Chapitre 1

Crystal observe le mur de briques rouges menant à la voix 9 3/4, perplexe. La femme à ses côtés (dont j'apprendrais plus tard que son nom est Bathilda) lui assure qu'il n'y a aucun danger à passer par ici. De toute façon, c'est le seul chemin. Malgré toutes ces "choses jugées étranges par les moldus", Crystal ne parvient pas à comprendre comment il est possible de foncer dans un mur sans se cogner. À moins qu'il soit en nuage ou en barbe à papa...

Elle a vérifié (on ne sait jamais), mais le mur s'est révélé être bien dur. La jeune fille décide d'attendre qu'un sorcier passe avant elle.

Elle patiente quelques instants et quelqu'un finit par s'approcher du mur de briques. Pas n'importe qui. Drago Malefoy. Les battements de son cœur s'accélèrent en voyant la chevelure blonde dont elle rêve depuis ses huit ans. Il est là, tout près. Elle se met à sourire, n'arrivant pas à y croire.

Ce dernier s'efface lorsqu'il passe à côté d'elle sans un regard, trop occupé à discuter et rire avec Pansy Parkinson. Qu'espérait-elle? Qu'il vienne lui parler? Elle sait très bien qu'il ne l'aurait certainement pas fait. Elle baisse la tête pour masquer son visage défait. Bathilda lui tapote l'épaule:

- Allons allons, tu vas le voir tous les jours. Crystal, je sais ce que tu ressens, mais tu ne dois pas te laisser aveugler. Il n'est peut-être pas comme tu l'imagines. Tu ne le connais pas.

Crystal hoche la tête et se force à sourire. Elle relève les yeux pour voir Drago s'élancer vers le mur. Son cœur s'emballe quand elle se met à douter du passage. Et s'il se cognait? Elle refuse qu'il se blesse. Elle sursaute au moment où il aurait dû heurter le mur. Elle ouvre des yeux médusés en le voyant le traverser sans aucune difficulté. C'est incroyable, ça quand même.

Bathilda l'encourage à y aller à son tour, mais malgré ce qu'elle vient de voir, elle n'est toujours pas convaincue. Elle l'est quand, un peu plus loin, elle voit ceux qu'elle redoutait de croiser.

Harry Potter, Hermione Granger, et Ron Weasley. Enfin, Ron, elle le trouve mignon avec son air timide et toujours persuadé d'avoir fait une bêtise. Mais les deux autres...!

Ils sont accompagnés de la famille Weasley au grand complet. Crystal apprécie les Weasley. Surtout Ginny, plus timide encore que son frère et d'une beauté simple. Elle les trouve attachants. Mais Harry et Hermione, elle ne les supporte pas. Hermione parce qu'elle l'agace à toujours avoir réponse à tout et Harry parce qu'elle ne peut pas oublier quel genre de garçon il est. Elle ne l'oubliera jamais. Il a gâché sa vie.

Les trois jeunes sorciers rient innocemment et elle sent la haine monter en elle. Harry ne mérite pas de rire. Il mériterait de pleurer jusqu'à son dernier souffle. Une grimace de dégoût se fraie une place sur ses lèvres et Bathilda le remarque. Elle pose une main rassurante sur l'épaule de la jeune fille:

- Tout va bien se passer, ma chérie. Sois forte. Il le regrettera.

Crystal hoche la tête, se hâte de planter un baiser sur la joue de la femme à ses côtés et se prépare à y aller, peu désireuse de devoir attendre ses trois ennemis.

- N'oublie pas! Tu es Crystal Tourdesac! lui rappelle Bathilda.

Elle acquiesce et pousse son chariot vers le mur. Son cœur a rarement battu si fort tant elle redoute l'impact. Elle court le plus vite possible pour ne pas avoir le temps de réfléchir. Sinon, elle se connaît, elle rebroussera chemin et ne voudra pas passer par ici. Au dernier moment, elle ferme les yeux et ne sent qu'une légère résistance. Un peu comme si elle s'enfonçait dans une toile d'araignée géante. Quand elle rouvre les paupières, elle découvre avec émerveillement une gare bondée de sorciers. Elle est passée. Incroyable.

