Chapitre XXXI.
Amara
Je suis sur mon ordinateur en train de regarder les bouquets que Rose vient de m'envoyer. Je reçois une notification sur mon portable de Twitter, une photo de moi sortant au restaurant hier soir avec Kevin. Vous vous doutez bien que les commentaires ne sont pas tendres. Mon cœur rate un battement quand je vois que Nate et Kika ont commenté eux aussi. Ils doivent vraiment m'en vouloir pour me faire ça. Je me déconnecte avant de déposer le téléphone pour retourner à mes occupations.
Vers les treize heures, je déguste la salade qu'Isie m'a commandée. Ce n'est pas que je n'aime pas ce que je mange, mais ça me rappelle quand je travaillais pour Oliver et que je faisais exprès de lui commander des trucs dégueulasses qu'il n'aime pas, juste pour le faire chier. Le pauvre, il aurait pu mourir de faim. Un petit sourire s'échappe de mes lèvres. Lui aussi doit me haïr à l'heure qu'il est. Mais il fallait que ça sorte. Je devais lui dire... Je suis peut-être allé un peu trop fort en lui disant qu'il était responsable de la perte de notre bébé. Je ne le pensais pas, j'étais en colère et je ne l'ai pas du tout ménagé. À en croire qu'il a déteint sur moi, car d'habitude, c'est lui qui se comporte de cette façon.
Cette dernière dispute a été de trop. Il était là pour s'excuser alors que j'étais dans une exposition d'art d'un grand artiste que j'ai organisée. Il y avait une dizaine de journalistes et ils n'ont pas perdu une miette de cette violente dispute qui a mis fin à notre relation.
Je suis assise dans le canapé en train de regarder la télé. Je tombe sur une chaîne où ils parlent d'Oliver. Apparemment, il fait beaucoup parler de lui ces jours-ci. Et non, pas dans le mauvais sens du terme, contrairement à ce que l'on pourrait attendre. Les présentateurs disent qu'il vit parfaitement bien notre rupture et qu'il est passé à autre chose. J'éteins la télé et balance la télécommande.
On sonne à la porte : quand j'ouvre, je vois Kevin avec un bouquet de roses blanches.
– Salut,
– Salut,
— Je voulais m'excuser pour hier soir, je me suis fâché alors que j'aurais dû t'écouter et comprendre que... Tes amis (es) te manquent. Je suis désolé, Amy.
Je prends les fleurs et le laisse entrer. Sérieusement ? Encore une fois, je note que son odeur est différente ainsi que son expression faciale. Il est obligé de changer de parfum aussi souvent ?
Parmi les choses que j'ai apprises avec Oliver, la patience en fait partie, et ça n'a pas été facile. Je demande à Kevin d'être patient, alors que je sais pertinemment que ce n'est pas donné à tout le monde. C'est vrai, quoi ? Si j'ai été aussi patiente avec Oliver, c'est peut-être parce que je me suis attachée et accrochée à cet homme, mais est-ce le cas avec Kevin ?
Perdue dans mes pensées à me remémorer de vieux souvenirs, je n'entends pas Emily m'appeler. Je sens alors sa main sur mon bras, ce qui me fait me tourner vers elle.
– Amy... Est-ce que ça va ?
— Oui, Em, ne t'en fait pas.
– Dis-moi, tu n'es pas en train de réfléchir à comment t'éclipser pendant la soirée, n'est-ce pas ?
- Euh... Hé bien...
- Non ma chérie il n'y a pas de "Euh" ni de "he bien" encore moins de "je ne sais pas encore". Dit ma mère.
- Maman...
— C'est connu, l'organisatrice doit rester jusqu'à la fin, n'ai-je pas raison, mademoiselle Oliphant ?
Je manque de tomber sur la chaise en entendant sa voix. Heureusement qu'il a de bons réflexes. Oliver m'attrape par la taille. Ça doit faire plus d'une minute que je sens mes pieds toucher le sol, mais les mains d'Oliver sont toujours à la même position sur mes hanches alors que l'on se fixe. Puis je m'écarte de lui brusquement.
