Chapitre 5 (partie 2)
Sara
Ce n'est pas normal, quelque chose cloche. Lucien n'a pas l'habitude de ne pas se montrer à l'arrivée de visiteurs, surtout lorsque les terre-neuve sonnent l'alerte. Ils me paraissent nerveux et inquiets et me suivent en couinant, ce qui n'est pas dans leurs habitudes.
Un bref coup d'œil en arrière me confirme ce que je soupçonnait, Saunders est entré sans moi. L'espèce de mâle arrogant, il ne paie rien pour attendre. J'ouvre le coffre contenant la nourriture des chiens et leur offre chacun une gamelle bien pleine. Pendant qu'ils se jettent comme des goinfres sur leur ration, je nettoie et remplis les bols d'eau. Molson et Labatt ont de la chance. Ils habitent une cabane super confortable. Comme la roulotte de Lucien est beaucoup trop petite pour y faire entrer de si gros chiens, il leur a confectionné un véritable palais. Les bol chauffants ne sont pas encore en marche, ce qui est normal car les nuits ne sont pas encore gelées.
Une fois Labatt et Molson tranquilles, je reviens vers la roulotte en joggant.
— SAUNDERS! m'écrié-je, irritée. Qu'est-ce qui n'était pas clair dans « attends-moi »?
Silencieux comme une ombre, il apparait dans l'embrasure juste avant que je n'entre. Je m'immobilise net, saisie. Cet homme est d'une beauté surprenante!
Pourquoi n'ai-je pas remarqué ça avant? Victoria travaille avec des top modèles, c'est pas sérieux!
Environ un mètre quatre vingt-cinq de grâce et d'élégance discrète me toise du pas de la porte. Si Axel et Nick sont des armoires à glace, Saunders possède une silhouette athlétique et svelte qui me fait davantage penser à Luka. Cheveux longs et sombres retenus en arrière, à peine l'ombre d'une barbe naissante marquant ses joues, il est doté des yeux les plus envoûtants qu'il m'ait été donné de croiser. Je sais que je m'empourpre sous son regard, visiblement affectée par le magnétisme qu'il dégage.
— C'est moi, l'autorité, ici, dis-je, furieuse.
Il se renfrogne et me bloque carrément le chemin, me faisant face avec arrogance.
— Eh bien, dans ce cas, tu devrais appeler des renforts, madame l'autorité, on a une scène de crime.
— Pardon! m'écrié-je, outrée.
Il me fait un geste du bras, m'invitant, avec une galanterie moqueuse, à entrer.
La nervosité m'étreint la poitrine alors que je me faufile près de lui. Je sens son regard comme une caresse sur ma peau. Comment vais-je pouvoir travailler avec une équipe pareille?
— Attention de ne pas tuer ta scène de crime, susurre-t-il à mon oreille, ton ami ne sera pas content.
Je fouille mes poches à la recherche d'un sachet de gants mais ne trouve que le sac de bacons de Dahlia.
— Merde! craché-je. J'ai vidée ma voiture pour la laisser au garage, je n'ai pas de gants.
Avec un léger sourire, Saunders plonge la main dans sa poche et en sort une paire neuve. Je ne suis pas trop certaine du pourquoi, mais il m'aide à les enfiler, les lissant de son mieux sur mes mains, ses yeux plongés dans les miens.
— Ils sont un peu trop grands, constate-t-il, mais ça ira pour l'instant.
Ses yeux! Oh my god, ses yeux!
Ce gris contient les abysses et le ciel tout en même temps, les orages, la tempête, mais aussi le calme, la paix. Je vais devoir me tenir loin de l'agent spécial, au prénom « top secret », sinon, je pourrais bien faire une folle de moi.
Je fais un pas en arrière et réussi à décrocher mon regard du sien. Avec des gestes décidé, il repasse derrière moi, sortant quelque chose d'autre de sa poche.
Un frisson me parcourt le corps lorsque ses doigts effleurent la fine peau de mon cou en rassemblant mes cheveux. Minh me répète toujours que je n'ai pas assez de vie sociale, que je devrais me trouver « un ou une amie » et « m'amuser un peu »; elle a peut-être raison finalement. J'aimerais vraiment comprendre pourquoi mon corps a attendu ce moment précis pour me rappeler l'inexistence de ma vie sexuelle.
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