Chapitre 14 : Demi-Vérité
— Chapitre ni relu, ni corrigé. Fautes présentes ⚠️ —
L'heure des aveux, mais aussi des souvenirs refoulés.
~*~
Marinette
Je recommençais à me retourner vers mes tourments, et toute la peur qui me rongeait depuis un an se réveillait et transperçait d'un coup d'épée mes défenses affaiblies par le mal du cœur. Malgré la confiance aveuglante que j'infusais en l'avenir, je n'arrivais à cesser de craindre les conséquences du passé. Toujours aussi lourd était le poids de mes souvenirs ainsi que des erreurs qu'ils dessinaient.
Plus le temps avançait et plus notre vie se chargeait. Elle empruntait un sens, à travers plusieurs choix qui ne faisaient souvent, que de nous détruire. Cela assassinait ma douleur, pour la réduire en charpie. L'éliminer était l'effacé et permettre à l'illusion de son vécu de se confondre à sa disparition. C'était aussi malsain, qu'un mensonge. Et moins pesant qu'un meurtre.
Malgré la détermination dont je faisais preuve pour me refuser à omettre mes faits et mes gestes, j'osais dire que je me voilais complètement la face sans honte. Et par-dessus le marché, j'extériorisais mon orgueil derrière de tendres sourires bourrés de sincérité. Je mentais si bien, que cela me terrifiait. Mes illusions se mélangeaient tellement bien à mes certitudes, me poussant bientôt à remettre en doute toute la personne que j'étais.
Le mensonge qu'était mon bonheur, se comparait à une poupée posée sur une étagère, heureuse de ne pas avoir atterri, après toutes ces années, dans une déchetterie. La souffrance me faisait si mal, qu'elle me fendait, quand je me permettais d'y songer, la poitrine en deux. De ma vie, j'avais osé trop aimer, donner plus que ce que je n'avais. J'offrais mon amour comme la pluie tombait, sans jamais rien demander en retour. L'espoir qu'un être qui m'entoure ne conçoive pas de ressentir les mêmes sentiments à mon égard ne frôlait pas mon esprit. Pour moi, autrefois, dans un temps qu'à ce jour, je réalisais, le mal et toute la douleur de la vie, ne m'avais jamais atteinte tout simplement car je n'y pensais pas. J'ignorais même, presque, qu'elle puisse exister.
Et on appelait cela : se voiler la face.
Moi, je surnommais plutôt cela : s'aider à vivre.
Être gentil, était possible. Se voiler la face sous prétexte de fuir un bonheur que nous pensions, n'était que le fruit de personnes faibles refusant indéniablement la puissance de leur affection. Apparaissait alors, au fond de mon cœur, une pointe de gêne empoisonnée d'un malheur noir, décoré de cendres. Mes douloureux souvenirs s'appuyaient, une nouvelle fois, sur ma cicatrice qui s'acharnait à contraindre ma guérison à l'exil.
— Ce n'est plus séparé que nous affronteront Sans-Cœur la prochaine fois, mais ensemble. Annonçai-je en me reculant. Les bras toujours enroulés autour de son cou, je décidais d'à nouveau lui faire face dans les yeux. Alors, est-ce que tu accepterais de... venir ce soir ? Lui demandai-je d'une voix douce en l'observant tendrement.
Sous le coup de l'émotion, mon coeur avait décidé de parler et d'écarter toute logique que mon cerveau aurait pu prétendre.
— Bien sûr que je viendrais. Je te suivrais jusqu'au bout du monde s'il le fallait. Avoua-t-il sur un ton doux qui me fit poser une main sur sa joue, avec un sourire que je ne pus m'empêcher d'avoir.
Adrien et ses promesses que je croyais toujours, malgré tout.
Prendre conscience que la personne pour qui nous pourrions mourir était celle qui ne cessait de nous décevoir, amenait à nous damner. J'existais quand il n'était pas là, mais en sa présence, je me sentais vivante. Exister et vivre restaient deux synonymes très distincts. L'un décrivait, la masse corporelle, l'autre l'état moral et psychologique. Quand on existait sans vivre, comme c'était mon cas, il s'agissait de regarder la vie défiler et de la laisser nous emporter sans bouger. La vie continuait à s'éloigner et elle acheminait son chemin alors qu'on restait blême et sans vie.
Une fois mes yeux rivés dans les siens, une étincelle brillait dans mon âme, et enflammait tout mon être. Cela rapportait à ressentir en puissance décuplée tout ce que nous loupions sans cette aura. Sans cette magie qu'effaçait la monotonie.
Actuellement bien présente. Apprêtée et déjà vêtue, je me trouvais face au miroir des toilettes de la fête, les yeux plongés dans le vide, bientôt dans les larmes. Ce que je ne comprenais pas était la raison qui me poussait à continuer de le croire. Avec tout ce qu'il m'avait fait, je persistais à lui faire entièrement confiance. Comme si ses paroles ne m'avaient jamais trahi, jamais menti et humiliées...
Sans scrupule, je retenais mes larmes sous prétexte que mon maquillage serait détruit. En réalité, la vérité, c'était que je m'en fichais complètement. Peu importait si mon mascara coulait, si mon eye-liner s'étalait partout, si je terminais avec des yeux de pandas. C'était mignon un panda de toute façon, non ?... Ooh pff... et puis à quoi bon lutter.
Il fallait que je garde la tête haute, et le coeur en main. Cependant, parfois, l'esprit a besoin de s'accorder au reste, et là, ce n'était pas le cas. De par ce fait, cela rendait les choses bien plus compliquées. La soirée battait des ailes, la musique vibrait à fond, et ambiançait super bien la fête. Les gens dansaient, buvaient et attendaient le décompte pour faire une croix sur leur passé. Sur tous leurs secrets inavouables, ainsi que leur douleur qu'ils étaient prêts à abandonner à partir de minuit.
