Le vieux chêne

Parcourant les chemins,
D'anciennes forêts primaires,
Poussé dans les sous bois,
Flairant l'humus, la tourbière,
Je suis tombé sur toi.
Mon chêne, mon jasmin.

C'était, je crois, hier,
m'arrêtant à tes pieds,
Que tu recueillis mon lierre,
Mon parfum, mon pourpier,
M'abordant à ma lisière,
Tombé en mon bourbier.

Penché sur la rivière,
Pour y puiser lumière,
Ta branche saisit gracile,
En cet instant fragile,
Ma graine abandonnée
Dérivant à l'ombrée.

La liane et le roseau
Compagnons d'un instant,
Tombé de mon coteau,
Brancardé par le vent,
Courbez vous devant lui,
Inclinez votre cime,
Ce vieil arbre sans bruit
M'a rendu mon estime.

Ce trésor à lui rendre,
Je suis toujours tenu,
Un parfum à lui tendre
Sans plus de retenue.
Je dois pousser ma fleur,
Plus haute, plus jolie,
Grimper en ces hauteurs,
Déborder de folies,
Pour inventer l'odeur
Qui porte à ses frissons,
Soulager ses raideurs,
Apaiser ses tensions.

Car ce vieil arbre porte
Bien plus que de raison,
Bien loin des douleurs mortes,
La peur de l'oraison.
O, mon chêne, sois fier,
Avec toi, j'ai grandis,
J'ai quitté la tourbière,
J'ai retrouvé mon lit.

Et maintenant, bramez,
Animaux des sous bois,
Rugissez, roucoulez,
Faites vibrer la voix,
Qu'on sache de partout
Qu'il existe un amour
discret, subtil et doux
Qui n'est pas troubadour.

L'animal dit "je t'aime"
En faisant tant de bruit.
Ce vieux chêne fait de même
En vous donnant son fruit.
Sans rien dire, en silence,
C'est lui qui vous nourrit
N'attendant récompense
Qu'en essaimant sa vie.

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