Chapitre 5 : Possessivité

Certaines choses changent...

~*~

Marinette

Alya était vraiment belle ce soir. J'ignorais si c'était juste pour faire bonne figure, ou pour même se trouver belle, mais elle était sublime ! Même moi, je n'avais pas fait autant d'effort.

🟠 Alya 🟠


Et pour tout dire, même les garçons étaient beaux ce soir. Même Adrien, l'était. Tout le monde avait fait un effort, et ça faisait réellement plaisir.

🔵 Nino & Adrien 🟢



Suite à notre entrée, Alya nous avait directement emmenés dans son jardin. Il faisait beau, et un peu chaud. L'extérieur était, d'après elle, l'endroit le paisible de toute la maison. Alors, nous l'avions tous suivi sans discuter. C'était chez elle. Elle était la maîtresse des lieux. Nous ne pouvions qu'acquiescer. 

Évidemment, j'avais beaucoup de questions à lui poser concernant son fameux apéritif dînatoire. En commençant par ce fameux sauveteur.

Alors comme ça, le garçon qui l'avait secouru était Nino ? Coïncidence ? Non, je ne croyais pas.

Mais j'étais assez remontée. Et depuis que je m'étais assise, Adrien n'avait cessé de me jeter des coups d'œil qui me rendaient encore plus furieuse. Pour une fois, que je voulais qu'il m'ignore. C'était vraiment loupé...

Cette andouille, faisait, tout le contraire !!! Il feignait la discussion avec Nino alors que je parlais avec Alya des examens et du concours de mode auquel je projetais de m'inscrire. Par moment, je profitais aussi de l'ignorance ouverte d'Adrien pour poser quelques questions sur Nino et son agression. Étant de nature très discrète, je réussissais à récupérer les informations qu'il me fallait.

Cependant, ce qui concernait Adrien ne regardait pas Alya. Alors, je me gardais bien de lui révéler les raisons de ma soudaine envie de meurtre. De plus, en parlant d'Adrien, il savait bien que je le voyais faire. Il savait aussi que cela me tapait fortement sur le système. Pourtant il ne s'arrêtait pas.

D'un autre côté, mon esprit ne cessait de me rappeler que de me faire sortir de mes gonds était un détour de la réalité. Un vicieux contournement bourré de sous-entendus dévastateurs. Adrien me laissait goûter à quelques gouttes de sa vengeance. Et le liquide en était si acide, que j'avais manqué de le comparer à de l'acide chlorhydrique de nombreuses fois.

Aah... quel connard !

Alya décida, finalement, de se lever pour aller chercher une bouteille de coca, et c'était à ce même instant que je prenais mon portable posé sur la table et envoyais un message à mes parents pour leur demander la permission de coucher chez mon petit ami. Profitant posément de l'absence de ma meilleure amie, j'engageais une discussion par message avec mes paternels.

J'avais beau avoir 17 ans, cela n'empêchait pas qu'ils tenaient toujours à être au courant de mes moindres faits et gestes. Et puis, d'un côté, je pouvais le comprendre.

Leur réponse ne tarda pas. Et elle fut positive, ce qui me fit sourire. Ma bonne humeur attisa la curiosité d'Adrien que je vis en train de m'observer. Il ne fit aucun commentaire ni geste et dériva ensuite son regard en faisant comme si de rien n'était. J'envoyais alors, immédiatement un sms à Luka pour le prévenir. Celui-ci m'annonçait aussitôt qu'il viendrait me chercher et je le remerciais mille fois pour cela. Ainsi, je me mettais à sourire, touchée et heureuse, en sentant le regard inquisiteur de l'andouille blonde, à seulement deux mètre, face à moi.


