Chapitre V.
Oliver
Ce matin, je passe une heure à la salle de gym avant de prendre une douche. Lorsque je reviens à la chambre, j'entends mon portable sonner. Le nom d'Haleessa s'affiche sur l'écran. Automatiquement, je repense à ce qu'on a fait hier soir. Je me sens coupable. Je n'aurais pas dû céder. Je lui ai résisté pendant tout ce temps, je ne sais pas si c'est le fait d'avoir revu Amara ou bien le regard suppliant de Lee, mais j'ai craqué. Je laisse sonner le téléphone pour me diriger vers mon dressing. Une fois prêt, je descends rejoindre Paul.
— Bonjour Monsieur, vous allez bien ce matin ?
Georges me coupe la route portant encore son tablier. Et moi qui voulais m'éclipser discrètement.
– Votre petit-déjeuner est prêt.
— Je suis en retard, je mangerai quelque chose au bureau.
– Je crois bien que vous avez largement le temps pour ce petit-déjeuner idéal que je vous ai préparé.
Je jette un coup d'œil à ma montre avant de le suivre. Ma mère lui a forcément demandé de me surveiller. Tous les matins, il me prépare un petit-déjeuner et insiste pour que je le mange avant d'aller travailler. Le petit-déjeuner de ce matin me rappelle mes 8 ans. Dans le souci que je m'alimente bien en l'absence de mes parents, Georges me préparait mes repas avec soins.
— Tu vas rester là à me regarder ?
— Exactement, vous savez que je n'aime pas le gaspillage, Monsieur.
— Donc tu as peur que je m'échappe.
– Ou bien que vous recommenciez à avoir des carences.
– Ce n'est arrivé que deux fois.
— Six fois pour être exact.
Je le fusile du regard alors qu'il reste de marbre. Il y a des œufs, du fromage, des tranches de jambon, des amandes, des oranges et du thé vert.
— Tu es satisfait, j'espère.
– Vous voulez quoi pour le dîner ?
— Prépare ce que tu veux, Georges, il faut que j'y aille maintenant.
— Passez une bonne journée, Monsieur.
Il acquiesce d'un petit sourire voyant qu'il n'a pas cuisiné pour rien. Je sais qu'il s'inquiète pour ma santé tout comme mes parents d'ailleurs, mais je me sens bien. Je ne veux pas qu'on m'engraisse juste parce que, dans le passé, j'ai eu quelques petits problèmes de carences.
– Vous souriez.
La voix de Paul me ramène à la réalité. En fait, je pensais à Amara.
– Peut-être.
Nous arrivons à l'entreprise. Paul m'ouvre la porte, je tire sur ma veste avant de pénétrer à l'intérieur. Oui, je souris, car je suis impatiente que cette journée de travail commence.
— Bonjour Monsieur Hale, Mademoiselle Oliphant vient d'arriver. Elle patiente dans la salle de réunion.
– Avez-vous les papiers que je vous ai demandés ?
– Ils sont là.
Nous nous dirigeons vers la salle de réunion. Lorsque je pousse la porte, Amara lève les yeux et nos regards se croisent. Pendant quelques secondes, j'ai l'impression que la pièce est soudainement électrifiée. Je me racle la gorge avant de prendre place.
– Bonjour mademoiselle Oliphant.
– Monsieur Hale,
Mon assistante dépose un cartable et une plume devant elle. Je fais semblant de ne pas sentir son regard sur moi, l'invitant à ouvrir son cartable pour découvrir le contrat. Deux secondes plus tard, elle prend la plume pour apposer sa signature. Elle me passe le cartable et je signe à mon tour.
– Bien, mademoiselle Forbs vous aidera à vous installer.
Je m'en vais sans plus attendre. Amara n'a pas changé tant que ça, ou je me trompe ? Peu importe. J'ai demandé à ce que son bureau soit en face du mien. Du coup, les trois bureaux de cet étage sont maintenant occupés par l'arrivée de Yann et de mademoiselle Oliphant.
Mademoiselle Forbs est maintenant en congé, un congé bien mérité. Depuis qu'elle travaille pour moi, elle n'a jamais pris de congé. Je les laisse entre elles pour rejoindre mon bureau. Au bout d'un moment, je vois Alex débouler...
— Attends, pourquoi ton assistante parle à Amy comme à une copine ? Et que fait-elle ici d'ailleurs ? Vous vous parlez à nouveau ? Ça fait plaisir de voir que tu gères...
