[ chapitre 27 ]
Cyril boitillait en se tenant aux murs, le regard voilé d'une étrange lueur et la mâchoire en sang. S'ils croyaient tous qu'ils pouvaient se moquer de lui, ils avaient bien tort. Le rouquin était loin de se laisser marcher sur les pieds et comptait bien imposer sa domination et sa puissance sur ces sales petits rebelles.
Arrivé là où la bataille faisait encore rage, il s'approcha discrètement de trois des protagonistes qui tentaient de toucher quelques ennemis sans se dévoiler. Un horrible sourire se dessina aux coins de ses lèvres alors qu'il rasait les murs, couvert par la poussière et l'épaisse fumée qui se répandait encore dans les couloirs.
- Laink, plus bas !
Ledit Laink hocha la tête aux consignes de son meilleur ami et abaissa son fusil, puis tira. En plein dans le mille ! Un coquin qui tentait de les approcher avec un couteau s'écroula au sol.
- Putain bonne vue Terra.
- J'suis un peu comme une extension de toi.
- Tu parles, rit le plus petit en reposant à nouveau son œil près du viseur.
Damien le regarda un instant puis se concentra sur ceux qui leur tiraient dessus.
- On dirait qu'ils ont plusieurs vies, railla-t-il.
Cette impression ne le découragea pas pour autant. Sanaa restait muette à coté d'eux. Elle sentait bien que Damien était plus détendu, sûrement grâce à Thomas qui avait dû lui parler Mais le jeune homme ne lui avait sûrement pas pardonné. Alors elle se contenta d'être efficace et nettoya les couloirs de quelques coups de feu bien placés.
- Putain ce que j'ai hâte d'en finir, s'écria Damien alors qui venait d'enfoncer son genou dans le ventre d'un blondinet qui s'était faufilé jusqu'à leur petit groupe.
Même en reculant, protégé par des armes et l'ambiance de panique qui régnait, ils avaient du mal à se débarrasser de tous ces obstacles.
Thomas sentit soudainement quelque chose de chaud dans son cou. Il se stoppa net. Ses bras, qui tenaient fermement son arme tendue devant lui, se relâchèrent.
- Damien, murmura-t-il.
Mais son meilleur ami eut à peine le temps de se tourner vers lui que Cyril appuya sur la détente.
Les yeux grand ouverts, la bouche se remplissant de sang, Thomas ne sentit même pas ses jambes flancher. Il ne sentait plus rien, pas même les bras de Damien qui le soutenaient à présent. La réaction de Damien fut la plus dangereuse pour lui et Sanaa. À genoux, il se mit à fixer Thomas étendu sur le sol, à moitié contre lui, le cou et les épaules en sang.
- Laink.., bégaya le brun en le secouant.
Mais bien vite, il comprit que c'était inutile.
Il se figea, comme soudainement paralysé par le choc. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi il y avait tout ce sang rouge vif, ni pourquoi Thomas ne bougeait plus. L'idée même d'avoir perdu la personne qu'il aimait le plus ne pouvait pas lui traverser l'esprit. Elle se heurtait à des verres invisibles devant ses yeux.
Seulement, Cyril avait encore totalement possession de ses moyens. Le voyant si atteint par la mort de son meilleur ami, il esquissa un sourire sadique. Il éprouvait une joie folle à tirer sur des rebelles puis les voir pleurer. Et pourtant, il était encore pleinement conscient de lui-même. Cette facette de l'homme était bien pire que de perdre le contrôle et de devenir un Haters aveuglé par la haine. Cette facette de l'homme était celle de la cruauté préméditée, non pas poussée par la colère, mais par pur plaisir.
Alors qu'il s'apprêtait à tirer et à se délecter de cette nouvelle mort, Sanaa se mit devant Damien. Légèrement surpris, Cyril ne se laissa pas pour autant perturber. De toute façon ils allaient tous y passer.
Sauf qu'il se prit un poing dans la figure. Un grognement étranglé passa la barrière de ses lèvres, il tituba légèrement et jura:
- Salope.
- J'te conseille de la fermer. Ah non, sourit-elle. Tu peux toujours l'ouvrir, j'men fiche.
Un nouveau corps s'écrasa sur le sol parmi les autres.