La soirée se mit à passer. Alya avait fait abstraction de la froideur de l'ambiance, et avait engagé la discussion d'un naturel bouleversant. Pendant qu'elle nous parlait du journal du lycée, je détournais la tête et apportais mes lèvres contre mes doigts tandis que mon bras était accoudé à l'accoudoir des fauteuils du jardin marron foncé. Frôlant mes doigts de mes lèvres, rapidement, je perdis le fil du temps en me remémorant certains souvenirs que j'aurais préféré ignorer...

Un an auparavant...

— Tu vas être parfaite, j'en suis sûr. M'assura-t-il en enroulant ses bras autour de ma taille tandis que j'inspectais mon reflet dans le miroir.

Aussitôt rassurée par la chaleur de son corps contre le mien, je posais mes mains sur les siennes et tournais mon visage vers le sien.

— Tu es sûr ? Et si il ne m'aimait pas ? Et si je gaffais, comme les quatre-vingt-dix pour-cent du temps ? Lui demandai-je angoissée et inquiète à l'idée de gâcher ce dîner qu'il avait eu tant de mal à préparer.

— Marinette, écoute-moi. Me demanda-t-il en me tournant vers lui. Mon cœur battait à fond dans ma poitrine, je le sentais cogner, et cogner... s'approchant dangereusement de l'implosion.

Délicatement, Adrien posa ses mains sur mes épaules pour les glisser le long de mes bras.

— Tu serras parfaite, je n'en ai aucun doute. Alors maintenant, tu vas arrêter de douter de toi, et profiter comme tu le mérites de cette soirée. Mon père va t'adorer, il y sera obligé de toute façon. Car, je n'ai pas l'intention de te laisser. Qu'il le veuille ou non, c'est moi qui décide de mon avenir. Et je ne le vois qu'avec toi. Me déclara-t-il en pénétrant mes yeux de son regard perçant et intense.

Ma tension était montée si haute, que je lui avais souris et sautée au cou. Emmêlant à l'instant suivant mes doigts dans ses cheveux, je l'avais embrassé avant tant de suffisance, que sur le moment, j'avais vraiment cru à ses mots...

〰️ Maintenant... 〰️


Adrien

— T'as essayé le nouvel apple ?! S'exclama Alya en écarquillant les yeux. Nino la regarda en rougissant, il se mit à gigoter à côté de moi, signe qu'il angoissait.

En le regardant agir de la sorte, j'esquissais un fin sourire et attrapais mon verre de coca que j'apportais ensuite à mes lèvres. Cependant en relevant les yeux, mon regard s'était aussitôt braqué sur la seule personne que je n'avais jamais assez aimé. Et que j'aimais sans doute encore un peu, aujourd'hui.

Le regard perdu, l'air juvénile, elle était craquante. Je me redressais un peu en continuant de l'observer réfléchir à je ne savais quoi. Mais j'espère secrètement à moi...

En réalité, je faisais comme si je la haïssais, mais la vérité était que je m'en voulais terriblement de continuer à lui faire du mal. Au fond de moi, je ne voulais pas la détester. Mais l'emmerder à longueur de journée était la seule chose que j'avais trouvé pour rester un temps soit peu près d'elle.

J'avais honte de moi. Comment est-ce que je pouvais avoir le culot de lui faire encore chier ? Après tout ce que j'avais pu lui faire, je n'avais même plus le droit de la toucher... Malgré tout, je restais près d'elle. Idolâtrant la terre qu'elle foulait du pied.

Il y a un peu près un an auparavant, j'avais passé un pacte avec l'un des plus grands barrons de la drogue d'Hollywood. Et le pacte était soit-disant simple : tant que je ne touchais pas Marinette, elle resterait en sécurité.

Et pour, son bonheur, et sa sécurité aussi, je me soumettais à ce pacte sans rechigner. Elle comptait bien plus que je ne le montrais pour moi. Si il lui serait arrivé quelque chose par ma faute, j'aurais vrillé. Détruire le monde qui l'avait autrefois accueillis aurait été ma première résolution. Et anéantir tout ce que je n'avais jamais été capable de lui apporter aurait été la deuxième.