– Je te remercie. Dis-je d'une voix presqu'inaudible.
Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter l'organisation de cet événement déjà ? Ah oui, je ne pouvais pas dire non à Emily, encore moins à ma mère. Et comme par hasard, à la dernière minute, elles m'appellent pour me dire qu'elles veulent l'organiser à la villa d'Oliver.
Nos parents n'essaient non pas de reprendre leur amitié là où ils l'ont laissé, ce n'est pas possible, on est bien d'accord. Ce n'étaient que des gamins quand c'est arrivé, et maintenant, ce sont des parents. Des personnes connues, avec de grandes responsabilités. Alors qu'ils essaient de se pardonner, Papa m'a beaucoup surpris. Ça se voit que ça leur a manqué. La preuve, ma mère et Emily sont en train d'inaugurer une organisation pour les jeunes enfants défavorisés. L'agence va leur apporter ce à quoi ils auraient dû avoir droit. Emily et Maryline sont toutes deux des femmes sensibles. Je suis contente qu'elles soient devenues de très bonnes amies.
Oliver sort de son bureau avec une mallette en main, suivi de papa et d'Eric.
— Ah, vous êtes là. Venez, Messieurs, nous avons quelques petites tâches pour vous.
Ma mère entraîne Papa et Éric, je ne sais où. Oliver tient sa mallette avec une main et garde l'autre dans sa poche. Il vient déposer un bisou sur la joue de sa mère. Instinctivement, je détourne le regard.
— À plus tard, maman !
— Tu as promis de rentrer un peu plus tôt, mon chéri, souviens-toi.
– Ne t'en fais pas. Je serai là.
— Je te préviens, Kevin sera là, alors si c'est pour gâcher la soirée...
– Mademoiselle Oliphant, dois-je vous rappeler qu'ici, c'est chez moi ? Vous n'avez pas à m'interdire l'entrée de cette soirée. C'est votre copain qui n'a rien à faire ici et j'espère bien qu'il le sait.
Puis il s'en va. Je le regarde partir. Il aurait pu me dire au revoir, quand même. Emily me regarde, puis hausse les épaules. Nos parents ont respecté notre décision. D'accord, c'est plus la mienne que la sienne. Oliver me déteste, s'il m'a empêché de me casser la figure, c'est parce qu'il ne voulait sûrement pas se faire gronder par sa mère ou se faire tuer par mon père...
Oliver
Je suis en train d'attendre sous ce grand arbre alors qu'il fait déjà nuit. Ça fait deux minutes que je suis là et je commence déjà à perdre patience. Oui, avec moi, la ponctualité est de mise. Déjà que je devrais être à la soirée en train de faire la misère à l'organisatrice. Je souris à cette pensée.
- Bonsoir...
– Vous êtes en retard.
– Je devais m'assurer que vous n'étiez pas suivie.
– Vous avez du nouveau ?
– Tout sera bientôt terminé. Les dossiers qu'on a récupérés la dernière fois nous ont été d'une grande aide. Ne vous en faites pas, Monsieur Hale, nous touchons à notre but.
J'espère que ce ne sont pas des conneries, parce que ma patience a des limites. Je lui donne la mallette et attends son départ avant de monter dans ma voiture.
– Oliver, tu es sûr de ce que tu es en train de faire ?
— Non, Paul, mais je crois que j'ai été plus que patient... Il est temps de régler le problème.
Ma tête plongée dans mon portable Je lis quelques e-mails avant qu'on arrive au bureau où je prends le temps de me changer, puis Paul me conduit à la villa.
Des photographes attendent devant la villa. Ils prennent quelques photos alors que je pénètre à l'intérieur.
Amara a un véritable don pour l'événementiel. Je sais que je l'ai déjà dit une centaine de fois, mais bon... Il y a beaucoup de monde, la décoration est hallucinante. Au loin, je la vois en train de parler avec deux hommes. Je vais m'approcher un peu plus, mais une main tire sur mon bras.
— Erine ?
– Ne fais pas de conneries, Oliver.
– Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler. Et je te déconseille de me toucher à nouveau.
