VII - Chapitre 22 : Double-jeu
Lorsque le soir elle vit Amelia dans la salle commune en train de se faire consoler par ses amis elle se fit violence pour ne pas aller la voir. Mais à cause (ou grâce ?) d'elle beaucoup de monde pensait qu'il était plus probable que ce soit ce qu'elle avait supposé. Elle s'attacha donc à détruire leurs espoirs.
Elle avait pourtant toujours été mauvaise actrice, mais elle joua son rôle à la perfection.
A chaque uniforme mal mit elle retirait ses points. Elle lançait des regards mauvais à chaque élève qui lui jetait des coups d'œil.
Elle arrivait donc à tenir la cadence. Elle s'était habituée aux messes basses des autres élèves, mais pas à celles des professeurs par contre. Plus d'une fois le professeur McGonagall lui avait demandé à quoi elle jouait, elle détournait juste le regard et partait. Mais un jour elle dut carrément la menacer.
Amber : Vous vous intéressez un peu trop à moi professeur ! Devrais-je en référer au directeur ou allez-vous arrêter de me harceler ?
Le professeur en resta pantoise. Amber s'était habituée à être traitée comme une moins que rien par les élèves, mais absolument pas des professeurs. Petit à petit ceux-ci commencèrent à croire qu'elle avait vraiment rejoint les Mangemorts. Même les Carrow y croyaient. Ils étaient bien plus sympathiques avec elle, surtout depuis qu'elle n'hésitait pas à dénigrer les sangs-impurs en leur compagnie.
Les seuls moments où elle redevenait un peu elle-même c'était pendant les cours de Potions avec les première année. Slughorn ne la laissait plus faire le cours avec lui de peur qu'elle s'en prenne aux élèves, donc elle restait au fond de la salle et se faisait des potions pendant deux heures. C'était son seul moment de repos de toute la semaine car même le week-end elle semait la terreur. Par contre il y avait bien une chose qu'elle ne faisait pas : blesser physiquement les élèves. Elle les apeurait oui, pour qu'ils évitent de faire des bêtises qui auraient valu pour la plupart des retenues avec l'un des Carrow. Elle faisait tout son possible mais parfois ils en recevaient et elle ne pouvait rien y faire.
Néanmoins, au bout d'un mois elle apprit une des raisons des retenues. Elle était assise dans l'un des fauteuils de la salle commune et elle lisait un livre et des élèves de seconde année parlaient bas croyant qu'elle ne les entendait pas.
Jessica : Tu n'as toujours pas fini ?
Robin : Non...
Jessica : Mais faut être dans nos dortoirs d'ici trente minutes ! Et tu sais combien elle est stricte là-dessus...
Le garçon déglutit.
Robin : Je sais bien... mais j'avais pas eu le temps avant... J'ai pas envie d'être en retenue avec Alecto ! En plus elle raconte que des conneries sur les Moldus. Mon grand-père en est un et...
Jessica : Pas si fort ! Elle est juste à côté !
Ils parlèrent ensuite si bas qu'elle n'entendit pas la suite. Elle s'en voulait. De nombreuses fois elle avait obligé les autres à monter se coucher en leur disant que c'était leur faute s'ils n'avaient pas fini leurs devoirs. Elle privilégiait le fait qu'ils aient un bon sommeil qu'autre chose. Elle pensait qu'ils n'auraient qu'un devoir supplémentaire ou une réprimande, mais apparemment avec les Carrow c'était la punition directement.
Jessica : Bon moi je vais me coucher.
Robin : Je t'envie... je suis épuisé moi.
Jessica : Essaie de te coucher bientôt comme ça tu pourras te réveiller tôt demain pour finir.
Il hocha la tête.
Pourtant trente minutes plus tard il y était toujours. Maintenant tout le monde respectait le couvre-feu avec Amber, il n'y avait donc que lui dans la salle commune. Elle fit semblant de l'avoir oublié et ne se tourna pas une seule fois vers lui. Pourtant elle dut bien le faire au bout d'une heure à cause d'un son équivoque de ronflement. Robin venait de s'endormir.
Elle s'approcha de lui et essaya de le réveiller en le secouant, mais il était bien trop endormi. Il était tard et elle n'avait aucunement le cœur à le terroriser. Heureusement qu'il n'était pas si grand ni si lourd, elle décida de le prendre dans ses bras et le mettre dans son lit dans son dortoir. Elle l'installa bien en faisant attention à ne pas réveiller ses camarades de chambre et elle redescendit pour se pencher sur son devoir. Il avait à peine fait la moitié, mais elle était agréablement surprise. C'était plutôt bien pour quelqu'un qui détestait le fait qu'on parle mal des Moldus. Elle n'était pas la seule à bien jouer la comédie.
