Chapitre 1 : Haysling,

Ou la découverte du monde magique, un monde aussi attirant que repoussant...


Le lendemain matin de cet étrange rêve, je me réveillais en toute quiétude, sans nul souvenir de celui-ci, malgré cette immense sensation d'oublier un important détail. Un détail que je ne pouvais songer, transporté et animé par les festivités liées à mon anniversaire.

Je fêtais mes seize ans avec ma famille toute entière. C'était divertissant et enrichissant ; j'étais content des présents reçus, en l'occurrence mes nouveaux habits super stylés.

Malgré tout, je ne vivais que physiquement l'action, je ne vivais pas véritablement le moment présent, avec l'étrange impression que mon esprit devrait être ailleurs. Cette sensation d'oublier quelque chose de la plus grande importance devenait une véritable obsession.

Au fur et à mesure que la journée se poursuivait, plus les brides oniriques devenaient claires, plus je me rappelais tout.

Une fois que la liesse fut épuisée, les mets de tous horizons consommés, ou autrement dit que la fête se clôture, les invités repartirent un à un jusqu'à qu'il ne reste plus que ma famille proche : ma mère, mon père, ma petite sœur.

De coutume, nous ne mangions pas le soir puisque le repas du midi s'était éternisé, le ventre déjà bien rempli. De toute manière, je n'aurais rien pu avaler de plus, la sérénité m'ayant quitté, remplacée par l'inquiétude... Je me souvenais du rêve de la nuit précédente, je savais de source sûre que la voix serait là, à m'attendre.

Plus la nuit approchait, plus l'inquiétude grimpait.

Toutefois, je ne me couchais pas tard. Ne vous méprenez pas, j'étais persuadé que je n'allais pas pouvoir m'endormir. Je me voyais, piqué par une insomnie, rouler sur moi-même en essayant trouver une bonne position, mon cerveau encore en ébullition avec toutes ces réflexions.

Je fus alors sacrément étonné que lorsque j'eus posé mes pieds sur le lit, un sentiment de plénitude s'éveilla au plus profond de moi-même. Ce sentiment de béatitude m'enivra, me poussant à rapidement me glisser sous la couette.

Et en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, ou le croire, je fus fauché par le sommeil. Mes yeux se fermèrent progressivement et je sombrais dans le monde des songes...

L'instant suivant, je réapparus dans cette étrange pièce blanche aux murs noirs avec la fameuse porte qui me faisait face de toute sa hauteur. On aurait presque dit que ce n'était qu'une surface lumineuse entourée par des ombres ténébreuses. Ce même décor que la nuit précédente.

Encore ce même rêve... Ah non, pas tout à fait, me dis-je spontanément avant de me rattraper.

Il y avait un unique changement : Une grande adolescente au teint pâle, mesurant au moins un mètre soixante-dix, avec de longs cheveux blond platine ainsi que des yeux bleus renversants, s'approchait de moi, et une autre adolescente plus petite, métisse, mesurant près d'un mètre soixante, aux cheveux ténébreux divisés en deux nattes, me toisait d'un air malicieux avec ses yeux noisette.

Sans nul doute, la première était la huitième merveille du monde et la seconde était la descendante cachée d'Albert Einstein.

— Damien ! lancèrent les deux jeunes femmes, dans un bel ensemble enthousiaste.

Leïla, Tanya ! répliquai-je, feintant le même entrain qu'elles.

Évidemment, ces fabuleuses femmes, je les connaissais. C'étaient mes meilleures amies, Leïla Carter et Tanya Evans. Que faisaient-elles ici, dans mon rêve ?

Je n'eus guère le temps de discuter sur la question comme une voix venait de se faire entendre.

— Tu es en retard cher ami, persifla la Voix, sans pour autant que sa bienveillance ne quitte son ton. Je suis tout de même heureux de te revoir.

Mes amies n'eurent aucune réaction particulière, comme si elles n'avaient point entendu la Voix.

Une fois nos retrouvailles terminées – vraiment étranges avouons-le –, nous nous regardions, troublés et décontenancés, ne sachant quoi faire si ce n'était tourné en rond...