Devant toute cette bonne humeur, cette joie qui n'arrivait pourtant pas à m'atteindre, je me haïssais. Malgré tous ces efforts, toute cette festivité, j'arrivais à me prendre la tête. Ce n'était ni le moment, ni le jour, ni l'endroit pour me mettre à pleurer autour de tout ce bonheur étouffant et si rare. Et je me détestais pour ça. Pour cette cruauté dont je faisais preuve à mon égard...
Parce que du plus profond de mon être, je souhaitais réellement être heureuse, et connaître à nouveau le rythme d'une vie paisible sans problème et monotone. Parce que, tout simplement, la difficulté d'un vécu acharné et compliqué me pesait de plus en plus. Je ne supportais plus tous ces problèmes sans solution, tout cet acharnement pour avoir le droit de vivre.
La Liberté.
C'était cette fichue Liberté, qui m'empêchait de vivre comme je le désirais plus que tout. Qui s'acharnait à m'offrir une existence compliquée et si douloureuse que je ne voulais pas, que je méprisais de tout mon être.
Le grincement de la porte me réveillait brusquement. Sans attendre, je me tournais et découvrais Alya, qui me vit immédiatement et se mit à me regarder avec la bouche entrouverte et les yeux brillant d'étonnement. Alors qu'elle s'arrêtait sue ses pas, la porte se refermait derrière elle.
— Tu devrais voir ta tête, on dirait que tu viens de voir un fantôme. Pourquoi tu es toute pâle ? Elle me demanda en s'approchant, je refermais mes bras autour de moi en baissant les yeux,
— Je ne sais pas... Répondis-je faiblement.
Elle ouvrit ses bras et me colla contre elle, je passais mes bras autour d'elle et m'accrochais à ses épaules en cachant le bas de mon visage grâce à son épaule. Les yeux tristes, mon coeur me soufflait de douces promesses brûlantes de chagrin.
— Si tu as besoin de parler, n'hésite pas à venir me voir. Ne reste pas seule dans ton désarroi. Me rassura-t-elle d'une voix douce. J'ai conscience que c'est un peu compliqué pour toi en ce moment, entre le braquage de ton père, l'embuscade de ton concours et les examens. Mais je suis ton amie, et sache que je serais toujours là pour toi. Alors si tu veux me dire quelque chose, me parler d'un quelconque problème, quel qu'il soit, n'oublie pas que tu n'es plus toute seule. M'apprenait-elle en me caressant dans le dos tandis que j'épousais mes dernières forces.
Une vague m'embauma le coeur. Alya était si gentille, je l'aimais tellement. C'était une amie en or, qui restait présente pour ses amies peu importe quand, à quel moment, et de n'importe quelle façon. Sa loyauté me bouleversait le coeur avec force. Je l'enviais d'être aussi forte, aussi tenace face à mon silence qui se montrait plus bruyant que mes maux. L'amitié qu'elle me partageait m'épuisait d'une joie à contre sens. J'avais confiance en elle, et cela faisait longtemps maintenant que j'avais gardé ce secret pour moi.
La mort de Nathaniel. Mon -le- meilleur ami de mon coeur, que je n'avais pas su protéger...
— Alya, je dois t'avouer quelque chose que je n'ai jamais osé te dire par peur de te perdre toi aussi... Comme je l'ai perdue lui, il y a un an. Lui avouai-je en me reculant, le coeur au bord du gouffre.
Désormais face à elle, je prenais ses mains entre les miennes et fixais les yeux, en m'excusant le plus possible.
— Promets-moi avant d-de ne pas me quitter, toi aussi... Lui demandai-je la voix semi-tremblante. J'essayais de tenir bon envers et contre tout. Je ne supporterais pas de te perdre, je tiens beaucoup trop à t-toi~... Expliquai-je en plaquant aussitôt ma main sur ma bouche pour étouffer un sanglot incontrôlable.
J'écarquillais les yeux, les larmes prêtes à couler, la vue floutée. Ses doigts se resserrèrent autour de mes paumes et je relevais les yeux pour la regarder. Elle me sourit chaleureusement, avant de m'assurer d'une voix sincère :
— Je resterais toujours là pour toi, tu peux me faire confiance.
Te faire confiance, moi ? Bien sûr que oui, Alya.
Toutes les personnes à qui j'avais fait confiance dans ma vie n'avaient su que de me décevoir et de m'apporter des sanglots interminables. En partant, en me quittant, elles me laissaient seule, le coeur en sang. Plongée dans les flots de mon désarroi, de mon chagrin, et d'une haine incontrôlable.
— Il y a l-longtemps, j'avais un meilleur ami, qui s'appelait... Nathaniel. Débutai-je. Je m'arrêtais alors que mon coeur tremblait dans ma poitrine, et que je pouvais sentir les battements de mon coeur m'être douloureux. Ooh ça fait tellement mal... Soupirai-je finalement, la tête baissée, les yeux perdus sur le sol.
J'étais désespérée. Les mots ne voulaient pas sortir, ils refusaient de s'aligner et frappaient mon cœur sans relâche. Je me sentais si mal de lui avouer mon plus gros secret. Je crois, que je n'étais pas prête. Pourtant, il fallait que ça sorte. Me laisser vivre, ne m'avait jamais rien apporté. Fuir la vérité pour échapper aux maux de coeur m'affligeait d'un remords intense.
