Petit conte des rencontres magiques

« Quel silence ! » siffle le vent dans un chuchotement d'étonnement dérobé à un souffle d'inquiétude, comme si l'absence de son sonnait son propre glas. Se lever, se parer des volutes du mouvement, créer de l'air, du mystère, du tout à l'heure. « Vient mon ami. Ne reste pas ici, dit le vent. Il fait triste et lourd comme au bras des orages en épousailles. Ta peau ruisselle de sueur de ne rien faire. Va me chercher un souffle qui inspire et respire de soleil et d'une fraîcheur d'arbres aux feuilles vagabondes. »

« Quel silence ! » soupire, malheureux, le lit du torrent moite d'un été lointain, ou d'un hiver trop long pour que la pluie vienne emporter ces feuilles tombées là, d'un automne à son soir, comme couché dans un lit aux draps empesés, retournés par l'ennui avec son goût de fadeur aigre et salée de ces autres humeurs, là, ne s'accrochant pas même aux pensées de l'absence. « Ne reste pas ici, dit le lit de rivière creusé, Va t'en me chercher de la musique et des parfums enrubannés de saisons magnifiques dont tu ne connais plus le nom. Va ! Réveille ton matin de saveurs simples et douces. Songe à ces sources qui désaltèrent et étanchent la soif de toutes choses. »

« Quel silence ! » pleure un volet clos d'une fenêtre aux carreaux embués qui cache sa tristesse et sa misère de ne plus voir le ciel. « Sors de cette ombre qui enferme le monde dans un étui de poche de lunettes cassées, dit le volet. Va voir par là-bas, il y a des fruits dorées qui n'ont pas besoin des mérites de rêves illusoires pour masquer trop de peines. Crois-tu encore qu'ils viendront jusqu'ici chercher leur bonheur ? Va ! Ouvre ta maison et recouvre un peu de la lumière du bon que tu arrachais à la nuit. Je sais que, sous tes yeux, tu l'as vu se fracasser, et devant toi piétinée. Mais tiens-toi à cette foi : Humain et humain sont le même mot !L'humain est humain, et l'un ne saurait renier l'autre pour cause de quelques égarés. Chasse cet air vicié qui suffoque de ne plus respirer. Non, ils ne viendront pas jusqu'ici, les espoirs qui attendent dehors d'être visités, caressés, embrassés pour révéler les subtiles floraisons des chemins du voyageur. Car dans cette chambre recluse dans un puit si profond que rien ne vient lui arracher son linceul. Ici, rien ne saurait venir de soi-même contrarier ce nulle part. »

Alors, chagrin, je viens répondre au vent, à la rivière et au volet « Ô, monde des musiques de vivre et qui sont trop souvent au delà de mes frontières, parfois j'ai le cœur bien las, et l'âme abattue qu'à seulement imaginer de me lever, j'en ressens une fatigue qui se précède elle-même. Alors, sortir au dehors, me dites vous ? Je n'ai parfois pas même la force de regarder, de boire, de me lever et de sortir de ma tombe. » « Tais-toi protestent d'une seule voix vent, rivière et volet battant. « Trop souvent oui, mais pas aujourd'hui ! »

Et c'est alors que j'entends toquer à ma porte. Ils sont bien peu à connaître mon repère. Qui donc à su venir jusqu'ici ? « Du souffle, de l'air, de l'eau fraîche, de la lumière et des fruits dorés ! »

Il y a parfois de petites magies qu'on attends pourtant pas, mais qui savent nous dénicher un coin de rencontre et qui viennent nous étonner et nous surprendre. La vie est ici, disent-elles. Et c'est leur bienveillance qui change leurs instants qui font miracle d'un plaisir de vivre.

« Merci de m'avoir réveillé », dis-je à la dame des roseaux qui plient mais ne rompent pas.

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