Flashback

- Maxi bouge, on a pas le temps !

La rousse attacha ses cheveux en une queue de cheval basse et grimpa sur sa moto. Maxence la regardait en s'essuyant la bouche, il la trouvait magnifique. Même attachés, ses cheveux volaient dans tout les sens. On aurait dit des flammes. Sa veste en cuir abîmée marquait sa taille à la perfection et son jean.. hummm.. Maxence secoua la tête, ce n'était pas le moment. Il enjamba la moto et se glissa juste derrière sa belle. Ses mains se glissèrent sur ses hanches et les tint fermement. Il n'en avait pas spécialement besoin, juste envie.

- Tu auras tout le temps d'en profiter après la mission.

Un petit sourire timide sur les lèvres et son nez contre sa joue, il respira une dernière fois l'odeur de sa rousse avant qu'elle ne démarre.

Ils arrivèrent bien vite au QG général. Un grand nombre de survivants s'étaient alliés et vivaient à présent ici. Une vrai petite citée s'était mise en place ; il y avait de la nourriture, de quoi faire du commerce sous forme d 'échange et bien souvent, de services. Quelques enfants s'amusaient à se courir après, sourire aux lèvres. Des hommes jardinaient, des femmes partaient à la chasse. On parlait, on riait. En somme, l'humanité semblait être plus présente que jamais.

La rousse jeta son sac à dos sur le sol et se pencha sur une table pour prendre un cornichon.

- Hé ! S'exclama un garçon, c'était le dernier Ginger..

- Tu devais te charger des réserves, dit-elle en croquant dedans.

- Si mais.. j'ai été très pris..

Le garçon se gratta nerveusement la nuque avant de détourner le regard. La jeune femme allait enchaîner quand son homme arriva à la table.

- Toujours à la recherche de Valentin Maxime ?

Le garçon leva rapidement la tête vers Maxence puis soupira.

- Euh.. ouais, mais.. je commence à me dire que c'est désespéré.

Le châtain inspira profondément avant de poser sa main sur son épaule, il était confiant, lui.

Maxime lui sourit étrangement avant de se détacher.

- Bon, j'crois que j'ai une réserve de cornichon à remplir, je vous laisse.

A peine eut il quitté l'immense hangar que la rousse se redressa.

- Il était bizarre non ?

- Ouais, répondit distraitement Maxence. Je crois que la disparition de Valentin est en train de le rendre malade.

Ginger haussa les épaules et glissa ses bras autour du cou du châtain. Son visage se rapprocha du sein, elle inspira son souffle et..

- Gingeeeer !

Une petite fille lui sauta brusquement dessus. La rousse rit en se détachant de Maxence et vint attraper les pieds de la petite.

- Hey petit monstre.

- J'suis pas un monstre !

La petite rouquine grimaça et lui tira la langue. Elle jeta ensuite un coup d'œil à Maxence et tendit les bras vers lui.

- Maxouu.. !

- Hey belle sœur.

Les deux rousses rirent, l'une plus franchement que l'autre. Le châtain prit la gamine dans ses bras et déposa ses lèvres sur son front.

- Tu devrais aller jouer petit monstre, Maxi et moi on a du boulot.

- Trop nul.., lâcha la plus jeune en quittant les bras de son amoureux secret avec qui elle se mariera et même qu'ils auront pleins d'enfants.. !

Pourtant, à peine eut-elle touché le sol, qu'elle s'enfuit en riant.

- Adorable, souriait bêtement Maxence en regardant la petite sœur de Ginger courir avec les autres enfants.

Sa douce ne répondit pas. Elle s'était mise à fouiller les papiers qui traînaient sur la table.

- Qu'est c'que tu cherches ?

- Les derniers rapports d'alliance de Maxime.

- Il les a pas rendu ?

Maxence fronça les sourcils en se tournant vers la rousse. Il se pencha à son tour vers le tas de paperasse que leur ami accumulait et éparpillait un peu partout.

- Ça fait même un paquet de semaines qu'il évite de les rendre.

Maxence leva soudainement les yeux vers elle. Elle avait utilisé un ton bien trop suspicieux pour ne pas l'interpeller. Ginger ne prit pas la peine de s'expliquer et le poussa un peu pour continuer ses recherches en marmonnant.

- Ginger tu veux bien m'expliquer ? S'agaça le châtain.

Ne voyant aucune réaction de la part de sa douce, Maxence posa ses mains sur ses épaules et la stoppa dans ses mouvements. Il plongea son regard dans le sein avant de demander, perplexe :

- Tu le soupçonnes de trahison ou je rêve ?

- Je ne fais que constater qu'il cache ses rapports, Maxence.

Un rire amère s'échappa d'entre ses lèvres et il la lâcha.

- C'est notre ami Ginger. Ton ami.

La rousse poussa un grognement et le repoussa. Elle n'avait pas besoin de ses leçons de morale. Elle avait un doute et préférait faire confiance à son instinct.

- J'vais fouiller sa chambre.

Elle ne lui laissa pas le temps de protester et disparut.

Tout ça allait mal se terminer, songea Maxence en s'asseyant sur le bord de la table. Il regarda le QG s'activer d'un air inquiet. Tout ça semblait bien trop beau pour durer.

Et effectivement, cela ne dura pas.
Après quelques jours d'acharnement, Ginger avait finit par trouver ce qu'elle cherchait. Et à partir de ce moment, tout dérapa.

Plus de 5 traités d'alliances refusés et des déclarations de guerre. Tous bien planqués par le jeune Maxime.

Assis, pieds et mains liés, le garçon pleurait.

- Arrête de chialer, cracha la rousse. Dis nous seulement pourquoi tu caches tout ça ?!