Elle sortit sa baguette et la pointa vers la plume. Elle entreprit de finir son devoir en imitant son écriture. Cela alla beaucoup plus vite et elle put le finir une demi-heure plus tard. Elle avait fait exprès de faire des ratés et des fautes d'orthographe, comme ça ça faisait plus authentique. Pour finir elle laissa ses affaires exactement comme elle les avait trouvé. Demain pour éviter tout soupçon elle l'engueulerait pour ne pas avoir rangé ses affaires. Et c'est ce qu'elle fit. Le lendemain il était déjà surpris d'être dans son lit. Il descendit en panique dans la salle commune où Amber l'engueula comme il se doit d'avoir laissé la table comme telle. Il se confondit en excuse et reprit très vite ses affaires pendant que les autres élèves lançaient des regards noirs à la préfète-en-chef.
Amber : Qui vous regardez comme ça ? Vous avez cours il me semble ! Alors je m'en fous que vous preniez votre petit-déjeuner ou pas mais il est hors de question que vous arriviez en retard !
Ils sortirent tous en quatrième vitesse. Dans la Grande Salle elle mangeait maintenant à l'écart des autres. Mais elle eut le plaisir d'entendre la conversation des deux amis de seconde année.
Jessica : Tu l'as fini alors ?
Robin : Ouais... Par contre je n'ai aucun souvenir de l'avoir fait ! J'ai dû le finir à moitié conscient de moi-même, c'est pour ça que j'ai laissé toutes mes affaires dans la salle commune.
Jessica : T'as du bol qu'elle t'ait pas vu !
Robin : Ouais... c'est quand même plutôt bizarre je trouve...
Jessica : Pourquoi ?
Robin : Je sais pas... Parfois je la trouve pas si méchante que ça.
Jessica : Hein ? Mais tu t'es pris un coup sur la tête ?!
Robin : C'est bon... c'est juste une impression sûrement fausse pas la peine d'en faire tout un fromage...
Elle devait s'en inquiéter de paraître gentille, mais cela fit tout de même plaisir à la Gryffondor.
Et elle continua à faire ça pendant les semaines qui suivirent. Elle allait même encore plus loin. Elle se rendait aussi dans la salle commune des Poufsouffle, y ayant l'accès car en tant que préfète-en-chef elle avait tous les mots de passe, pour voir si personne ne s'était endormie sur son devoir. Elle le faisait aussi chez les Serdaigle où elle trouvait leur mot de passe sans aucune difficulté. Il était très rare qu'un Serdaigle n'ait pas fini son travail, mais lorsque c'était le cas elle le faisait. Par contre il y avait bien une seule chose qu'elle ne faisait qu'aux Gryffondor : c'était le transport dans leur dortoir. Elle savait exactement où couchait tout le monde, donc il n'y avait pas de soucis, mais pour les autres maisons elle se voyait mal le faire, donc elle faisait simplement les devoirs. Et les Serpentard ? Jamais Alecto et Amycus ne leur avaient donner une retenue, ce n'était donc pas la peine.
Mais à cause de ce petit manège qu'elle faisait chaque soir elle était plus fatiguée que jamais. Surtout qu'une fois elle avait du terminé cinq devoirs à peine commencer dans trois maisons différentes. Et les seuls heureux de la voir aussi fatiguée étaient bien entendus les autres élèves. Avec la fatigue elle remarquait moins les choses et elle engueulait beaucoup moins. Un jour elle s'endormit même pendant un cours de Métamorphoses, ce qui ne lui était jamais arrivé. Le professeur ne la réveilla pas mais par contre elle alla la voir à la fin du cours.
McGonagall : Vous ne dormez pas la nuit ?
Elle n'avait juste pas la force et l'envie de faire semblant de s'énerver.
Amber : Je dors mal, c'est tout.
Et elle partit sans donner plus d'explication. Mais Neville l'attrapa à la sortie.
Neville : Je ne sais pas ce que tu es en train de faire Amber, mais ça te fatigue énormément. Tu devrais arrêter.
Amber : Mêle-toi de ce qui te regarde Londubat.
Elle se dégagea de son emprise et partit à la bibliothèque. Elle comptait trouver quelque chose à faire pour paraître plus pimpante afin qu'on arrête de s'inquiéter pour elle. Elle savait qu'à force d'être gentil avec elle elle pourrait céder et ne plus vouloir faire ce qu'elle faisait. Or c'était primordial qu'elle tienne pour le bien de l'école. S'ils finissaient par voir en elle une plus grande menace que les Carrow alors elle aurait gagné. Et même avec un peu de chance les professeurs verraient que faire une retenue avec elle semblait bien pire que leur retenue à eux, bien qu'elle n'avait aucune idée à quoi consister les leurs.
Elle chercha dans les rayons un livre susceptible de l'intéresser. Croyant avoir trouvé le bon elle alla chercher un tabouret. Mais même avec celui-ci il lui restait que quelques centimètres. Elle se mit donc sur la pointe des pieds. Ceci provoqua un déséquilibre à son piédestal qui commença à avoir deux pieds en l'air. Elle essaya de le remettre droit mais elle bascula encore plus de l'autre côté et tomba en arrière.
