chapitre 7 Être père


Sirius était énervé. D'abord, james, était parti en mission tout seul, ce qu'il n'aimait pas. Bien sûr, James était un grand garçon, ce n'était pas la première fois qu'il partait seul, en mission, mais la dernière fois, il avait bien failli y rester. Lorsqu'ils agissaient ensemble, Sirius surveillait ses arrières, le protégeait. Bien souvent, l'impulsivité et la trop grande assurance du jeune sorcier lui avait joué des tours, qui sans la vigilance de Sirius, auraient pu très mal tournés.
Avant chacune de leurs missions, Lily lui demandait de veiller sur son mari, et de le lui ramener en un seul morceau, une tâche difficile, à laquelle Sirius s'attelait sans rechigner.
Ensuite, il y avait cette insupportable gamine. Tyranique, autoritaire, et malgracieuse, et mal élevée, elle était un savant mélange de Walburga et d'Orion. Une Black pur jus.

Quelques jours auparavant, un médicomage spécialisé dans la psychologie enfantine, avait appris à la petite, l'identité de son père. Cette révélation avait eu lieu dans le bureau de Maugrey. Lorsqu'ils avaient quitté Poudlard.
Elle s'était plantée devant lui, ses yeux gris, identiques aux siens, rivés sur ceux de l'Auror.
- Alors, c'est toi, mon père ?
Mal à l'aise, Sirius avait hésité à se servir d'une boutade, pour s'en sortir, mais il avait opté pour la franchise.
- Oui.
- Hum, et c'est maintenant que tu t'en souviens ? T'es toujours aussi lent, ou c'est juste que t'es irresponsable ?
- Pfff, tu es toujours aussi directe ?
Elle avait haussé les épaules.
- En tout cas, si tu t'imagines que je vais te sauter dans les bras, tu rêves.
- C'est plutôt un cauchemar. Grommela Sirius. Ecoute, tu es en colère, et je le comprends, mais j'ai aussi de quoi être en colère.
- Sirius. James l'interrompit, mais Sirius lui fit signe de ne pas s'en meler.
- Tu crois qu'on t'a fait une mauvaise plaisanterie, en te collant dans les pattes un père dont tu te fiches ? Mais moi je viens d'apprendre que j'ai une fille de onze ans, et je vais devoir m'en occuper, parce qu'à part moi, tu n'as plus personne. Alors si ça, c'est pas une mauvaise blague ?
- T'es en train de dire que t'étais pas au courant ? Ma mère aurait pas fait ça. Elle était pas comme ça.
Sirius s'accroupit devant la jeune sorcière.
- Non, tu as raison, c'était quelqu'un de bien, ta maman, elle a juste voulu te protéger.
- De toi ? Pourquoi ? T'es dangereux ? Je croyais que t'étais Auror ?
- Oui, mais j'ai pas toujours été correct avec les femmes.
- Ouais, je vois, t'as planté ta petite graine, et ciao baby.
Sirius ouvrit la bouche, et la referma aussitôt. Qu'aurait il pu dire ? Alors qu'il ne se souvenait même pas du visage, ou du nom de sa mère ?
Puis, il l'avait conduite dans son appartement.
Elle en avait fait le tour, critiquant absolument tout. Les meubles, les objets, la vue. Quand à sa chambre, elle avait grimacé.
- Heu ? J'ai l'air d'une poupée barbie ?
Sirius ne savait pas ce que c'était, mais à voir la tête de la gamine, c'était pas quelque chose de bien.
- Si ta chambre te plait pas, on peut toujours tout changer. Grogna le sorcier, en espérant qu'ils n'en arriveraient pas là.
- Mouais, on verra. De toute façon je compte pas rester.
- Oh, et ou comptes tu aller ? Parce que j'ai cru comprendre que tu n'avais pas de famille, en dehors de ta mère.
Elle haussa les épaules.
- Je me débrouillerais, je me débrouille très bien toute seule.
- J'en doute pas. Seulement voilà, tu n'as pas l'âge pour vivre seule, hélas. Alors à moins que tu préfères vivre à l'orphelinat, j'ai bien peur que tu sois coincée avec moi.
- Très bien, répondit elle, avec aplomb. Alors, Ce sera l'orphelinat.
- Parfait ! S'écria Sirius. Attends moi là, je monte la haut pour envoyer un hibou à Maugrey afin qu'il vienne te chercher.
- T'oseras pas !
Sirius ferma à demi les yeux.
- On parie ?
Et il se dirigea vers la porte d'entrée.
Il revint quelques minutes plus tard, avec un hibou grand duc.
Sous les yeux incrédules de l'enfant, il rédigea une courte lettre, et la fixa à la patte de l'oiseau, puis, il ouvrit le balcon, le hibou sur le bras.
- Attends. Intervint elle. On peut faire ça plus tard ? Je suis fatiguée, et j'ai faim.
Sirius sourit, referma la baie vitrée, et remonta sur le toit, afin de remettre le rapace dans sa volière.
Lorsqu'il redescendit, elle était assise sur le lit, elle tenait une photo de sa mère, serrée dans ses petits doigts, elle pleurait.
Sirius s'accroupit près d'elle.
- Vas y, pleure, tu en as le droit.
Elle essuya ses larmes, d'un revers de la main.
- C'est pas juste. Elle méritait pas ça. Elle a jamais fait de mal à personne.
Sirius voulut la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa.
- Tu vas les retrouver ? Ceux qui l'ont tué ? Tu vas les punir ?
Sirius acquiesça.
- Je veux qu'ils meurent. Dit elle d'une voix dure qui fit frémir Sirius. Car en cet instant, le petit visage fermé, les yeux gris, froids comme la glace, étaient rempli d'une telle haine, qu'il n'était pas sans lui rappeler celui d'une autre Black, si désespérée, qu'elle avait fini à Azkaban, sa cousine, Bellatrix Lestrange.

