[ chapitre 21 ]
En sortant de l'infirmerie, Maxence et Valentin se firent à nouveau face. Aucun ne prononça le moindre mot et Valentin finit par rompre le contact visuel en entrant à son tour dans l'infirmerie. A peine la porte fut elle fermée que Cyril, armé, s'approcha de Maxence.
- Ça va, je connais le chemin, cracha le survivant avec un mouvement de recul.
Surpris, Cyril étudia un instant Maxence, les sourcils relevés et l'air désabusé. Depuis quand les prisonniers s'autorisaient à lui parler ?
- C'est pas comme si j'en avais quelque chose à foutre, siffla le roux en lui agrippant le bras.
Un flingue toujours à portée de main, Cyril ramena son prisonnier dans sa cellule. Il le poussa à l'intérieur en soupirant comme si tout ça ne l'amusait plus puis glissa la clé dans la serrure.
Maxence grimaça lorsqu'il vit le regard inquiet de son compagnon de cellule qui l'attendait. Quand il le vit, Lucas s'approcha rapidement de lui en retirant ses ongles de sa bouche. Il voulait s'assurer que le châtain allait bien après son énième séance de torture mais ce dernier l'arrêta rapidement dans son geste et s'éloigna un peu de lui. Le cœur de Lucas se resserra doucement face au rejet de Maxence mais il ne dit rien. Ils se regardèrent un instant avant que Maxence ne détourne le regard.
Après s'être assuré que tout était bien fermé, Cyril rangea le trousseau de clés dans sa poche.
- A demain les crétins.
- Je t'en prie, sifflota Max (estla) de son côté du couloir.
Depuis qu'il s'était rendu chez Martin pour sa hanche, le jeune garçon se portait merveilleusement bien. Il avait encore un peu de mal avec les grands mouvements mais pouvait à présent marcher et se tenir debout sans souffrir le martyre. Et c'était bien assez pour le mettre de bonne humeur. Robin était soulagé de le voir se rétablir et cela se ressentait évidement dans leurs attitudes.
De son côté, Maxence avait attendu que Cyril s'éloigne pour se rapprocher de Lucas, encore froissé par son geste. Le plus grand esquissa un faible sourire d'excuse et récupéra sa main pour entrelacer leurs doigts. La situation n'avait que très peu évolué entre eux. Ils se disputaient toujours autant mais quelque fois, entre deux insultes, ils s'accordaient une pause. Un moment où leurs fiertés étaient mises de côté, et même s'ils évitaient d'en parler, ils étaient conscient de leur proximité et de ce que cela pourrait engranger.
- Pourquoi tu te laisses faire ? demanda Lucas en venant frôler son œil au beurre noir.
- Parce que je ne suis pas idiot.
- Tu penses que je le suis ?
- Évidement, souffla Maxence en feignant l'indifférence malgré le petit sourit amusé sur ses lèvres.
Lucas leva les yeux au ciel. Il ne se rendit même pas compte qu'il souriait aussi et que le contact entre leurs mains lui donnait la chair de poule.
- Ce truc va durer encore longtemps ? finit-il par souffler, nerveux.
Maxence posa son regard sur lui avant de secouer la tête.
- J'pense pas.
Leurs regards se croisèrent un instant avant que Lucas baisse les yeux en soupirant. Il avait l'impression d'être enfermé dans un labyrinthe sans aucune sortie. Deux jours auparavant, il s'était réveillé avec les caresses de Maxence et depuis, un schéma semblait se dessiner autour d'eux. Ils se disputaient pour une raison bien souvent stupide, puis on embarquait Maxence. Les heures passaient et les murs se rapprochaient autour de Lucas avant qu'on ne lui ramène son ami avec un nouvel hématome. Et finalement ils s'excusaient plus ou moins à leurs manières, parfois juste avec un silence et leur mains liées. Puis l'un d'entre eux dirait quelques chose de stupide et c'était reparti. C'était constamment la même chose et ce cercle infernal commençait à lasser le plus petit. Il aimerait pouvoir profiter un peu plus de la douceur de la peau de Maxence, des paillettes dans ses yeux et de son sourire presque innocent.
Voyant que son compagnon de cellule était complètement dans la lune, Maxence émit une petite pression sur sa main et se rapprocha de lui. Il vint doucement chatouiller son nez avec le sien puis souffla sur ses lèvres.
- J'vais nous sortir de là.
- Dans "nous", tu te comptes aussi ? osa demander Lucas ayant peur que son ami finisse par se sacrifier pour les sauver.
- Je te quitterai pas.
Les iris de Maxence s'étaient légèrement assombris. Il leva sa main lentement et la posa sur la base de son cou, sans jamais serrer.
- C'est une promesse.
Le plus petit hocha faiblement la tête. C'était dur de croire en ce genres de paroles alors qu'il savait que tout était des plus imprévisible. Mais il chassa un instant ses idées noires et esquissa un sourire. Maxence le lui rendit, un peu plus malicieux, avant de se rapprocher pour rompre la distance entre eux. Lucas frissonna, mais laissa faire le châtain. Celui-ci pencha son visage vers le sien, rapprochant leurs bouches l'une de l'autre. Lucas sentit quelque chose de brûlant dans son ventre, et même s'il avait peur des événements à venir, plus rien ne comptait à l'heure actuelle à part ses lèvres qui l'appelaient.
