Chapitre I.
Oliver
- Amy... Non... Lâche-la, espèce d'enfoiré... Amyyyyy. Crie-je en voyant son corps se rapprocher du sol.
Je me réveille en sursaut et en sueur. Encore ce fichu cauchemar, encore ce maudit visage qui me torture. Le visage de cette femme sans cœur qui m'a lâchement abandonné. Je la déteste. Je la hais tellement de continuer à hanter mes nuits et elle n'est pas la seule.
Dès qu'il fait nuit et que mes paupières se ferment, je me revois dans cet entrepôt désaffecté, attaché, impuissant. Je me rappelle de chaque coup-de-poing, et pourtant, à ce moment-là, la douleur était pongitive, alors que maintenant, elle est pulsatile.
Mon rythme cardiaque ralentit peu à peu au moment où la porte s'ouvre et elle se joint à moi dans le lit alors qu'il fait encore noir dans la chambre.
– Je t'ai entendu crier... Tu as encore fait un cauchemar ?
- Hum. Dis-je en allumant ma lampe.
– Ça va ? Tu veux en parler ?
— Non, Lee, ne t'en fait pas pour moi.
— Oly, comment tu veux que je sois tranquille ? C'est à peine si tu as dormi une heure.
– Je t'ai réveillé ? Désolée... Ça avait l'air si réel... Je peux encore sentir son odeur.
- Oliver...
– Haleessa, je sais ce que tu vas me dire... Mais je suis sûr qu'elle était là. J'ai vraiment senti sa présence à l'hôpital.
— Je te l'ai déjà dit, Oliver. J'étais là tout le temps avec toi. Elle n'est pas venue... Amara n'est jamais venue te voir, alors s'il te plaît, oublie-la comme elle l'a fait pour toi...
Ses mots sont durs et blessants, mais au fond de moi, je sais qu'elle a raison. Même lorsqu'il me torturait, je ne pensais qu'à elle. Je me demandais si elle était au courant de mon enlèvement. Ce qu'elle ressentait. Bêtement, j'ai pensé qu'elle aurait pitié et qu'elle reviendrait à moi. Elle ne m'a jamais appelé. Tout ce que je sais, c'est qu'Amara est encore en voyage même après avoir appris ce qui m'est arrivé, car je suis certain qu'elle l'a appris, on en a parlé aux infos et c'était sur les réseaux sociaux également.
Maintenant, je sais que ça ne servira à rien que je m'y accroche, alors que Lee me l'a répété plus d'une fois. Contrairement à cette femme, Lee est restée auprès de moi.
– Tu peux y aller, Lee.
– Tu en es sûre ? Je peux rester encore un peu si tu veux.
— Tu dois être fatiguée également, alors...
- Non, ça va... Maintenant, rendors-toi.
On n'a pas besoin d'être devin pour savoir ce qui se passe dans sa tête en cet instant. Ce n'est pas un secret puisqu'elle me l'a déjà dit de vive voix : « Oliver, cette femme est à des millions de kilomètres d'ici ». Elle ne reviendra pas. Il est temps pour toi de l'oublier, tu ne penses pas ?
Lee a sûrement raison. Mais je ne détiens pas le monopole de mes rêves. Je n'ai pas choisi de rêver d'elle qui, elle, a choisi de jeter notre histoire aux oubliettes. Cela doit cesser. Amara Andrea Oliphant, je dois t'effacer de ma mémoire une bonne fois pour toutes. Et c'est pour cela que je t'ordonne de ne plus hanter mes nuits.
J'ai conscience que mon attitude fait du tort à Haleessa, mais j'ai toujours été honnête avec elle. Je ne puis pas lui donner ce qu'elle attend de moi. Autrefois, elle, ma cousine Elena et moi étions inséparables. Elle est revenue deux semaines avant mon enlèvement et elle est restée à mes côtés depuis.
Les rêves que je fais à propos d'AMARA sont différents à chaque fois. Je la vois ligotée sur une chaise et il y a cet homme qui essaie de la toucher alors que je suis juste à côté, allongé sur le sol, impuissant. Parfois, je la vois se faire tirer dessus juste sous mes yeux. Mais elle meurt toujours à la fin et d'une façon la plus terrifiante à chaque fois.
Après ce qui s'est passé, en plus de ces cauchemars, mes nuits sont plus courtes. J'en ai marre de cette situation. Pourquoi ? Pourquoi est-elle partie ? J'ai l'impression de tourner dans le vide. Je la hais pour ce qu'elle a fait de moi. Je veux tellement qu'elle souffre comme moi, je suis en train de souffrir par sa faute.
– Monsieur. M'appelle Georges.
— Tu as du nouveau ?
— Malheureusement, non, Monsieur.
– Merci.
J'attrape une chemise blanche dans mon dressing. En attachant les boutons, mon regard s'attarde sur ma cicatrice récente au niveau de mon flanc. Je serre mes poings lorsque les souvenirs de cette nuit refont surface. Les yeux fermés, j'essaye de reprendre mon souffle.
J'entends encore les mots de ce lâche dans ma tête. Je ne sais pas qui c'est, mais je suis sûr qu'il me connaît, vu les informations qu'il a sur moi. Mais une chose est sûre, je vais le trouver, et il payera pour ce qu'il a fait. Quitte à dépenser toute ma fortune, mais je le trouverai...
Je décroche l'appel de mon père, car je sais qu'elle ne s'arrêtera pas sinon.
Conversation téléphonique
— Oui, papa.
– Oly, tu as réfléchi à ce que je t'ai dit hier ?
— Oui, papa, et ma réponse est toujours non.
— Oly, mon chéri. J'entends ma mère.
– Maman, ce n'est pas nécessaire. Tu sais bien que je n'aime pas ça...
