Chapitre 5 (partie 4)

Je sais, ce sont de très petits chapitres pas du tout dans mes habitudes, mais je ne peux plus éditer... pour l'instant... on dirait que l'accessibilité Wattpadienne fait encore des siennes...




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     Sara s'est à peine calmée lorsque mon téléphone sonne. C'est Axel qui veut savoir pourquoi « je niaise encore là-bas avec la détective s'il y a des traces évidentes du passage de Dorion ».

     Je me suis isolé près de la dompe-mobile tandis que Sara voit aux terre-neuve et je laisse le chef déverser son fiel. Ça ne sert à rien de riposter, je connais assez mon collègue pour ne pas jeter de l'huile sur le feu en tentant de le raisonner. Seul Nick a la capacité de le faire revenir sur terre et de toute évidence, il est occupé ailleurs.

     Je découpe une pomme en quartier et en tend un morceau au chien qui le prend avec une délicatesse surprenante. J'ai ma réponse, les chiens – du moins celui-ci – aiment les pommes.

     J'ai conscience du retour de Marchenko seulement lorsqu'elle m'arrache le téléphone des mains. Elle se fend d'un large sourire carnassier dès qu'elle aperçoit le visage courroucé d'Axel sur l'écran. Âgé de plusieurs siècles, Örtensson a une manière bien à lui d'utiliser les technologies modernes. Il n'a jamais vraiment adhéré au téléphone, mais dès que les communications vidéos ont fait leur apparition, il s'est mis en tête qu'il s'agissait de la meilleure innovation humaine après le pain tranché. Je suppose que, pour un ancien comme lui, une conversation adéquate passe autant par le visuel que l'auditif. Personnellement, je n'ai pas ce genre de problème, mais en même temps, je ne crois pas être aussi ancien que lui. Sinon, pourquoi mes souvenirs ne remonteraient-ils pas plus loin dans le temps?

     — Örtensson, demande Sara d'un ton suintant de menace.

     C'est beau de les voir s'affronter du regard. Surtout, de constater que Marchenko ne flanche pas devant mon chef.

     « Galaad, de quel trésor nous as-tu privé en disparaissant aussi tôt! »

     — Arrête de passer ta frustration sur mon coéquipier de la journée et laisse-nous travailler. Ce n'est pas le département des plaintes, ici. Tu gueules tellement fort qu'on doit t'entendre jusqu'en ville!

     Le regard du Néphel vaut de l'or! Je suis persuadé qu'il rêve de l'étrangler, même s'il s'agit de la fille de Côté et que contrairement à moi, il apprécie l'humaine. À bien y penser, Sara Marchenko est certainement la seule personne au monde qui peut se permettre de le remettre à sa place. Axel a beau avoir un sale caractère, il ne s'en prendra jamais à quelqu'un qu'il considère comme faible. En tant que fille de Côté et cible potentielle de Dorion, la détective n'a aucune chance d'être prise au sérieux tant qu'elle ne lui prouvera pas sa valeur.

     — Détective, dit Axel d'un ton glacial, il s'agit d'une conversation privée.

     — Non, s'oppose-t-elle. Une conversation, c'est lorsque des personnes échangent entre elles.

     La farouche me jette un coup d'œil en demandant:

     — Avais-tu autre chose à lui dire?

     Je secoue la tête en signe de négation. Alors, le plus calmement du monde, elle baisse à nouveau le regard sur l'écran.

     — Allez réviser vos compétences sociales, agent Örtensson.

     Sur ce, elle coupe l'appel, nous laissant sur l'image d'un Axel la bouche grande ouverte qui doit se retenir de ne pas balancer son téléphone au bout de ses bras. Elle n'a pas le temps de me rendre l'appareil qu'Axel rappel. Comme je me doute bien que les provocations de la détective n'auront rien fait pour améliorer son humeur, je décline et range le téléphone.

     — T'as pas le don de te faire des amis, toi, commenté-je.

     — J'ai déjà tout les amis qu'il me faut, riposte-t-elle, désinvolte. Et de toute manière, pourquoi voudrais-je de vous comme amis?

