAM ! insisté-je.
Face à la force de ma voix (ou peut être la part de pouvoir provenant de mon père) tout le monde se recroqueville sur sa chaise. Les voix se taisent, les démons cessent de s'enguirlander et les anges hochent la tête, visiblement ravis que je leur ai cloué le bec. Alastor arque un sourcil, intrigué et Vox se met à grésiller.
— Qu'est-ce qui nous prouve que tu as changé ? demande Alastor.
Adam s'enferme dans le silence.
Une minute.
Deux minutes.
— ADAM ! exigé-je.
— Bon très bien : je vais vous rendre Lilith.
Stupeur dans l'Assemblée.
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