Drago : Fais gaffe !
Il se précipita et la rattrapa avant que sa tête ne heurte l'étagère derrière elle.
Drago : Ça va ?
Elle grogna.
Drago : Et un merci ça t'écorcherait ? Pas grave. C'est lequel le livre que tu veux prendre ?
Amber : Je peux me débrouiller toute seule.
Drago : C'est ça tu veux retenter le coup du lapin ? C'est celui-là ?
Lui pouvait l'atteindre sans utiliser le tabouret, juste en se mettant sur la pointe des pieds. En tout cas il prit son livre et en regardant le titre il esquissa un sourire.
Drago : Tu veux te faire belle maintenant ?
Elle lui arracha le livre des mains.
Drago : Ça va on se calme ! T'es déjà très jolie comme t'es. Ça te va ?
Elle haussa un sourcil.
Amber : Tu viens ici pour draguer ou quoi ? Je te vois jamais à la bibliothèque mon cher collègue.
Il leva aussi un sourcil, mais moqueur.
Drago : Collègue ? Si tu veux. Il se trouve que même moi je me rends ici pour faire quelques recherches. Et puis à vrai dire j'espérais aussi pouvoir trouver une amie.
Amber : Vraiment ?
Drago : Ouais mais il se trouve que cette amie est devenue une collègue pour une raison étrange. Et qu'elle agit aussi étrangement depuis presque deux mois pour une raison inconnue.
Elle leva les yeux au ciel et se dirigea vers la bibliothécaire pour emprunter son livre.
Drago : Allez dis-moi ! C'est en l'honneur de qui ce livre ?
Amber : Si c'était vraiment en l'honneur de quelqu'un ce ne serait même pas tes oignons.
Mais il continua à la suivre.
Amber : T'as pas fini oui ? Je t'aurais déjà retiré des points pour harcèlement si tu n'avais pas le même grade que moi !
Il esquissa un sourire et juste après il lui prit de force sa main et l'emmena dans un coin à l'abri des regards. Il était d'un coup bien plus sérieux.
Drago : Pour une raison x ou y tu fais exprès de terroriser les élèves et tu te fais aimer des Carrow. Normalement c'est moi qui suis censé faire ça mais passons. Je sais pas encore pourquoi tu fais semblant de faire croire à tout le monde que tu es de côté de Tu-Sais-Qui mais pas grave tu as tes raisons. Par contre je ne comprends pas qu'est-ce que tu fous en dehors de ta tour le soir et surtout pourquoi je te vois entrer puis quitter les salles communes des autres maisons. Et maintenant je vois que tu prends un livre pour cacher tes traces de fatigue. Alors pour l'instant je m'en fichais de ce que tu faisais du moment que ça n'affectait pas ta santé, mais là je veux des explications, au moins pour tes sorties nocturnes.
Pourquoi devait-il faire une tête de plus qu'elle ? Ils n'avaient absolument pas le même niveau d'intimidation tous les deux. S'ils avaient la même taille elle était sûre de pouvoir gagner à ce petit jeu là avec lui, bien que ces yeux bleu acier étaient vraiment dur à vaincre. Là elle était obligée de détourner le regard. Mais Malefoy insista. Il prit son menton et le tourna vers son visage, l'obligeant une nouvelle fois à le regarder dans les yeux.
Drago : Tu ne vas pas t'en sortir aussi facilement.
Une merveilleuse idée germa dans son esprit.
Amber : Vraiment ?
Il fronça les sourcils et, avant qu'il ne puisse le voir venir, Amber rapprocha sa tête de la sienne et l'embrassa sur les lèvres. Ce contact ne dura qu'une fraction de seconde mais cela suffit à Drago de se reculer de deux pas complètement rouge.
Drago : C'est... c'est pas du jeu ça !
Elle s'approcha de lui avec un regard charmeur.
Amber : En temps de guerre tous les moyens sont bons pour prendre l'avantage sur l'ennemi Malefoy.
Elle lui fit un bisou volant.
Drago : Qu'est-il arrivé à Amber Dumbledore ? Qu'avez-vous fait d'elle ?
Amber : Elle s'est décoincée le cul. Ce fut un plaisir Drago.
Elle lui fit un clin d'œil puis partit en laissant un Drago complètement hébété.
Ne pouvant se retenir elle se précipita aux toilettes et s'enferma dans une cabine avant d'éclater de rire pendant deux bonnes minutes.
Jamais, mais jamais elle n'oubliera la tête de son meilleur ami après qu'elle l'ait embrassé. Jamais elle n'avait eu un tel coup de génie.
N'empêche, ce n'était vraiment qu'avec lui qu'elle arrivait à rire autant malgré la situation actuelle.
Mais en sortant des toilettes elle remit son masque et elle était repartie pour jouer son double-jeu.
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