Chapitre XXXV.


Oliver

Ça doit faire la centième fois que je regarde ma montre. Le temps me semble si long, et pourtant ça ne fait que soixante minutes depuis qu'elle a quitté mon bureau.

Elle devrait déjà nous faire signe, non ? Demande Nate.

– Je savais que c'était une mauvaise idée de la laisser y aller seule.

- Oliver calme-toi...

— Non, mais c'est vrai, on ne la connaît pas cette femme, et comme par magie, elle se pointe et elle dit vouloir retrouver sa fille. Dit Erine.

– Oliver, je te signale que c'est de ma mère dont tu parles là. Et aussi celle d'Amy. Dit Maraline.

— Non, jeune fille, elle l'a peut-être porté dans son ventre, mais c'est moi la mère d'Amara. Et je partage l'avis d'Oliver.

— Vous ne pouvez pas être sérieuse ?

Et c'est parti pour une dispute. Je quitte la pièce pour ne pas me mettre en colère. Je repense encore à cette histoire qu'Annabelle vient de nous raconter, et qui est carrément incroyable. Son fils ? Je me demande si j'ai bien fait de lui faire confiance. J'espère vraiment qu'elle ne va pas faire de conneries...

Amara

Quand j'étais petite, je voyais le monde avec mes petits yeux d'enfant. J'espérais que ça ne change jamais. Pour moi, il ne pouvait y avoir que du bien dans chaque être humain existant dans ce monde. Même ma sœur, je ne voyais en elle que du bon. Je n'ai jamais été confronté à la cruauté dont parlaient certains de mes amis au collège. Mes parents ont toujours été très protecteurs, alors vous voyez ? [...]

En grandissant, j'ai commencé à voir les choses que je ne pensais pas voir, et même après ça, j'ai continué à voir le monde avec mes yeux d'enfant et je croyais fermement que rien ni personne ne pouvait changer cela. Et puis j'ai rencontré Oliver. A priori, il avait l'air grossier et un peu trop autoritaire. La différence entre lui et les garçons que j'avais l'habitude de côtoyer avant s'est tout de suite faite remarquer. Et même, j'ai appris à le connaître par moi-même au-delà de tout ce qu'on racontait à son sujet dans les médias. Tout à coup, mes yeux ont commencé à grandir, et ma façon de voir le monde avec.

Des fois, j'ai même l'impression qu'il fait exprès juste pour me faire fuir parce que selon lui, il ne me mérite pas. Et je suis d'accord certaines fois. À travers ses yeux, j'ai appris à voir le monde de son point de vue, et même après, il a continué à dire que j'ai cette façon de toujours chercher à voir le bon côté des gens, et que certaines personnes n'en valent pas la peine. Je ne pensais jamais lui donner raison, et en ce moment, je dois avouer que je regrette un peu de ne pas avoir écouté ces dires...

Assis sur le bord du lit, cet homme me fait flipper avec sa cagoule. Il me regarde pendant un court instant, puis essaie d'attraper ma main.

Qui êtes-vous ?

- Amara... Je suis désolée... Je ne voulais vraiment pas en arriver là.

– Détachez-moi dans ce cas...

Je lui tends mes mains liées. Il commence à jouer avec la corde et ce n'est que lorsque je sens les liens se resserrer que je comprends qu'il n'a pas l'intention de me détacher. Au même moment, la porte s'ouvre sur la fille qui pousse quelqu'un d'autre à l'intérieur.

Je vous laisse juste quelques minutes. Ça va être tellement amusant.

Il prend la main de sa copine et ferme la porte derrière elle.

Mélissa ?

— Ma chérie,

Elle me prend dans ses bras. Mais qu'est-ce qu'elle fait ici ?

Comment t'es arrivée là ?

– C'est une longue histoire. J'ai vu ta famille, ils sont tous très inquiets. Et ton copain m'a limite accusé de ton enlèvement. Tu m'avais promis de n'en parler à personne.

– Tu veux parler de Georges ? Il est très futé, je te jure qu'il ne m'a pas laissé le choix.

– Il a tissé un lien très fort avec toi. C'est un homme courageux également.

– Il est allé te voir ?

— Il a fait bien plus que cela, tu peux me croire.

– Tu as vu Oliver ? Comment va-t-il ?

– Ne t'en fais pas. Tu le reverras bientôt. Il a pris les dispositions pour.

— Oh non ! Qu'est-ce qu'Oliver a fait ?

– Je suis là pour te faire sortir d'ici. Et en ce qui a trait à Oliver, il a fait la même chose que toi, tu as fait lorsque tu t'es retrouvé dans sa position.

— Ça veut dire quoi ça ? ... Son entreprise...

— Écoute, ma chérie, nous n'avons pas beaucoup de temps avant qu'il revienne, je dois te parler de quelque chose de très important.