Jusqu'à ce qu'une prochaine apparition se déclare pour permettre la progression de ce rêve bizarre. D'ailleurs, elle ne se fit point attendre : Sans crier gars, la Porte se mit à parler, d'une voix rauque et caverneuse, suivant les mouvements des yeux et de la bouche dessinés sur son armature, brisant le silence :

— Trouvez la Clé, et vous rentrerez.

Nos yeux parlèrent pour nous, entièrement muets, jusqu'à ce que la jolie blonde brise ce mutisme qui s'était installé.

— De quelle clé parle-t-elle ? Et qu'est-ce que nous faisons ici ? déblatéra Leïla, prête à crever l'abcès.

— Je ne sais pas... je réfléchie, répondit Tanya, évasive.

Mes amies attendaient patiemment ma réponse. Je regardais la pièce de fond en comble, inquiet, des milliards de questions défilant dans mon esprit. Ce moment de panique intense ne dura que quelque dizaine de secondes, mais il me parut une éternité.

Reprenant mon calme peu à peu, ayant alors fait mon choix, je les regardais, m'apprêtant enfin à leur répondre :

— Je crois savoir de quoi elle parle... dis-je d'une voix la plus assurée que je le pouvais à cet instant précis, en sortant la clé de ma poche. Je vous expliquerai plus tard.

La clé d'or avait trois barres sur la branche, ou six, tout dépendait comment on les comptait, comme elles dépassaient des deux côtés. L'extrémité ressemblait à une plume.

J'insérais délicatement la clé dans l'ouverture que la Porte me proposa. Je tournais la clé et la grande porte s'ouvrit... sur une jaillissante lumière.

Nous nous approchions lentement, craintifs. Toutefois, contre toute attente, une bourrasque nous emporta à l'intérieur

— Bonne chance, et bon courage... eh, eh. Vous en aurez grandement besoin ! encouragea la Porte, désormais ouverte en deux.

Je ne le savais pas encore mais je venais de condamner mes amies dans cette même quête onirique.

Une fois le bassin de lumière traversée, nous faisions la rencontre avec un ciel bleu, ressemblant en tout point au nôtre, si ce n'était que les nuages paraissaient beaucoup plus moelleux. Et qu'il y avait une planète blanche dans le ciel aussi, ou un cocon nuageux, produisant des nuages, mais très loin à l'horizon. Oui, nous nous découvrions en pleine chute libre, une chute nous conduisant à une vitesse hallucinante et dangereuse vers une contrée sylvestre.

Nous tombions, et, rien ne pouvait nous retenir. C'était... effrayant.

Tout à coup, je m'étais senti enveloppé d'une douce chaleur, comme si une puissance inconnue s'éveillait en moi. Je supposais que les autres l'avaient également ressentie.

À l'origine, j'imaginais que c'était l'adrénaline causée par la chute.

Pour autant, cela ne changeait pas le moins du monde notre situation critique : nous fusions de plus en plus vite vers ce sol qui s'approchait si dangereusement.

On va s'écraser ! Faut qu'on trouve une solution ! s'écria Leïla, tandis que la panique prenait possession de mon corps.

La situation devient critique, oui. S'il n'y a pas de solution, va falloir se tenir le plus possible à l'horizontal en espérant que les feuillages atténueront notre chute... proposa Tanya, guère plus rassurée, mais maîtrisant davantage ses moyens.

Alors que nous nous tenions à l'horizontal, les bras écartés, en espérant ralentir notre chute, la petite voix se fit de nouveau entendre :

Alors, jeune homme, tu es enfin là, à Haysling...

Je trépigne d'impatience tellement il me tarde que tu arrives avec tes amis.

Ne t'inquiète surtout pas, la petite surprise arrive une fois que vous aurez mis pied à terre.

— Les amies... commençai-je, prêt à commenter les dires de cette dernière qui paraissait bien trop sereine vis-à-vis de notre survie à cette chute.

La voix me coupa immédiatement, comme si elle était en connaissance de mes pensées.

Tes amies ne peuvent pas m'entendre. Nous sommes sur un canal privé que nulle ne peut altérer ou pirater. Un lien télépathique, expliqué de manière affreusement grossière.

J'acquiesçais, gardant l'information bien précieusement dans ma mémoire.

— Oui ?! répliquèrent-elles alors, en écho, peu rassurées, pour une fois.

