Tous d'abord désolée pour mon retard !! Je ne sais pas pourquoi mais ce chapitre m'as donné un sacré fil à retordre.. Bon je sais c'est pas une excuse, mais je ne sais pas trop quoi dire... 

Honnêtement j'avais déjà commencé à l'écrire il y a un moment et je pense que je me suis retrouvée bloquée parce que ce que j'avais déjà fait ne me plaisais, mais je n'arrivais pas non plus à vraiment m'en détacher. 

La bonne nouvelle c'est que maintenant c'est reparti ! Et qu'en plus ce chapitre est légèrement plus long que d'habitude ( on compense comme on peut hein... ) 

Enfin, le chapitre 7 devrait sortir entre mercredi et Jeudi si il n'y a pas de soucis, et j'espère que vous apprécierez celui ci ! 

Encore une fois, positifs ou négatifs, ou même si c'est juste pour parler des magnifiques lunettes de soleil de monsieur Alvarez, les commentaires sont les bienvenues !

Sur ce, moi je retourne au travail, et Enjoy ! 

OOOoooooooooo

Encore une fois la métisse s'attendait à un long service, d'autant plus depuis qu'elle avait appris que Luke avait quitté le club. Il semblerait que lui et le patron aient eu un désaccord qui l'avait poussé à partir, faisant perdre à la jeune fille son seul ami dans ce repère à serpents.

Elle était arrivée tôt, voulant éviter à tout prix d'attirer encore l'attention sur elle, c'était devenu une habitude peu agréable en ce moment.

La jeune femme venait à se demander si elle le faisait exprès ou si elle avait juste un talent inouï pour se retrouver au centre des problèmes. Après tout, le premier travail qu'elle avait trouvé à New York était serveuse dans un bar qui servait de couverture à des criminels... Il fallait quand même le faire. Et puis elle avait naturellement un besoin viscéral de plonger au cœur de l'action.

Une fois dans les vestiaires, elle ramenait ses longues boucles brunes dans une queue de cheval légèrement négligée, laissant retomber quelques mèches rebelles sur son visage. Elle en profitait d'ailleurs pour retoucher son rouge à lèvre, elle portait souvent des couleurs sombres au niveau des lèvres et aujourd'hui elle était ravie d'arborer une couleur prune extrêmement foncée. Ça lui donnait un air légèrement plus suave et dangereux, et elle aimait beaucoup ça, elle avait l'impression que ça la grandissait, l'éloignait de l'image de gamine qu'elle pensait renvoyer en permanence.

Elle laissa échapper un soupire en retirant ses vêtements civils pour enfiler l'uniforme du club. En temps normal elle décrirait ce dernier comme la quintessence de son style, elle appréciait porter ce genre de pièces assez sexy, mais avec le chien de garde de Cottonmouth qui semblait se découvrir une passion pour la déshabiller du regard, elle aurait apprécié plus de tissus pour cacher sa vertu. 

La tenue en soit était assez mignonne et pourtant assez simple. L'uniforme était composé d'une chemise blanche toute simple, au dessus de laquelle était posée un veston noir sans manches qui dessinait parfaitement la forme de ses courbes avant de laisser place à une jupe plissée noire, légèrement évasée qui s'arrêtait à mi-cuisse. Le veston était joliment orné de boutons dorés, ils étaient ordonnés en rangées de trois, de part et d'autre du vêtement ainsi que d'un large col qui descendait juste en dessous de sa poitrine.

Elle portait la plupart du temps sa chemise ouverte jusqu'à la naissance de ses seins, d'une part parce que ça augmentait largement les pourboires, et d'autre part parce qu'il faisait tellement chaud dans le club qu'elle manquait d'étouffer presque tous les soirs, mais depuis les interventions de Tone, elle bouclait cette dernière un maximum.

Elle avait personnellement rajouté une paire de collants noirs, légèrement satinés qu'elle portait sous la jupe pour ne pas avoir les jambes à nue au travail, ainsi qu'une paire de bottes à talons, assez hautes pour rester harmonieux avec la tenue, mais assez confortables pour qu'elle ne rentre pas chez elle en rampant le soir.