En réalité, fuir ne faisait que repousser les éclats de voix et les larmes aux jours d'après, mais jamais à l'infini... Tôt ou tard, nos démons nous filaient entre les doigts et se dévoilaient aux yeux de tous. Mais même quand je me sentais prête à franchir le pas, la souffrance pointait le bout de son nez et m'envoyait un petit coup de jus pour me préparer à ce qui allait suivre. Histoire, que je fasse demi-tour avant d'entrer dans l'engrenage sans possibilité de sortir.
— Tu n'es pas obligée de continuer, Marinette. Je vois bien que tu n'y arrives pas, et ce n'est pas grave. S'empressa-t-elle de m'assurer en me prenant par les épaules, je reculais et levais les yeux imbibés de larmes pour la regarder.
— Ce n'est pas juste, pour toi... Tu as toujours été si honnête avec moi, je te dois bien ce secret. C'est une vérité à laquelle tu as droit. Rétorquai-je les bras le long de mon corps, la mine triste, la voix tremblante à cause de mes larmes refoulées.
— Peut-être que tu as raison. Mais tu en es incapable. Et n'oublie pas que ce soir c'est la soirée des Fées, donc : on oublie tout, on tire une croix sur ce qui nous fait le plus de mal, et on se tourne vers le futur. Indiqua-t-elle en me souriant, son sourire me réchauffa le cœur et me fit sourire en retour, bien qu'ayant l'esprit au bord du burn-out face à tous mes tourments.
— Alya, c'est important pour moi de te dire la vérité. Je ne veux pas te mentir, ni même que tu te sentes trahi. Les meilleurs amis ne devraient pas avoir de secret l'un envers l'autre. Alors, laisse-moi t'avouer ce que j'ai sur le coeur. Parce que même si ça me fait mal, il faut parfois apprendre à encaisser les coups pour connaître le prix qu'est la liberté de leur fuite. Déclarai-je les yeux ailleurs. Si je ne te le dis par ce soir, je sais que je ne te le dirais jamais. Conclus-je en pointant mes prunelles dans les siennes, avec un faible sourire qui se voulait, et se recevais -je l'espérais, rassurant.
Ma meilleure amie m'observa quelques secondes sans rien dire, interdite face à mes mots. J'avais encore les yeux rivés sur elle, prête et quelque peu déterminé à relâcher mes démons, mes dangers. Après tant de temps de silence, d'ombres, et de décombres, j'avançais enfin la tête relevée, pour affronter une quête que je redoutais toujours un peu. La force de l'amitié me portait à bout de bras tandis que j'essayais de tenir bon en restant consciente de mes gestes. De mon corps, et maître de mes pensées.
Alya glissa ses mains et prit mes paumes dans les siennes, elle les serra entre ses doigts et releva la tête pour me sourire en hochant la tête. Depuis tout à l'heure, je ne l'avais plus lâchée des yeux, craignant qu'elle ne s'enfuît au premier clignement de paupières.
— Très bien, je vais t'écouter parce que je suis ta meilleure amie et que, je ne veux que ton bonheur même si cela se contraint à passer par la douleur avant. Acquiesça-t-elle. Et si tu pleures, je serais là pour te consoler. Si tu cries, je serai là pour toi t'écouter. Et si tu souris, je serais toujours là pour t'accompagner dans ta félicité. Car tu mérites d'être heureuse, Marinette. Alors, prend ton temps et quand tu es prête, lance-toi sans crainte. M'assura-t-elle sans hésitation, d'une voix douce et tendre qui s'entendait sincère et sûre.
Ses paroles assumaient tous ses mots, de la virgule au point, sans négligence. Et le calme dont elle faisait preuve pour appuyer le message qu'elle tenait à me transmettre, m'accordait une force qui me paraissait invincible. Je me sentais plus puissante que jamais. Prête à me lancer dans le vide, sans craindre d'atterrir. Sans avoir peur de, mourir.
— Je suis prête, mais je te préviens, ça risque d'être un peu long. Tins-je à la mettre au courant en haussant les sourcils, les yeux dans les yeux.
— Nous avons jusqu'à minuit, non ? Elle me lança en souriant malicieusement, tout en conservant ce minois touchant qui me fit sourire sans complexe.
— Oui, c'est vrai. J'approuvais le coeur battant à tout à l'heure.
Parfois, certaines questions pouvaient se montrer plus acharnées que d'autres, et surtout mieux tournées. D'ailleurs, il m'était souvent arrivé de rencontrer une question qui cachait une vérité enterrée à des kilomètres de la surface. Elle-même se révélait sous les détours d'une réponse qui n'assimilait même pas le timbre de l'intonation utilisée pour sa propre conclusion.
Et alors, dans un élan sans interruption, je relâchais ma haine, et tout mon chagrin autrefois colère. Plus je m'attendais à peaufiner un monologue compréhensible, et moins Alya n'éprouvait pas de réaction. Son visage restait idem, malgré son écoute qui se montrait forte attentive. J'ignorais le moindre fragment de ses pensées. En fait, j'étais dans un déni total.
— Adrien voulait plus, toujours plus. Il s'est alors mis à travailler avec Sans-Coeur alias Mayura. C'est la même personne, mais elle a deux identités pour qu'on la confonde. C'est pour mieux se cacher que parfois on la surnomme Mayura et d'autres Sans-Coeur. Pour la faire un peu plus simplement, Sans-Coeur est pour le business. Et Mayura pour ses « amis » proches. Expliquai-je. Mais un jour, ça a dérapé, il a échoué une mission et à troquer ma vie contre celle de mon meilleur ami.
Encore une fois, je marquais une pause à son souvenir dans ma tête, mais reprenais presque aussitôt.
