Chapitre 5 - FIN



Harry se dirigea instinctivement vers la porte des vestiaires où il avait ses habitudes, avant de se figer brusquement en réalisant où il se rendait.

- Oh, non..., murmura-t-il en reculant d'un pas, manquant de peu de se faire renverser par Ron qui avançait au même instant.

Alors que son ami lui jetait un coup d'œil interloqué, Harry secoua la tête avec impuissance.

- Je... Je ne peux pas aller là, laissa-t-il échapper en jetant un regard de désarroi à Ron. Ce sont les vestiaires des garçons et je... Je ne vais PAS me changer ici. Pas devant tout le monde, pas tant que je suis comme ça, conclut-il en se désignant lui-même d'un large geste de la main.

L'humiliation que ressentait Harry était déjà suffisamment cuisante, hors de question pour lui de rajouter d'avantage d'embarras en exposant ce nouveau corps à la vue et aux commentaires de ses coéquipiers.

Partageant manifestement ses pensées, Ron hocha vigoureusement la tête.

- Tu as raison, il vaut mieux éviter, approuva-t-il en rougissant jusqu'aux oreilles. Ce n'est... Ce ne... Enfin, il ne vaut mieux pas... conclut-il dans un marmonnement à peine audible.

Se sentant tout aussi mal à l'aise que son meilleur ami, Harry balaya les alentours du regard. Ses yeux se posèrent sur une seconde porte et il se sentit s'empourprer violemment à son tour.

- Je ne peux pas non plus me changer dans les vestiaires des filles, gémit-il d'un ton plaintif.

Pour toute réponse, Ron émit un bruit semblable à un gargouillis étranglé.

Après quelques secondes d'un conciliabule aussi bref qu'embarrassant, les deux amis tombèrent finalement tous deux d'accord sur ce qui leur paraissait être la meilleure option au vu des circonstances. Harry décida sagement qu'il irait se changer dans des toilettes situées un peu plus loin, tandis que Ron se chargerait quant à lui de prévenir leurs coéquipiers des récents évènements.

En supposant que la nouvelle n'ait pas déjà fait tout le tour de Poudlard, bien sûr.





C'est avec une bonne dizaine de minutes de retard qu'Harry fit finalement son apparition sur le terrain de Quidditch. A son grand soulagement, hormis quelques regards appuyés, ses camarades ne manifestèrent pas le moindre signe de curiosité déplacée quant à sa nouvelle apparence. Seul Fred se fendit d'un joyeux compliment sur sa somptueuse chevelure, juste avant que George ne lui demande la marque de son shampoing pour pouvoir être lui aussi, selon ses propres dires, « capillairement éblouissant ».

Mais à ces quelques détails près, les coéquipiers d'Harry mirent un point d'honneur à le laisser en paix, et c'est le cœur bien plus léger qu'il ne l'aurait espéré que le jeune sorcier grimpa sur son balai pour rejoindre ses amis.

Les premières minutes de l'entraînement se déroulèrent dans une ambiance certes un peu différente de celle à laquelle tous étaient habitués, mais néanmoins relativement normale au vu des circonstances. Angelina, Katie et Alicia se passaient tour à tour le souafle en faisant preuve d'une maîtrise née de longues de pratique, Ron remplissait son rôle de gardien avec un sérieux tout à son honneur, tandis que Fred et George tentaient de semer le chaos à l'aide de Cognards judicieusement expédiés.

A mesure que le temps passait, Harry se découvrait quant à lui une admiration nouvelle pour ses coéquipières féminines.

Non pas qu'il pensait que garçons valaient mieux que les filles, au contraire. La nouvelle poursuiveuse de Serdaigle était par exemple de très loin la plus douée de sa génération, tous genres confondus, et n'importe qui doté d'un minimum de bon sens était forcé de reconnaitre qu'Hermione éclipsait de très loin tous ses camarades masculins pour ce qui touchait à la magie.

Et non seulement les filles valaient autant que les garçons, mais elles devaient en plus composer avec ces protubérances qu'Harry possédait à présent lui aussi au niveau de sa poitrine. Le jeune sorcier ignorait comment faisait ses coéquipières pour voler si librement, mais de son côté, ces deux masses qui pendouillaient désormais de son torse le gênaient bien plus qu'il n'aurait jamais pu le croire. Il les sentait bouger à chaque accélération, subir la force centrifuge que leur imprimait chaque virage.

Ces mouvements indésirables ne cessaient de gêner Harry, l'empêchant de se concentrer pleinement sur son entraînement.