— Vous inquiétez pas, on est dans un monde magique du nom d'Haysling... On peut pas mourir, dis-je d'une voix rassurante, en espérant que ce soit le cas.

— D'accord, je... je crois en toi, répondit Leïla, simplement.

Elle n'était peut-être pas convaincue, parce qu'elles étaient tous deux terrifiées, mais son léger sourire me transmettait son sentiment de confiance totale en moi.

Leurs réactions étaient bien trop réalistes pour un rêve... Dans un rêve, personne ne peut craindre de mourir puisque nous y sommes immortels... Est-ce que ça voudrait dire que ? Non ! Elles aussi ?!

Désormais, il ne restait qu'une petite dizaine de mètres avant le crash...

Nous nous tenions les mains, et fermions les yeux, terrifiés à l'idée de s'écraser.

L'impact allait être mortel...

3... 2... 1...

BOUM !


Euh...

Stop.

Attendez...

Comme par magie, la vitesse vint à se réduire progressivement, descendant tranquillement. Comme si ce monde nous reconnaissait comme masses organiques, attirés par son champ magnétique. Nous posions pieds à terre avec légèreté, comme si ce monde nous accueillait.

Le sentiment de puissance réapparut de manière décuplée, se dégageant de tous nos pores.

Par exemple, dès que Leïla mit pied à terre... sa robe violette se métamorphosa en une armure d'argent, brillante et légère, et une épée conservée dans un fourreau en cuivre au niveau de la ceinture apparut pour finaliser son tour d'attributions.

Leïla Carter était devenue une Guerrière !

Ou alors, dès que Tanya mit pied à terre... son T-shirt fauve à manches longues et son jean rouge foncé furent troqué pour une tenue de camouflage, pouvant ainsi mieux se fondre dans la nature, recouverte par une veste marronne avec de grandes poches. Un carquois de bois chargé à bloc en flèches simples apparut dans son dos, accompagné d'un petit arc, sanglés autour de son buste.

Tanya Evans était devenue une Chasseuse !

Pour autant, dès que moi, Damien Williams, mis pied à terre... Ben... il ne se passa rien. Absolument rien. J'étais terriblement ennuyé, mes amies s'amusaient avec leurs nouveaux jouets, et moi je n'avais rien ! C'était quelque peu énervant, surtout qu'en prime, je ressentais encore avec une extrême intensité le sentiment de puissance donné par ce monde inconnu à notre arrivée.

Je balayais du regard le terrain autour de nous. Une plaine avec quelques arbres et des rochers, entourée par de grandes forêts. Plus spécifiquement, mon regard fut attiré par cette pierre carrée, désireux de m'asseoir dessus.

Même si je n'étais pas spécialement violent, concentrant ma frustration au cœur de moi, je balançais ma main effectuant un geste beaucoup plus précis que je ne l'imaginais au sein de cette désinvolture. En effet, une sphère enflammée vint à jaillir de ma main en direction de la pierre... qui explosa en mille morceaux, faisant échappée une sombre fumée.

Je sursautais d'au moins deux mètres en arrière, une surprise clairement visible sur mon visage.

Mais, mais... c'est quoi ça ? m'égosillais-je, les yeux exorbités.

Bouche bée, mes amies me questionnèrent, divisées entre l'étonnement et l'admiration :

— C'est... c'est toi qui a fait ça ?!

— Oui... répondis-je, honteux, ne sachant plus où me mettre.

— C'est ça ton pouvoir, tu pratiques le feu... C'est trop bien ! s'exclama Leïla, enjouée.

— Tu es un Élémentaire, une personne qui pratique un ou plusieurs des Quatre Éléments. Y'a plus qu'à voir si tu développes d'autres pouvoirs à l'avenir... Parce que si tu peux manier les quatre et que tu parviens à les contrôler à la perfection, ça peut être titanesque ! affirma Tanya, explicative et bluffée.

— Ah ouais, d'accord... C'est surprenant... surtout quand ça vient de soi, répondis-je, ébahi.

Je venais de réaliser durant cet instant, pourquoi nous étions si importants pour la petite voix.

Regardant autour de nous, nous primes la décision de suivre l'unique chemin qui se révélait à nous, afin de visiter ce nouveau monde.