Depuis le début, je n'avais fait tout cela que pour son bonheur. Voler et braquer m'avait permis de lui offrir des cadeaux qu'elle avait fini par me rendre... Seulement, la lumière qui scintillait dans ses yeux à chaque fois que je lui faisais un cadeau avait su me rendre plus qu'heureux et épanouis. Le sourire si lumineux qui éclairait son magnifique visage d'ange, brûlait d'une fraîcheur ardente mon cœur trop fragile pour ses beaux yeux.

Je l'aimais. Vraiment. Mes sentiments pour elle devaient être la chose à laquelle j'étais le plus sûr de moi. Les temps passés à ses côtés restaient les plus beaux instants de toute ma vie. Et les minutes avaient beau continué de s'écouler, la distance de nous éloigner, nos cœurs eux -j'en étais sûr- continueraient à jamais de battre l'un pour l'autre.  

Marinette ne m'aimait peut-être plus aujourd'hui. Par conséquent, je restais le plus loin possible d'elle. Mais l'espoir, aussi infime qu'il était, qu'il me restait, me gardait enchaîné à elle et son âme. Lorsque son regard bleu se posait sur moi, tout mon corps s'enflammait.

Et vas-y, je savais qu'elle sortait avec Luka. Et dès que je les voyais ensemble, je mourrais d'envie de retourner le sol. De détruire et de briser tout ce qui se dressait sur mon passage. Parce que d'accepter de l'avoir perdu me brûlait. Ça éveillait en moi une rage impossible à canaliser. Elle était la seule à pouvoir m'apaiser et me démunir de tous mes moyens. Et m'enfuir dans les draps d'une autre, n'avait que jeté de l'huile sur le feu. Plus je m'enfonçais à l'intérieur d'une autre qu'elle, et plus la haine s'emmêlait à mon chagrin. 

Si j'étais dans une autre, c'était parce que je pouvais plus être en elle.

Et rien que cette pensée me suffisait à déchaîner ma haine dans cette fille, dont je ne connaissais même plus le nom. Ainsi, était la façon dont j'avais passé toutes les nuits des deux premiers mois précédant notre rupture. Et c'était honteux, et vraiment désobligeant comme réaction. Mais la douleur avait parlé à ma place en ce temps. Et je ne pouvais que le regretter à présent...

Afin de ne plus penser à elle, j'avais passé mon temps à baiser, à fumer, et à boire. Et au fil des jours, j'avais finis par tomber très bas. Si bas...

— Non, j'ai peur d'être déçu. Mais il est bien ? Confit la métisse un peu honteuse.

Aussitôt, me sortant en double vitesse de mes pensées, je me repris et détournai le regard pour fixer le jardin parfaitement entretenu d'Alya.

— Ouais, je l'ai acheté hier. J'organise une fête demain soir, viens et je te le montrerais si tu veux ? Lui proposa Nino, que je regardais en réfléchissant à présent. 

— Oh euh... oui, ce serait vraiment chouette ! Marinette aussi peut venir ? Demanda-t-elle en prenant sa meilleure amie par les épaules, avec un grand sourire.

Mes yeux pointèrent sur Marinette qui semblait un peu désorientée. Nino sourit, en riant un peu mal alaise. J'eus un faible sourire narquois. Il n'avait pas pensé à Marinette, et pour moi, c'était mal vu s'il osait accepter tout en sachant pertinemment que je la haïssais.

Mais voilà, dire non à la fille qu'il voulait gérer aurait été mal vu. Peut-être moins que de trahir son meilleur ami en live, devant lui-même et la fille qu'il haïssait par dessus tout. M'enfin, tout de même. Il était dans un sacré merdier.

— Eh bien... Commença-t-il après avoir déglutit en se tournant vers moi. Oh le connard ! Si Adrien n'y voit aucun inconvénient, je n'y vois aucun mal ! Sourit-il sans les dents en me regardant avec de gros yeux.