— ... Nathaniel. Il s'appelait Nathaniel Kurtzberg, et il avait toute la vie devant lui. Mais... il est mort. Annonçai-je en baissant les yeux, tandis que les souvenirs de cet abominable souvenir me remontaient à l'esprit.
➰ Un an plus tôt... ➰
Il faisait nuit noire, le ciel était chargé d'étoile et l'air doux ne me gelait pas la peau, au gros étonnement de Nath qui ne se gardait pas de me lancer quelques sourires de temps à autre. Pour ma part, j'avouais que ses sourires me faisaient moi aussi esquisser les lèvres et lâcher quelques bruns de gloussements qui apaisaient aussitôt l'atmosphère. Nath, s'avançait vers moi, deux verres en mains.
— Alors, ton prince charmant n'est toujours pas arrivé ? Il me demanda en me tendant un gobelet rouge, rempli d'un liquide rose que je n'arrivais pas à reconnaître.
— Humm... non. Répondis-je embêter et déçue, en secouant la tête. Je ne pense pas qu'il viendra. Il a beaucoup de travail en ce moment. Ou alors, ça se trouve, il ne m'aime plus... Indiquai-je à voix basse, les yeux pointant tristement d'un regard presque divaguant de larmes salées, le sol.
Un baiser fut déposé sur mon front et j'écarquillais les yeux en relevant la tête, la bouche entrouverte. Mon coeur loupa un battement tandis que mes joues se mirent à chauffer sans raison. Le parfum de la personne en face de moi, s'incrusta dans mes poumons et m'échevela l'âme.
— Je suis là, princesse. Et méprends-toi, je t'aime toujours... Me souffla l'homme de ma vie contre la peau de mon front, un bras désormais enroulé autour de ma taille.
Princesse, je t'aime...
C'était les seuls mots que j'avais retenus. Mais j'étais déjà pleine de bonheur, au bord de l'explosion. Prête à vomir des cœurs et à pleurer des arc-en-ciels.
— Tu es venu... M'Entendai-je murmurer, bouche bée en découvrant se dessiner sous mes yeux le beau visage d'Adrien.
— Bien sûr, je n'allais quand même pas te poser un lapin le jour le plus important de ta vie. Quel petit ami ferais-je, sinon ! S'exclama-t-il en fronçant les sourcils, avec un sourire en coin, à la limite du sarcasme.
Je souriais aussitôt et lui sautais au cou. Déposant dans mon élan mes lèvres contre les siennes, je remerciais le ciel de m'avoir accordé un petit ami aussi parfait que l'était Adrien à mes yeux. Ses défauts n'en étaient même plus, ils devenaient des atouts qui accentuaient son charme. Et je l'aimais tellement, à tel point que surnommer mon affection pour lui d'obsession aurait été un euphémisme...
Les lèvres collées contre les siennes, mon petit nuage se brisait lorsque des éclats de cris réveillèrent mon instinct de survie. Ainsi, je me reculais, dans un élan bien trop rapide à mon goût et m'empressais de dévisager les alentours pour inspecter les horizons. Rapidement, je vis trois hommes armés, vêtus complètement de noir, qui se présentaient aux portes de la salle, prêts à tirer.
— Où est Marinette Dupain-Cheng ?!! Me demanda un des hommes -celui posté au milieu, dans un cri grave qui me fit frissonner et réagir Adrien.
Mon blond se mit devant moi, pour me protéger d'une quelconque attaque. Quant à moi, je m'empressais de chercher Nathaniel des yeux, plus inquiète pour lui que pour ma propre vie. Mais où était-il ?
Les personnes présentes criaient dans tous les sens. Ça courait dans toutes les directions, dans n'importe quel sens, de n'importe quelle façon. Les gens avaient peur, pourtant ce n'était pas eux que les hommes armés demandaient ; mais moi.
Leurs visages étaient dissimulés derrière d'épaisses cagoules noires. Je ne pouvais pas connaître leur identité, ni même deviner, car le moindre de leurs traits mis, à part leurs yeux et leurs bouches, n'apparaissait pas. C'était si effrayant que je refusais de prendre conscience de pareils événements. Il y avait trois hommes armés jusqu'aux dents, paraissant prêts à faire couler du sang, qui demandaient après moi ? Et je devais rester calme ? Moi ? Calme ? Sang ?
Haha. Bien sûr. Et puis quoi encore. Une glace à la pistache, aussi ?
— Adrien qu'est-ce qu'il se passe ?! Tu connais ces hommes ? M'empressai-je de lui demander alors qu'il se retournait vers moi.
Son comportement était si étrange à leur égard. Il cherchait à me protéger, mais je voyais bien qu'un sentiment bien plus intense et inquiétant possédait l'autre partie de son cœur. Et j'aurais pu me concentrer sur ce petit plus qui me rendait confuse, mais le temps s'écoulait. Chaque minute comptait. Et les investigations ne se tournaient qu'autour de Nathaniel, et de sa disparition.
Adrien se gratta la nuque et se mordit la lèvre inférieure, les joues un peu roses. L'embarra venait de prendre place sur son visage et possédait désormais les traits fins mais magnifiques, de son fabuleux visage. Mon cœur tressaillait, paniqué, mais ouvertement sous le charme -malgré l'instant.
— C'est trop long à expliquer, il faut que tu partes, Marinette. Maintenant. Tout de suite ! Lança-t-il, inquiet en reprenant ses esprits, enfin décidé.
Alors j'avais raison. Il les connaissait.
...
— C-Comment ?! P-Pourquoi ?! Qu'as-tu fait, Adrien ?! Et Nathaniel, où est-il ?! Paniquai-je en balayant aussitôt la pièce du regard pour le retrouver, fuyant tous mes doutes et mes maux qui m'assassinaient le cœur de balafres de sang noir, qui m'époumonait le souffle.
