Prologue: le jour qui a changé ma vie


Le choc. Jamais je n'avais vu pareille sublime créature. Je ne me serai jamais attendu à recevoir, sans prévenir, pareils électrochocs. Comme si le ciel m'était tombé sur la tête. Elle a débarqué dans mon quartier de Beverly Hills, emménageant dans la maison voisine, ce beau lundi 28 mars. Enfin, si on peut appeler ça une maison. Comme la mienne, on dirait plus un palais. Mais je ne vais pas m'attarder là-dessus. Les pauvres ne peuvent pas comprendre. Enfin bref, passons. Oui, elle était vraiment belle. La plus belle des filles que j'ai vues (et pourtant, j'en ai vu des centaines de milliers, qui avaient tendance à se jeter à mes pieds !).

Laissez-moi vous la décrire. Je suis sûr que, comme moi, vous ne pourrez que tomber sous le charme de cette déesse vivante. Des cheveux magnifiques, longs jusqu'au milieu du dos. Vraisemblablement bruns ou noirs, je ne saurais dire, car elle a dû avoir un conflit avec son coiffeur qui a fait une réplique du drapeau jamaïcain sur sa chevelure. Elle avait, en outre, de magnifiques dessins de têtes de mort entremêlées de roses, d'anges et de démons sur ses bras fins. Habillée d'un corset qui lui donnait un décolleté magnifique et faisait ressortir sa poitrine si généreuse. J'avais tant envie de m'y lover. Et son visage ! Son visage était ce qu'il y avait de plus magnifique ! Des lèvres bien pulpeuses, recouvertes d'un sombre violet. Des yeux bleus, si intenses, qu'ils pourraient faire perdre n'importe quel marin. Et son anneau, dans son nez, accroché un peu à la manière des bœufs. Oh, mon Dieu, quel anneau ! J'aurais tant aimé avoir une longue chaîne, pour l'y accrocher !

Mince. J'ai oublié de me présenter. Cette délectable vision m'a fait perdre mes bonnes manières ! Je m'appelle Harry. Harry Staïle. Oui, vous connaissez mon nom. Je suis ce chanteur ultra famous, top mainstream du groupe Sens Unique. Parce que oui, nous allons dans une seule direction, celle du succès. Bientôt, on détrônera Michael Jackson et il ne sera plus qu'un nom parmi d'autres. Bon, comme vous me connaissez, je ne vais pas trop m'attarder sur ma personne. Retournons à cette créature de rêve qui m'a envoyé bouler comme un malpropre.

Je me tenais devant elle. J'étais pétrifié par sa sensuelle beauté. Mes jambes se mirent à trembler, ma bouche devint pâteuse. Lorsqu'elle arriva à ma hauteur, je me mis à bégayer. Pourtant, elle me sourit, puis me parla d'une voix tellement douce.

« Enchantée, je suis votre nouvelle voisine. Je m'appelle Darla.

— Haa Haaa..., tentai-je d'éructer.

— Atchoum ?

J'étais pris au dépourvu. Je fis non de la tête, puis tentai de reprendre la parole.

« Haa Haa..

— Haschich ? Désolée, je n'en ai pas. Et puis ça abime la voix. »

Le rouge commença à me monter aux joues. Je chantais devant des milliers de jeunes filles. Et là, d'un coup, je n'arrivais même pas à dire simplement mon nom. Je fermai les yeux quelques secondes, je contrôlai vite fait ma respiration et repris mon calme.

« Je m'appelle Harry. Harry Staïle, arrivai-je enfin à dire.

— Enchantée, Monsieur Harry. Et qu'est-ce que vous faites dans la vie ? »

Le rouge monta à nouveau, prenant cette fois des allures cramoisies. Elle ne me connaissait pas. Mais what ? Tout le monde connaît Harry Staïle et le Sens Unique !

« Je suis le chanteur principal de Sens Unique, voyons ! Tu dois certainement connaître ! »

Elle me sourit.

« Ho oui, j'en ai déjà entendu parler. Seulement, ça ne m'intéresse pas. Vois-tu, j'écoute de la vraie musique. »

Voyant ma tête tourner à l'écrevisse en train de cuire, elle se mit à rire.

« Ne fais pas cette tête voyons ! Entre musiciens, on se comprend. On peut se permettre de se charrier ! »

Je n'arrivais pas à reprendre mon calme. Quel affront ! Comment pouvait-elle se moquer de ma musique ? Et puis, c'était qui cette Darla ? Cette femme magnifique, et qui, apparemment, faisait, elle aussi, de la musique ? Je n'étais plus pétrifié par la vision. Je bouillonnais de colère. Après quelques secondes qui parurent une éternité, elle reprit la parole.

« Bon, ce n'est pas tout, Don Juan, mais il y a encore plein de caisses à déballer. Et je préfère avoir un œil sur les déménageurs, je n'ai pas envie qu'ils abiment mes affaires. Je suppose qu'on se croisera régulièrement, alors je te dis à très bientôt. »

Elle me déposa un baiser sur la joue. D'un coup, ma colère cessa. Cette créature m'avait embrassé. C'est décidé, je ne me laverai plus la joue, à moins qu'elle me couvre encore et toujours de ces doux bisous. Ensuite, elle se détourna, et commença à beugler quelques ordres aux déménageurs.

Je restai pantois sur le trottoir, incapable de bouger. Ce n'est que lorsqu'elle eut disparu entièrement de mon champ de vision que je pus à nouveau reprendre mes esprits. Jamais je ne pourrais aimer une autre fille. Il me la fallait, qu'elle devienne mienne. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que ça arrive.


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