*
Lucas vit une ombre s'approcher de lui. Ses yeux humides se plissèrent pour mieux voir, et bientôt les traits durs d'un visage pourtant souriant lui apparurent. Les mains et les genoux dans la poussière, Lucas dû lever la tête pour regarder le rictus bancal de Sébastien. Il se releva en vitesse.
- On dirait que t'as toujours ta bonne étoile ! S'exclama Sébastien d'une façon bien trop exagérée. Elle ne te quitte plus. Après tout, faut bien qu'elle sauve les fesses de son amoureux.
- Je n'ai pas besoin de lui, répondit sèchement Lucas, croyant à peine à ses propres paroles.
Car c'était vrai, il avait souvent eu besoin de lui. N'empêche, il l'avait lui même sauvé à plusieurs reprises. Ce qui prouvait bien qu'il n'était pas si empoté que tout le monde s'entêtait à le croire. Sébastien eut l'air faussement attendri par le répondant de Lucas et porta un masque à gaz, qu'il tenait dans ses mains, à sa bouche. Un vicieux clin d'œil vint se moquer du pauvre prisonnier qui sentait la fumée remplir de plus en plus ses poumons. Sa gorge et ses pupilles le brûlaient mais il était hors de question de tousser devant Sébastien. Lui aussi pouvait être fort.
- Tu veux pas te battre loyalement pour une fois ? Le provoqua Lucas alors qu'il avait aperçu un mouvement indiquant que Sébastien allait s'éloigner.
Il put deviner un sourire amusé derrière le masque à gaz du jeune homme qui s'approcha à nouveau des barrières.
- Lucas, c'est pitoyable, accepte ton sort. Et puis, sait-on jamais, ta p'tite étoile va peut-être débarquer. C'est pourquoi je ne te quitterai pas tout de suite. Tu vois, j'vais attendre que l'air te fasse tourner la tête et que tu t'évanouisses, puis je tuerai ta sauveuse quand elle se penchera sur toi pour te ranimer En attendant, tais-toi et inspire.
Lucas serra les poings. Ce n'était pas tant l'emploi du féminin pour parler de Maxence qui l'énervait, mais le manque total de respect et d'honneur que pouvait avoir ce traître.
Il jeta un coup d'œil derrière lui pour s'assurer de l'état de Gibsy, encore dans les vapes. Il ne doutait pas un instant de la suite des événements. Le Haters était encore vivant et il allait se réveiller.
Sans pouvoir se retenir cette fois, le garçon toussa. Il suffoqua même, manquant de peu de s'étrangler. Il tira sur son t-shirt et ferma un instant les yeux. S'il ne trouvait pas un moyen de sortir de cette fournaise toxique rapidement, il mourrait.
Au final, tout tendait à le tuer.
Un mouvement derrière lui indiqua le réveil de Gibsy. Il était encore à demi conscient mais cela ne devrait pas durer. Sur un coup de tête, Lucas passa rapidement le bras à travers les barreaux et attrapa le col de Sébastien. Ce dernier fronça les sourcils mais ses réflexes ne furent pas assez rapides. Lucas le tira brusquement contre lui et la tête du garçon heurta violemment les barreaux en métal. Il s'écroula au sol.
- Espèce de..grogna-t-il en se tenant le front.
Le prisonnier jura. Il aurait aimé assommer son ennemi, et au lieu de ça, ce traître se retrouvait avec un ridicule filet de sang. Loin d'être anéanti, il se baissa et passa à nouveau son bras à l'extérieur. Entre deux quintes de toux, il réussit à frôler le bassin de Sébastien mais le trousseau de clé était encore loin. De toute façon Sébastien s'était remis de son petit choc. Il se leva avant de jeter un regard plein de mépris à Lucas. En prime, il lui écrasa les doigts.
- Peut-être que je devrais en finir définitivement avec toi finalement, suggéra Sébastien auquel on avait retiré tout sourire.
Il s'activa à sa ceinture pour décrocher son glock et le pointa en direction de Lucas. Derrière lui, Gibsy clignait des yeux.
- N'imagine même pas que j'vais perdre mon temps avec une sale réplique.
- Pourtant tu l'as fait, et ça ma laissé assez de temps, cracha une voix derrière Sébastien.