     « Galaad, ta fille est aussi directe que toi! »

     Je lui cède le point. Contrairement à d'autres, je sais reconnaître lorsque je suis vaincu.

     — Si nous faisions le tour du terrain ensemble, proposé-je. Peut-être trouverons-nous des indices?

     Elle acquiesce et allume la lampe-torche de son cellulaire. Je n'ai pas besoin de ce genre d'artifice, en fait, je vois beaucoup mieux dans l'obscurité que dans n'importe quelle autre contexte, mais puisque nous avons eu l'ordre de ne rien lui révélé de l'ampleur de la réalité, je dois jouer le jeu. Je l'imite donc et nous commençons à explorer le terrain.

     — Va-t-il également mettre des bâtons dans les roues de Vince? demande-t-elle soudain, l'air soucieux.

     — Non. Axel n'est pas du tout formé pour l'investigation de scène de crime.

     — Tant mieux.

     En tant normal, Nick et moi nous chargeons des scènes de crime. Avec ses sens de loup-garou et l'appuie de ses ancêtres aucune trace physique ne lui échappe. Je suis un peu son équivalent métaphysique avec mon talent pour suivre les pistes immatérielles et mon accès aux mémoires des lieux. Évidemment, tant que Sara doit rester dans l'ignorance, il m'est impossible d'accéder à mes pouvoirs. Il nous faut donc nous résoudre à des recherches plus mondaines et exténuantes.

     Nous tombons rapidement dans un rythme de travail agréable. Marchenko ne parle pas inutilement et je me sens confortable en sa présence. Elle est efficace et remarque tout, même ce qu'elle ne devrait pas voir.

     — Saunders! m'appelle-t-elle après une quinzaine de minutes.

     L'odeur, mais surtout la trace énergétique m'informe de ce qu'elle vient de trouvé avant même que je la rejoigne. Dorion est passé par ici. Je ressens et voit sa signature comme une tache d'huile, quelque chose de graisseux et tenace qui s'incruste dans l'air ambiant.

     — J'ai une trace bien claire, pratiquement parfaite, dit-elle lorsque je suis à sa hauteur.

     De quoi parle-t-elle? Je ressens, bien sûr, et je vois les résidus immatériels du passage du Vampire, mais sur le plan mondain, dans le spectre de ce que Sara devrait normalement être en mesure de détecter, il n'y a rien. À l'aide d'une branche morte, elle écarte le feuillage d'une fougère, révélant l'empreinte d'un pied gauche, magnifiquement dessiné.

     — Vince va tripper! dit-elle, prenant la trace en photo.

     Elle jette un coup d'œil en direction de mes bottes, comparant la taille.

     — Tu portes du combien?

     — Pas très grand.

     Elle sourit, plaçant son pied à distance raisonnable de la trace. Même chaussés de bottines de randonnées, ses pieds sont minuscules.

     — Il doit faire du 10, dis-je, pas tellement plus que moi.

     Nouveau coup d'œil sur mes bottes, puis elle hoche la tête.

     Le soleil couchant amplifie l'auburn de sa chevelure, la rendant magnifique. Sara-Sue Marchenko est dangereuse, beaucoup trop attirante pour mon propre bien. Je n'ai pas l'habitude d'être aussi à l'aise avec les inconnus et la détective est pratiquement une inconnue.

     Et soudain me vient une idée, et si je tentais ma chance? Si je lui proposais un peu de plaisir, une aventure amusante? Ce serait certainement une bonne manière de rompre le charme? Si je flirte avec elle, cela la rendra moins mystérieuse, moins attirante, j'en suis certain. Je me lasse généralement vite des femmes qui me plaisent. Au final, elles sont toutes banales, sans véritable intérêt et ne me divertissent qu'un court instant.

     Je sais déjà que je ne la laisse pas indifférente. J'ai remarqué ses frissons, les changements dans sa respiration lorsque mes doigts ont effleurés sa peau délicate.

Au moment où elle laisse retomber la branche qui cache l'emprunte de Dorion, ma décision est prise. Et lorsque son regard croise à nouveau le mien, je sais que ce voyage en vaudra la chandelle.


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