Seul le repas, préparé par Lily trouva grâce à ses yeux.
- Tu les connais bien, les Potter ?
Sirius sourit.
- Ne me dit pas que tu as succombé au légendaire charme de James ?
Elle haussa les épaules.
- N'importe quoi. Non, Harry et moi on est dans l'équipe de Quidditch.
- Ah oui, c'est vrai. Et ? Qu'est ce que tu penses de mon filleuil ?
Elle ouvrit de grands yeux.
- Ton filleuil ? Ben dis donc, ils sont pas très regardant.
Sirius manqua s'étrangler.
- ta mère t'a pas appris à respecter les adultes ?
Elle le toisa.
- Non, mais elle m'a appris que le respect, ça se mérite. Et pour l'instant, tu le mérites pas.
L'Auror leva les yeux au ciel.
Les jours qui allaient venir seraient longs, trés longs.
Après le repas, elle entra dans sa chambre.
Sirius vint lui dire bonsoir, il l'a trouva repliée sur elle même, une licorne en peluche serrée contre elle, elle tournait le dos à la porte, et elle pleurait en silence, son petit corps était agité de soubresauts.
- Ça va ? Lui demanda Sirius, conscient d'être maladroit.
- Oui. Répondit elle d'une voix tremblante.
- Tu as besoin de quelque chose ?
- Non, laisse moi. Répondit elle sans se retourner.
Il soupira.
- Je suis à côté si tu as de besoin quoi que ce soit.
Elle ne répondit pas. Il referma la porte tout doucement. Sur le canapé, il se prit la tête dans les mains. Comment allait il faire, pour s'occuper d'une petite fille, en colère et en souffrance ? Comment un père que la vie lui avait imposé pouvait compenser l'avait absence d'une mère aimante, qu'on lui avait brutalement arraché ?
Il ouvrit le bar pour se servir un wisky, ouvrit la bouteille, et y renonça en soupirant, même si l'alcool lui avait toujours apporté un grand réconfort, il se devait d'avoir les idées claires, pour la petite.

Plus tard, dans la soirée, Sirius entra dans la chambre de Cassandra. Elle dormait, tout habillée, recroquevillée la peluche serrée contre elle, des larmes brillaient encore sur ses joues humides. Il prit une couverture polaire, et la couvrit.
- je te promets de retrouver les coupables. Murmura t'il.

Les jours suivants, Cassandra semblait s'être jurée de le faire touner en bourrique. Il avait fallu changer tout le mobilier de la chambre, les peluches, les statuettes, la décoration, sa garde robe, il courut les magasins, supportant vaillamment les réflexions moqueuses de la fillette. Elle savait exactement ce qu'elle voulait, et l'exprimait sans la moindre gêne.
Puis, vint l'enterrement de sa mère. Le cimetière était étrangement silencieux.
Une pluie fine tombait sur les quelques personnes présentes, rendant l'atmosphère encore plus triste.
En plus de Jonathan Fergus, le directeur du département des mystéres, il y avait quelques collègues, Maugrey, bien sûr, et Lily et James, rentré la veille de mission, indemne, au grand soulagement de Sirius.
Celui ci se tenait près de sa fille. Elle se tenait droite et fière, refoulant ses larmes à grand peine.
Fergus prononça quelques mots, puis, les uns après les autres, ils murmurèrent leurs condoléances à l'enfant qui les remercia, d'une petite voix, enrouée par l'émotion.
Un à un, ils quittèrent le cimetière. James et Lily restèrent à l'écart, tandis que Cassandra faisait ses adieux à sa mère.
Sirius s'accroupit devant la tombe recouverte de terre.
- Repose en paix, Meredith, je veillerais sur notre fille. Et je retrouverais ceux qui vous ont séparé. Sur son visage fermé, marqué par l'emotion, se lisait une détermination farouche.
Cassandra, murmura alors.
- Salut, maman, tu me manques. Un sanglot l'empêcha de poursuivre. Elle essuya d'un geste rageur une larme, venue mourir sur sa joue.
- Je penserai à toi tout le temps, je t'aimerais toute ma vie. Les larmes roulaient, à présent, sans qu'elle puisse les retenir.
- Et tu sais, il est pas si mal, comme père, en fin de compte.
Sirius sourit.
Puis, elle se retourna et ils marchèrent côte à côte, à travers les allées. A mi chemin de la sortie, elle glissa sa main dans la sienne. Sirius la serra, et un bref instant, il se sentit bouleversé. Cette gamine l'avait complètement envoûté.
Ils rejoignirent James et Lily, qui ne firent aucun commentaire.