Je pris, ma foi, la décision personnelle de retarder l'inévitable. Plus tard, je les avertirai du danger qui nous guette au sein de ce lieu fantaisiste. (Orf, orf ! C'est beau le déni. En réalité, je nourrissais encore l'espoir que j'allais sincèrement et prochainement me réveiller...)

Une fois la plaine traversée ainsi que quelques biomes sylvestres, notre route nous conduisit vers une forêt beaucoup plus dense.

Contre toute attente, il semblerait que nous avions changé de contrée. Le sol n'était plus de la terre meuble mais une matière étrange et mauve. La forêt n'était plus comme les petites forêts pleines de vitalité, elle était désormais sombre et terrifiante, habitée par des arbres morts ou des végétaux habillés d'un épais habit noir. Cela n'avait absolument rien à voir avec les verdoyantes forêts sylvestres où nous étions arrivés dans ce monde inconnu.

Ah, et un détail qui avait toute son importance en vue de notre trouble : la nuit venait de s'abattre en un mouvement, dès lors que nous étions entrés dans cette contrée, renforçant le caractère lugubre de l'endroit.

C'est pas très rassurant comme endroit, lâcha Leïla, aux aguets, en se mordant les lèvres.

Vous pensez qu'il y a des monstres ici...? s'enquit Tanya, toute aussi attentive à son environnement. J'espère vraiment que nous allons retrouver notre chemin, retrouver les forêts...

J'espère aussi. Mais vous inquiétez pas, on est tous ensemble, on va y arriver. Suffit juste d'être prudents.

Je sentais l'angoisse parmi mes amies, je tâchais alors de rester confiant pour être leur point de repère, leur phare de lumière parmi les ténèbres.

Mais, il fallait bien l'avouer : nous étions totalement perdus.

Pour braver l'obscurité, elles désiraient que je fasse de nouveau jaillir une sphère flamboyante de mes mains pour éclairer notre chemin.

Je vais essayer, dis-je en hochant la tête.

J'essayais, la main tendue devant moi qui tremblait sous l'effort de la concentration. J'avais même les yeux fermés.

Mais rien ne se produisit.

La panique annihilait toute forme de pouvoir. Mais ce n'était pas n'importe quelle forme de panique, c'était celle de blesser autrui et en particulier ses amis. Dans l'immédiat, je craignais mes pouvoirs. Je ne voulais pas déclencher un incendie qui risquerait de tuer mes copines.

Poliment, face à la difficulté que l'exercice m'opposait, j'avais alors refusé, désireux de ne prendre aucun risque. Par ailleurs, je ne voulais pas risquer d'exprimer ma peur pour ne pas discréditer mon rôle de guide assuré.

Ce rôle... tout le décor semblait s'être ligué pour le discréditer. Le vent agissait comme des murmures lugubres à nos oreilles, la brume livide jouait avec nos sens et imaginait des ombres à l'horizon du sentier, les arbres semblaient s'offrir à une danse macabre ou alors donnaient l'impression de se déplacer et... plus nous marchions, en quête de retrouver notre chemin, plus nous entendions des branches craquées. De plus en plus fréquemment, de plus en plus fortement, ce n'était point rassurant.

Notre sentier nous mena à une clairière. Sous la clarté de la Lune, le sol donnait l'impression de luire et les feuilles bleu turquoise des arbres environnants scintillaient.

Ce silence anormalement apparut, nous aurions presque pu nous poser et admirer ce décor fabuleux.

Contre toute attente, les bruits de la forêt sombre se firent encore plus forts. Puis, quatre formes surgirent des buissons aux feuillages bruns.

La blancheur de la Lune nous dévoila progressivement de grandes silhouettes, presque squelettiques, au teint si blafard qu'il contrastait avec les veines grises si épaisses, de longs cheveux grisâtres flottant au vent, des yeux rouges nous toisant avec cruauté, et une bouche où traînait encore une marque rouge virant jusqu'au menton démontrant leurs airs affamés. J'aperçus leurs canines acérées, et descendant mon regard, regardais avec effroi les longs ongles tranchants dont leurs mains étaient dotées. Nous étions face à des prédateurs redoutables qui semblaient inévitablement nous avoir choisi comme dessert.

Les vampires fondirent sur nous, prêts à nous dévorer.

Peut-être que je faisais le fort jusque-là, mais à cet instant, je ne pus me retenir d'hurler.