— Ah bon, tu n'y vois aucun inconvénient, Nino ? L'enfonçai-je en appuyant sur son nom, gardant figé à mes lèvres ce même sourire rancunier que j'allais bientôt lui faire bouffer.

— C'est que... Il y aura beaucoup de monde. Peina-t-il à dire en ravalant, ce qui me sembla être, de la bile.

Une part de moi m'en voulait de mettre mon meilleur pote dans une situation aussi gênante, et de l'enfoncer à la place de l'aider. Cependant, j'étais rancunier. Et lui qui connaissait toute mon histoire avec Marinette depuis le début était le premier à savoir que c'était compliqué. J'avais donc toutes les raisons, de vouloir lui faire bouffer ses couilles.

— Ne vous dérangez pas. Je ne veux pas venir. S'exclama Marinette, pour l'une des rares fois de la soirée en se levant d'un bon du canapé. Il commence à se faire tard, Luka vient me chercher. Il vient de m'envoyer un message, il faut que j'y aille.

Ce fut à mon tour de me lever d'un bon en m'éclaircissant la gorge. Je fis face à Marinette et seule la table basse nous séparait d'un mètre. Elle me fixa sans vaciller. Quant à moi, je serrais mes poings en contractant la mâchoire. Elle allait partir pour aller rejoindre Luka. Cette idée me foutait les boules, elle me donnait envie de gerber. Rien que de les imaginer tous les deux, ensemble et un semblant amoureux, ça me rendait complètement fou. Il n'en fallait pas plus pour me faire vriller et délivrer une colère furieusement noire en mon être.

— Non, tu n'iras nulle part, tu restes ici. Déclarai-je calmement, gardant au fond de ma gorge une froideur mortelle.

— Tu n'as pas d'ordre à me donner, Adrien. Rétorqua-t-elle froidement en m'assassinant des yeux. Putain... J'allais péter un câble.

— Non, tu restes i-... Commençai-je en reprenant le dessus sur mes esprits, mais elle m'interrompit en se contorsionnait pour faire la bise à Alya qui ne sut lui dire grand-chose. 

— Soyez prudent sur la route. L'avertit-elle une main posée sur son épaule en terminant d'embrasser sa joue. Nino eut aussi le droit à une bise et quand elle termina, elle ne perdit pas son temps et s'en alla sans me calculer.

— Bordel, tu n'irais nul... Sifflai-je furieux en enclenchant le pas pour la rattraper, les sourcils froncés. Mais Nino se leva et m'arrêta en se postant juste devant moi.

— Laisse-la mec, je pense que tu en as assez fait. Me lança-t-il en posant une main sur mon torse. Il inclina un peu la tête vers l'avant pour faire passer un message que je compris sans mal.

Deux jours auparavant...

Nino et moi étions assis chez lui, sur son canapé et nous jouions à la play quand il se mit à évoquer le sujet d'un apéritif. Je tendis un peu l'oreille tout en restant concentré sur ma partie.

— J'ai rencontré la meilleure pote de Marinette, il y a une semaine un peu près... Et, pour me remercier elle m'a invité, pour prendre un apéro. Commença-t-il en continuant de jouer.

À la minute où le prénom de Marinette fut énoncé, le sujet m'intéressait déjà dix fois plus. Malgré tout, je fis comme si de rien n'était.

— Et donc ? Poursuivis-je en feignant ignorer, alors que quand le prénom de Marinette était sortie j'avais tout de suite été intéressé.

Quel loser j'étais, putain...

— Bah elle m'a dit que je pouvais inviter un pote, et qu'elle ferait pareil. T'es partant ? Me proposa-t-il d'une voix calme, en me lâchant ça, comme si c'était normal.

Et d'un côté, c'était bel et bien le cas.

— Ouais... je vais voir.