Peut-être aurait-il dû faire fi de son propre embarras et demander des conseils à Hermione sur ce nouvel aspect de son corps qu'il avait cruellement négligé. Manifestement, ces choses appelées soutien-gorge et dont le simple nom le faisait rougir jusqu'à la racine des cheveux avaient bel et bien une utilité autre que la simple esthétique.

Maudissant pour la millionième fois Rogue pour lui faire subir une pareille épreuve, Harry raffermit sa prise autour de son balai et tenta désespérément d'oublier ces désagréments pour se focaliser sur son vol.





Un peu plus d'une heure plus tard, c'est un Harry à l'humeur plus que mitigée qui s'éloignait du terrain en compagnie de Ron et Hermione. En dépit des soucis que lui avaient donnés son nouveau corps, cette petite séance de Quidditch lui avait grandement remonté le moral.

Mais hélas, cet effet n'avait été que provisoire, et c'était désormais le cœur lourd que Harry se demandait s'il allait pouvoir retrouver un jour son apparence normale.

- Allez, courage, lui lança Ron dans une tentative évidente de lui apporter son soutien. Les choses ne sont pas si terribles que ça.

- Si tu le dis, marmonna Harry avec un haussement d'épaule désabusé.

L'inquiétude lui nouait désormais tellement l'estomac que le jeune sorcier se sentait un peu nauséeux. Il ouvrit de nouveau la bouche pour partager son malaise à ses amis quand soudain, deux voix s'élevèrent derrière eux.

- Hey, Harry !, l'interpelèrent Fred et Georges avec un superbe ensemble.

Les jumeaux Weasley s'approchèrent de leur camarade d'un pas vif et passèrent chacun un bras par-dessus ses épaules.

- On voulait te parler de ton petit soucis capillaire..., commença Georges.

- ... et de tes autres modifications physiques, compléta Fred avec un large sourire.

De plus en plus mal à l'aise, Harry leva les yeux au ciel.

- Je sais, je suis une fille, réplica-t-il d'un ton sec. Je ne vois pas ce qu'il y a à dire de plus.

- Harry, Harry..., répliqua Georges d'une voix chantante. Ne soit pas autant sur la défensive.

- D'autant qu'on a peut-être de quoi t'aider, ajouta Fred avec un sourire malicieux.

Sous le choc, Harry, Ron et Hermione se figèrent sur place.

- QUOI ?, s'écrièrent-ils avec un magnifique ensemble.

Interrompant leur marche, les jumeaux se placèrent face à leurs trois camarades. Toujours paralysés de stupéfaction, ces trois derniers les dévisageaient avec une incrédulité teintée d'espoir.

- En fait, on a un petit... projet en préparation, lâcha négligemment George, une lueur espiègle dans le regard.

- C'est encore une de vos blagues ?, s'exclama Ron d'une voix dubitative.

- Exactement, approuva Fred avec un rire satisfait. Enfin, on a un projet en vue d'une blague, précisa-t-il en surprenant l'expression horrifiée qui traversa le visage de Harry. Mais on ne plaisante pas en disant qu'on peut peut-être t'aider.

- Depuis cet été, on travaille sur un nouveau type de friandise, enchaîna son frère. Des caramels qui doivent changer les filles en garçons et inversement.

Alors qu'une expression émerveillée se dessinait sur le visage de Harry, Georges leva une main en signe d'avertissement.

- Par contre, on a encore un gros problème, poursuivit-il d'une voix sombre. On a pas mal avancé sur notre formule, mais pour l'instant on n'a aucune idée de si elle fonctionne réellement ou non. On ne sait pas non plus s'il y aura des effets secondaires.

- Oui, on n'a vraiment rien testé, approuva Fred en hochant vigoureusement la tête. Pour autant qu'on sache, tu pourrais tout aussi bien te retrouver avec tes dents qui font de la musique quand tu manges, des bulles qui te sortent par les oreilles 24 heures sur 24... Ou encore, le caramel pourrait très bien avoir l'effet inverse et faire en sorte que tu restes définitivement transformé en fille.

Un frisson d'effroi traversa la colonne vertébrale de Harry.

L'offre des jumeaux était plus que tentante, mais le potentiel prix à payer était bien trop élevé. Le jeune sorcier avait beau avoir hâte de retrouver son apparence d'origine, le plus sage était sans le moindre doute d'attendre que Rogue concocte lui-même un antidote.

C'était une solution certes bien plus longue, mais aussi beaucoup plus sûre.

Sa décision prise, Harry plongea tour à tour son regard dans ceux de Fred et de Georges.

- Ecoutez, commença-t-il d'une voix sincère, j'apprécie beaucoup votre offre. Mais je crois qu'il est plus prudent de...

Soudain, Harry fut interrompu par une décharge de douleur si violente qu'elle le plia en deux.