Leïla brandit instinctivement son épée et repoussa le vampire qui s'était jeté sur moi.

Tanya tendit son arc, une main dans son carquois, et décocha une flèche illico presto qui fusa dans le ventre d'un vampire adjacent. Ensuite, elle se débattit contre deux vampires, dont l'un qu'elle avait elle-même blessé, limpidement acculée.

En parallèle, Leïla livrait une bataille sans merci contre un autre vampire. D'accord, ses gestes paraissaient plutôt barbares et incontrôlés, mais rappelons qu'elle s'était vue possédée d'une épée très récemment. Pour Tanya, cela semblait légèrement plus maîtrisée car l'art du tir à l'arc obligeait.

Et moi, n'en parlions pas. Mais cela restait tout de même le mérite d'être efficace. Un vampire s'apprêtait à fondre sur la jolie blonde, alors je le devançais en lui sautant dessus. Je parvins à le déséquilibrer quelques instants même s'il reprit rapidement le dessus.

Après ce limpide corps à corps à mains nues, il me fit trébucher au sol.

Je tentais désespérément de le repousser, encore plus répugné par la bave dégoulinant de sa bouche sur mon torse, écartant au mieux ses ongles acérés déterminés à me faucher.

Tanya était, quant à elle, une archère. Et une archère n'était point à son avantage lors d'un combat rapproché. Je pouvais juger autant que je voulais. Je n'étais guère mieux. Je resterais en mauvaise posture tant que je refuserais catégoriquement de faire jaillir mon pouvoir.

Leïla se révélait être donc la seule personne à pouvoir nous sortir de cette mouise dans laquelle nous étions tombés par méconnaissance complète du terrain.

— Leïla, fais quelque chose ! lui criais-je, avec la voix la plus assurée que je pouvais.

— Da... D'accord ! grinça-t-elle, tout en se débattant.

Face à la détresse de ses amis, un regain d'énergie l'anima et tout en concentrant ses efforts, elle réussit à repousser le vampire. Encore chancelante, elle tournoya maladroitement sur elle-même jusqu'à ce qu'elle atteigne Tanya afin de la libérer de cette étreinte mortelle.

Désormais, il fallait agir vite.

Leïla se retrouvera rapidement submergée, les trois survivants sur le dos.

Tanya décocha alors ses flèches, de manière hésitante. Cette hésitation se traduisit par une démonstration controversée puisque la moitié des flèches ne touchèrent pas les cibles choisies.

Elles se retrouvèrent rapidement acculées. Tanya se sentit obligée de sortir le petit poignard glissé dans une de ses poches – découvert dans le hasard précipité de la nécessité –, pour soutenir sa sœur de cœur.

Durant ce temps, je luttais ardemment mais surtout atrocement contre le vampire sur moi, à deux doigts de me mordre.

Peu de temps après, les filles se regardèrent, traversées par la même idée, et apostrophèrent dans un bel ensemble, appelant à l'aide :

— Damien...

— Oui ?

— Fais quelque chose ! Sauve-nous ! s'il-te-plaît !

— Allez, Williams, fais pas l'idiot ! Balance la sauce ! ajouta Tanya, plus persuasive.

Poussé par la Voix, je sentis immédiatement une chaleur émanée de mon corps jusqu'à ce qu'il se mette à bouillir. Mon corps était devenu si chaud qu'il en brûla presque le glacial vampire, tellement je carbonisais de l'intérieur.

Je relâchais les flammes de ma main en contact avec le cou du vampire, lui arrachant irrémédiablement un morceau de peau à cette endroit-ci ainsi que de la joue, fondant partiellement entre mes doigts. Hum, délicieux !

L'être malfaisant recula, les mains sur la brûlure, hurlant sa tourmente.

Ensuite, je me tournais vers les autres vampires, ressentant mon pouvoir flamboyant couler dans mes veines, et... la puissance jaillit. Une déflagration s'échappa aux creux de mes mains en direction de nos assaillants. Mon pouvoir avait dû échapper à mon contrôle puisqu'il s'attaquait presque aux arbres aux feuilles bleues scintillantes de la clairière.

Face à ce torrent de flammes, les vampires ne survécurent pas. Ou alors, pour les quelques miraculés, ils étaient mortellement blessés et ils jugèrent préférables de se faire oublier et prendre la poudre d'escampette.

