Chapitre XX.


Oliver

Georges m'informe qu'Audrel est arrivé, alors je le reçois dans mon bureau. Je n'avais pas l'intention de lui faire part de ce que j'ai découvert, mais Georges m'a dit que je pourrais avoir besoin de son aide. Je ne pense pas tout lui dire. C'était son boulot après tout.

Je lui tends l'enveloppe contenant les informations. Audrel analyse les documents avec son air sérieux. Quand il arrive à la dernière page, il lève la tête pour me regarder.

Cette source est fiable, Oliver ?

— Audrel, si tu ne veux pas me croire, c'est ton problème, mais ne te mets pas en travers de mon chemin.

– Oliver, ce que tu projettes de faire n'est autre que de la pure folie. Tu es beaucoup trop imprudent. D'ailleurs, je vois que tu sors trop souvent sans ton garde du corps.

— Paul fait très bien son travail, merci de t'en soucier.

– Ton père et moi sommes amis depuis des lustres. J'ai toujours gardé un œil sur toi, c'est mon devoir de te prévenir quand tu fais fausse route, Oliver.

— Dois-je te rappeler que je suis à la tête de l'une des entreprises les plus influentes du pays, Audrel ? Je ne vais pas me cacher...

– Et Amara ? Tu penses à l'impact que ça aura sur elle.

– Ne parle pas d'Amy, tu m'entends.

– Tu crois que c'est bien ce que tu veux faire ?

— Ce n'est pas comme si je projette de tuer quelqu'un. Et puis, tout comme moi, Amy mérite de savoir ce qui s'est réellement passé. Tu m'aurais cru quand je t'ai dit que ce n'était pas un accident, ce serait maintenant loin derrière nous.

— Oliver, ne fait pas de folie, s'il te plaît. Je travaille sur le dossier et je fais tout mon possible pour découvrir la vérité. Je te demande juste un peu de patience.

— As-tu au moins une piste, Audrel ?

- Oliver...

— Sais-tu au moins qui sont ces lâches qui m'ont kidnappé ?

– Étant donné que tu n'as pas vu leurs visages, sans un portrait-robot, tu te doutes bien que ce serait plus compliqué.

— Et tu veux que je reste sans rien faire ? Ça va faire huit mois, Audrel. Huit putain de mois. Je ne peux même pas en parler avec la femme que j'aime, tu comprends ça ?

Bien sûr qu'il ne comprend pas. Personne ne comprend et c'est pour cela qu'on me demande d'arrêter. Mais ça n'arrivera pas. Je découvrirai la vérité.

Ce n'est pas une coïncidence. Je perds mon bébé, ma fiancée me quitte, et tout bascule. Ce n'est pas normal. Il y a forcément quelqu'un derrière tout ça et ça me fait mal de le penser, mais je crois que ce n'est pas qu'à moi que cette personne en veut. Je ne lui permettrai pas de toucher à la femme que j'aime.

Marc, as-tu quelque chose pour moi ?

– Monsieur Hale, vous aviez raison. Quelqu'un a bel et bien essayé de vous tuer cette nuit-là. Et cette personne a tout calculé. C'est pour ça que la police n'a rien trouvé.

Amara

Je suis encore sous le choc. J'ai vu la voiture foncer sur moi et je suis restée plantée là. Je n'arrivais pas à bouger. Soit cette personne avait l'intention de m'écraser ou simplement elle voulait me faire peur. Deux depuis notre découverte et je suis déjà la cible de quelqu'un. Ce qui signifie que quelqu'un veut m'empêcher de continuer mes recherches. Maman, est-ce que c'est toi qui es derrière ce qui vient de se passer ?

Ma coccinelle, ça va mieux ? Oliver est en route, ne t'inquiète pas.

– Ça va. Je dois juste me reposer.

— As-tu une idée de qui ça peut être, Bichette ?

— Encore une ex jalouse d'Oly, peut-être. Dit Nate.

— Non, je ne sais pas...

Je n'aime pas mentir, encore moins à mes proches. Mais je dois les protéger. Si ce n'est ce à quoi je pense, ça voudrait dire que je suis sur une bonne piste. Je reçois un appel de Joe alors que je sors à peine de la douche.

