[ chapitre 3 ]


Lucas.

- Amène toi, lança mon insuportable sauveur à mes côtés en se dirigeant vers le bord.

Je poussai un grognement en me redressant et croisai les bras. Bien qu'il m'ait sauvé la vie, ce garçon au look plus que douteux par les temps qui courent m'agaçait. De quel droit cet abruti pouvait déclarer si j'allais survivre ou pas. J'avais pourtant bien réussi à m'en sortir jusque là.

Je le vis s'accrocher à la gouttière pour descendre du toit. Son air arrogant me donnait envie de le pousser. Il jouait au dur, mais ce n'était qu'un rôle.

Je le rejoignis tout de même et l'observai sauter sur un balcon puis sur le toit d'un camion avant de finir dans une parfaite réception au sol.

Bouffon.

Le bruit de moteur, qui se faisait entendre bien plus fort depuis quelques secondes, s'arrêta. La portière s'ouvrit et une jeune fille, pas plus âgé de 17 ans en sortie, un large sourire aux lèvres.

- Hé Max ! Devine quoi ?

L'immeuble sur lequel nous discutions n'était pas très haut, si bien que je pouvais clairement entendre sa voix et celle du garçon.

- Salut à toi aussi Adèle. Laisse moi deviner, Amine et Sofyan ont volé le 4x4 pour un rallye au milieu des Haters ?

La brune rit franchement en se calant contre la portière. Elle secoua la tête alors qu'un petit sourire se dessinait au coin de ses lèvres.

- Seb est revenu.

A cette nouvelle, le dit Max poussa un cri de surprise avant de rire de bonheur. Il se précipita dans les bras de cette Adèle et la serra.

- C'est pour ça qu'on doit pas traîner, ajouta la jeune fille en ouvrant la porte de son mobile.

- C'est toi qui était à la bourre j'te signale, lança le châtain avant de se diriger vers l'autre côté de la voiture.

Toujours en haut du bâtiment, je le regardais faire presque ahuri.

C'était évident que j'allais pas survivre s'il me laissa là !

Pris de panique et ne voulant plus me retrouver seul au milieu de ces fous, je m'exclamais :

- Max ! Me laisse pas !

Je vous l'accorde, ce n'était pas très viril mais qui a dit que je l'étais.

Le châtain à la visière fluo s'arrêta dans son élan et leva les yeux vers moi. Il avait l'air blasé, à croire qu'on avait passé des années ensemble et qu'il se lassait de mon comportement. Il me sembla tout de même apercevoir un soupir se dessiner de ses lèvres. Adèle avait également levé les yeux, interpellée et me fixait à présent, les sourcils froncés.

Point de vue externe.

- C'est qui lui ? Pouffa Adèle en observant le jeune garçon se pencher sur la gouttière.

Le châtain laissa le silence régner un instant en fixant Lucas qui tentait désespérément de descendre. Quand le plus petit glissa et qu'il tomba sur le balcon avant de rouler et de s'écraser sur le toit du camion dans un gémissement de douleur, Maxence répondit :

- Un boulet.

Adèle haussa les épaules d'un air moqueur et se glissa à sa place de conductrice. Elle alluma la radio et changea de fréquence avant se se pencher vers un micro.

- Les gars, on a un nouvel arrivant.

Un crissement puis une voix hachée dans le combiné lui répondit.

- On est au courant pour Seb.

- Oh mais c'est pas de Sébastien dont je parle.

- Alors c'est qui ?

La brune jeta un coup d'œil par la fenêtre. Lucas avait enfin atterri et se tenait fermement l'épaule, la joue égratignée et la moue boudeuse. Maxence, toujours contre la voiture lui criait de se bouger et d'arrêter de geindre. La jeune fille sourit puis répondit :

- Un boulet, il paraît.

*

9 mois plus tard.

Accroupi derrière des ruines, un jeune garçon aux cheveux bruns et aux yeux bleus attendait, le poing serré sur le manche d'un couteau. Ses poils se hérissaient sur ses bras et sa mâchoire se contractait. Lentement, il se redressa et jeta un coup d'œil discret derrière les pierres. En face de lui, une pharmacie pas encore dévalisée, du moins pas entièrement. C'était un vrai miracle et Lucas n'allait pas laisser passer cette chance. Alors qu'il resserrait les lanières de son sac à dos, il se leva. Personne à l'horizon à part le corps pourri d'un homme. Lucas ne lui lança pas le moindre regard et sauta par dessus les ruines pour rejoindre le vieux bâtiment.

D'un coup de pied brusque, il enfonça la porte et s'engouffra dans la pénombre. Toutes les vitres étaient teintées de crasses et de poussières, ce qui assombrissait énormément la pièce, pour son plus grand bonheur. Ses pas résonnaient lentement alors qu'il scrutait les rayons. Quand il eut enfin trouvé ce qu'il cherchait, un petit sourire satisfait se dessina au coin de ses lèvres. Il se mit sur la pointe des pieds et tendit la main, mais alors qu'il s'apprêtait à récupérer l'objet, une flèche fendit l'air à quelques centimètre de son visage. Elle se planta dans le mur juste à coté avec un sifflement.

Lucas ferma les yeux une fraction de seconde, son souffle venait de se bloquer dans sa trachée.