Maxence écrasa ses lèvres sur les siennes. Presque instantanément, Lucas répondit au baiser que lui offraient ses lèvres humides. Ses doigts agrippèrent le t-shirt de Maxence, qui resserra sa main sur sa nuque. Ce geste fit pousser un gémissement au plus petit et Maxence profita que sa bouche s'ouvre pour y engouffrer sa langue. Lucas tira le tissu par surprise. Néanmoins, il approfondit leur baiser en bougeant sa langue contre la sienne. Il avait envie de le toucher, de coller son corps contre le sien mais il se retint. Ils n'étaient pas seuls. Loin d'être frustré, Lucas se laissa emporter par le bien que lui procurait Maxence. La chaleur au creux de son ventre s'était intensifiée et lui prodiguait à présent beaucoup trop de sensations.
Des bruits de pas résonnèrent non loin d'eux et Maxence mit un terme à leur échange. Il repoussa violemment Lucas et se rapprocha du couloir.
- Tu veux pas me laisser tranquille deux secondes ? cracha Maxence en jetant un air mauvais à son compagnon de cellule.
Le plus jeune ne comprit pas. Les lèvres encore rougies et humides à cause de lui, il le fixait avec des yeux ronds. Les pas se rapprochèrent et Maxence se tourna vers les barreaux. Un homme lui jeta un regard suspicieux puis ouvrit l'autre cellule.
- Hum, toi viens.
Robin et Max s'échangèrent un regard surpris et méfiant. Depuis qu'ils étaient arrivés, à part pour soigner la jambe de Max, on les ignorait. Robin se leva tout de même mais fut rapidement arrêté par Max.
- Jpeux savoir pourquoi ?
- C'est pas tes affaires. Le boss veut le voir alors on l'embarque.
- Je refuse, pesta Max en croisant les bras.
- Ça, j'en ai vraiment rien à battre. Le blond tu me suis ou j'bute ton pote.
L'homme avait tendu son bras vers Max et le visait avec son arme. Les poings serrés, Max lui lança un regard noir mais ne pût rien faire quand Robin sortit de la prison. Tout en les suivant du regard jusqu'à la sortie, la boule au ventre et le cœur serré, il jura.
*
Robin se torturait mentalement l'esprit pour restait calme malgré le stress qui montait en lui. Il suivit sans broncher l'homme dans les différents étages jusqu'à arriver à une porte. L'homme le quitta une seconde du regard pour frapper avant d'ouvrir la porte. Valentin était assis dans son fauteuil et se balançait en rythme avec la musique d'un tourne disque. Un large sourire aux lèvres, il invita Robin à s'asseoir et congédia son garde.
- Tu aimes le jazz ? chantonna Valentin en se levant.
Il s'approcha de son tourne disque et augmenta le volume. Comme Robin ne lui répondait pas, il ajouta :
- On ne peut guère faire le difficile de nos jours. Mais je suis persuadé que ces sons te rappellent de bons souvenirs, je me trompe ?
- Ça fait un moment que j'ai effacé tout les souvenirs qu'il me restait.
Le sourire de Valentin s'élargit alors qu'il retournait face au blond.
- On cherche tous à reconstruire quelque chose. Tu vois, moi par exemple, j'ai réussi. Je dirige une des ailes du plus gros groupe de survivants existant, et c'est même la plus importante. Je contrôle les véritables survivants. Ceux qui se sont battu pour rester en vie, qui ont tué leurs amis et leurs sœurs, bien trop lents et... encombrants.
Dégoutté par ce que Valentin lui racontait, Robin grimaça. Il s'efforça malgré tout de ne pas bouger et continua de le défier du regard.
- Bref, tout va pour le mieux.. Enfin presque. En réalité, pour en arriver là, j'ai dû moi aussi tuer. C'est normal, me diras-tu. Seulement, sur la totalité du groupe que j'ai pillé et décimé, il restait une seule personne. Je l'ai cherché, un temps, puis j'ai abandonné. Évidement je me suis bien gardé de le mentionner et j'ai récupérer ce poste pour ma bravoure et mon ambition.
Les termes employés par Valentin sonnaient si faux. Robin ne comprenait toujours pas la raison de sa visite mais un mauvais pressentiment lui serrait la gorge. Valentin s'était stoppé dans son discours pour inspirer lentement. Il posa un regard faussement désolé sur Robin puis soupira :
- Mais il est revenu. Et maintenant je dois m'en débarrasser sans que personne ne trouve ça suspect. Tu sais, je t'ai choisi toi parce que je sais que tu ne parleras jamais, quoi qu'il arrive. Les deux autres ont l'air de poules mouillés, un chantage fera très bien l'affaire.
- De quel chantage parlez-vous ?
Robin s'était légèrement redressé à ces mots. Sa main et son bras tendu appuyés contre le rebord de la chaise, il était prêt à agir en cas de besoin.
- Un peu d'espoir évidement.
Les lèvres de Valentin se serrèrent jusqu'à devenir une fine ligne. Il leva les yeux vers la porte avant de dire :
- Romain, je t'en prie.
Les yeux de Robin s'écarquillèrent et il se leva brusquement. Au même moment, la porte s'ouvrit sur un Gibsy au visage pâle et aux cernes violettes sous les yeux. Un bandage lui couvrait le nez et sa lèvre était recousue. Il était armé et pointait son pistolet sur le blond. Ce dernier tenta de fuir mais son ex-coéquipier ne lui en laissa pas le temps. Il lui attrapa violemment le bras et lui retourna pour le plaquer contre le mur. Robin lâcha un petit cri alors que Gibs appuyait son arme contre sa tempe. Il n'eut le temps que de voir une profonde haine dans les yeux de Romain avant que celui-ci ne tire sans aucune hésitation.
Quelques heures plus tard, on informa les trois derniers prisonniers que Robin avait tenté tuer un homme et qu'on l'avait assassiné.
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