Il eut à peine le temps de se retourner que Martin lui tira dans le bras, celui avec lequel il tenait l'arme. Dans un cri de douleur, Sébastien lâcha son arme. Mais Martin n'avait pas fini. Il lui tira dans la jambe, avec toute la colère qu'il éprouvait et toute la souffrance qu'il avait ressenti ces dernières années. Le grand brun s'écroula, tentant vainement de se raccrocher au barreaux mais Lucas avait déjà attrapé son arme et le trousseau de clés. Il s'échappa précipitamment de la cage mais la laissa bien ouverte.
- Recule, lui ordonna-t-il en brandissant son arme.
- Tu ne tireras pas, siffla son ancien coéquipier alors que la douleur lui déchirait le visage.
- Mais moi oui.
Martin se tenait à présent à côté de Lucas, tout les deux armes à la main.
- Et cette fois entre les deux yeux.
Le regard du blessé se fit soudain terne et il recula doucement. Quand il fut entièrement dans la cage, Lucas baissa son arme et vint violemment la fermer à clé.
- Amuse toi bien avec Gibsy. J'crois qu'il se réveille.
Il fallut un temps à Sébastien pour assimiler les paroles de Lucas. Il fronça les sourcils puis, ayant compris que Lucas venait de prononcer les dernières paroles qu'il entendrait jamais, il ferma les yeux.
Gibsy s'était jeté sur lui.
*
Valentin était assis dans son fauteuil et attendait. Qui ? Et bien Maxence évidement. Il le savait assez têtu pour venir de son propre chef. Le nombre incalculable de catastrophes qui s'étaient produites ne décourageait pas Valentin. Elles auraient pu, mais il savait qu'il n'avait plus le choix. Quand sa supérieure leur rendra visite et découvrira le bordel sans nom dans la prison- à moitié détruite par les explosions à ce stade là-, il pourra toujours inventer une excuse. Mais le cas "Maxence" ne lui en donnerait aucune.
Ce fut pour son plus malsain plaisir qu'il entendit le déclic d'un pistolet que l'on charge. Dans le plus grand des calmes, il se leva et contourna son bureau avant de s'assoir sur le devant de celui-ci. Bras et jambes croisés, il annonça :
- C'est ouvert Maxence. Je t'en prie.
L'attente fut longue pour le grand brun, mais l'hésitation de Maxence ne pouvait que plus le rassurer. Finalement, les petits rebelles avaient bien fait de foutre la pagaille. Qui remarquerait un corps de plus au milieu des dizaines qui gisaient déjà dans les couloirs ?
Ils étaient tout de même impressionnants. A eux seuls, ils avaient réussi à se débarrasser de plus des trois quarts de ses hommes. Mais enfin.. Valentin soupira. Il reprendrait bientôt le contrôle de tout ce petit monde et tout rentrerait dans l'ordre.
La porte s'ouvrit. Maxence n'était pas très visible. Il se cachait derrière le mur. Valentin n'était pas du genre loyal et il avait cru à un piège en recevant l'invitation d'entrer.
- Je t'en prie, soupira le chef en secouant la tête, presque blessé par les accusations silencieuses du châtain.
Alors, protégé par son arme, Maxence s'avança. Ses plaies maquillaient sublimement son visage. C'était comme s'il était fait pour porter le masque du survivant. Les lèvres fines de Valentin s'étirèrent jusqu'à ne former plus qu'une fine ligne rose. Il se redressa sans quitter Maxence des yeux et s'approcha de lui. Alerté par ce mouvement, Maxence tendit un plus son bras et siffla:
- Je te conseille de rester où tu es.
- Tes conseils m'importent peu, lui répondit Valentin. J'ai un but Maxence et tu ne sembles pas l'assimiler. Alors je vais le reformuler pour que tu comprennes bien; je vais me débarrasser de toi et de tous tes petits copains. Tu crois peut-être avoir une chance parce que mon premier plan a été perturbé mais au contraire. Ton lâche de petit ami doit être mort à l'heure qu'il est.
À ce mot, Maxence s'approcha brusquement et pointa le canon de son flingue au milieu de ses deux yeux.
- Fais gaffe à ce que tu dis connard.
- T'aurais-je offensé ? J'espère bien. Ce n'était pas mon but, j'exposais juste les faits, mais je suis content du résultat. Surtout que tu me facilites énormément la tâche.
- Quelle tâche ?!
Maxence se maudissait intérieurement de lui poser la question. Il avait vu assez de films pour savoir qu'il devait éviter toute conversation avec son ennemi et directement lui tirer dans le crâne. Seulement, il avait peur. Et la peur lui faisait faire des choses stupides. Elle lui embrouillait le cerveau et l'empêchait de réfléchir correctement. Il avait soudainement besoin de connaitre les plus profondes intentions de Valentin.