— Il y a quatre-vingt-dix-neuf pourcent de chance que Mari soit là. Ajouta-t-il.

Mari. C'était je surnom que je lui donnais quand nous étions ensemble. Il date tant, que j'eus le coeur plié en deux tellement la voracité de ma douleur se fit grande.

— Ouais bon, je viens. Conclus-je sans rajouter un commentaire, ne pouvant me résoudre à louper une soirée avec elle.

〰️ Maintenant... 〰️

Marinette

En arrivant chez Luka, nous montions directement dans sa chambre. J'avais des affaires chez lui, je n'avais pas besoin de passer chez moi. Le trajet avait donc été bien plus court.

— Je vais prendre une douche, tu m'accompagnes ? M'interrogea-t-il en s'avançant vers moi. Il enroula ses bras autour de ma taille en me regardant avec des yeux amoureux.

— Non, j'irais après toi. Lui souris-je gentiment en me mettant sur la pointe des pieds pour embrasser le bord de ses lèvres.

— Tu m'as manqué... Murmura-t-il d'une voix tendre contre mes lèvres en relevant ses yeux. Nos regards se rencontrèrent.

J'étais troublée par ses mots. Mais n'en fis rien paraître et lui souris en caressant sa joue.

— Désolée d'avoir été si absente en ce moment. M'excusai-je en reculant un peu mon visage. Le dîner de ce soir continuant pourtant de tourner en rond dans ma tête. Adrien ne sortait plus de mes pensées. Et son refus non plus.

Comment pouvais-je me concentrer sur mon petit ami avec la tête bourrée de soucis ?

— Non, tu n'irais nulle part, tu restes ici.

Il ne voulait pas que je parte. Était-il jaloux au point de se permettre de me donner des ordres ? Se pourrait-il qu'il m'aime encore... ?

Ooh Adrien... Pourquoi me faisais-tu encore tant souffert de loin ?

Contre ma volonté, mon cœur se réchauffait et tout mon ventre se retrouvait envahit de mille papillons. J'étais si touchée. Il pensait encore à moi... Ou était-il simplement égoïstement jaloux de ma relation avec Luka ? C'était vrai que depuis notre rupture, il n'avait plus jamais été en couple.

Cependant ça, c'était prévisible. Adrien n'était pas le genre de garçon à être en couple. Une fois, il m'avait dit qu'il se sentait emprisonné dans une relation monogame. Appartenir à une personne ne lui plaisait pas. Ce qu'il chérissait par dessus tout était sa liberté. Et pour la première fois de sa vie, il avait accepté d'être avec moi. Pour une preuve d'amour, à l'époque, j'avais trouvé cela suffisant pour me laisser m'épanouir dans ses bras.

Mis à part moi, aucune autre fille n'avait connu le bonheur qu'était d'être en couple avec lui. Et d'une autre part, je me sentais fière en le réalisant. J'avais été là seule... Et je le resterais sûrement pour l'éternité.

— Ne t'excuse pas, le plus important soit que tu me sois revenue. Me rassura-t-il en me prenant dans ses bras. Il me serra contre lui alors que je déposais doucement ma tête sur son épaule en repliant mes bras dans son dos.

Un trou se creusa dans mon cœur. Luka m'aimait tellement moi. Et moi si peu à côté. Ma relation avec lui avait beau être différente que celle que j'avais eu avec Adrien, je ne pouvais m'empêcher de me sentir mal. Et peut-être même, que si je n'avais pas rencontré Adrien avant lui, il aurait pu être mon « grand amour ». Mais de ça, je ne pouvais en être sûre. Tout était si puissant. Si décolorer et hasardeux quand il était s'agissait d'Adrien.

Il finit par déposer un doux baiser sur mon front avant d'aller se doucher. Restant à présent toute seule dans sa chambre, je décidais de m'asseoir sur son lit pour me mettre à retracer mon parcours dans ma tête. Sans m'en rendre compte, je me mis à faire glisser des photos d'Adrien et moi dans mon portable. Nous étions beaux, si beaux, tous les deux.