— Je vais aller le chercher, ok ? Mais toi pars devant. On te rejoindra, je te le promets ! Rétorqua-t-il précipitamment en me prenant par l'avant-bras pour commencer à enclencher le pas en m'emportant avec lui.
Mais je n'étais pas de cet avis. Trop de questions m'embrouillaient le cerveau, j'avais peu à peu -malgré moi- conscience de la situation, et j'étais au bord de l'évanouissement. Jamais, je n'aurais pensé que celui que j'aime puisse être lié à des hommes aussi criminels et sans scrupule que ceux-là. Jamais. Oh non. Ô grand Dieu, jamais.
— N-Non, je ne partirais pas d'ici sans lui ! Ripostai-je les sourcils froncés en me défaisant de son emprise, à l'arrêt alors que les gens criaient encore et que les trois hommes s'impatientaient et se mettaient à tirer dans la foule en délit.
Choisi de ne pas poursuivre ma route, me livrait presque sur un plateau d'argent. Il suffisait que je me prenne une balle puis qu'ils cherchent un peu, avant de me retrouver et de me faire la peau. Mais je ne pouvais prendre la fuite en sachant que l'une des personnes les plus chères à mon coeur était peut-être encore en danger. Nathaniel comptait tellement pour moi, c'était mon meilleur ami, et je l'aimais profondément.
À tel point, que lui donner ma vie ne m'avait jamais effrayé.
J'avais beau être complètement paniqué, quand il s'agissait de lui, je retrouvais immédiatement ma lucidité. Sans détour, je me retournais, et tentais une nouvelle fois, de rencontrer son regard. Tout était si soudain, on se serait cru dans un mauvais film. Dans une horreur baignant dans le sang et dans les larmes...
— Bordel Marinette, c'est trop dangereux ! S'agaça-t-il en courant avec moi, sa main dans la mienne pour nous mettre à l'abri.
Je manquais de tomber à cause de son geste si soudain.
Entre-temps, pendant notre course, les trois hommes s'étaient décidés à tirer dans la foule sans esprit, sans réaliser les répercussions qui devaient sûrement leur être égal. Mon coeur battait si vite que je pouvais sentir mon pouls battre au rythme de ses battements. J'avais l'impression d'être mal, mais aucune émotion mise à part l'inquiétude ne traversait mon âme. C'était si déstabilisant comme sensation.Une fois protégés pour quelques minutes derrière un mur, Adrien se tournait face à moi et je l'écoutais en refermant mes bras autour de moi, frissonnante.
— Ecoute-moi bien. Si tu refuses de partir je ne veux pas que tu bouges d'ici le temps que j'aille chercher Nathaniel pour qu'on s'en aille. Tu me promets de ne pas bouger d'ici le temps que je ne suis pas revenu ? Il me demanda en plongeant ses yeux dans les miens.
Complètement à l'ouest, je prenais son bras entre mes mains.
— Je t'en prie fait attention à toi. L'implorai-je, au bord de la crise cardiaque.
Il ne me répondait pas et déposait un bref baiser sur mes lèvres avant de se détourner et de partir. Je le voyais courir à travers la foule en délit et ne le lâchait pas des yeux par peur qu'il se prenne une balle. Comme si mon regard pouvait le protéger tel un bouclier... !
Pendant ce temps, je me retrouvais seule, à l'affût du moindre bruit. Perdue et apeurée. Le temps s'écoulait si lentement, les coups de feux pleuvaient encore, et encore.... Ça ne semblait jamais vouloir s'arrêter ...! Comme si l'infini avait muni ces meurtriers d'armes inépuisables.
Tremblante, les jambes flageolantes, je repliais mes bras contre moi en glissant contre le mur, un peu recroquevillée sur moi. J'avais peur que Adrien ou Nathaniel ne soit blessé. Qu'ils ne me reviennent jamais. Que la mort décide de les ramener à elle, les arrachant à la vie sans discuter. Sans marchander une quelconque proposition en retour...
Tout ça, c'était beaucoup, c'était trop.
La souffrance qu'était mon inquiétude la rendait dix fois plus douloureuse que d'habitude. Lorsque je me sentais triste, je l'étais, mais la puissance de mes sentiments n'étaient pas aussi fort. Là, pour ce moment, je pouvais voir mes souvenirs s'entasser comme des analepses. Et les prolepses de mon futur s'effaçaient, comme si le chemin de ma vie retrouvait son engouement aujourd'hui.
En tout cas, ce qui était sur, était que je ne mourrais pas tant que je ne saurais pas si Nathaniel et Adrien sont en sécurités. Le plus important, qui m'importait plus que tout autre, c'était de les savoirs saint et sauf, loin de ce danger qu'Adrien était seul et unique à connaître. À des millions de kilomètres de ces lieux que j'avais mis tant de semaine à décorer. Libre et bel et bien vivant. Épanouis dans un endroit où, peut-être, que je ne serais pas...
Tant qu'ils étaient heureux tous les deux, le reste n'avait pas d'importance. Moi-même, je n'en avais plus...
Les bruits de feux cessèrent, d'un seul coup. Je me figeais. Des pas retentirent et me glaçaient le sang. Je me relevais lentement en retenant ma respiration. En ouvrant les yeux, je découvrais quelques corps étalés sur le sol, plongés dans des flaques de sangs écarlates. La couleur rouge était si sombre que l'on aurait dit du jus de cerise. Néanmoins, face à cette vision qui était horrifique, je plaquais mes mains devant ma bouche pour m'empêcher de crier.