Le chef rit à gorge déployée face à l'agressivité de Maxence. Il paniquait donc à ce point ? Cela semblait bien inutile à Valentin qui était persuadé que Lucas n'avait pas survécu à l'explosion. Et même si ça avait été le cas, un potentiel Haters secoué par une explosion et enfermé avec un véritable Haters ne tarderait pas à basculer de l'autre côté. C'était scientifique.
- Tu te fous de ma gueule en plus ?
- Evidement Maxence, tu es ridicule.
Il n'attendit pas la fin de sa phrase pour donner un violent coup sur le bras tendu de Maxence. Ce dernier tira mais la balle s'écrasa sur le béton lourd d'un mur. En deux temps trois mouvements, Valentin avait réussi à lui retirer son arme des mains. Mais le survivant ne se laissa pas faire et lui foutu un coup dans la mâchoire. L'objet vola avant de s'écraser un peu plus loin dans la pièce. Merde ! Maxence n'avait pas forcément l'avantage. Valentin répondait à tous ses coups, et bientôt il eut la lèvre fendue.
Alors qu'il carburait un maximum pour trouver un moyen de récupérer son arme, Valentin le plaqua contre le mur et lui asséna un violent coup dans le ventre.
- Ridicule, répéta-t-il en constatant la défaite si lamentable de Maxence.
Il ne pensait pas que cela allait être aussi facile. Il était presque déçu. Il sortit alors un couteau de sa poche arrière et entailla profondément la joue de Maxence avant de le glisser avec délicatesse sous sa gorge. Puis il lui offrit un sourire chaleureux.
- Une dernière chose peut-être ? Une prière ? Oh mais, qu'est ce que c'est ? Demanda-t-il quand son regard se posa sur un bout de papier qui dépassait de la poche de sont treillis.
Il appuya le couteau sur sa peau et sortit une photo de la poche de Maxence. Ce dernier souriait de toutes ses dents alors que le garçon à côté semblait agacé. Il s'agissait de la photo que Maxence avait prise le jour où il avait suivit Lucas chercher des médicaments pour Natzu. ( oui c'est un détail que la plupart ne connaissent pas car je l'ai rajouté dans un chapitre il y a peu de temps, le chap 2 ou 3 jcrois.. cette photo fait aussi une apparition dans un autre chapitre enfin bref, elle a été prise avec un vieux polaroid trouvé )
- J'aimerai beaucoup l'entendre me supplier.
Son regard pervers s'attarda longuement sur le visage de Lucas qu'il avait autant envie de voir en sang qu'il avait envie de voir brûler celui de Maxence. En entendant ses mots, le survivant eut un haut-le-cœur. Il lui lança un regard noir et lui cracha au visage.
- Très bien, lâcha Valentin, bien plus agacé et ayant perdu tout sourire.
Il relâcha ses poignets et s'essuya la joue avec dégoût.
Ce fut sa plus grosse erreur. A peine la pression contre lui fut-elle dissipée que Maxence le repoussa. La photo glissa sur le sol. Le châtain attrapa le couteau qui le menaçait à la volée, et sans attendre une seconde de plus, il l'enfonça dans le ventre de son agresseur. Trois coups et la vision d'un sang presque noir lui suffirent et il se recula. Ses doigts s'ouvrirent et l'arme rouge tomba au sol.
- Ridicule, articula sarcastiquement le châtain en contemplant le spectacle.
Valentin se tenait les tripes, le visage pâle et le regard vide. Ses mains tentaient vainement de rattraper tout le sang qui s'écoulaient de son corps et ses lèvres tremblantes bégayaient.
- Tu.. Je veux.. te voir m..mourir.
- Dommage pour toi, répondit sèchement Maxence avant de lui donner un dernier coup sur le flan.
Il récupéra son arme en essayant de faire abstraction des plaintes de Valentin. Il lui sembla qu'il avait murmuré une fois de plus que « de toute façon, Lucas est mort ». Alors il sortit rapidement, sans un dernier regard pour sa victime qui rampait au sol.
*
Martin hésita puis salua le jeune prisonnier, qui époussetait encore son t-shirt car la poussière lui chatouillait le nez et lui asséchait la gorge.
