Chapitre 16 - À coeur ouvert (Charlie)

Je me dirige vers la chambre d'Adam. Depuis qu'il est rentré du palais, il demeure enfermé. J'ai peur qu'il se laisse mourir de faim (métaphoriquement, parce qu'en soi, il ne peut pas mourir). Angel m'a dit je ferai mieux de le laisser dans sa merde. Il lui en veut beaucoup et je le comprends. Adam a fait capoter tous ses espoirs et il est obligé de continuer à d'obéir à Valentino à cause de cela. Hust s'est remis à jouer aux jeux de cartes et a perdu beaucoup d'argent. Tous les deux sont très défaitistes. Ils ne pensent pas qu'Adam changera. Alastor voudrait le torturer et Sir Pentious a proposé de lui arracher les ongles, puis de le faire dévorer et recracher par ses œufs. Heureusement, j'ai stoppé leurs idées loufoques et déclaré que je pouvais le convaincre.

Mes amis me font confiance, je peux y arriver.

Armée d'un plateau rempli de denrées et de ma détermination à toute épreuve, je frappe contre sa porte, un peu angoissée.

— QUOI ? s'écrie-t-il.

— C'est Charlie ! lancé-je. Je t'apporte à manger.

— J'ai pas faim.

— Oh, allez ! Ça va te faire du bien.

Je ne sais pas ce que lui a fait mon père, mais il a l'air sacrément déprimé. On dirait une jeune première, en mal d'amour, à qui on vient de briser le cœur.

Sans attendre son consentement, je pousse la porte et entre. Je trouve Adam allongé dans son lit, sous ses couvertures, roulé en boule. Ah ! Mais il déprime vraiment en fait ?! Je pose le plateau sur la table de chevet et m'avance vers lui.

— Tu veux en parler ?

— Non.

Bon...

Pourtant, je sens qu'il en a besoin. Je m'assois à côté de lui sur le lit malgré ses grognements et lui tend un donut. Il donne un coup dans le gâteau qui tombe par terre.

Tant pis.

— C'est à cause de mon père ? demandé-je.

— Non.

— De ma mère alors ?

— Ta famille me fait chier ! grogne-t-il. Mes anges m'ont damné. Je déteste vivre ici. Je me sens seul et abandonné.

Oh !  Pauvre chou. Malgré moi, j'éprouve de la peine pour lui. Je sais que je devrais le haïr, surtout après l'extermination avancée, la destruction de mon hôtel, son refus de m'écouter et ses humiliations. Mais je n'y arrive pas. Je suis comme cela : je vois toujours le positif chez les gens.

— Tu as besoin d'une petite séance de psy ? proposé-je en prenant un donut.

Il est sucré et délicieux. Dommage qu'Adam n'en veuille pas.

— Une séance psy ? répète-t-il en ouvrant un iris jaune.

— Je suis douée pour écouter.

Il se met à ricaner. Il n'y a pourtant rien de drôle dans ma proposition. Je suis très sérieuse. Sa tête ressort de sous la couverture.

— C'est quoi l'embrouille ? grogne-t-il.

Je soupire. Les gens ne comprennent pas que je suis juste comme ça : pleine d'empathie, altruiste, généreuse. J'ai envie d'aider. Je sais que ce n'est pas courant pour un démon, mais cela a toujours été ainsi. On croit à tort que les démons sont mauvais, mais ce n'est pas si simple. La vie ne se découpe pas entre le bien et le mal, le blanc et le noir. Une personne non plus. On est fait de qualités et de défauts. Un démon n'est pas juste un être mauvais, c'est quelqu'un qui a commis des méfaits, des erreurs, qui a des travers, qui n'est pas parfait. Et quand je vois les anges, je me dis que si pour être parfait, il faut être comme eux, cela ne donne pas envie. Je préfère une personne qui fait de son mieux, plutôt qu'un être prétendument parfait qui se révèle hypocrite.

Mais ça, ils ont du mal à le comprendre.

— Je suis sincère, reprend-je. Il n'y a pas d'embrouilles. Tu as l'air d'aller mal, donc si j'ai envie de t'aider.

— Laisse tomber.

Il disparaît sous la couette. Je ne bouge pas et m'installe contre les coussins. Il va finir par parler, je le sais. Tout le monde a besoin de se confier. Au bout d'un moment, je l'entends demander :

— Tu comptes rester là longtemps ?

Je hoche la tête et reprend un donut's.

— Oui, parce que tu en as besoin. Tu as l'air triste et je n'aime pas voir mes amis tristes.

— On n'est pas amis.

— Mes clients si tu préfères.

Il marmonne encore, puis ressort de la couette et consent à s'asseoir.

— Si je te dis tout, tu promets de ne rien répéter à Lucifer ?

— Promis.

— Ni aux autres ?

— Motus et bouche cousue.

Sauf à Vaggie, parce que je dis tout à Vaggie. Mais il n'a pas besoin de le savoir.

— Alors ? insisté-je.

Je le vois hésiter alors je lui souris. Je veux le mettre en confiance. Son regard m'évite, puis finalement :

— Je suis amoureux de ton père depuis deux mille ans, mais il ne m'aime pas. J'ai accepté de signer un pacte avec lui, et en échange, je dois lui ramener ta mère, sauf je ne veux pas. Tu vois, je te l'ai dit : ta famille me fait chier.

— Oh, je voi... ATTENDS QUOI ?

Une seconde ? Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

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