Un vrai, film d'horreur.
— Marinette ! Marinette !! Marinette !!! Livre-toi de ton plein gré et nous ne feront pas plus de victime. Annonça le même homme. C'est promis. Compléta-t-il d'une voix dangereuse qui laissait sous-entendre un rictus malicieux et vicieux.
Une nouvelle promesse que je n'étais pas sûre qu'il tienne...
L'incroyable douleur qui me prit à chaque battement de cœur, me fit alors grimacer. Je détestais devoir faire des choix. Mais il y avait déjà eu tant de morts, je ne pouvais pas prendre le risque d'en faire davantage. Il fallait que je pense à toutes ses familles à qui on annoncerait que l'un de leurs membres était décédé. Tout ça, parce que... par lâcheté et égoïsme j'avais refusé de me livrer.
Même si je ne connaissais pas les raisons qui les poussaient à me courir après avec autant d'ardeur, je n'avais pas le temps d'en demander davantage. Parce qu'il fallait se faire à l'idée : j'étais bloquée. J'allais peut-être mourir, ou pas. Plus aucune échappatoire ne se présentait à moi. J'étais piégée, bloquée au fond du trou. Plus aucune solution ne s'offrait et n'allait s'offrir à moi, j'étais tout bonnement cuite, et qui savait, aussi bientôt morte.
Tout ça, sans savoir pourquoi. En ne sachant même pas les raisons qui avaient poussé ces personnes à tuer autant. À détruire tout ce monde que beaucoup avaient construit dans le but de créer un univers. Cette soirée devait bien se passer. Elle était programmée et organisée pour que seul le bonheur hante la pièce, et possède le cœur de tous les convives. Mais c'était tout l'inverse.
Le taux de plaisir prévu, se retrouvait à la même hauteur que la douleur et du silence présent. Pleins de non-dit fuyaient dans l'air, et chargeait l'atmosphère d'un paradoxe étouffant. On se sentait tous au bord du gouffre. On partageait nos souffrances à travers un silence qui parlait plus en hurlant qu'en pleurant. Comme si être muet rendait plus savant qu'un sourd pouvant toujours entendre les peines transperçantes de l'âme.
Pour l'instant, préférant écouter les paroles d'Adrien, je campais sur mes positions en commençant à prier un ange protecteur pour qu'il me garde encore un petit peu à l'abri. Tant que je ne connaissais pas la situation de Nathaniel et Adrien, je devais tout faire pour rester en vie. Tout. Vraiment tout.
— Je vais commencer un décompte de dix secondes. Si à la fin, tu n'es toujours pas sortie de ta cachette, je te tuerais en te trouvant. Ça te va ? Demanda-t-il calmement, mais je restais silencieuse. Oh ! j'oubliais, c'est vrai que tu ne peux pas répondre au risque d'être trouvée... S'amusa-t-il sur un ton sarcastique qui me répugna.
Tournant la tête à la recherche d'une arme pour me défendre au cas où, je trouvais un plateau en argent. Sans attendre, je l'attrapais en tâchant de faire le moins de bruit alors que j'entendais le décompte.
— 7.... 7,30... 6.... Continuait-il tandis que j'inspirais puis expirais fortement en gardant le silence.
Adrien, mais où étais-tu, bon sang...
— 5... 5,30... 5,45... 4... Il poursuivait calmement, alors que je l'entendais se rapprocher de plus en plus près de moi.
Oh seigneur, mais qu'ai-je fait pour mériter une telle chose ?
— 3... 3,35.... 3,50... 2... Annonçait-il en touchant bientôt la fin de son décompte.
C'était de pire en pire. J'avais envie de pleurer. Mais aussi de crier ma panique, mon désarroi, ma détresse qui se faisait de plus en plus grande. Je voulais que tout s'arrête. Me réveiller de ce cauchemar, et reprendre une vie normale. Qu'il n'y est plus de sang tout autour de moi. Faire en sorte que tout ce massacre n'est jamais eu lieu, que toutes ces personnes gisant au sol continue de vivre leur vie avec passion.
Qu'elles soient à nouveau vivantes.
— 2... 2,25... 2,55... Trouvé ! S'exclama-t-il en apparaissant brusquement de l'angle du mur.
— Aah ! M'écrirai-je en lui balançant sans réfléchir, le plateau d'argent que je détenais entre les mains, dans la figure.
Sans demande mon reste, ni attendre qu'il se remette de ses émotions, je me mis à courir. Fuir pour survivre. Et en même temps, retrouver Adrien et Nathaniel si possible.
— Adrien !!! Nathaniel !!! Criai-je à l'aide en me retournant pour vérifier mes arrières. À L'AIDE !!!! Hurlai-je en détournant à nouveau la tête face à moi pour foncer dans quelqu'un qui me prit immédiatement dans ses bras.
Il me fallut un millième de seconde, avant que dans le choc, son parfum monte à mon nez et m'apaise tandis qu'une crise de larmes m'attaquait les yeux. Mon coeur battait la chamade, terrifié, et imbibé de sueurs froides. Je tremblais de tout mon être, de la tête aux orteils en osant imaginer ce qu'il allait s'en suivre. Dieu seul savait à quel point je ne voulais pas de suite, avec quelle détermination je désirais que la fin n'arrive jamais, ou qu'elle se précipite dès maintenant pour me prendre par le cou et m'étouffer.
J'avais tellement peur, seigneur...
— Je suis là Marinette, c'est fini. Me rassura Nathaniel en me caressant le dos, je resserrais mes bras autour de lui sans mesurer ma force.