– Mademoiselle Oliphant travaille ici désormais.
– Quoi ?
– Elle remplace mademoiselle Forbs pendant un certain temps.
— Non, tu veux dire qu'elle va travailler en tant qu'assistante ? ... Ton assistante ?
— Ça sonne différemment dans ma bouche, mais... Oui, c'est exactement ça.
— Tu n'as pas fait ça... Putain Oly
Je n'ai pas fait quoi ? Ce n'est pas ma faute si cette femme est si entêtée. Elle n'a pas compris que je n'ai pas l'intention de lui donner ce qu'elle veut. Elle obtient toujours tout ce qu'elle veut, moi, je vais lui apprendre ce que ça fait de perdre quelqu'un ou quelque chose à qui l'on tient vraiment. Non, ce n'est pas une vengeance... Disons que c'est de la répartie.
Évidemment qu'Alex sera contre cette idée et c'est bien pour cela que je ne lui dirai rien. Après son départ, j'appuie sur le bouton pour appeler mon assistante et lui demander de me préparer un café. Et bien sûr, le café qu'Amara me prépare est infecte. Elle l'a fait exprès, je le sais.
– Vous êtes sérieuse ? Je vous ai demandé une tasse de café, pas ce truc dégueulasse... Il est imbuvable.
— He bien, vous n'avez qu'à préparer vous-même votre café, monsieur...
Amara comprend vite son erreur, ce qui fait qu'elle avale difficilement sa salive, humidifie ses lèvres avant de reprendre la tasse.
— C'est bon, je vais, vous en préparez une autre tasse... Monsieur,
Putain, si elle continue à m'appeler comme ça, ce ne sera plus aussi drôle...
- Encore une chose... J'espère que vous n'allez pas vous amuser à porter ce genre de robes pour venir au bureau. Je ne veux aucune distraction pour mes employés.
Elle pousse la porte et quitte mon bureau sans aucune répartie...
Amara
Non, mais quel enfoiré ! Il peut bien rêver s'il croit que je vais m'habiller autrement. À en croire que je m'habille en prostituée aussi.
Oliver déteste le café. Quand il m'a demandé de lui en préparer, je savais que c'était pour m'emmerder, alors j'ai fait exprès de le rater. À chaque fois, il le recrache dès la première gorgée. Ce n'est qu'au bout de la cinquième tasse de café qu'il daigne en boire plus d'une gorgée. Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter de travailler pour ce connard déjà ? Ah oui, il m'a piqué mon agence...
Je suis au téléphone avec Kika, bien sûr, Alex lui a dit et bien sûr, elle me demande si je suis folle. Et m'invite à venir dîner chez eux ce soir. Je raccroche à peine que j'entends la voix d'Oliver qui me demande de venir à son bureau. Quand j'arrive, je vois la fille de l'autre soir. Attention, ma chérie, ta mâchoire est en train de tomber.
– Mademoiselle Oliphant, veuillez me réserver une table pour deux au restaurant de Pacino.
– Vous la voulez pour quand ?
— Ce soir,
– Impossible. Il fallait réserver deux voire trois semaines pour ça...
– J'ai cru comprendre que vous êtes un habitué des lieux, alors débrouillez-vous.
Il va vraiment l'emmener là-bas ? Dans mon restaurant préféré ? J'ai vraiment envie de l'étrangler.
— Pourquoi je ne vous vois pas en train de prendre des notes ? Me demande cette cruche.
— Bah, figurez-vous que moi, je n'ai pas une cervelle de moineau alors... Excusez-moi.
Je pousse la porte pour quitter ce bureau qui me donne des envies de meurtre. En arrivant au mien, j'attrape mon portable pour appeler au restaurant. Au début, je ne voulais pas donner mon nom jusqu'à ce que je comprenne que je n'aurais pas cette fichue table sans passer directement par le maître des lieux.
J'entends frapper la porte de mon bureau, j'invite la personne à rentrer. Chose que je n'aurais pas faite si j'avais su que c'était elle.
— Je peux savoir ce que tu fiches ici ?
– C'est à moi que vous parlez ? Alors déjà, je vais vous demander de ne pas me tutoyer, vous ne me connaissez pas et nous ne sommes pas amies.
– Je vous connais assez pour savoir que vous n'avez rien à faire ici. Pourquoi êtes-vous revenue d'ailleurs ?