Conversation téléphonique

Andrea, tu vas bien ? Les parents sont en paniques là.

— Ils savent ?

- Oui... Tu as vu qui c'était ?

Je suis presque sûre que c'était une femme... Essaie de les rassurer, s'il te plaît.

— Tu sais comment sont les parents, ils voulaient prendre l'avion pour Los Angeles ce soir-même... Tu crois que c'est à cause de ce qu'on a découvert ? Chuchote-t-elle.

Peut-être. Sois prudent, Joe, d'accord ? Attends, pourquoi t'es à Philadelphie ?

- ... Depuis qu'on a découvert ce que tu sais. Il y a une voiture noire qui n'arrête pas de me suivre. Au début, je pensais juste que c'était des paparazzi, mais j'ai commencé sérieusement à flipper dès que j'ai vu deux hommes en noir me suivre jusqu'à mon restaurant préféré.

– Joe, tu les as peut-être menés droit vers les parents.

– Ne t'en fais pas. J'ai fait attention en venant.

- D'accord...

— Andrea

— Oui Joe.

– Fais attention.

Ma sœur qui s'inquiète pour moi. C'est nouveau ça. Mais ça me touche. Oliver arrive et me prend tout de suite dans ses bras.

- Mon amour... Ça va ? Tu n'as rien ?

– Je vais bien. Ne t'en fais pas.

C'est la deuxième fois, à vrai dire. Tout comme Joe, j'ai remarqué deux hommes avant hier au restaurant de Pacino. Je n'ai pas vraiment fait attention jusqu'à ce matin. Ils sont arrivés ensemble en même temps que moi et ils sont repartis en même temps. Ils n'avaient pas l'air méchant, pourtant. On dirait juste des espions. Mais je ne dirai rien, je n'ai pas envie qu'Oliver se prenne la tête encore plus.

Oliver insiste pour ne pas que je reste seule. Est-ce qu'il a peur ? Mais pourquoi ? Il n'est au courant de rien ou je me trompe ? Non. S'il était au courant, je l'aurais déjà su. En ouvrant la porte de ma chambre, je tombe sur Carter.

Mais qu'est-ce que tu fais ? Oliver est juste en bas.

— Je voulais te voir, idiote. Tu vas bien ?

– Ça va.

– Tu as vu qui était au volant ? Ou même la plaque d'immatriculation ? Dis-moi ce que tu as vu. Le moindre petit détail peut aider Amy.

– Désolée, mais je ne me souviens pas. Je me rappelle juste que j'étais comme bloqué.

— Amy, si tu veux arrêter, je comprendrais, tu sais ?

- Non. Vous avez fait votre part. Et puis, je tiens toujours mes promesses.

– Le patron est d'accord pour ne pas interférer dans ta vie privée. Mais tu dois tout faire pour ne pas qu'Oliver découvre ce que tu fais, sinon ça mettra toute l'enquête en danger. Ainsi que ta vie et celle de tes proches.

- Mais...

– Tu crois vraiment que ces gens n'en voulaient qu'à son entreprise ? Voyons Amara, c'est un homme riche et influent. Et toi, tu es...

— Ça va, Mon cœur ? Tu veux de l'aide ? Crie Oliver depuis les escaliers.

– Je prends juste mon manteau... J'arrive, Oly

Quand je tourne la tête, Plus rien. Ça ne m'étonne pas. Je récupère mon sac et je descends retrouver Oliver.

Paul m'ouvre la porte et je monte dans la voiture suivi d'Oliver. Ma tête sur son épaule, il me caresse les cheveux. Arrivée à la maison, je monte me changer pendant qu'Oliver reste dans son bureau pour passer quelques coups de fil. Il manigance quelque chose, j'en suis sûr.

Georges, qu'est-ce qui se passe ? Ça fait une heure qu'Oliver s'est enfermé là-dedans.

– Il y a juste un problème sur l'un des chantiers.

— Georges, je ne suis pas bête.

– Amy, je suis sûr qu'il t'en parlera le moment venu. Aie confiance.