- T'es l'infirmier, lui dit le plus jeune en levant les yeux vers lui.
Martin acquiesça. Lucas ne parla que très peu avec son sauveur. Une étrange ambiance régnait entre eux et seuls quelques regards méfiants furent échangés. Les deux jeunes hommes ne se faisaient pas confiance. Ils sortirent cependant sans encombre en se cachant et en évitant d'autres confrontations. De toutes manières, le bâtiment était devenu dangereux.
Tous cherchaient à s'enfuir en cet instant et rien ne vint perturber leur fuite.
Alors qu'ils tournaient dans un couloir et se rapprochaient de la première sortie, ils furent rapidement rattrapés par des pas essoufflés.
C'était Maxence qui les rattrapait, une entaille sur la joue et l'épaule en sang.
- Maxence !
Le plus jeune se jeta dans ses bras mais fut rapidement ramené sur terre par deux mains qui le bloquèrent
- C'est pas le moment Lucas, faut qu'on sorte d'ici, dit Maxence essoufflé.
- J'suis content de te voir moi aussi, grogna le plus petit.
- Lucas, plus tard. Tu peux bien attendre 5 minutes, fais pas l'idiot.
- Bon écoute, je commence à en avoir marre que tu me traites d'idiot tout le temps, t'es pas beaucoup plus élevé sur ce niveau.
- Alors déjà, commença le châtain en levant le doigt, ça veut rien dire et t'es idiot.
Lucas secoua la tête, résigné. Étonnamment, il continuait d'attendre quelque chose venant du survivant. Pas trop, juste un peu et pourtant, il finissait constamment déçu. Il devrait plutôt écouter cette voix qui lui murmurait avec un soupçon d'amertume que même s'il n'attendait rien, il serait quand même déçu. Maxence le scruta une rapide seconde avant d'approcher et d'ancrer son regard dans le sien. Leurs yeux s'affrontèrent.
- T'es idiot..
- Tu l'as répété 3 fois Maxence.
- Laisse moi finir abruti. T'es idiot mais je.. j'aime bien ça alors j'aimerais que tu la fermes, histoire qu'on sorte vivants de cette prison et que j'puisse encore avoir le bonheur de t'insulter.
La bouche de Lucas ferma un petit rond puis il roula des épaules.
- Et bien.. c'est presque attendrissant.
Maxence soupira fortement et attrapa sa manche pour le tirer hors de ses murs.
- J'aurais dû l'abandonner le jour où je l'ai rencontré, se murmura-t-il sans le penser tout en entraînant le petit brun à l'extérieur.
À peine eut-il franchi le seuil de la première porte qu'ils virent, qu'il agrippa Lucas par la taille. Il le rapprocha de lui, faisant se heurter leurs bassins. Leurs visages étaient à deux centimètres l'un de l'autre et ils inspirèrent leurs souffles comme une drogue qui leur aurait follement manqué. Leurs joues sales et leurs yeux humides à cause de la fumée ne les inquiétaient plus. Ça paraissait assez idiot de rester planté derrière la porte mais ils se dirent que leurs ennemis chercheraient encore pendant quelques minutes à l'intérieur. Lucas agrippa le t-shirt sale de Maxence entre ses doigts, et les mains de Maxence vinrent saisir sa nuque. Décidé à transmettre un message maintenant et sans attendre, Lucas combla l'espace entre eux et écrasa ses lèvres suppliantes sur les siennes. Maxence poussa presque instantanément un gémissement de bien-être et resserra sa prise sur le cou de Lucas. Cet unique son avait réussi à donner des frissons au plus jeune qui entrouvrit la bouche afin d'inciter Maxence à poursuivre ce baiser d'une autre manière. Ce dernier ne se fit pas prier. Il glissa sa langue dans sa bouche tout en penchant la tête sur le côté pour mieux atteindre la sienne. Jamais Lucas ne s'était senti aussi libre et jamais le châtain ne s'était sentit aussi attiré par quelqu'un. Enfin, pas depuis...
Martin se racla la gorge timidement pour signifier sa présence et leur fit signe de s'éloigner. Tout en se jetant des coups d'œils furtifs, les joues brûlantes et le souffle court, Lucas et Maxence suivirent Martin. Ils étaient finalement sortis par derrière. Une haute grille les séparaient d'une forêt et il ne fallut que quelques secondes aux trois garçons pour trouver un passage.