- Harry !, s'écria Ron en se précipitant à ses côtés. Est-ce que ça va ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Une main instinctivement posée sur son bas-ventre pour tenter de contenir les ondes de souffrance qui en irradiaient à présent, Harry secoua la tête avec impuissance.

- Je... Je ne sais pas, répliqua-t-il d'une voix haletante.

- C'est la potion de Rogue ! poursuivit Ron d'une voie rendue suraiguë par l'affolement. C'est du poison ! Tu es en train de mourir !

Une grimace tordit le visage de Harry, l'empêchant de faire remarquer à son ami que son attitude paniquée ne l'aidait en rien. De sourdes vagues de douleur pulsaient depuis la partie inférieure de son torse, lui donnant l'impression que son estomac se tordait sur lui-même.

- Harry !, s'exclama Hermione en s'approchant à son tour.

Posant une main apaisante sur son épaule, son amie se pencha vers lui.

- Harry, reprit-t-elle d'un ton au calme réconfortant, ces douleurs, tu les as depuis ce matin ?

Son attitude posée contrastait avec la frayeur de Ron, aidant Harry à faire refluer la panique qui commençait à gonfler dangereusement en lui.

- Oui, approuva-t-il en hochant machinalement la tête.

- C'est une sensation de gêne en bas du ventre ?, reprit-elle d'une voix certes douce, mais aussi curieusement assurée. La douleur n'est pas tout à fait au niveau de l'estomac, mais un peu en dessous ?

- Oui, c'est exactement ça, répliqua Harry en lui jetant un regard stupéfait.

Quelle que soit la cause du soudain malaise qui le frappait, son amie semblait savoir exactement ce qu'il en était.

Non pas que ce soit surprenant de la part de la sorcière la plus brillante de sa génération, quelque part.

- Oh, Harry..., soupira Hermione en secouant doucement la tête.

Loin d'être inquiète, la jeune fille semblait à présent partagée entre embarrassement sincère, compassion et amusement.

- Je... Je vais mourir ?, balbutia Harry d'une voix blanche.

- Non, pire, rétorqua son amie en lui donnant une petite tape compatissante sur l'épaule. Je pense que tu as tes règles.

Harry se sentit pâlir alors que le sang refluait brusquement de son visage.

Ses règles.

Tout, absolument TOUT sauf ça.

- Ok, lança-t-il d'une voix décidée, tout en relevant la tête vers les jumeaux. Donnez-moi vos caramels.





Assis à la table des Gryffondor, Harry réajusta sa robe de sorcier avec un sourire satisfait, se réjouissant de la manière familière dont le tissu tombait sur son torse plat.

A sa grande joie – et à celle de ses amis, les friandises de Fred et Georges s'étaient avérées d'une efficacité remarquable. Certes, leur effet n'était que provisoire, mais elles permettaient malgré tout au jeune sorcier de retrouver son apparence habituelle en attendant que Rogue ne concocte un remède définitif.

Et de surcroît, maintenant que le bon fonctionnement des caramels avait été prouvé, rien n'empêchait désormais Harry de faire profiter certaines personnes judicieusement choisies de son enrichissante expérience.

- POTTER, JE VAIS TE TUER !, rugit soudain une fille aux longs cheveux blonds, qui s'avançait vers lui en compagnie de deux autres sorcières à forte corpulence.

Une expression radieuse illumina aussitôt le visage de Harry.

Sans se départir de son large sourire, il se tourna vers la sorcière de Serpentard qui se tenait à présent debout près de lui. Cette dernière bouillait d'une haine si vibrante qu'elle semblait ne se retenir que de justesse de lui sauter à la gorge pour l'étrangler.

- Si tu le dis, Malefoyette, lui lâcha-t-il d'un ton flegmatique. Au fait, pas mal, ton changement de look, poursuivit-il en une parfaite imitation des piques que son condisciple lui avait lancé le matin même. J'ai failli ne pas te reconnaître.

Alors que Malefoy se mettait à hurler de rage, Harry éclata franchement de rire.

Pour aussi pénible qu'aient été les évènements de la journée, laisser traîner la boîte de caramels des jumeaux Weasley à la table des Serpentards compensait de très loin tous les inconvénients qu'il avait pu subir.

- Alors, ça va ?, lui demanda malicieusement Fred, alors que Georges et Ron étaient écroulés de rire sur la table.

Hochant vigoureusement la tête, Harry lui décocha un sourire rayonnant.

- Je ne me suis jamais senti aussi bien, répliqua-t-il joyeusement, tandis que Malefoy, Crabbe et Goyle se dirigeaient vers Rogue en fulminant. Merci ! 




*** FIN ***



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