Revivant sans oublier un détail de chacun des moments immortalisés dans une photographie numérique, je n'avais jamais pu me résoudre à les supprimer. Les effacer aurait été faire un pas en avant, mais je ne voulais pas. Je ne pouvais me résoudre à perdre ce qui avait été aussi cher à mon cœur durant plus d'un an et demi.

Adrien n'existait plus que dans les abysses viscérales de mon cœur. La brume qui logeait dans le fond de mes poumons m'étouffait à petit feu. Plus le temps s'écoulait, et moins je réussissais à me sortir de tous ses ressentiments dont je payais les frais. Et la dette s'alourdissait. Quant à moi, je m'enfonçais. Bientôt, j'atteindrais le fond... Sans m'en rendre vraiment compte, j'étais si proche de la fin.


~*~

La nuit avait été courte. La boule qui s'était ancrée dans le creux de mes reins, me faisait atrocement souffrir. Je peinais à garder le sourire. Et le peu d'émotion que je réussissais à ressentir, m'arrachait ma lucidité. Adrien logeait toujours dans mes pensées. Il ne sortait plus de ma tête, et nos souvenirs non plus.

Enfin, je m'en voulais. Du plus profond de mon être, j'avais envie de lui faire manger ses souvenirs, ses yeux, et tous ces sentiments qu'il me procurait. Je voulais qu'il disparaisse de ma vie pour toujours. Le besoin d'expirer tous mes regrets ainsi que nos espoirs me dévorait la peau. Ma chaire me démangeait au point de non retour. J'aspirais une atmosphère toxique et dépourvue de poussière. Ma tête vibrait au rythme de mon cœur. Allait-elle exploser ?

Ces douleurs ne venaient pas d'un mal en particulier, enfin mis à part celui du cœur brisé.

La soirée dernière, je n'avais pas bu une seule goutte d'alcool. Alors ça ne pouvait point être la cause de toutes mes souffrances. Néanmoins, j'avais beaucoup réfléchis. Les gestes et paroles d'Adrien m'avait fait réalisé que nous ne pouvions plus continuer ainsi : il fallait que j'y mette un terme, une bonne fois pour toute.

Si nous voulions avancer chacun de notre côté, sans retourner en permanence le couteau de la plaie, il ne nous restait qu'une chose à faire.

J'apercevais d'ailleurs le corps du grand blond qui ne cessait plus d'envahir mes esprits au loin. Il ouvrait son casier et déposait le peu de cahier qu'il avait, presque tout ce qu'il avait dans son sac. Et postée à l'autre bout dû couleur, une main posée sur la brettelle de mon sac, j'observais ses moindres faits et gestes en silence.

J'assemblais mes esprit en vrac dans mon cerveau, et empilais en trombe les différentes émotions qui me traversaient. Rapidement, alors que je m'engageais dans les dix mètres qui me sépareraient de ma réclusion, j'aspirais l'air comme si c'était de la drogue. On m'aurait pris pour une folle, si seulement le couloir, n'avait pas été vide...

— On doit parler. M'exclamai-je en me postant pile face à lui. Il tourna son visage vers moi, un bras encore à l'intérieur de son casier. De me voir si près de lui, avait l'air de le surprendre car il fronça les sourcils en me regardant.

— Qu'est-ce que tu veux ? Il me demanda septique en refermant son casier. Réajustant son sac sur son épaule, il posa son épaule gauche contre son casier bleu cyan en croisant les bras. Lorsque ses yeux se posèrent sur moi, telle une pellicule de neige, j'eus des frissons.

La chaleur de ses yeux brûlaient la fraîcheur glacée de mon cœur. Face à lui, je tentais de garder la tête haute. Cependant, l'espoir et la mélancolie de notre passé fut plus forte que la puissance de mon dévouement. L'affronter comme ça, presque sur un coup de tête, c'était aussi délirant qu'un suicide sans raison -et presque aussi légendaire.

