Le docteur Hellwy n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche. Il reçut un puissant coup sur la tête. Élias laissa ensuite tomber sur le sol le dossier qui lui avait servi à assommer son confrère. Un des avantages de travailler beaucoup : les dossiers étaient plus lourds et plus efficaces pour attaquer les autres.

Le docteur Garrison soupira en remarquant que sa victime était au sol. Il allait devoir porter Hellwy pour le mettre sur la table. Il n'était pas fan des muscles trop voyants, alors il n'était lui-même pas très musclé, cependant il parvint à hisser le docteur Hellwy sur la table d'opération. À l'aide de solides sangles, il attacha sa victime de façon à ce qu'à son réveil, le traître à la médecine ne puisse plus bouger que la tête, et encore, de façon réduite.

Il fallut près d'un quart d'heure pour que le bon à rien se réveille. Mais cela ne dérangeait pas Élias le moins du monde. Il avait eu tout le temps qu'il lui fallait pour préparer tout ce dont il aurait besoin lors la suite des événements.

S'agitant dans ses sangles, le docteur Hellwy appela au secours, mais en vain. Il était bâillonné. Cependant, il avait émis assez de bruit pour qu'Élias soit contraint de relever les yeux de son roman d'horreur, et après avoir mis soigneusement son marque-page "Fumer tue" à la page qu'il n'avait pas terminée, il reposa l'ouvrage avant de s'avancer vers la table.

"La dopamine t'intéresse Albert il paraît ? Mais je pense que même en ayant photocopié et lu mes travaux... enfin j'espère que tu les as lus tout de même... Tu n'as sûrement pas compris tous les aspects que je traitais. Par exemple, as-tu compris le passage qui parlait des risques de manque de dopamine dans le corps ? Non ? Oui je m'en doutais, tu n'as dû t'occuper que de la partie sur le dopage... C'est comme ça qu'on repère les amateurs parmi les professionnels."

Pour seule réponse, son collègue émit plusieurs sons très dérangeants aux oreilles délicates de notre médecin préféré.

"Oui oui ne t'en fais pas, je commence tout de suite, fit-il alors en prenant dans sa main une seringue. Et en même temps, je t'expliquerai tout ce qui va t'arriver. Les réactions de ton corps m'aideront à compléter mes travaux. Je t'en remercie d'avance !"

Plus de doute maintenant, Albert Hellwy, de son nom pourri, pleurait comme une petite fille. Élias, quant à lui, s'occupait de trouver une veine accessible dans le bras tremblant du traître. En ayant marre de devoir se concentrer à cause des sursauts du docteur Hellwy, il planta l'aiguille d'un seul coup sec dans son bras. Par chance, il avait atteint la veine.

"Bien, on va commencer à s'amuser. Tu vois, on parle beaucoup de ce qu'apporte la dopamine. Mais on ne parle pas assez de ce qui se passe lorsque l'organisme n'en contient plus. Je viens de t'administrer un inhibiteur de dopamine, et dans moins d'une minute, plus aucune dopamine n'agira dans ton corps. Dès que ça sera le cas, tu ressentiras une douleur inqualifiable dans tout le corps. Chacun de tes nerfs ne sera que souffrance. Comme tu dois le savoir, le corps humain possède énormément de nerfs, alors... tu vas douiller. Et je ne te prescrirai pas d'antidouleur."

Quelques instants plus tard, le personnage attaché hoqueta de douleur et commença à être secoué de spasmes assez violents. Son visage changeait de couleur et de la sueur commençait à perler sur ses tempes. Pour ne rien oublier du déroulement des opérations, Élias prit plusieurs photos, en refaisant parfois quelques unes pour être certain qu'elles seraient toutes jolies à regarder. Joindre des images à ses travaux les rendrait sûrement plus attractifs.

Le docteur Hellwy commença à pousser des hurlements déchirants, et le bâillon ne suffit bientôt plus à étouffer ses cris. Après un soupir de désespoir, Élias Garrison alla chercher une seringue contenant un anesthésiant puissant, non sans maudire cette chochotte d'Albert. Une fois la seringue en main, il planta l'aiguille dans le cou de son "patient" et quelques secondes plus tard, plus aucun son ne s'échappa de ce corps déjà mourant.

"J'ai anesthésié tes cordes vocales, expliqua le médecin. Je ne voudrais pas qu'on interrompe mon traitement. Car tu vois, pour moi la connerie ne se soigne que par la mort. Du moins pour le moment. Je sais, c'est triste, mais c'est comme ça. Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai faim. Alors comme tu ne m'es plus très utile, je vais t'achever et détruire ton corps. Merci quand même, tu as pu confirmer mes hypothèses sur la dopamine. Tu auras finalement fait avancer la science !"

Élias quitta quelques instants le bureau, laissant son invité pleurer sa mère seul. Quand il revint, il faisait rouler un baril sur le sol, et il s'arrêta au pied de la table.

"Je vais maintenant t'administrer quelque chose qui t'empêchera de contrôler la plupart de tes muscles, et je te plongerai dans ce baril d'acide. On va bien rigoler, tu vas voir."

Le "pauvre" Albert devait sûrement croire être en plein cauchemar. Pour lui, il n'existait pas de mort plus atroce. Dommage pour sa pomme.

Tenant ses promesses, le docteur Garrison planta une nouvelle fois une seringue dans le bras de la victime, et bientôt le mourant ne put plus bouger que ses yeux et sa tête. Ses lèvres tremblaient de temps en temps, mais sans plus.

Élias ouvrit le baril avec précautions avant de détacher Albert. Ensuite, il le fit glisser lentement dedans, pour ne pas risquer de faire d'éclaboussures. Le sol n'apprécierait pas, et ses chaussures non plus. Dès que les jambes du docteur Hellwy furent dans le liquide corrosif, une importante quantité de sang se déversa dans le baril, et des larmes coulèrent abondamment des yeux du condamné. La chair commença à partir en morceau, et des lambeaux vinrent flotter quelques secondes à la surface, avant de se dissoudre à leur tour. Élias finit de faire entrer son collègue dans le baril et referma simplement le couvercle. Il repasserait pour vérifier qu'Albert était totalement dissou après avoir mangé un sandwich à la cafétéria. Quoique. Non. Il allait manger son sandwich ici et profiter du spectacle.