Un train - le train - rouge rutilant l'émerveille. Il est magnifique. Les gens se pressent autour d'elle et tant d'effervescence la fait sourire. Elle vient de pénétrer dans le monde des sorciers.

Crystal se débarrasse de son chariot qu'elle dépose à l'endroit prévu à cet effet, ne gardant qu'un sac à dos avec elle. Voyant qu'elle a encore un peu de temps avant le démarrage du train, elle le longe, souriant à la vue de tous ces jeunes sorciers à travers les vitres. Ils ont tous le sourire et cela l'aide à se sentir plus joyeuse. Ils ont l'air gentils, ils devraient l'accueillir et ne pas la laisser seule. Elle l'espère car n'avoir aucun ami est sa plus grande hantise. Mais elle sait que cela se passera bien! Il ne peut pas en être autrement!

Crystal monte dans le train et s'y sent tout de suite merveilleusement bien, quoique un peu seule. Elle se met en quête d'un compartiment vide et tombe sur celui où Harry, Ron et Hermione ont élu domicile. Elle les regarde quelques instants, à travers la vitre, sans pouvoir retenir la colère qui monte en elle. Sans qu'elle ne s'en rende compte, ses doigts se crispent.

- Tu te rends compte Harry! s'exclame soudain Hermione avec enthousiasme. Préfète! Je suis Préfète! Je n'arrive pas à y croire!

Crystal non plus. Comment cette garce peut-elle être préfète?! Ron annonce à son tour qu'il est lui aussi préfet. Un sourire attendri détend les traits crispés de l'espionne. Il est tellement chou quand il est content. Hermione se jette à son cou le faisant rougir.

Un sourire malsain étire les lèvres de Crystal quand elle songe que Harry va se retrouver tout seul. Il récupère la monnaie de sa pièce!

Elle s'éclipse avant qu'ils ne sortent et se trouve un compartiment vide. Elle s'assoit près de la fenêtre et patiente. Le train s'ébranle et démarre. Crystal observe le paysage quelques instants, mais rapidement, la fatigue l'envahit. N'ayant que très peu dormi cette nuit, partagée entre appréhension et enthousiasme, ses yeux ont du mal à rester ouverts. Elle se laisse aller et plonge dans un profond sommeil.


***


Un quart d'heure plus tard, la porte du compartiment s'ouvre sur Drago Malefoy et sa bande. Ils rient encore de la tête de Harry quand ils sont passés le "saluer". Ce dernier n'avait pas l'air d'apprécier le moment. Ils se taisent en découvrant que le compartiment n'est pas vide, mais occupé par une jeune fille inconnue.

- Tiens tiens. Une brebis solitaire, c'est amusant, crache Malefoy en s'asseyant en face d'elle.

Il la regarde quelques instants puis s'agace, en se levant d'un bond:

- Je n'arrive pas à croire que Granger est Préfète! Comment est-ce possible alors que moi non?!

- Peut-être que tu es Préfet en chef? hasarde Pansy.

Malefoy ricane:

- J'imagine la tête de Granger si c'est le cas. Elle devra m'obéir et je me ferai un plaisir de le lui rappeler!

Il se rassoit en riant face à cette perspective. Ses amis détendent l'atmosphère et ils parlent avec de plus en plus en plus d'effusion, réfléchissant déjà à tous les pièges qu'ils pourraient tendre à Potter et sa clique. Les idées ne manquent pas et cela les amuse énormément.