Je la regarde, mais je n'arrive pas à me focaliser sur ce qu'elle raconte. Je crois que je l'ai perdu dès qu'elle a parlé de ce truc avec Oliver. Pourquoi ne veut-elle pas me dire ce qu'a fait Oliver ?
Alors qu'elle me demande si j'ai bien compris, la porte s'ouvre sur la garce qui lui demande de la suivre. Et elle la suit sans broncher. Et moi qui n'ai rien entendu de ce qu'elle a dit. Mon esprit est occupé à essayer de comprendre ce qu'a bien pu faire Oliver, et pourquoi Mélissa a dit qu'elle était là pour me faire sortir d'ici ? Dois-je comprendre qu'elle est venue depuis le Mexique pour moi ou dois-je me méfier comme Oliver ? Non mais, qu'est-ce qui se passe à la fin ?

Je sens une caresse sur mon visage, mes yeux papillonnent avant de s'ouvrir. Je sursaute en voyant qui est juste devant moi. Je me frotte les yeux pour être sûr d'être réveillé.

- Amy... Je suis désolé.

J'essaye de reprendre mes esprits alors que je sens ses bras me serrer.

- Ke... Kevin

La porte s'ouvre dans un fracas.

Lâche-la.

Attendez, ce n'est pas possible ça ? Je suis sûre d'avoir l'air débile à les regarder comme ça. Je ne comprends pas. Celui qui a ouvert la porte s'approche de moi, alors que l'autre se lève du lit en riant.

Oh, putain, je suis trop bien quand je suis dans ton rôle frangin.

Ils sont frères, des jumeaux. Ils sont identiques. Même voix, même carrure, même démarche. Oh mon Dieu.

- Amy...

- Mais... J'hallucine. Vous êtes deux.

– Impressionnant, n'est-ce pas ?

– Qu'est-ce que tu as fait ?

– Lui ? Enfin, il ne fera plus rien à partir de maintenant.

– Comment ça ?

— He bien, comme tu le vois, c'est mon frère. Ah oui, le vrai Kevin, c'est moi... Lui, c'est Clark. J'avoue que c'était marrant d'échanger nos places comme ça, et toi, ma belle, qui n'as rien compris. Enfin, peut-être un petit peu.

Je cligne des yeux une fois, deux fois. J'avale difficilement ma salive. Et quelques flashes me reviennent. Je me souviens maintenant. Des fois, il sentait différemment et moi, comme une idiote, je pensais qu'il avait juste changé de parfum. Et cette fois où il s'est énervé parce que je ne voulais pas faire l'amour avec lui. Je me suis bien fait avoir. Nous nous sommes fait avoir.

- Je suis désolé, Amy...

— Non, non.

- Amy...

— Je crois qu'il est grand temps qu'on discute, elle et moi.

- Kevin...

— Vas-y, Clark sort.

Il me lance un regard avant de sortir et de me laisser avec son psychopathe de frère. Alors ils ont organisé tout ça en famille. Mais pourquoi ?

Bon, et si on faisait connaissance ?

— C'était toi depuis le début, hein ? C'est toi qui tirais les ficelles.

– On peut dire ça. Mais je n'ai rien fait, je veux dire à part chuchoter deux ou trois petits mots aux oreilles de mon petit frère et puis voilà...

– Pourquoi ?

— Je me doutais bien que tu allais me poser cette question... Je vais te répondre, mais pas tout de suite. Oliver a de la chance, dis-donc.

Mon cœur fait un bon en écoutant son nom. Il s'approche de moi pour prendre une photo qu'il va sûrement envoyer à Oliver.

Qu'est-ce que tu veux de nous ? Tu lui as demandé de faire quoi à Oliver ?

Il ne me répond pas et donne deux coups à la porte qui s'ouvre sur la même fille qui lui prend le téléphone.

Tu sais ce que tu as à faire.

Elle lui fait signe que oui. La porte se referme à nouveau.

T'es une pourriture, tu le sais ça ?

– De si gros mots dans une si petite bouche... Une si jolie petite bouche

– Qu'as-tu fait de ma mère ? Qu'est-ce qu'elle a eu avec tout ça ?

— Ah, c'est ta mère maintenant ? Je croyais que c'était Maryline, ta maman.

– Laisse-la partir, elle n'a rien à voir...

– Au contraire, tout est de sa faute... Tu vas bientôt comprendre.

– Toi et ton frère, vous n'êtes que deux grands malades. Et vous allez finir en prison.

- Déjà des menaces... Tu es vraiment la fille de ta mère.

Mélissa a dit qu'il avait énervé pas mal de gens, est-ce qu'il se pourrait que ces deux-là en fassent partie ? Un homme arrive et lui chuchote quelque chose à l'oreille et il se met à sourire.

Intéressant. Je commençais déjà à m'ennuyer... On va voir à quel point elle tient à toi, ta petite maman.

Il quitte la chambre en m'enfermant à double tour. Ça n'a aucun sens. Kevin ne peut pas connaître Mélissa à moins qu'il m'ait menti sur son âge ; après tout, il s'est bien foutu de moi. Et puis qu'aurait fait ma mère pour qu'il la déteste autant ?

Ça explique cet appel dans son bureau. Il parlait à son frère. Ils sont deux putains. Comment on a fait pour passer à côté de ça ?

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