Plus que tout au monde, je tentais de me ressaisir pour être forte et cesser d'avoir peur au point de vouloir mourir. Mais c'était si dur, trop dur. J'aspirais puis expirais et laissais mes larmes soulager une terreur qu'elles paralysaient à peine. Heureusement que Nathaniel était là, je ne sais pas ce que je serais devenue, sinon. Peut-être aurais-je continué de courir, jusqu'à mourir d'épuisement ?
Entacher mon bonheur, ça je savais bien le faire. Cependant, c'était la première fois -et je l'espérais la dernière- qu'une telle chose m'arrivait.
— Marinette attention ! S'écriait Adrien que je n'avais pas vu.
Alors que je ne compris pas ce qu'il m'arrivait, Nathaniel inversa les rôles et me poussa loin de lui. J'atterris sur Adrien, qui me récupéra dans ses bras, avec force. Et j'avais beau perdre la moitié de ma tête, je reprenais en double vitesse mes esprits et tournais la tête pour découvrir Nathaniel, du sang au bord des lèvres. J'abaissais alors mes yeux, immobile dans les bras d'Adrien et avec de gros yeux, bourrés d'effrois, je découvrais une tache de sang qui ne cessait de s'agrandir au niveau de son torse. Il venait de se recevoir une balle dans le coeur...
— Oh mon Dieu, Nathaniel, non ! M'empressai-je de crier en courant.
Avant qu'il ne tombe, je le rattrapais, et m'asseyais lentement à genoux sur le sol avec sa tête posée doucement sur mes cuisses. À l'aide de mes mains, je luttais vainement contre l'effusion de sang qui ne cessait plus de s'agrandir. Je le voyais mourir, sous mes yeux, alors que j'avais tout fait pour le garder en vie. J'étais effondrée tandis que je le regardais dans les yeux. Ses paupières papillonnaient.
Il m'échappait.
— Nathaniel, Nathaniel, tu m'entends ? Reste en vie, d'accord ? Ça va aller, je te le promets. Sanglotais-je en tentant de lui sourire malgré les larmes qui longeaient le long de mes joues et venaient s'échouer sur son visage. Nath... je t'en supplie, ne part pas... Bafouillai-je la voix tremblante et les yeux débordant de larmes.
Malgré toute la douleur qu'il ressentait, il trouva la force de me sourire une dernière fois. Dans un dernier élan, qui sera son dernier il reprit une de mes larmes de son index en m'effleurant le dessous de l'œil. Nathaniel détestait me voir pleuré. Il me l'avait toujours dit. Et même dans ces derniers instants, il continuait à me prouver tout l'amour qu'il ressentait à mon égard. Et quant à moi, je ne cessais plus de vider toute l'eau que je possédais pour lui, tout en sachant que ça ne l'aiderait pas à rester en vie.
— N-Non... Nat-th... Ne meurs pas... ! Bégayai-je d'une voix tremblante, les larmes coincées au milieu de la gorge.
Mais lorsque son bras commença à se baisser, je m'empressais de le reprendre et de serrer sa paume dans les miennes. Ses paupières se fermaient peu à peu. Et son souffle s'affaissait jusqu'à disparaître pour de bon...
Mon coeur se déchirait dans ma poitrine, il s'échappait et je hurlais, jusqu'à m'en arracher la voix. Jusqu'à tout perdre, car je venais de voir ma vie s'effondrer et une partie de moi mourir avec lui. Tout ce pour quoi je m'étais battue, tout ce que nous avions vécu ensemble, tous nos souvenirs. Il ne restait plus que moi pour m'en souvenir, pour continuer à les faire vivres.
Car lui. Il ne le pouvait plus.
Il ne le pourrait plus jamais...
Ce meilleur ami aimant, présent et si précieux, était mort dans mes bras, en cette douce soirée qui devait marquer le plus beau jour de notre vie : celui de nos 16 ans d'amitié. C'était l'anniversaire de notre amitié... Celui de notre passion. Du nous, qui dépassait toutes les amitiés les plus pures, les plus uniques, les plus fortes au monde.
— N-NON !!! Hurlai-je en le prenant dans mes bras pour le serrer fort, très fort, dans l'espoir qu'il me revienne encore. Je t'en supplie reviens. Nathaniel ne meurt pas, ne m'abandonne pas ! On s'était promis de rester ensemble, tu te rappelles ? Tu avais promis de veiller sur moi, comme j'avais promis de veiller sur toi ! Lui rappelai-je avec assurance, tandis que mes forces continuaient à s'épuiser malgré mon fort intérieures qui s'acharnaient pour me garder encore consciente.
Les sanglots assiégeaient mon cœur et soumettaient mon âme à une douleur plus forte que tout. Du bout de la pulpe de mes doigts, je caressais ses cheveux et pleurais en gardant mon front collé contre le sien. Je ne voulais pas le perdre. Ce n'était pas encore le temps, nous étions trop jeunes pour nous dire déjà adieu. Je refusais de croire en sa mort. Je refusais. Je refusais. Et je le refuserais toujours ! Parce qu'il ne pouvait pas être mort, c'était impossible !
Et quand notre chagrin dépasse tout courage, toute fierté et bousille notre propre peine, la souffrance se met alors à négliger notre silence. Par conséquent, elle se met en quête de brûler tout ce qu'elle pourra toucher, d'exterminer le maximum. Le but : tout réduire en cendres. Il faut que ça termine en poussière !
Fissuré, brisée, bientôt en morceaux, l'effroi de notre douleur s'insémine à notre sang, à notre chair. Et puis, à travers nos globules rouges, la destruction de notre cœur s'auto-enclenche et autorise à notre âme de se détruire. D'effacer toute morale ayant un minimum de sens et de liberté.
