L'écorcheur du mercredi *(🚫Avertissements à lire en fin de texte)

Nous sommes mercredi,
Il est bientôt minuit.
Le silence m'épie
Et me couvre de suie :

C'est son foutu rituel
Qui remue mon aigreur.
Il n'est pas ritournelle.
Il pue, il fait horreur !

Je suis là comme une ombre.
Je suis sale putain !
Cette heure toujours sombre
Ne prendra jamais fin.

Je le hais cet aimant
Je ne l'ai pas choisi.
Il me fait dégoûtant
Et je me hais aussi !

Arg, bon dieu que j'ai mal !
Souffrir encore autant !
Passera donc son pal,
Douleur me traversant ?

Oh ! salaud, je vomis
Sur tous ses descendants
Je sens que je faiblis
Tout en serrant les dents.

La lèvre a ses entailles,
Je la mords jusqu'au sang
Coulant sur mon poitrail
Il est chaud et brûlant.

Violence, ton engeance
En sera donc pourrie !
Je cracherai vengeance
Pour mon âme meurtrie.

Âme quitte mon corps.
Regarde froidement.
Tu te croyais si fort,
Tu n'es plus qu'un enfant.

Fumier, il te fais mal !
Et il croit que tu l'aimes ?
Douleur hurle son râle :
C'est le bruit de ta haine !

«Reprends-toi, misérable»,
Me dis-je, écorché,
«Fait semblant, comme fable,
Laisse croire en gaieté

Pour qu'il ne s'imagine
Planté au fond de toi
Que cette plaie sanguine
Soit signe d'un émoi !»

Je sais, je suis infâme :
«Prends sur toi et puis tait !»
La honte sur ton âme
Ne cessera jamais.

J'ai mal en mes entrailles.
Quand viendra donc la fin ?
Perdue est ma bataille.
Je rentre en mon écrin.

Oh seigneur, mon malheur
Connaîtra-t-il la paix ?
J'enrage de sueur
Gisant en grande plaie.

Oublier, je voudrais,
Tombé à fond de cale,
Pleurant pour ne jamais
Revivre ces escales.

Damné, j'ai tant de rage.
«Tiens bon encore un peu !
Que sur lui fonde orage
La foudre et puis le feu !»

Laissé comme guenille,
Les pleurs font donc mon temps.
Les cendres font charmilles
Tunnels de mes tourments.

Voilà, il est parti,
T'a laissé comme loque
Tu as payé son prix :
De ton cœur, il se moque.

Silence une semaine
Ne sera pas de trop
Avant que la prochaine
N'ajoute encor son croc.

Mais qui donc en moi meurt ?
Mon âme ou bien mon cœur ?
Ma peau n'est plus que peur
Aux mains de l'écorcheur !