Pourtant, j'étais devant lui, et j'allais lui dire ce que je redoutais depuis le début de la journée. Bon sang. J'avais tant envie de vomir tous mes tripes et plus encore. La peur assomma ma voix pendant de longues secondes. Seulement, je réussis de la plus malsaine des manières, à la reprendre en main.

— Je suis venue te parler de la fête de ce soir. J'ai bien l'intention de venir, et tu n'as pas ton mot à dire. Lâchai-je en soupirant mon désarroi à la fin. Un soupire de soulagement retentit de la part de mon cœur, dans le fond de ma poitrine.

Adrien me regarda sans broncher. Les minutes s'écoulèrent telles des millénaires. Allait-il me hurler dessus ?

Face à tant de mystère dans ses yeux, je n'arrivais pas à discerner ce qui se dégageait à l'intérieur de lui. Si son être était furieux contre moi et ma détermination. Ou si il mourrait d'envie -autant que moi- de s'évanouir dans mes bras ?

Confondre nos corps... C'était le projet que j'avais en tête. Mais avant, il fallait que je règle quelques petites affaires. Ce soir, serait notre dernière danse. En me nouant à l'obscurité de la passion qu'éveillait notre amour, je nous laissais le temps d'achever notre dernière révérence au passé. Adressée à tout ce que nous avions été, la nuit que j'avais l'intention de passer à ses côtés, risquait d'être torride et dangereuse. Si dangereuse...

Me dépouillant du reste de fierté qu'il me restait, je me hissais sur la pointe des pieds en passant ma main sur sa joue. La caressant d'un frôlement antique, mon geste fut lent et calculé. Adrien pouvait me repousser, ou m'accepter, je lui laissais le choix que je n'arrivais pas à pendre seule. Et malheureusement -ou heureusement, je ne sais pas trop- il ne fit aucun mouvement de recul et céda à ses bas instincts. 

Avançant lentement son visage vers le mien, il enroula sa main autour de ma taille et me colla contre lui. Son corps plaqué contre le mien sut balayer le peu de raison qu'il me restait pour résister. Tout ce que j'avais envie de faire était de l'embrasser. De l'anéantir en l'embrassant de toutes mes forces, de tout mon amour. Je voulais lui appartenir, qu'il me possède comme avant. Que l'on ne fasse plus qu'une seule et même personne.

— Tu vas te brûler les ailes, Marinette, si tu continues... Murmura-t-il en titillant le bord de mes lèvres avec les siennes. Elles sont déjà brûlées... Si seulement tu savais, Adrien.

Le soupire chaud qui s'abattit aussitôt sur mes lèvres me fit gémir alors qu'il posait son autre main sur ma hanche brusquement. Il me fit sursauter. Sur le coup de la panique empoisonnante, j'enroulais immédiatement mes bras autour de son cou.

Au bord du gouffre, je sentis mes jambes devenir flageolantes. Par peur de tomber, je m'accrochais à son cou de toutes mes forces. Adrien remarqua mon désespoir et enroula d'une forte poigne, son autre bras autour de mon corps pour me garder contre lui.

— Rendez-vous ce soir. Retrouve-moi derrière la maison, dans le cabanon au fond du jardin. M'annonça-t-il en avançant son visage pour capturer entre ses dents ma lèvre inférieure qu'il tira légèrement. La chaleur de mon corps ne put s'empêcher de monter d'un cran. Ne soit pas en retard, princesse.

Le plan de notre fin commençait à pointer le bout de son nez. J'étais parti. Les mains le long de mon corps, le coeur à la dérive, j'avançais droit vers le précipice de la rupture définitive de : Adrien et moi. Une fin... que je me devais de clore une bonne fois pour toutes. 

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