D'un coup brusque, il lança son poing en arrière mais fut rapidement arrêté par une poigne forte. Les deux garçons se firent face, autant énervés qu'amusés. Les yeux bleus de Lucas étaient perçants. Ils fusillèrent Maxence avant de se perdre dans ses iris noisettes. En voyant le peu de temps que Lucas avait mis pour craquer, l'archet ricana.

- Eh bien, Squeezie, tu joues à l'aventurier ? Cette zone a été sécurisée il y a deux semaines.

Lucas grogna et retira son poing de sa main avant d'attraper les médicaments qu'il était venu chercher.

- La ferme Maxence, jt'ai déjà dit de pas m'appeler comme ça.

- Ça te va bien, sourit le grand brun en allant récupérer sa flèche.

- Rien à foutre.

Ce n'était qu'un murmure mais il parvint parfaitement aux oreilles de l'archet. Ce qui le fit rire d'ailleurs. Alors que Lucas s'affairait à ranger les nouveaux produits dans son sac, le garçon à l'éternelle visière jaune faisait tourner son arme entre ses doigts. Il se mit à siffloter tout en regardant un peu partout. Il fut finalement attiré par un vieil appareil posé sur une étagère. Le jeune survivant le prit, presque émerveillé puis se tourna vers son coéquipier.

- Regarde, un polaroïd!

- Génial, l'ignora royalement Lucas.

- Viens on fait une photo.

Et sans même attendre la réponse probablement négative de Lucas, Maxence se glissa à ses côtés et déclencha l'appareil. Le flash éblouit le plus petit qui repoussa Maxence en grognant, mais celui-ci n'en avait que faire. Il regarda alors le papier sortir de l'appareil photo. Lucas faisait une sale tête alors que lui souriait bêtement. Il adorait cette photo. Il la rangea dans sa poche puis mit son nouveau jouet dans son sac. Et il attendit.

Le silence s'engouffra dans la pièce comme une bourrasque de vent qui les gifla. Malgré tout, Lucas remerciait le ciel, espérant qu'il reste pour toujours. La voix du plus grand lui tapait sur le système.

- Squeezie ?

Et merde, songea Lucas en soufflant. Il se redressa et offrit un regard presque stone à son coéquipier, attendant la suite.

- Quoi ? Finit-il par lancer alors que Maxence était redevenu muet.

Mais le châtain ne répondait toujours pas. Lucas soupira d'agacement et mit son sac sur son dos. Seulement, il fut rapidement arrêté.

- C'est tranquille par ici, il n'y a personne.

- Effectivement, dit distraitement Lucas d'un ton froid et désintéressé.

- Vraiment personne.. répéta Maxence en s'approchant lentement de Lucas.

- Non, personne. Bon, on y va.

Lucas allait lui tourner le dos pour partir quand deux mains agrippèrent le col de sa veste et le plaquèrent contre un des rayons. Il y eut le bruit métallique et strident du métal qui cogne le mur et les bruits sourds de boites de médicaments qui tombaient au sol.

Lucas foudroya Maxence du regard et alors que le châtain approchait son visage du sien, il le poussa violemment.

- Lâche moi putain !

Maxence se colla à nouveau à lui et plaqua violemment ses lèvres contre les siennes. Lucas, bien décidé à se défendre, lui donna un violent coup dans le ventre. Comme le plus grand ne réagissait pas, il tenta de lui en mettre un autre mais Maxence le stoppa rapidement dans son élan. Ses lèvres s'étirèrent en une fine ligne rose alors qu'il se décollait. Il plongea ensuite son regard dans le sien et murmura :

- Tu as aimé qu-

- C'est arrivé qu'une fois, le coupa Lucas, sur les nerfs. Et j'étais faible, t'as profité de moi, casse toi.

- C'est arrivé deux fois ! Protesta le châtain en fronçant les sourcils.

- Ouais, l'autre j'étais bourré ! T'as encore profité connard.

Lucas sentait son sang bouillir, et Maxence également. Ces neuf derniers mois avaient été plus qu'électrisants pour les deux garçons. Lucas avait changé et son regard apeuré et innocent du début manquait à Maxence. C'était sa faute s'il l'avait perdu. Penser si soudainement au passé piqua le châtain au vif. Il explosa :

- Un connard ?! Moi ? J'étais cent fois plus déchiré que toi espèce de petite enflure.

- Lâche moi Maxence.

- Tu sais quoi, lança Maxence en relâchant sa veste.

Il y eut un silence où Lucas l'observait, attendant la suite.

- J'aurais dû te laisser crever.

Et ce fut trop, Lucas lui balança son poing dans la figure.

- Putain mais quel enculé ! Cracha Maxence en se tenant fermement le nez.

Il renifla puis essuya le sang avec un bandana rouge accroché à son jean.

Lucas ne lui laissa pas plus de temps et pointa son couteau sur sa poitrine.

- Fais gaffe Maxenss, la prochaine fois c'est pas que mon poing que tu vas prendre.

Maxence pouffa sans retenir un large sourire puis leva les yeux vers Lucas.

- Tu te rends bien compte que ça sonne sexuel ?

Le brun laissa tomber ses bras le long de son corps, désemparé. Il fixa Maxence quelques secondes avant de détourner les yeux et de sortir. Puis il se mit en marche sans même un dernier regard pour l'archet.

Bouffon.

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