Ses mauvaises habitudes de porter des décolletés tout sauf décents n'allait vraiment pas lui permettre de se soustraire au regard de Tone. Cet homme arborait un air si arrogant que la métisse ne put s'empêcher d'imaginer à quel point lui écraser la tête contre le plan de travail du bar lui ferait du bien. Souriant légèrement à cette perspective, elle finit d'ajuster les plies de sa jupe avant de rejoindre le club.

La musique était différente ce soir-là, presque enivrante. Le rythme jazzy était lent et suave. Chaque note du saxophone prenait un temps lascif pour arriver jusqu'aux oreilles de la jeune fille, l'entraînant doucement dans un état de béatitude digne d'une transe.

Elle avait toujours aimé le Jazz, ça c'est un fait, mais au Harlem's Paradise, c'était comme si tout était exacerbé, le club lui-même semblait avoir pour seul but de sublimer la musique.

Machinalement elle se dirigeait vers le bar pour récupérer des cocktails avant de faire le tour de la pièce, répondant aux demandes des clients de la manière la plus efficace possible, un lourd plateau à moitié posé sur son épaule lui permettait de porter plusieurs coupes de champagne et différents cocktails en une fois, tout en naviguant à travers le bar.

Heureusement pour elle et son manque de volonté, ce soir-là les clients étaient autant pris par la transe du musicien qu'elle, et étaient donc beaucoup plus lent à l'appeler, lui laissant tout le temps du monde pour se déhancher sur la musique, persuadée qu'avec un club plein comme ça, personne ne ferait attention à elle.

OOOOooo

Sauf que comme vous pouvez vous en douter, ce n'était pas le cas, et si sur le balcon Cottonmouth se préoccupait de ses affaires mafieuses, tranquillement assis à sa table, son chien de garde Tone, lui, regardait la jeune métisse faire, tel un rapace repérant sa proie.

Il était gonflé de fierté et d'orgueil, persuadé d'être le plus intelligent dans cette organisation. Il faut quand même admettre qu'il était bon dans son travail, il était réactif et dès que Cornell lui demandait le moindre service, il s'exécutait au plus vite. Il ne comprenait pas pourquoi le roi de Harlem refusait de le laisser prendre des initiatives, il y avait tant de choses qui pouvaient être fait pour repousser toujours plus les limites de cet empire, et Tone savait ce qu'il fallait faire.

C'était un battant, un conquérant, et si le retour de Shades lui avait porté un coup certain, il rappellerait au patron qui faisait le sale travail pendant que le gangster à lunettes noires profitait de son séjour à Seagate.

Il voulait tous ce qu'avait Shades, et convoitait tous ce que ce dernier convoitait.

Il avait remarqué la façon que le criminel avait de regarder la nouvelle serveuse, comment Cottonmouth la regardait aussi... Et si le comportement de son patron ne l'étonnait pas, après tout, presque toutes les serveuses du bar étaient passées dans son lit et il ne s'en cachait pas, voir Alvarez porter un quelconque intérêt à une personne qui n'avait aucune utilité dans leur travail l'intriguait. Ce n'était pas le genre du consultant, ou du moins il avait toujours été plus discret jusqu'à présent... Qui sait la prison l'avait peut-être rendu insatiable.

Un sourire étira les lèvres de Tone, croyant avoir trouvé une faille dans la carapace de mystères que le consultant criminel aimait arborer. Il l'avait déjà vu interagir avec plusieurs femmes, Tone n'arrivait pas à comprendre le changement de comportement de Shades vis-à-vis de cette gamine, elle n'avait pourtant rien d'exceptionnel, à part cette langue bien pendue que le criminel était bien décidé de faire taire bien-sûr.

Enfin, du haut de son perchoir, le chien de garde observait la jeune fille, cette dernière se dandinait au rythme de la musique, les yeux à demi fermé, sa queue de cheval se baladant d'une épaule à l'autre au rythme de ses mouvements.