Dans les jours qui suivirent, Sirius et Cassandra se rendirent souvent chez James et Lily. Cassandra s'entendait bien avec Madison, toujours silencieuse.
Entre le père et la fille, l'entente s'était nettement améliorée. Cependant, Sirius s'était renseigné sur les antécédents de sa sorcière de fille, et il avait découvert qu'ils avaient en commun un goût immodéré pour le non respect des règlements l'indiscipline, et les bagarres.
Tout le portrait de son père. Elle s'était même fait renvoyer de deux établissements scolaires pour jeunes sorciers. Il avait fallu à sa mère un sacré courage pour élever toute seule une furie pareille. Ils n'allaient pas s'ennuyer à Poudlard.

Et le jour vint ou elle dû retourner à l'école.
Cela faisait deux semaines qu'elle en était partie.
Sirius etait mitigé. Certes, ll était plutôt content de retrouver sa liberté, la compagnie de la gente féminine de plus de vingt ans, son wisky et son travail, mais Cassandra pleurait encore toutes les nuits, elle faisait des cauchemars,
Même si la journée, elle faisait bonne figure, le chagrin était toujours là.
Cassandra, elle, avait hâte de retouner à Poudlard, même si la vie aux côté de son père n'avait pas été aussi désagréable qu'elle l'avait imaginé, elle avait besoin de se retrouver au milieu d'enfants de son âge, étudier lui changerait sûrement les idées, elle avait besoin de s'éloigner de Londres, de ces gens, qui lui rappelaient sans cesse, que sa mère n'était plus là.
La veille de son départ, Sirius s'absenta, il revint plus tard, dans la journée et offrit à la jeune sorcière une magnifique chouette hulotte.
- Comme ça, tu pourras m'écrire.
Elle haussa les épaules.
- pour ça il faudrait que j'en ai envie.
Sirius leva les yeux aux ciel.
Mais il vit son sourire, du coin de l'oeil.
- Quelle chipie. Murmura t'il.

Le lendemain matin, Sirius et Cassandra prirent la poudre de cheminette pour se rendre dans le bureau de Dumbledore. Celui ci prévenu depuis quelques jours de leur arrivée, avait lèvé le sortilège qui empêchait l'utilisation de la poudre dans le château.

Une fois dans le bureau, la sorcière eut tout le loisir de le détailler, la dernière fois, elle n'était pas en état de le faire. Depuis les portraits des anciens directeurs, en passant par le superbe phénix. Le joyeux désordre du directeur de Poudlard, était à son image, atypique, étrange et amusant. Un peu partout, se trouvait exposé un incroyable mélange d'objets hétéroclites.

Puis, le professeur McGonagall vint chercher la fillette et la conduisit en cours de botanique dans lequel se trouvait déjà les premières années de Griffondor.
Avant de partir, au moment de quitter le bureau directorial, l'enfant se retourna et se précipita dans les bras de Sirius.
Ému, il la serra contre lui.
- Tu vas me manquer. Lui murmura t'elle avant de se détacher de lui et de quitter le bureau.
- On se revoit à Noël. Ecris moi.
- Si j'ai le temps, repondit elle, espiègle.

Lorsqu'elle fut sortie, Albus se tourna vers Sirius.
- Ça à l'air de bien se passer, finalement.
- C'est une chouette gamine. Admit Sirius. Prévenez moi, s'il y avait le moindre problème.
- Je n'y manquerai pas, mais Poudlard est l'endroit le plus sûr qui soit, pour cet enfant, comme pour tous les autres, naturellement.
- Je sais, professeur.
- C'est curieux, je ne vous imaginais pas dans le role d'un père.
Sirius soupira.
- Moi non plus, professeur, moi non plus.



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