Clefs de lecture :
Ce poème écrit dans une partielle dissociation physiologique relate une histoire vécue d'un rapport sexuel non consenti pas l'auteur. Il sera suivi par la suite de 88 autres sans que la victime ne trouve courage ou moyen d'y mettre fin, mais ceci est une autre histoire.
La victime (ici le narrateur) subira chantage et menaces et manipulations du bourreau affecté d'une pathologie psychiatrique rare : une paranoïa érotomaniaque non traitée. Malgré ces circonstances particulières, je ne considère pas mon abuser comme pleinement responsable de ses actes. Cependant je souhaite que ce texte aie vocation de prévention. Le narrateur n'est tombé dans le piège de son abuser que parce qu'il ne s'était pas auparavant préparé à l'attitude à avoir pour pouvoir agir. Aussi, j'invite les lecteurs à imaginer avec attention à la manière dont ils (elles) s'y prendraient pour ne pas se faire prendre au dépourvu d'un prédateur de haut niveau. Dire non ou un bouteille de lacrymogène ne suffiront pas à dissuader un manipulateur psychotique. Certains lecteurs m'ont demandé d'éclairer le texte avec des clefs de lecture pour comprendre. C'est ce à quoi je m'attache dans les notes qui vont suivre.
Dernière recommandation : ce poème est une œuvre d'art. Il a vocation à faire ressentir une émotion. Il a eu pour son narrateur une vocation thérapeutique, rien de plus.
1/ le texte parle bien d'un viol répété hebdomadairement suivant un scénario invariant. Le viol est celui d'un homme par un autre homme. Les métaphores sexuelles sont bien ce dont elles parlent au sens « propre » comme au figuré ! Chaque allusion métaphorique est sexuelle dans son sens littéral.
2/ la première et la seconde personne du singulier désignent la même personne : la victime, fragmentée et dissociée. Elle se parle à elle-même pendant ce qu'elle subit. Il faut malheureusement l'avoir vécu pour comprendre cette dissociation !
3/ le texte est ordurier. Les insultes proférées le sont de la victime contre elle-même. C'est l'effet de son sentiment de culpabilité. Avant de condamner son violeur, la victime se condamne elle-même de se faire abuser ! La victime se déteste plus elle-même qu'elle n'a d'émotion pour son bourreau à cet instant ! Elle n'est pas en état d'objectiver qu'elle est victime d'un abus. Elle se sanctionne d'abord elle-même ! La victime bien qu'un homme s'attribue des insultes à caractère féminin : c'est l'expression de sa virilité mise à bas ! Formulé autrement : les insultes sont celles que la victime s'inflige à elle-même. La colère contre l'abuseur ne vient que dans un tiers temps à peine abordé dans le texte.
4/ le violeur est toujours désigné à la 3ème personne du singulier. C'est un tiers extérieur quasiment dépersonnalisé. La victime ne s'adresse jamais à lui directement à lui. Elle n'est pas en mesure de le faire ! Elle se mettrait en danger en le faisant ! Le dialogue est donc interne. Pas un mot n'est adressé au violeur directement ! C'est impossible en impensable à ce moment là. Au mieux, ils sont pensé, jamais verbalisé.
5/ la victime passe en permanence de la première personne du singulier à la seconde : sa personnalité est vacillante, au bord de l'éclatement, et en plein conflit interne. Elle se juge ! Se condamne ! Et s'accable ! La dissociation est paradoxalement la manifestation de son unité bien que l'égo ait éclaté ! Le dialogue est le seul lien qui maintient son unité.
6/ le désir de la victime pour son bourreau n'existe pas ! Malheureusement, si la douleur est indéniable, ce qui fait que la victime s'accable autant, c'est qu'en dépit de la douleur, son cerveau ne peut pas nier qu'il y a pour partie un plaisir insoutenable et abominable ! C'est la cause de sa fragmentation et de sa culpabilité ! La victime peut nier que ce plaisir ait existé. C'est pourtant lui qui brouille totalement les cartes et fait qu'elle se pardonne moins qu'elle n'en veut à son abuseur ! Les facultés d'analyse sont dépassées au moins temporairement. Sinon, s'en remettre serait facile !
7/à ses yeux, la victime est donc coupable ! Sa réconciliation avec elle-même n'en sera que plus difficile.
8/ vocabulaire :
- sale putain : ce n'est pas la vérité, la victime se conçoit ainsi. La reconstruction passera par le fait de se pardonner se qu'elle a pensé être.
- aimant : aimant n'est pas amant ni aimé. L'aimant l'a piégé comme un aimant capture le fer !
- pal : littéral ; c'est le membre viril du violeur
- vomis : c'est un réflexe ! Sens littéral.
- descendants : il n'y en aura pas ! La victime vomis sur un néant ! Le sien ?
- sang chaud et brûlant : c'est le contraire du sperme ! Le sang qui gicle est le contraire de l'orgasme. On notera cependant la proximité entre les spasmes, mais le sang est le fluide de la douleur et de la vie qui se vide, pas du plaisir.
- fumier : la victime se vit déchet, par transfert, l'invective deviendra celle destinée au violeur.
- râle : jouissance ou cri à l'étouffée ? La jouissance du violeur est le cri du violé. Le plaisir de l'un sera la haine de l'autre.
- violence, engeance, vengeance : l'engeance de la violence sera la le désir de vengeance ! Mais plus tard...
- âme quitte mon corps : dissociation. L'un doit abandonné l'autre pour survivre. C'est la fragmentation !
- fait semblant : simulation, question de survie. Conséquence : ajoute à la culpabilité = se juge infâme.
- infâme : encore une fois, c'est la victime qui se condamne !
- fort/enfant : l'estime de soi de la victime se brise, elle régresse !
- perdue est ma bataille : résignation ! Ajoutera à la culpabilité.
- écrin : réincorporation. Fin de la dissociation
- planté au fond de moi : littérale ; sodomisé, 2ème niveau : envahissement psychique.
- la honte sur ton âme : la culpabilité est incorporée.
- entrailles : elles ont été profanées.
- sueur : fluide de l'effort de l'un, de la peur de l'autre ! Dans les 2 cas celle de la victime dans son combat ! Celle du violeur pue !
- orage, foudre, feu : orgasme du violeur pour en finir ? plus sûrement colère et rage de la victime !
- guenille : la victime est essorée. Il ne reste plus de dignité à sa peau !
- cendre : tout a brûlé.
- charmille : poétique pour un tunnel de cendre ! On ne nommera pas de quel tunnel on parle au sens littéral.
- loque : répond à guenille
- tu as payé son prix : répond à "sale putain". La victime paye 2 fois ! Elle est objet de mépris du violeur (de ton cœur il se moque), elle est objet de mépris pour elle-même (sale putain).
- silence : prix de la honte
- croc : chaque viol dévore la victime !
- qui meurt ? : Qui survit à la dissociation ? Le cœur piétiné, l'âme brisée de honte ? Un seul des 2 survit-il ?
- peau/écorcheur : la peau est l'organe de la sensualité. Le violeur en prive la victime : il est est l'écorcheur !

Ami lecteur :
Merci de votre lecture et de l'attention portée à ce décodage qui m'a été suggéré, comme dit précédemment. Pardonnez-moi de vous avoir fait voyager dans les tripes, le cœur et l'âme d'une victime de viol ! Il y a des cris que parfois, l'on doit hurler !
Même pas sûr qu'ils puissent être entendus ! Mais il vient un temps où le silence doit se taire, et la voix se faire entendre.
Encore merci !

Léo

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