Et enfin, on se met à divaguer... On perd la tête car notre force émotionnelle n'est pas assez endurante pour mesurer et placer tout notre mal-être dans un coffre. Et le garder emprisonner pour toujours.
Parce que parfois, hélas, nous n'avons pas conscience de ce que nous sommes réellement capables d'affronter ou non. Dans certains cas, nous sautons, sans atterrir. Quant à d'autres, la chute est si brutale que le choc n'en est qu'une conclusion, qui termine tel un point, toute notre histoire que le temps finira par effacer.
〰️ Maintenant... 〰️
À la fin de mon récit, Alya restait silencieuse. Et moi, je n'avais pas suffisamment de force pour lui faire face et l'obliger à me répondre. Moi-même, j'ignorais complètement ce que j'aurais pu répondre après tant d'aveux, tant larmes, et tant d'injustice. De plus, quelle morale abominable que j'en tirais... !
— Marinette... Je comprends. Et je ne t'en veux pas, parce que ça a dû être très dur pour toi. La seule chose que je voudrais te dire c'est : désolé. Pour ne pas avoir été là pour toi dans ce moment où tu en avais tant besoin... Déclara-t-elle doucement en me prenant dans ses bras avec un regard triste.
Face à sa peine si soudaine, je restais immobile quelques secondes avant de sourire tendrement en refermant mes bras autour d'elle. Elle ne cesserait donc jamais de m'étonner. Même après tout ce que je venais de lui confier, après cette histoire qui n'était qu'un secret trop lourd à porter seule, elle trouvait quand même le moyen de s'excuser. Quelle fille énigmatique.
— Ne t'excuse pas, tu n'y es pour rien. La rassurai-je les yeux fermés. Je te remercie d'être aussi compréhensible, je ne pouvais rêver meilleure amie pour m'accompagner comme il l'avait faite. Lui assurai-je ne me reculant avec un doux sourire sincère et les yeux brillants de bonheur.
— Il avait l'air super, je ne pense pas pouvoir le remplacer... Confit-elle un peu honteuse.
— Personne ne pourra jamais le remplacer. Mais tu sais, j'ai mis du temps avant de me rendre compte que je devais cesser de ruminer mes tords. Parce que, je ne pourrais jamais avancer en butant en permanence sur mes fautes. Il m'a fallu beaucoup de temps et de réflexions pour l'accepter. Mais Nathaniel, n'est plus là pour veiller sur moi, ce qui veut dire, que pour faire perdurer sa mémoire, c'est à mon tour de veiller sur les autres comme il le faisait de son vivant. Lui avouai-je en souriant fièrement.
— On dirait que t'as décision est déjà prise. Elle fit remarquer en croisant les bras avec un sourire narquois.
Les joues un peu rouges, je détournais le visage et les yeux en me frottant l'avant-bras avec un faible sourire.
— Oui, on peut dire ça comme ça... Acquiesçai-je légèrement embarrassée.
— Sache que ça me fait plaisir de te voir à nouveau heureuse. Tu es plus jolie sans les larmes ! Affirma-t-elle vivement.
— Et toi sans les dents ! Ne pus-je m'empêcher d'ajouter en souriant.
Elle haussa un sourcil sans comprendre. Les traits de son visage s'étiraient dans tous les sens et déformaient grossièrement son visage. L'expression faciale qu'elle empruntait me fit sourire puis ensuite exploser de rire. Ça changeait des sanglots. Pour une fois.
— Mais ?! Bah merci ! Rétorqua-t-elle en posant ses mains sur ses hanches. Voilà ce que je me reçois après un compliment ! Aboya-t-elle en soufflant ses mots avec un grand sourire et des yeux hallucinés.
Néanmoins, cela se voyait qu'elle aussi était heureuse. Et aussi épanouis que je l'étais à ce moment-là. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas pu discuter aussi librement, et paisiblement. En général, soit je tirais une mine décomposée, soit je l'évitais volontairement pour ne pas à lui faire face. Le poids de mes mensonges m'avait tant pesé qu'au bout d'un moment, je n'arrivais même plus à la regarder dans les yeux.
À tel point que, la fuir m'enflammait le coeur. J'étais si triste et désolée de la faire souffrir ainsi. Néanmoins, à présent, c'était un temps presque révolu. Il restait un dernier secret, mais que j'hésitais encore à lui partager car cette fois-ci, il ne concernait plus que moi et lui, mais une autre personne.
Un certain Adrien Agreste. Meurtrier, menteur, et homme de ma vie envers et contre les règles du temps. Lui, en revanche, serait sûrement la roue de trop de mon carrosse. C'était sans hésitation que j'étais désormais certaine, que ce soir, tout ne se passerait pas forcément dans la joie et dans le bonheur.
Un nuage gris trônait au-dessus de nos têtes. Il y cachait à l'intérieur une dangereuse averse qui menaçait d'y laisser quelques éclairs par-ci par-là. Et peut-être même, d'en transpercer quelques-uns aussi...
~*~
Coucou !!
Wouaw, après peut-être une semaine, me revoilà avec l'avant dernier chapitre qui promet d'être riche en émotion et en rebondissements. J'ai prévu une fin très hard, qui pourrait en toucher certains d'entre vous !
Mais sinon, quels sont vos avis sur ce chapitre qui est juste, super long ?! 😂
Le chapitre 15 (le dernier) arrivera dans les prochaines semaines. Je vais essayer de vous le poster le plus tôt possible, parce que j'ai déjà beaucoup de retard 🤓
Après je ne peux pas vous le garantir, car j'ai masse travail côté cours 🤓🤓
Sinon, passez une bonne journée, je vous embrasse ! ❤️
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