Des voix fortes sortent Crystal de son sommeil. Elle ouvre ses paupières et s'apprête à bâiller. En découvrant qui est assis juste en face d'elle, elle tente de le réprimer par tous les moyens et finis par y arriver avec beaucoup de peine. Elle rougit jusqu'aux oreilles en voyant Drago. Si près d'elle. Il rit aux larmes. Elle le trouve si beau à cet instant précis. Il paraît innocent. Il tourne soudain la tête vers elle. Leurs regards se croisent. Crystal sent son cœur s'emballer et tremble à l'idée qu'il ne l'entende. Malefoy affiche un rictus mauvais:

- Tiens, la belle au bois dormant se réveille! Et ce n'est pas moi ton prince charmant! Pouah! Quelle horreur!

Ses amis rient de sa "blague" et le charme est rompu. Elle a l'impression qu'il vient de lui planter un poignard dans le cœur tant cela lui fait mal. Elle l'avait cru gentil, doux, respectueux, mais en réalité, c'est un abruti. Le cœur de Crystal en est brisé. Elle est terriblement déçue. Elle n'a jamais été du genre à s'attacher aux garçons. Généralement, elle les oublie assez facilement. Mais pour lui c'est différent. Elle vient de se rendre compte qu'il est mauvais, mais elle a encore du mal à l'assimiler. Elle ignore combien de temps cela prendra, mais elle fera son possible pour prendre de la distance. Elle ne peut pas se permettre de l'apprécier. Du moins, pas le Drago Malefoy d'aujourd'hui. Car chaque mot qui sort de la bouche de ce dernier est destructeur. Et elle a déjà été assez détruite comme ça.

Elle se redresse avec le reste de dignité qu'elle a et par un jeu de regard, elle essaie de lui faire comprendre qu'il la déçoit et que ses mots ne l'atteignent pas (ce qui est un tout petit peu faux, je précise). Elle détourne ensuite les yeux vers la fenêtre, agacée.

- Je n'ai pas aimé ce regard, lâche Malefoy d'un ton sec. Je suis un Cinquième Année et toi, une simple Première Année, donc à ta place, je la fermerai.

Crystal hausse un sourcil et Goyle pose la question qui lui brûle les lèvres:

- Comment tu sais que c'est une Première année? Non mais, parce qu'elle est plutôt grande.

Le blond lève les yeux au ciel et sourit comme s'il avait affaire à des débiles:

- Mais c'est évident! Que vous êtes bêtes! Je ne la connais pas et vous non plus, il me semble? Et depuis tout ce temps, vous êtes censés savoir qu'on n'arrive pas en cours de cycle! Alors, comment t'appelles-tu Première Année?

Le mépris dans sa voix dissuade la jeune fille de répondre. Si elle veut l'oublier, elle doit être désagréable. Autant commencer tout de suite:

- Tu le sauras à la Répartition, se contente-t-elle de répliquer avec un début de sourire qu'elle espère assuré.

À son air dur, elle comprend qu'elle n'aurait pas dû le chercher. Elle aurait pu tout simplement lui dire son prénom, non? Pourquoi n'a-t-elle pas réfléchi? Le garçon n'apprécie pas. Mais alors pas du tout. Il brandit son doigt juste sous son menton et crache:

- Il ne vaut mieux pas jouer avec le chat, petite souris que tu es! Au risque de te faire bouffer!

Ses traits menaçant la font presque trembler. Mais où est le garçon doux qu'il semblait être? Comment peut-il être aussi désagréable? Sa déception lui fait réduire considérablement la place qu'occupait son amour pour lui dans son cœur. Si ça continue, bientôt, il en sera éjecté. Et ce n'est sans doute pas plus mal.

Elle voudrait le remettre à sa place, mais le courage lui manque. La seule chose dont elle est capable, c'est lâcher un rire en levant les yeux au plafond. Elle le regrette aussitôt et baisse la tête, gardant le silence.

