[ l'épilogue ]
Quand Gaëlle posa le pied sur le sol rouge de la prison, elle était calme. Ses beaux yeux plissés observaient les débris et les corps éparpillés un peu partout. Il n'y avait aucun son à part celui du vent. Les trois gardes du corps de la grande chef restaient en retrait et s'échangeaient des regards incertains. Même ces hommes forts et armés sentaient l'ambiance oppressante, voir dangereuse qui pesaient sur leurs épaules. Ce n'était pas le cas de la magnifique créature qui avançait en scrutant les visages éteints de ses hommes.
La pierre craquait sous ses hauts talons, presque aiguisés. Elle ressemblait à un diamant brut que la crasse, le sang et la poussière ne pouvaient atteindre. En effet, rien ne l'atteignit, à part un visage. Il avait du sang sur les lèvres, les yeux ouverts et le regard encore apeuré. Cette simple expression suffit à Gaëlle pour qu'elle s'accroupisse près du cadavre. Ses longs doigts fins glissèrent tendrement sur la joue pâle du garçon et elle inspira lourdement. Aucune émotion n’avait le droit de paraître sur son visage. Alors, malgré la lourde douleur de son cœur, elle posa sa main sur ses paupières pour les refermer et se releva. Son cousin serait vengé évidemment, mais elle devait encore chercher des pistes, un indice sur les ordures qui avaient causé autant d’ennuis.
Quand elle passa dans le bureau de Valentin et qu'elle le trouva, agonisant sur le sol avec un trou béant dans le ventre, elle ne put retenir un ricanement. Elle n'attendait déjà pas grand-chose de sa part, et maintenant qu'elle le voyait plus lamentable que jamais, l'infime estime qu'elle avait de lui s'envola.
— Mmh Valentin.. Tu me déçois énormément, sache-le.
Le brun n'était plus sûr de rien. Était-il encore vivant ? Ou sa supérieure Garcia Diaz n’était-elle qu’un songe ? C'était sûrement ça l'enfer. Il lui répondit avec un gémissement si faible que Gaëlle ne l'entendit pas. Elle esquissa un sourire sadique et leva sa jambe juste au-dessus du ventre de l'homme.
— Qui étaient-ils ?
— H..hun..
— Je ne serai pas patiente Valentin, prévint-elle en rapprochant son talon de sa blessure. Qui a tué Thomas ?
Valentin ouvrit la bouche, son souffle se coupa lorsqu'il sentit la chaussure de la belle frôler sa chair. Il ne pouvait pas répondre, il n'en avait plus la force. Alors, dans un dernier instant de lucidité, il tourna la tête vers une photo qui traînait sur le sol à deux centimètres de son visage. La puissante femme suivit son regard, puis se pencha pour récupérer la photo. Elle observa longuement les deux visages en réfléchissant. Son sang commençait à bouillir. La tristesse et la souffrance qu'elle avait ressenti en retrouvant le dernier membre de sa famille mort et vulgairement abandonné venait de se transformer en colère fulminante. À présent, c'était à eux de souffrir. Elle n'en ferait qu'une bouchée.
Elle plia alors délicatement la photo et la rangea dans sa veste. Valentin tentait vainement de lever sa main pour atteindre sa chef. Il voulait qu'elle l'aide. Après tout, il avait toujours été loyal. Seulement, il avait déçu Gaëlle, et elle lui enfonça son talon droit en plein cœur.
— Bien, dit-elle en revenant sur ses pas, là où ses gardes du corps l’attendaient. Retrouvez-moi les derniers survivants qui traîneraient encore dans la boue et le sang. Quant à moi, je rentre. J'ai quelques petites choses à préparer.
Elle grimpa sur un des scooters de ses hommes, et sans un dernier regard à la prison détruite, elle démarra.
Ces ordures paieront de leur sang.
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