— Ça ne vous regarde en rien.
– Figurez-vous que oui. Je suis la meilleure amie d'enfance d'Oliver et je ne permettrai pas que vous lui fassiez du mal à nouveau.
Ah bon ! Sa meilleure amie d'enfance ? Rien que ça... Alors comme ça, ils ne sont pas ensemble...
— Écoutez-moi bien, la meilleure amie d'enfance, moi non plus, je n'ai pas envie d'être ici...
— Partez alors.
- Impossible... Votre cher meilleur ami m'a pris quelque chose et je ne partirai pas avant de l'avoir récupéré. Sur ce, j'ai du travail, je ne vous montre pas la sortie.
Non mais...
Toute la semaine, Oliver s'est amusé à me faire venir dans son bureau pour un rien. J'ai mal aux pieds à cause de tous ces allers-retours dans son bureau. Heureusement que Forbs est une fille ordonnée et très gentille, elle m'a même préparé quelques fiches et m'appelle pour savoir comment je m'en sors. Mais il est clair maintenant qu'Oliver me déteste. Il veut me déstabiliser de façon à ce que je parte, mais il peut continuer à rêver.
Alex me propose de déjeuner avec lui ce midi comme les autres jours de la semaine, et ma réponse reste la même, non. Pourquoi ? Parce qu'il déjeune avec mon emmerdeur de patron.
Quoique je fasse, Oliver trouve toujours quelque chose à en redire. C'est le pire patron qui existe. Je me demande comment Forbs a fait pour travailler avec lui pendant tout ce temps. Ou bien, c'est tout simplement qu'avec moi qu'il joue au tyran.
J'ai vu Emily le jour même de mon arrivée à l'entreprise et contrairement à ce que je m'attendais, elle m'a serré très fort dans ses bras. Elle m'en veut quand même un peu de ne pas lui avoir donné de nouvelles, et comme les autres, elle ne comprend pas pourquoi j'ai accepté d'être l'assistante de son fils.
Aujourd'hui, c'est samedi, et c'est la sonnerie de mon portable qui me réveille. Un appel d'Oliver. Putain, mais qu'est-ce qu'il me veut encore ? Je regarde l'heure, il n'est que six heures du matin. Je décroche non sans lâcher un grognement.
Conversation téléphonique
- Allô...
– Je suis devant chez vous. Vous avez dix minutes pour vous préparer.
— C'est samedi aujourd'hui et je ne bosse pas pendant les week-ends.
– Êtes-vous sûr d'avoir bien lu votre contrat ? Vous ne travaillez pas que si moi je ne travaille pas, et même là encore, vous êtes à ma disposition. Prenez quelques affaires, vous m'accompagnez à New York. Ah oui, il ne vous reste que huit minutes maintenant.
Je raccroche en grognant sous mon oreiller. J'enfile un jean et un T-shirt après avoir pris ma trousse de toilette et quelques tenues dans une valise, je ramasse mes cheveux en une tresse avant de sortir. Je monte dans la voiture sans même le regarder.
– Vous avez deux minutes de retard.
Paul sourit en voyant ma réaction qui a été de lever les yeux.
Assis face à lui dans le jet, il m'explique en quoi consiste ce voyage de façon à ce que j'arrange tout. Franchement, il exagère.
Évidemment, il ne pouvait pas faire comme tout le monde et descendre à l'hôtel, mais monsieur a une maison à New York. Et je n'étais même pas au courant. Une fois à la maison, il me montre ma chambre. Je décide alors de prendre une douche et de m'habiller. J'ai faim, alors je vais à la cuisine me préparer un bon sandwich. Heureusement qu'il a pensé à remplir son frigo. Après le déjeuner, j'accompagne Oliver à son rendez-vous chez son styliste. Ça a duré plus de deux heures.
Ce soir, Oliver est invité à une soirée de gala dans un endroit très prestigieux, et moi, je ne veux pas faire tâche. Du coup, je me lisse les cheveux, ce qui arrive rarement ces jours-ci.
Nous arrivons devant une maison ou devrais-je plutôt dire un palais, Paul nous ouvre la porte, car oui, son garde du corps nous a accompagnés également. Je sors suivi d'Oliver. Normalement, je devais juste l'accompagner en tant qu'assistante, mais on dirait qu'il me prend pour son accessoire. Il a intérêt à se calmer...
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