La lumière du soleil les avait éblouis, et cela même pendant leur baiser. La lueur d'un flambeau était loin d'être aussi puissante qu'un rayon de soleil. Ces jours dans la pénombre et la poussière les avaient quelque peu fait oublier ce que c'était de respirer de l'air frais. Lucas tout particulièrement se rappelait du jour où il était sorti pour la première fois, après de longs mois à se terrer au fond d'une chambre miteuse.
Ce jour là, il avait été effrayé par tout ce qu'il avait vu, y compris Maxence. Certes, il avait compris ne pas être seul au monde mais le caractère froid et.. méchant de son sauveur lui était resté en travers de la gorge. Aujourd'hui, il se sentait réellement bien et avait, au fond de lui, le semblant d'espoir qu'il pourrait avoir une vie plus ou moins normale.
Ils ne s'arrêtèrent qu'une demi-heure plus tard. Martin semblait savoir où il allait. Arrivé vers ce qui pouvait aussi bien être le milieu de la forêt que le début, Martin changea de trajectoire et prit un petit chemin. Toujours en silence, ils arrivèrent à une véritable route où Charlie, Natsu et le reste de l'équipe les attendait avec une jeep.
Ils avaient été plus rapides, semblait-il. Les quatre rebelles semblaient attendre depuis déjà un moment. Charlie tapait du pied, debout et inquiète alors que Sofyan et les autres restaient inertes. Ils regardaient le sol, un peu tous éloignés les uns des autres. Tous les visages n'étaient pas aussi lumineux que ceux de Lucas et Maxence. Ce qui frappait le plus, c'était le regard de Damien. Il était complètement dévasté. Sanaa l'observait discrètement, histoire de s'assurer qu'il restait bien lui-même mais n'osait pas aller le voir. C'était peut-être un peu de sa faute, après tout.
Maxence s'approcha de Charlie, que Sofyan et Natsu avaient également rejoint en les voyant arriver. Le chien se jeta rapidement sur son maître et se mit à lui lécher les mains avec entrain.
- J'ai tué Valentin, enfin j'ai pas vérifié mais je lui ai enfoncé un couteau dans le ventre. Il doit être en train de se vider de son sang, dit Maxence quand la jeune chef lui demanda ce qui avait pris autant de temps.
Elle hocha la tête à cette réponse, satisfaite. Ils n'avaient pas tué tout le monde mais si leur chef décédait, les chances de faire affaire aux survivants du groupe étaient minime.
- Très bien, je propose qu'on se casse. On doit quand même s'éloigner. Quand on sera sur la côte ouest, on avisera mais en attendant, montez.
Tous opinèrent. Ils s'installèrent dans la jeep, Charlie au volant, saisissant de pleine poigne le volant. Elle avait besoin de se défouler.
Le voyage fut long et silencieux. Parfois, Sofyan adressait quelques mots à Charlie avec un doux sourire qu'elle ne lui rendait pas. Cela n'avait aucune importance pour le bouclé. Tout ce qu'il voulait, c'était s'assurer qu'elle ne pète pas un câble. Alors il prenait soin de la ramener quelques fois à ses côtés avec une petite attention ou une plaisanterie.
Et cela lui permettait aussi de combler le manque de son complice habituel. Car si Cyril s'en était sorti et avait tué Laink, il n'y avait pas d'illusion à se faire sur le sort qu'avait subi Amine.
Sanaa et Damien ne se regardaient pas. En même temps, Damien ne regardait rien ni personne. Il semblait complètement absent, absorbé par ses pensées et surtout ses souvenirs. Il réagit tout de même quand la jeune femme passa sa main sur la sienne pour la serrer. Après un petit sursaut, il la regarda, les yeux humides, puis pleura en silence en resserrant la prise sur sa main.
Lucas était bien conscient que jamais il n'aurait la vie paisible dont il n'osait rêver. Il savait bien que ce qu'il avait vécu ces dernières semaines se reproduiraient, et il savait qu'il verrait encore des gens mourir. Pourtant, à cet instant précis, alors que ses doigts effleuraient ceux de Maxence qui discutaient faiblement avec Martin, Lucas se sentait apte à poursuivre cette aventure. Il était peut-être un idiot, comme aimait tant le répéter son copain, mais il n'était pas lâche. Il ne pourrait plus jamais l'être.
Quoi ? Il a dit son copain ?
Fin tome I.
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