Je sais qu'il ne me dit pas tout à fait la vérité, mais bon, ce n'est pas le moment de fouiner, sinon lui aussi va se mettre à fouiner et on va tomber dans un cercle vicieux. Oliver ne doit pas découvrir ce que je fais. Le patron est très clair. C'est pour sa sécurité.

Je remonte dans la chambre et j'admire la vue depuis la fenêtre. La sonnerie de mon portable me fait sursauter. Numéro inconnu. J'hésite à répondre. Les mains tremblantes, je décroche et apporte le téléphone à mon oreille.

Conversation téléphonique

- Amy... Amy, c'est toi ?

- Ke... Kevin ?

– Oui, c'est moi. J'ai appris ce qui s'est passé. Tu n'as rien ?

– Non, je vais bien.

- Dieu merci... Dis-moi, je serai en ville demain, ça te dirait de prendre un café ?

- Euh... Oui, bien sûr. Pourquoi pas ?

– D'accord. Je t'appelle demain alors. Je te laisse te reposer. À demain, Amy

Que suis-je en train de faire ? Oh Mon Dieu. Je dépose le téléphone après avoir répondu au message de mon père. Je sens deux bras m'entourer la taille. Je me retourne pour lui faire face.

Pas trop fatigué ?

- Un peu... Amy, tu n'as rien à me dire ?

– Oly, je t'ai déjà dit que je ne sais pas qui...

– Je veux parler de ton voyage à Sydney... Ou devrais-je plutôt dire à Milan. Tu vas continuer à me mentir ?

- Non. Je suis désolée, je ne voulais pas te le cacher. C'est que ma sœur avait besoin de moi et...

— J'imagine que tu savais que je serais contre cette idée, alors tu as préféré ne rien me dire.

- Je te promets que...

– Non, ne fais pas de promesse dont tu sais pertinemment que tu ne pourras pas tenir Amara.

– Ça fait mal. Très mal, Oly... Je suis désolée de ne pas t'avoir dit pour Milan...

– Amara, je veux que tu comprennes que tu ne peux pas te permettre d'être imprudente. En une seconde, il peut se passer tellement de choses, et moi, je ne suis pas prêt à revivre ça.

– Je suis désolée.

Je m'accroche à son cou, pour ensuite y nicher ma tête. Il se détend peu à peu et propose qu'on aille se coucher. Oliver va à la salle de bain pour enfiler son pyjama et revient dans la chambre. J'attache mes cheveux avant de me glisser dans ses bras...

Je sens Oliver bouger à côté de moi, ce qui me pousse à ouvrir les yeux. Il fait un cauchemar et pas qu'un tout petit. Je n'arrive même plus à les compter pour ce mois-ci. J'essaie de le réveiller en douceur, mais il se lève brusquement et s'écarte de moi.

He, c'est moi. Calme-toi... Respire, mon cœur. C'est moi... Je suis là.

Il revient dans le lit. Sa tête sur mon ventre, je lui caresse les cheveux alors qu'il essaie de reprendre son souffle. Il faut vraiment que ça s'arrête.

Mon chéri, ça ne peut pas continuer...

— Je ne sais pas combien ils étaient exactement, mais d'entre eux étaient plus impliqués. Et parmi ces deux-là, l'un venait me voir dans la pièce pour exécuter les ordres de l'autre qui semblait être leur chef. Il me parlait à travers un haut-parleur et il avait l'air de bien me connaître.

Qu'est-ce qu'il voulait ?

– Des informations concernant l'entreprise... Et ils ne se sont pas arrêtés là en voyant que je n'avais nullement l'intention de leur donner ce qu'ils voulaient.

– Ils ont menacé tes parents ?

- Indirectement... Leur chef m'a dit qu'il ne s'arrêtera pas tant qu'il ne m'aurait pas tout pris. Jusqu'à la seule personne à laquelle je tiens plus que ma propre vie.

- Oly,

– Il parlait de toi, Amy. Il ne s'arrêtera pas là...

Oh Mon Dieu. Je vois pourquoi il est tout le temps en état d'alerte. Il croit qu'il va pouvoir protéger tous ceux à qui il tient. J'essuie une larme sur ma joue. Je n'avais aucune idée de ce qu'il a subi. Même après avoir vu son visage à l'hôpital cette nuit-là.

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