A la regarder on aurait pu croire qu'elle était seule au monde tant elle semblait être perdue dans ses pensées. Le regard du chien de garde s'attarda quelques secondes sur la ligne parfaitement droite que dessinait son décolleté, essayant d'imaginer ce qui se cachait derrière cette chemise blanche.

Il se penchait maintenant tellement sur la barrière qu'il aurait suffi d'une simple petite tape sur son épaule pour le faire tomber, ses yeux s'attardaient sur les formes de la demi arabe, la courbe de ses hanches, et ses petites jambes cachées derrière le tissu sombre de son collant.

Le souvenir de leur échange dans le magasin de Pop l'irritait légèrement, la façon dont elle l'avait repoussé avec cet air suffisant lui hérissait le poil, et il avait bien l'intention de lui faire, payer, il comptait bien l'humilier à son tour, lui donner une leçon qu'elle n'oublierait jamais.

Au fond de cette même pièce, Shades regardait d'un œil ce que faisait Cornell, s'il était effectivement là pour conseiller le gérant du Harlem's Paradise, et lui permettre de rembourser son employeur, il se fichait bien de savoir de quelle manière il le ferait.

Du coin de l'œil, il observait Tone scruter la fosse avec une attention toute particulière, il semblait prêt à tomber au sol tant absolument tout son corps était avachi sur la barrière.

Légèrement curieux, Hernan s'approchait du garde-fou en métal, cherchant nonchalamment ce que son collègue regardait, il ne lui fallut que quelques secondes pour remarquer un petit corps qui se détachait de la foule et un sourire étira ses lèvres. Il passait quelques secondes à observer depuis le perchoir, analysant ses moindres gestes comme il avait déjà pu le faire avant leur rencontre.

Elle dansait légèrement au milieu de la foule qui ne semblait même pas la voir, de temps à autre elle passait sa main dans ses cheveux pour remettre en place une mèche rebelle qui entravait sa vision dans un geste lent et sensuel.

Le consultant criminel arborait un sourire amusé devant cette vision, une idée lui traversa l'esprit avant qu'il ne se dirige vers les escaliers, après tout, son travail était fini, il pouvait se permettre d'aller s'amuser un peu...

En bas, Aissa sortait peu à peu de sa transe, regardant de temps à autre qu'aucuns clients ne requièrent ses services. Pour une fois qu'elle n'avait pas beaucoup de travail, elle en profitait pour décompresser un peu, concentrée sur ce qu'il se passait devant elle, elle manqua de faire un bond en arrière lorsqu'elle sentit un souffle dans sa nuque, se cognant d'ailleurs légèrement au passage contre le torse du pauvre diable qui venait de lui flanquer la peur de sa vie.

Elle se retourna vivement avant de remarquer qu'il s'agissait de Shades, ce dernier éclata de rire en voyant à quel point il venait de lui faire peur avec si peu. La jeune métisse l'observa se moquer d'elle quelques secondes, visiblement vexée par son comportement, elle croisait ses petits bras sous sa poitrine pour signifier son mécontentement, mais ça ne fit que guider le regard du criminel vers les deux monticules serrés dans son veston noir.

Il resta quelques secondes à l'observer comme ça, et malgré les lunettes noires, Aissa arrivait très bien à deviner ce qui attirait son attention. Elle prit une mine agacée, essayant au passage de rougir le moins possible sous le regard caché par les lunettes sombres du criminel, elle posa ses mains sur ses hanches arborant une expression qu'elle voulait irritée et indignée, mais du point de vue de Shades, elle ressemblait plutôt à un chaton qui essayait de sortir les griffes.

A nouveau il éclata de rire, amusé par la mine vexée et boudeuse de la jeune fille, qui essayait de garder autant de crédibilité que possible. Elle le regardait fronçant davantage les sourcils, posant maintenant ses mains sur ses hanches pour espérer faire comprendre à ce crétin qu'il commençait à lui courir sur le système.

- Je peux savoir ce qui vous fait rire au juste ? demanda-t-elle sur la défensive.