— Oups... Décidément, c'est soit pas assez, soit c'est trop ! m'écriais-je, entre la nervosité et le rire.

— Je le disais bien, ton pouvoir est surpuissant, mi amigo ! lança Tanya, en hochant positivement la tête.

— C'était vraiment spectaculaire. Par contre, il faudrait y aller, ça crame et ça se propage, intervint Leïla, fixant les flammes avec attention.

— Effectivement, j'allais le dire. Courons ! renchérit la jeune métisse, entraînant ses amis loin de l'incendie.

Tanya nous entraîna hors de la clairière, nous faisant courir à toutes jambes pour ne pas s'inquiéter de perdre malencontreusement une mèche de cheveux.

À force de courir, nous avions changé d'environnement, même si nous étions toujours dans la contrée obscure. Pour atteindre ce nouvel endroit, nous avions traversé une imposante ceinture de buissons d'ambre sombre aux reflets d'or. Désormais, nous marchions sur un sol noir meuble, chaque pas s'illuminant d'une douce lumière vert clair. Nous découvrions une petite fontaine, prenant sa source dans une espèce de petite montagne – vraiment petite, ne dépassant point les trois, quatre, mètres – de pierre sombrement violette où jaillissait une eau bleu polaire d'une clarté sans pareille. Elle semblait si claire et contrastait parfaitement avec ce décor si sombre et scintillant que l'on pourrait croire qu'elle était illuminée.

Par ailleurs, cette douce brise était agréable dans ce cadre calme et reposant. C'était magnifique.

Déshydratés, nous fusions dans le petit bassin cloisonné de petits rochers ornés de minerais de lapis-lazuli luxuriante, sans craindre d'être épiés par des voyeurs avec cette ceinture de buisson ambrée, et nous nous abreuvions. Sans élégance, mais avec une grande passion !

Lorsque tout à coup, des hurlements bestiaux tranchèrent le silence alentour, appelant les deux Lunes brillantes. Des Lunes qui passaient du jaune à l'orange ou au rouge, voire en tricolore, en un clin d'œil...

Le sol tremblait. En vue des vibrations, cela approchait, nous le sentions de manière perceptible.

Ils ont peut-être, eux aussi, envie de boire... dis-je, l'air de rien.

— Peut-être que nous devrions fuir, songea l'archère, à haute voix, avec une sûreté mitigée.

Leïla et moi lui confirmions l'idée, et nous nous étions remis à courir.

Les ombres, beaucoup plus élancés et mieux proportionnés, fusaient à travers les arbres touffus. Nous étions pris en chasse.

Dans la plus totale des ignorances, nous nous dirigions vers l'Ouest. (Cette information n'a peut-être pas d'importance à l'heure actuelle, mais elle en aura plus tard, soyez en sûr !) C'était peu dire, nous étions bloqués dans un cul-de-sac, enfermés dans un U montagneux.

Désormais à découverts, hors de cette forêt sombre, la meute de loups-garous noirs nous encercla. Deux en position sur les deux extrémités du U en haut, deux sur le niveau intermédiaire légèrement plus proches de nous, et les deux devant nous au plus bas. L'Alpha était facilement reconnaissable par ses griffures rouge écarlate sur son visage et sous forme de croix sur le torse. Également, il avait les yeux vairons, jaune et orange, tandis que les autres possédaient une paire de yeux violets.

Griffes et crocs en avant, les quatre devant nous avancèrent tandis que les plus éloignés et les plus hauts semblaient monter la garde sur leur festin.

Les deux premiers loups noirs levèrent leurs pattes, ouvrant la gueule, prêts à nous arracher la vie.

Instinctivement, Tanya tenta de décocher une flèche, malgré cette fichue pression qui la rendait maladroite. Qui nous rendait maladroits, je n'étais guère mieux avec mon incendie.

Les loups-garous en première ligne bondirent.

Alors, la personne la plus courageuse se dressa devant nous pour nous protéger. Leïla Carter brandit son épée, prête à défendre les siens.

Et tel un film, la scène s'assombrit et un écran noir apparaît...



Cette information n'a peut-être pas d'importance à l'heure actuelle, mais elle en aura plus tard, soyez en sûr !

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