Les Serpentards discutent en l'ignorant totalement. Cela lui va très bien. Elle observe le paysage défiler derrière sa fenêtre, espérant que le trajet se termine bientôt. Crystal tente de ne pas les écouter, de faire abstraction de leur présence, mais c'est mission impossible. Ses oreilles traînent et elle ne peut s'empêcher de tout entendre. Ils ont des conversations on-ne-peut-moins intéressantes. Aussi, elle ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel ce qui lui attire des "un commentaire, la gamine?" ou des "on t'a rien demandé la Première Année!" de la part de Malefoy. Rien que pour un soupir, il est désagréable. Mais quel genre de type est-il? Son cœur rejette un peu plus le garçon, mais malgré ses efforts, il y reste encore un peu présent. Mais elle ne s'inquiète pas. Rapidement, il n'en restera rien.

Malgré la peur qu'il lui inspire, elle se rappelle qu'il ne peut rien lui faire. Elle n'est pas susceptible, ne craint pas la douleur... enfin, sauf une... Celle-ci est terrible. Atroce. Tranchante. Rien qu'en y pensant, elle frissonne et la ressent encore un peu. Elle se hâte de penser à autre chose en frissonnant à nouveau. Les Serpentards le voient et lui font un nouveau commentaire déplaisant qu'elle ignore en soupirant.

Quand le Poudlard Express arrive enfin à destination, elle se hâte de prendre son sac, qu'elle jette sur une épaule et se précipite vers la sortie. Mais Malefoy est plus rapide qu'elle et la rattrape par le poignet avec une force démesurée pour la projeter en arrière contre la vitre. Son dos heurte violemment le mur. Abasourdie, elle cligne plusieurs fois des yeux avant de le voir se rapprocher d'elle tandis que ses amis s'en vont en riant. Il lui attrape le menton d'une main ferme et fixe ses prunelles tranchantes dans celles de la jeune fille. Son air est si haineux que leur proximité ne fait aucun effet à Crystal. Enfin si, il lui fait peur.

- Tu apprendras qu'on ne passe pas avant les Cinquièmes Années, petite!

Malefoy a mis tout son dégoût et son mépris dans ce dernier mot.

- Et j'allais oublier, je te déconseille fortement d'être à Gryffondor.

Il tourne les talons avec élégance et quitte le compartiment. Crystal souffle un grand coup et quitte le compartiment. Elle se demande ce qu'il a bien pu vouloir lui dire et hausse les épaules. Malefoy lui déconseille d'être à Gryffondor? Ça tombe bien, elle n'avait absolument pas l'intention d'y aller et ainsi se retrouver avec ses pires ennemis. Bathilda lui a bien affirmé qu'elle peut demander au Choixpeau de la mettre dans la maison de son choix et elle compte bien le faire.

Elle descend du train encore sonnée et ne sait où aller. Les Premières Années sont déjà parties et il ne reste qu'une calèche. Elle se hâte de monter dedans. Le véhicule démarre. Des rires résonnent derrière et des pas témoignent que les élèves en retard courent pour rattraper la calèche. Celle-ci ralentit jusqu'à s'arrêter. Hermione, essoufflée, monte suivie de Harry et enfin Ron. Crystal, comme si elle s'était brûlée, descend aussitôt. Hors de question de faire le trajet avec eux. Elle ne veut pas répondre aux potentielles questions qu'ils pourraient lui poser. Elle n'a aucune envie de discuter avec eux. Elle n'a pas de temps à perdre.

Elle soupire en réalisant qu'elle va devoir suivre le chemin à pied. Elle n'a aucune idée du temps que cela lui prendra, mais elle ne regrette pas son choix d'être descendue de la calèche. Elle ne tarde pas à se faire distancer. Mais peu importe.

Le trajet lui paraît horriblement long, d'autant qu'elle a toujours un petit doute d'être sur le bon chemin. Elle préfère ne pas trop se poser la question, peu désireuse de paniquer. Quand enfin, elle aperçoit l'imposant château, elle accélère le pas, court presque. Elle arrive!

Elle s'arrête devant la Grande Porte, à bout de souffle et s'accorde quelques instants pour récupérer. Elle se refait une beauté et s'apprête à entrer.

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