- Je..je p-p..

- Putain j'vais le buter s'il s'arrête pas, faites quelque chose.

Ginger s'éloigna et passa ses mains dans sa touffe de cheveux. Maxence restait un peu en retrait, laissant Jigmé, Andy et Wiliam s'occupait du coupable. Il avait l'horrible impression que cette scène n'était que la scène d'exposition d'une longue et atroce pièce. Alors que Jigmé se plaçait juste en face de Maxime pour lui parler, il fut brutalement repousser par Ginger qui revenait à la charge. Elle tendit la main et gifla avec violence le garçon.

- Ginger wo calme toi !

Jigmé passa sa man sur son visage. Wiliam éloigna la rousse qui ne cessait de protester.

- Il menace tout le groupe ! Il trahit ses amis ! Et pourquoi ? Hein pourquoi Maxime ?! Ils ont quoi ces autres groupes que tu caches ?!

Voyant que le prisonnier détournait le regard, elle s'approcha avant de reprendre, plus doucement :

- Ou.. ils ont qui ?

- P-personne.. !

Donc, il y avait bien quelqu'un.

- Qui ? Répéta-t-elle durement.

- J'te jure q-que.. y'a personne..

Une autre gifle fut la réponse de la jeune femme.

- Ginger, prévint Maxence en décroisant les bras.

- N..non, je vais tout dire, je..

Tous se retournèrent vers Maxime. Ils l'étudièrent un moment avant de se regrouper devant lui, attendant la suite. Le garçon inspira un grand coup avant d'avouer, un étrange sourire aux lèvres.

- Jl'ai retrouvé..

*

Les 5 survivants se jetèrent hors de la cabane où ils avaient enfermé Maxime pour l'interroger. Ce fût emplis d'inquiétude, de regrets et de panique qu'ils foncèrent jusqu'à la base.

Qui aurait pu se douter que le jeune Valentin s'était trouvé un nouveau groupe, une nouvelle famille, bien moins sympathique que la leur. Et puis.. Qui aurait pu se douter que Maxime irait jusqu'à les trahir par amour.

Pourtant il était déjà trop tard. Quand ils arrivèrent au QG, une dizaine de corps gisaient déjà sur le sol. La poussière floutait le tableau mais ne couvrait pas les coups de feu et les cris. Ginger poussa avec violence les garçons et se précipita à l'intérieur, rapidement suivie par Maxence.

Quand elle passa la porte du hangar, la seule chose qu'elle vit fut le corps inerte de sa petite sœur. Et elle perdit la raison.

Quand Maxence s'approcha d'elle, elle se retourna brusquement et lui envoya violemment son poing dans la mâchoire. Le châtain fut tellement surpris qu'il tomba en arrière, les yeux écarquillés. La rousse ne lui laissa pourtant pas le temps de comprendre et de jeta sur lui en hurlant. Elle serra ses poings fermes, lui envoya dans l'œil puis lui donna un violent coup de front.

Maxence grimaça de douleur. Il tenta de l'arrêter, il gémit. Mais Ginger n'étendait rien. Sa copine s'acharnait sur lui sans raison apparente, sans conscience.

Au loin, on entendait toujours des cris et des coups de feu.

- Ginger arrête, tenta-t-il vainement de la raisonner.

Il réussit finalement à la faire reculer en enfonçant son coude dans son nez. Cela lui laissa juste le temps d'attraper un flingue qui traînait. Il le pointa fébrilement vers son amour alors qu'elle s'avançait à nouveau dangereusement de lui. Les pupilles complètement dilatés, la bouche en sang, les muscles tendus.

Quand les yeux de Maxence croisèrent les siens, il comprit qu'elle n'était déjà plus elle même. La mort de sa petite soeur avait effacé toute l'humanité de son âme. Elle n'était plus que haine, un hâter.

- Ginger m'oblige pas à le faire ! Je sais que tu m'entends, que t'es encore la! Je t'en supplie !

Mais Ginger n'entendait pas. Elle sortit un couteau de sa poche arrière et le planta sauvagement dans le flanc de son amour. Maxence eut le souffle coupé. Son coeur rata un battement, peut être plusieurs. Ses yeux se perdirent une dernière fois sur son beau visage couverts de taches de rousseurs, sur ses flamboyantes boucles rousses puis dans ses iris vertes et brûlantes. Et il tira.

Contre sa poitrine, dans son coeur.

Elle s'écroula.

Lui aussi.

Fin flashback.

*

Quand ses lèvres quittèrent celles de Lucas, il vit ses yeux retrouver leur lueur bleutée. Le plus jeune agrippa maladroitement le sweat de Maxence, comme si ce simple contact et cette sensation de chaleur étaient soudainement devenus nécessaires. Maxence laissa son front se confronter au sien.

- Je.. Je sais pas ce qu'il s'est passé, j'ai.. J'me contrôlais plus ! J'avais envie de faire mal mais c'était pas moi. Je voulais pas te faire ça.. Enfin si mais c'était pas vraiment moi !

Les mots de Lucas fusaient et son souffle se hachait. Les mains rouges et tremblantes, il essayait vainement de s'accrocher aux habits du châtain. Celui ci se rapprocha encore, comme si c'était encore possible et frôla ses lèvres, une fraction de seconde.

Lucas se calma aussitôt puis soupira. Il se devait d'être serein avant de s'exprimer.

La sérénité..

Un bruit métallique de fusil que l'on charge interpella les deux garçons qui se lâchèrent précipitamment. Autour d'eux, des hommes et des femmes armés les visaient.

- Les mains en l'air, maintenant.

Il n'était pas prêt de la trouver.

Moi après avoir écris ce chapitre.