Elle faisait de son mieux pour garder toute sa contenance alors que le criminel retirait ses lunettes noires, la regardant de ses yeux sombres pendant quelques secondes.

Il avait une lueur amusée dans les yeux.

- Toi... ça me parait évident... dit-il avec un léger sourire en coin.

Aissa du faire preuve de toute la force quelle avait en elle pour ne pas rougir devant le sourire qu'arborait le criminel, il avait ce petit quelque chose qui la faisait beaucoup trop craquer à son goût, et si il y a bien une chose qu'elle détestait c'était avoir l'air d'une midinette à rougir devant le premier garçon qui venait lui parler.

Elle changea de position, croisant les bras avant de basculer son poids sur sa hanche droite, lui donnant clairement des airs de pétasse.

- Ah bon ? Et je peux savoir en quoi je suis drôle au juste ? Ça m'intéresse... demanda-t-elle.

- Et bien, disons que je n'ai pas l'habitude de voir les serveuses sauter au plafond en me croisant...

- Quoi ? Elles ont plutôt tendance à grimper aux rideaux ? C'est ça ? demanda la métisse en arborant un sourire blasé, coupant le criminel au milieu de sa phrase.

Shades laissa échapper un nouvel éclat de rire, ne s'attendant pas à une telle répartie.

Aissa de son côté retenait autant que peu se faire le rouge de lui monter aux joues. Elle avait l'impression de ressembler à une parfaite idiote, et se demandait vraiment ce que son interlocuteur pouvait trouver d'aussi drôle.

Si elle ne tenait pas sa langue dans sa poche pour autant, il faut quand même admettre que le criminel avait le don de la perturber, il l'attirait vraiment, même son rire arrivait à lui envoyer des frissons le long de l'échine, et son sourire la faisait vraiment craquer. A nouveau elle ne put se retenir de rager contre elle-même.

Hey, oh ! cria son subconscient. Je peux savoir depuis quand tu réagis comme ça devant un mec dont tu ne connais que le nom et le prénom ? Je te jure ! Tu t'es crue dans une comédie romantique ou quoi ? Ressaisis toi ma grande ! Articula la voix intérieure de la métisse.

- Je dois dire que tu as un don pour me surprendre, je ne m'attendais pas vraiment à ce genre de réponse... déclara le criminel.

- Ah bon ? Et à quoi vous attendiez vous au juste ? demanda la métisse, son sourcil toujours relevé.

Shades s'avança légèrement vers elle, son sourire toujours gravé sur les lèvres. Elle combattait autant qu'elle pouvait le rouge qui commençait à bien trop monter le long de ses joues à son gout, mordant inconsciemment sa lèvre en le regardant faire.

- Quelque chose de plus innocent sans doutes... dis moi, la répartie est courante chez les françaises, ou c'est juste toi ?

La demi arabe laissa échapper un petit rire en le regardant faire, elle ne bougeait pas d'un millimètre, décidée à voir jusqu'où il voulait aller.

- Un peu des deux dirons-nous... dit-elle amusée.

Un petit souffle rieur quitta ses lèvres, contente de toujours réussir à lui répondre même si elle commençait vraiment à perdre toute contenance.

Le criminel se tenait maintenant à quelques centimètres à peine d'elle, et elle en profitait clairement pour observer plus attentivement cet homme à la fois dangereux et étrange.

En le regardant plus longuement que d'habitude, la métisse remarqua quelques détails, comme par exemple la légère pliure entre ses sourcils qui semblait avoir été marquée par le temps, elle devinait qu'il devait passer beaucoup de temps sourcils froncés, sans doutes pour se donner un air sérieux. A contrario, elle remarquait aussi les sillons qui commençait à se former doucement à la commissure de ses lèvres, indiquant qu'il riait souvent, sûrement par moquerie comme il le faisait un peu trop souvent avec elle. Il arborait aussi cet air rieur dans son regard. A ce moment précis, il l'observait avec cet air amusé, comme un enfant qui vient de trouver un nouveau jouet, ce qui avait tendance à perturber la jeune fille, n'aimant pas vraiment se retrouver dans cette position.