– C'est pour ta sécurité, Oliver.
— Écoute ton père, mon chéri. S'il te plaît,... En plus, Paul est de retour, je l'ai appelé et il est disponible. Il a accepté de s'occuper de toi.
- Maman...
– Paul t'accompagnera et on engagera d'autres gardes pour surveiller la maison.
— Georges reste avec moi.
– Aucun souci.
Que revient faire Paul ici ? Il a le boulot qu'il a toujours rêvé de faire et loin d'ici en plus. À moins que... C'est Georges qui lui a demandé de revenir, j'en suis certain.
Ils s'inquiètent pour moi, je le sais. Mais ce qu'ils ne comprennent pas, c'est la raison pour laquelle je tiens à retrouver cet enfoiré qui se cachait derrière cette voix robotique. Je m'en passerai de l'aide de la police, je vais retrouver qui est derrière tout ça, je le jure.
Ce matin, je me suis réveillé très tôt. J'ai fait un peu d'exercice avant de me préparer pour aller au bureau. Je ne prends pas de petit-déjeuner, ce qui me vaut un sermon de la part de Georges.
Alors que j'ouvre la porte avec Georges sur mes talons, je vois mon vieil ami se tenir près de ma voiture.
— On peut y aller, Monsieur ? Me demande-t-il.
– Paul ?
— Ah oui, j'ai pris la liberté de modifier son contrat. Au lieu de commencer dans une semaine, il commence aujourd'hui même. Répond Georges.
Paul et moi, on ne s'est pas vu depuis plusieurs années, alors le moins qu'on puisse faire, c'est de se donner une belle accolade.
– Oliver, j'ai entendu dire que tu as refusé d'avoir un garde du corps.
– Dès que j'ai su que c'était toi, j'ai tout de suite accepté de t'embaucher.
Ça me fait plaisir de le voir. Paul est quelqu'un de confiance. On discute un peu sur le trajet, bien qu'il tende à rester professionnel...
Je me dirige directement vers la salle de réunion où m'attendent mon assistante et quelques associés. Les clients ne tardent pas à arriver pour la présentation du projet...
— Bon travail tout le monde.
Je range le dossier dans un cartable avant de le donner à mademoiselle Forbs, qui me suit jusqu'à mon bureau.
— Monsieur Hale, Mademoiselle Olmann est là et elle demande à vous voir.
– Merci. Faites-la entrer, je vous prie.
Lee est très élégante comme toujours. Ses cheveux longs qui lui arrivent au milieu du dos, sa robe épouse parfaitement ses formes. Même si elle est mince, elle n'est pas maigrichonne pour autant et elle me fait penser à quelqu'un. Je secoue ma tête histoire de chasser cette image de ma tête.
- Oly,
– Haleessa. Mais qu'est-ce que tu fais là ?
– Oh non. T'as encore oublié notre déjeuner.
– Je suis désolée, Lee. Mais j'ai une tonne de dossiers et je ne peux pas quitter le bureau.
— Hmm... On dîne ensemble ce soir ?
— Ce soir, je ne peux pas, j'ai déjà quelque chose de prévu.
— Oly, fait un effort, s'il te plaît. J'ai un défilé demain, je serai occupé toute la journée.
— On peut se voir dans la soirée, alors ?
— Ou bien, tu viens au défilé et après, on dîne ensemble... J'ai l'impression de te voir de moins en moins.
— Je vais voir pour demain.
– Tu passes la nuit avec moi ? On regardera un film...
– Non, je ne peux pas. Je t'appelle plus tard Lee.
Elle dépose un baiser chaste sur mes lèvres avant de s'en aller...
Je suis en route pour voir le seul être qui arrive encore à me faire sourire, alors qu'il n'est même pas encore né. Ce qui est plutôt bizarre, je l'avoue. Mon filleul, qui, si tout va bien, j'espère, naîtra dans quelques semaines. La grossesse a rendu sa mère encore plus chiante, et son père, encore plus jaloux, pas de son meilleur pote bien sûr. J'ai été la troisième personne à le sentir bouger. Hé oui, même avant Nate.
Je dois dire que je suis impatient de les voir. Quand Alex m'ouvre la porte, on se fait une accolade avant de se rendre au salon où se trouve sa fiancée avec son énorme ventre assise dans le canapé.
- Oly...
— Salut Kika. Comment tu te sens ?
— Ça va, et toi, comment tu vas ?
- Bien... Très bien même...
– Oly, tu sais qu'avec nous, tu n'as pas besoin de faire semblant ?
— Comment va mon filleul ?
Elle caresse son ventre en souriant.
– Il a été un peu tranquille aujourd'hui.
– Il veut sûrement ménager sa maman. C'est bien, champion.
Alex nous regarde avec un énorme sourire scotché sur le visage avant de venir prendre place auprès de sa fiancée.
– Comment ça s'est passé ? Me demande Alex.
– Bien. Le projet a été approuvé et tout est prêt.
— Quand est-ce que tu pars alors ?
— La semaine prochaine.
— Parfait, alors. Les Arabes ne seront pas déçus.
— Tu dînes avec nous, Oly ? Me demande Kika.
— Désolé, Kika, mais je ne peux pas rester. On se voit demain.
Assis à l'arrière, je pianote sur mon téléphone, répondant aux messages de Lee. En rentrant, je retrouve ma mère dans la cuisine.
— Hum, ça sent super bon. Dis-je après l'avoir embrassé sur la tempe.
— Merci, mon chéri. Va prendre ta douche, ton père ne va plus tarder maintenant.
J'aime quand elle me cuisine ces petits plats, mais quelque chose me dit que derrière ce dîner se cache une discussion. Celle que j'évite depuis des mois maintenant où mes parents essaient de me convaincre d'accepter de voir un psychologue...
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