Harry était effrayé. Il n'en pouvait plus de courir à l'aveuglette. Ses lunettes étaient tombées depuis quelques minutes déjà, et il y voyait flou. Il savait qu'il ne devait pas se retourner et courir jusqu'à ce qu'il ne puisse plus courir - ou mourir, de la main de ce qui le poursuivait. Il savait déjà que ce n'était pas humain, mais une créature de l'Obscur. Il ne pouvait pas s'arrêter de courir. Ses amis, proches et moins proches, venaient de périr dans l'incendie provoqué par la Créature. Ils étaient morts pour le sauver. Il ne fallait pas qu'il s'arrête de courir - pour ses amis. Il se le répétait comme un mantra, pour ne pas sentir le vent froid lui mordre le visage, pour ne pas sentir les branches qui le griffaient dans sa course, comme pour le retenir, pour ne pas sentir la peur qui suintait de sa peau, pour ne pas sentir la douleur qui montait dans ses jambes et qui l'empêchait d'accéler, pas après pas. Il sentit le souffle de la Créature derrière lui, ressentant plus que ne voyant la chaleur dégagée sa respiration, aussi précipitée que la sienne. Un regain d'énergie désespéré monta en lui et, en sortant de la forêt, il courru droit devant lui, là où il savait qu'il y avait une falaise. Cette falaise descendait à pic dans la mer, 30 mètres plus bas. La Créature craignait l'eau. Désarmé, à moitié mourant, Harry courut, le plus vite qu'il put, vers cette falaise, et sauta.