1. Faut pas déconner quand même
Je lui balançais mon poings dans la figure. Ah, que ça faisais du bien ! Il releva lentement la tête, probablement choqué par mon comportement, que je qualifierais de diaboliquement génial. D'ailleurs, c'est comme ça que je me qualifie en général. Diabolique, et génial. Prends ça, le fils à papa.
- Mais...
- Ben alors, Blondinet, t'as plus de langue ? raillais-je. T'en avais, pourtant, il y a quelque minutes, quand tu blaguais avec tes gonzesses ! Vous dites rien, les filles ? Je sais que j'ai du charisme, mais quand même !
Ses potes me dévisagèrent. Ils ressemblaient de plus en plus à des carpes, quand on y pense. Ils ont déjà le QI qui va avec.
- Qu'est... qu'est ce que tu fout ? marmonne Jean-Henri en s'essuyant les lèvres.
- Je casse la gueule à un sale con prétentieux ! C'est follement agréable, tu devrais essayer. Si tu trouve pire que toi, évidemment... Bon, c'est pas gagné. Dis, tu sais que tu saigne là ? Tu crois que je t'ai cassé le nez ? Oh non, j'en pleure de rire ! Tu vas devoir mettre un putain de plâtre sur ton fucking visage !
Je m'approche de lui, lui attrape le menton, le soulève et l'observe attentivement, souriant.
Aussitôt, il se dégage, écarlate, me repousse et fais un bond en arrière.
- Ben alors, les filles, soyez pas timides ! rigolais-je. Vous faites rien pour Charles-Henri ? Le pauvre chéri, regardez le. Pitoyable !
Je vois les yeux du Petit Blond s'écarquiller. Son cerveau, si il n'est pas débranché depuis un bail, est tellement lent qu'il vient de réaliser que je venais littéralement de : l'insulter ; l'humilier ; le frapper à son doux visage d'ange blond. Autant dire que ça craint pour moi. Je vais prendre chair. Je déconne !
Ce mec est tellement con et pourri gâté que je risque rien.
- Mais putain, tu fout quoi ! gueule soudain Blondinet.
Ses potes réagirent aussi. Ils se rapprochèrent de moi, à pas lourds, sourcils froncés et la mine dure.
Putain, mais ces mecs ont clairement un problème. Je leurs dit qu'on est pas dans un film ?
- Mes chéries, mes chéries ! m'exclamais-je. Qu'est ce que c'est que cette veste ?
Je choppe la manche de Charle-Henri et la tends devant moi. Éberlués, toute la bande s'arrête. Bon sang, qu'ils sont cons. Le quotient intellectuel mondial à décidément baissé, c'est effrayant, là. Rien qu'à voir leurs yeux vitreux, leurs bouches entrouvertes et leurs mains qui pendent lamentablement, je devine que ça va pas très vite là-dedans.
Je vais leur improviser un petit numéro, tiens !
- Devinez combien ça coûte, cette merde ? commençais-je, théâtral.
- Meeeeh... meugla l'un d'eux.
- Bien joué, le bovin ! C'est exactement ça. Dans les trois cent balles. Alors que c'est de couleur kaki ! Kaki, les mecs ! Qui porte du kaki, à part toi, Blondinet ? Oh, non ! Mais il n'a pas osé ! On est tombé si bas ?
Je marche à grand pas vers Carlo-El-Espagnolo, un grand brun. Au moins deux mètres cinquante, ce gaillard-là. Je suis sûr que si je lui marche sur le pied il réagit deux jours plus tard. Il faudrait que j'essaie, à l'occasion.
Le géant me regard avec effroi. Je sais, j'en jette. Charismatique, hein ?
- Ok, tu m'entends, là haut ? braillais-je. Baisse-toi, Sultan Kösen, là je peux pas te parler. À genoux devant ton roi. Je déconne. Baisse juste ta putain de tête de tour Eiffel. Voilà, tu vois, quand tu veux ! Oh, mais je sais... C'est toi le cerveau de la bande, c'est ça, hein ? Haha, démasqué !
Il m'observe d'un air ahuri. Ce gars est tellement stupide qu'il s'est baissé quand je lui ai ordonné. Et toujours Charles-Henri qui saigne comme un con, au milieu de ses crétins de caniches qui réagissent toujours pas.
Décidément, ils se sont bien trouvé, dans cette bande. Autant réunir tout les boulets au même endroit... Ouais non, si je suis seul dans le coin intelligent, personne ne me fera à manger, alors non. Tant pis.