– Je parle de ma sœur. Surtout, ne t'approche pas d'elle.
— Et tu crois réellement que je vais t'écouter ?
Une ombre vient se planter devant moi et mon poing se serre à la seconde où je vois son visage.
- Monsieur Hale... C'est une belle soirée, n'est-ce pas ? Cette femme est incroyable. Elle sait vraiment y faire...
– On en reparlera. Me chuchote Erine.
Erine lâche à peine mon bras pour repartir qu'Amara arrive et elle attrape le bras de ce connard alors que j'étais sur le point de lui coller mon poing dans la gueule.
— Kevin, tu m'accompagnes, s'il te plaît ?
— Désolée du retard, mon chéri, j'ai été retenue au boulot.
Elle s'accroche à mon bras. Kevin affiche un air étonné tout comme Amara.
– Ça va. Tu es là, c'est tout ce qui compte.
Je ne quitte pas Amy des yeux en disant cela. Ses yeux s'arrondissent et je peux voir qu'elle est en colère. Autant continuer à jouer le jeu.
— Oh, que je suis mal polie, bonsoir. Je suis Stessy Dupont, la petite amie d'Oliver.
— Ah bon, c'est bizarre ça. Je n'ai jamais entendu parler de toi, la presse ne doit pas être au courant...
– C'est tout récent et on tient à garder notre vie privée...
– Privée. Je m'empresse d'ajouter sous le regard mauvais d'Amara.
– Bonsoir, je suis Kevin Melvin, le petit ami de cette charmante demoiselle.
Ils se serrent la main, et moi, comme un con, je reste planté là à la regarder. Alex arrive au même moment et me demande de le suivre, car il a besoin de moi.
– Vas-y, je vais en profiter pour faire connaissance avec l'organisatrice.
– À plus tard.
Elle m'embrasse sur la joue, puis je pars en compagnie de mon meilleur ami.
Amara
Je regarde Oliver partir en compagnie d'Alex, je relâche enfin la pression. Je ne sais pas ce que Kevin lui a dit, mais j'ai l'impression qu'ils étaient sur le point de se battre.
– Félicitations. C'est vraiment magnifique.
– Amara, on a besoin de toi. Dit Isie en s'approchant.
– Excusez-moi.
— Attendez, je peux venir avec vous ? À vrai dire, j'ai lu tant de choses sur votre agence et... J'aimerais voir ce que vous faites.
Je lui fais signe de me suivre. Je règle vite fait le problème avec Isie qui avait juste besoin de mon accord pour le vin, puis nous montons à l'étage. Je ferme la porte derrière moi et respire bruyamment.
— Non, mais t'es malade. Je t'avais dit de ne pas venir.
— Figure-toi que moi non plus, je n'avais pas envie de venir... Et puis estime-toi heureuse, car si je n'étais pas arrivé à temps, ils se seraient forcément battus.
- ... Stessy ? La copine d'Oliver, tu parles
– Jalouse ?
- Ferme la... Bon, il vaut mieux descendre avant que quelqu'un ne se mette à me chercher.
— Attends !
– Quoi ?
— Je suis venue te donner ceci...
– Un bracelet ?
— Il est vraiment spécial.
– Est-ce vraiment nécessaire ?
— Ça m'a coûté une petite fortune, alors voilà le juste comme... Un petit cadeau de la part de quelqu'un qui tient à toi.
- Attends...
– Quoi ? Tu ne l'aimes pas ?
– Non, ce n'est pas ça... Tu peux me l'attacher ?
Elle m'attache le bracelet au poignet avant de sortir. Je vais à la salle de bain me passer de l'eau sur le visage. Quand j'ouvre la porte pour sortir, je tombe nez à nez avec Oliver qui me pousse à l'intérieur et referme la porte derrière nous. Il me serre fort dans ses bras avant de prendre ma tête entre ses mains.
– Tu vas bien ?
– Qu'est-ce que tu fais ? Mais lâche-moi.
Il me fixe longtemps, puis approche ses lèvres des miennes...
– Amy, tu es là ?
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