8. La folle histoire de Viridain
Je déboulais dans le bureau de cette connasse de proviseure.
- B'jour m'dame Viridain ! gueulais en claquant la porte d'un grand coup.
- Bonjour, Arnaud... soupira-t-elle. Tu n'es pas en cours ?
J'écartais grand les mains et pris un air d'attardé.
- J'en ai l'air ?
- Tu t'es fait virer ? enchérit-elle.
- J'en ai l'air ? répétais-je.
Elle me tendit la main pour m'inviter à m'asseoir sur un de ces sièges qui vous donne l'impression de vous asseoir dans des sables mouvants. Je l'ignorais royalement et poursuivit :
- Je ne sais pas pourquoi Mr. Salrone a tenu à ce que je vous rende visite !
- Ne joue pas au con avec moi, Arnaud ! Tu n'as pas de mot d'exclusion ?
- Pourquoi j'en aurais un ?
Je la vit serrer la mâchoires et inspirer profondément pour se calmer. Haha, mais qu'elle idiote, cette prof ! Proviseure, proviseure.... Elle serais mieux concierge ! Le concierge est un homme intelligent, lui, il serait très bien dans ce bureau clair et simple. Épuré. J'aime beaucoup la déco.
Mais pas la vieille peau dedans.
- Va attendre dans la salle d'attente, ordonna cette dernière.
Je la toise. Nous avons cinquante centimètre de différence, elle m'arrive vraiment au niveau des côtes. Ridicule.
Comment elle pourrait-elle inspirer le respect, la discipline, alors que le pire qu'elle peut faire c'est de me gifler le genou.
- Je vais sortir faire un tour ! annonçais-je gaiement.
- N'y pense même pas ! gronda-t-elle.
- Hmm hmmmm.... Ou sinon quoi ? Vous allez appeler mes parents ?
Boum. Il a osé. C'est ce que je vois dans ses yeux. J'ai osé.
Ah oui ! C'est que j'ai oublié de vous dire !
- J'appellerais ton père, annonça-t-elle.
- Vous lui direz ce soir, rétorquais-je. Et je n'ai plus de père.
Ce que j'ai oublié de vous dire, c'est que la copine de mon père mesure un mètre vingt et se tient en face de moi. Non, je n'habite plus avec ces connards. Je les déteste tous.
- Arnaud...
Je sors à grand pas et claque la porte le plus fort possible. Vous vous demandiez pourquoi, après toute ces conneries, je ne m'étais pas encore fait virer ? Vous avez la réponse. Mon père baise la proviseure, putain. C'est même plus mon père je le.... je le connais pas ! Merde !
Ah, ce que je les hais ! Si seulement ces connards pouvaient mourir, brûler en enfer, crever, crever ! Jusque au dernier ! Putain !
Je suis rarement vraiment en colère. Enfin si, mais il y a trois types de colère. Celle parce que le monde me gonfle, parce que j'en ai marre de tout, des connard, des hypocrites, des salauds sans coeur, des homophobe, des racistes, des putes, des vieux, des gosses, des racailles, des fumeurs.
Ça, c'est tout le temps. Quand ça me prends, j'insulte, et je rigole, je me moque, j'humilie. Je me sens pas vraiment fâché.
La deuxième, c'est celle de mon père. Ce connard de merde. Et là, je suis beaucoup moins bon niveau répliques. Ça me casse les couilles.
Mais là, c'est vraiment de la colère. Ça bout dans mes veines. J'ai envie de tout casser, de tout défoncer, qu'il ne reste que moi, là, debout, pantelant et les mains en sang, seul dans le monde dévasté, seul avec ce monstre qui gronde en moi.
C'est presque la même chose, si quelqu'un réussit un jour à m'humilier -on l'appellera l'Élu.
Ma dernière sorte, ne m'arrive que très rarement. Pour tout dire, deux fois dans ma vie seulement. C'est une colère qui n'a rien à voir avec celle qui chauffe.
C'est une colère très froide, silencieuse, serpentueuse, celle qui de siffle d'analyser tes ennemis et de les tuer. C'est la colère des assassins et des psychopathe. Celle, la seule, à vraiment me faire peur.
Et, tout bas, je prie pour ne pas la ressentir à nouveau.
En tout cas, il est hors de questions que je reste une seconde de plus dans ce foutu bahut.
- Drrrrr ! Drrrrrr ! Drrrrrrrrr ! Drrrr ! Drrrrr ! Drrrrrrrrrr !
Mon téléphone vibrait dans ma poche arrière. Comme à mon habitude, je décrochais sans me soucier du nom de l'interlocuteur.
Ô, comme j'aurais dû.
- Allô ? grogna une voix que j'aurais reconnu entre mille. Harlow, c'est toi ?
- Non, abruti, rétorquais-je de mon meilleur ton acerbe, on m'a volé mon téléphone. T'as pas à m'appeler. J'suis déjà gentil de venir pour Noël, alors me casse pas les couilles jusqu'ici, clair ?
- Déjà, tu me parle autrement ! gueula mon père. Kat' m'a appelé, tu as fais des conneries ! Tu t'es fait viré de cours ?
Je soupirais et me retint de lui raccrocher au nez.
- En quoi ça te dérange ? Kat' t'as pas dit que je me travestissais et que je faisais le trottoir, au moins ?
- QUOI ?!
- Ouf, ça me rassure, j'ai eu peur qu'elle cafte.
- HARLOW C'EST QUOI CES CONNERIES ?! TU TE TRAVESTIS ?!
Je retint mon rire. Nan, mais, plus c'est gros, plus ça passe.
- Y a un loyer à payer, mon vieux ! répondis-je d'un ton détendu. Hé, Tommy, un autre joint ! braillais-je en faisant semblant de m'adresser à une autre personne.
- T'es sérieux ?!
- A ton avis, connard ? Si ça peut m'empêcher de passer Noël avec vous...
- C'étais une blague depuis le début... soupira ConCon.
- Je n'ai jamais dit ça.
- Tu es toujours célibataire ? C'est pour savoir combien de couvert il faut.
Ce con organise déjà.
- Je dois faire venir tout mes partenaires ? Je dirais une quinzaine à la louche.
- Putain, Harlow !
Et ouais, tout le monde à pas la chance de baiser une proviseure !
- J'arrive pas à croire que tu sois mon fils, commenta-t-il.
- Devine quoi ? Moi aussi !
Je lui raccrochais au nez. Quel connard.
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