- Bon, mec, je dis ça pour t'aider, hein ! Mais là, sérieux, tu pique les yeux. Non, tu les brûlent. Puis tu les hachent et les découpent avant de les faire frire dans de l'huile bouillante. On dirait une putain de recette de cuisine. Ouais, je suis toujours sur mes yeux, là. Eh, la girafe, tu m'écoute, ou sinon je prends un escabeau et je te fout une gifle.
Pas très fin mais que voulez-vous : il faut s'adapter à son public.
- Bon, en fait, ton problème c'est ton T-shirt. Ton T-shirt, gro. Ça ne va pas du tout ! Comment tu peux porter une telle horreur, vraiment ! Tu l'as trouvé où ?
- Euuuuuuh... bredouille lentement Carloss-Le-Boloss. À H&M.
- Nooon ?! Tu l'as payé ?! m'indignais-je. Mais... T'es daltonien ou ça se passe comment ? Wouah, j'arrive pas à y croire. Pour ta défense, on va dire que t'es aveugle, sinon c'est la peine de mort de la part de la Fashion Police.
C'est ouf, ils ne bougent vraiment pas. Pas de problèmes, les gars, j'ai envie de m'amuser un coup, vous allez réagir, ça c'est sûr et certain.
Rien de mieux que d'insulter leurs fringues, dans ce cas.
- Je vais te le décrire, alors ! La couleur... C'est un mélange entre du jaune pisse et du vomi de chat. Il a une forme évasé, ce qui est démodé depuis... hmm... le Moyen-Âge ? Il y a un satané mouton gameur dessus, avec des lunettes. Il y a des faux muscles dessinés -laissez moi mourir- derrière lui et un inscription qui dit... Oh non, ils n'ont pas osés ! J'en peux plus ! Il y a écrit... Hohoho !
J'explose de rire. En fait, c'est un peu forcé, mais je suis très doué pour ce genre de chose. Tu vas rager tes morts, chéri.
- Qu'est ce qu'est drôle ? gronde le Titan.
Je sais pas ce qui arrive au mecs derrières, mais ça ne m'étonnerais pas qu'ils soit tous mort silencieusement d'une crise cardiaque foudroyante. 'sont pas dérangeant ces gars ! J'essuie une larme imaginaire et retourne à mon occupation actuelle : faire enrager la tour Eiffel.
Avec tact et subtilité, bien sûr.
- T'es vraiment con ! ricanais-je. T'as laissé tes yeux dans ton ventre quand t'as grandi ? Il te manque combien de cases ?
Laisser tomber.
- Tu porte un T-shirt que tu as payé avec marqué :
Je me racle la gorge pour sortir ma meilleure voix niaise :
- Les ours, c'est cool.
Là, c'est trop. J'éclate de rire, à deux doigts de me rouler par terre. J'ai trop de dignité pour m'abaisser à ça, quand même.
- Les ours, bro ! insistais-je.
- Bon, ça suffit, intervient une voix.
Ah, j'espère que celui-là ressemble moins à une huître aveugle SDF.
- T'as pas à dire ça.
Il croise ses bras sur son torse musculeux. Mais c'est qu'il a des tablettes de chocolats, le coquinou ! Il à des cheveux blonds mi-longs qui lui tombe sur les oreilles, un regard bleu acier, un teint hâlé par le soleil et une carrure de rugbyman. Chouchou, tu peux être aussi beau que tu veux, ça change pas ta répartie, t'es pas de mon level. C'est dommage, ça va être trop facile.
- Écoute-moi bien, commence-t-il posément d'une voix grave. Tu te l'as joue badboy, mais t'as rien à faire ici, OK ?
- Mais c'est qu'il se croit badass, Justin Bieber ! Fais pas les justiciers, trésor. Pas avec cette teinture à dix balles et cette tête de con. Tu me laisse finir de corriger ces connards, ou tu en veux ta dose aussi ? Parce qu'avec ton style de badboy qui pue la merde et ta gueule de bouffon, je peux écrire un roman.
Il recule d'un pas, choqué. Déjà ? Gamin, je te pensais un peu plus résistant. Ça fait les héros, mais dès que le méchant garçon ose rétorquer, ça retourne chez papa, hein ? Hahaha, c'est tordant, toutes ces conneries.
- C'est toi, Harlow ?
Je m'incline (pas très bas, faut pas déconner).
- En personne.
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