Cependant elle n'arrivait pas à regarder autre chose que ces yeux sombres, ils avaient quelque chose d'hypnotisant. Son regard lui paraissait cryptique, comme une énigme qu'il lui faudrait déchiffrer, pourtant, ce qui la fascinait le plus dans ce regard était cet éclat de douceur, à peine perceptible, une lumière à la fois douce et triste qu'elle devinait dans le fond de ces yeux.

Elle n'arrivait pas à savoir si c'était parce que l'homme devait avoir au bas mot dix ans de plus qu'elle, mais il avait cet air nostalgique au fond des yeux qui intriguait la métisse.

Maintenant plus proche d'elle que jamais, Hernan leva une main dans sa direction, et doucement il fit retomber sa queue de cheval qui pendait jusque-là sur négligemment sur son épaule, laissant doucement sa main glisser le long du cou de la jeune femme jusqu'à la naissance de son épaule. Cette fois ci la métisse ne put ni retenir un léger frisson sous son touché, qu'il ne put ressentir par-dessus sa chemise de fonction, et la jeune femme en était grandement reconnaissante, n'ayant pas envie de réagir aussi fortement pour quelque chose d'aussi futile que ça, ni un rougissement, qui lui en revanche n'échappa pas au regard acéré du gangster.

- Et bien il me tarde de voir jusqu'où cette langue bien pendue peut te mener petit chat... dit-il avec ce sourire en coin qui perturbait tant la jeune femme.

- ...

Elle cherchait quelque chose à lui répondre, mais elle se retrouvait muette, ce qui n'était clairement pas dans ses habitudes.

Mais... C'est qu'il se foutrait ouvertement de notre gueule le bichon... Ce n'est pas parce qu'il a une gueule d'ange que je vais me retenir de lui refaire le portrait... Hurla la conscience de la métisse sans que celle-ci ne daigne réagir plus que ça. Attend... Non non non non non ! Tu ne vas pas me sortir que juste parce que monsieur te fait les yeux doux, tu vas passer outre le foutage de gueule et le sous-entendu à peine caché juste parce qu'il est sex ! Allô tu trouves un truc à lui répondre tout de suite !!

Il fallut quelques secondes à la métisse pour se remettre de la claque mentale que son subconscient tenait tant à lui envoyer, avant de finalement sourire au criminel de toutes ses dents.

- Il faut que je pose la question parce que j'ai clairement besoin d'une réponse... ça marche vraiment ce genre de phrases de drague ? Parce que je ne la trouve vraiment pas ouf... Je suis sûre que vous pouvez mieux faire ! dit-elle sur un ton cynique.

Elle retenait sa respiration, cherchant le plus possible à cacher à quel point il avait réussi à la perturber lentement elle cherchait à reprendre un souffle calme et posé, en profitant pour regarder les yeux du criminel, attendant visiblement une réponse.

Shades resta quelques secondes sans rien dire, un large sourire étirant ses lèvres alors qu'il semblait chercher une réponse adéquate, riant silencieusement.

- Vraiment, tu as l'air vraiment amusante... dit-il en se rapprochant encore un peu, Je me demande comment tu as pu atterrir à Harlem...

- Alors c'est pas compliqué, j'ai pris un billet d'avion, et puis un bus de l'aéroport à ici... Se moqua-t-elle, lui parlant sur un ton beaucoup trop sérieux pour être honnête.

Les yeux du gangster se plissaient légèrement sous l'amusement, cette fille semblait avoir réponse à tout, et il faut dire elle le faisait vraiment rire, c'était une distraction bienvenue, et il se demandait clairement combien de temps il mettrait à la faire tomber sous son charme. Aux vues de ses réactions, il supposait que ça ne soit pas très long, ce qui l'amusait le plus était le fait qu'elle cherche à les cacher tant bien que mal.

- J'aurai dû m'attendre à une réponse du genre... dit-il.

- Alors pourquoi avoir posé la question ? demanda-t-elle son sourcil toujours dressé.

Même si elle gardait son attitude cynique et cassante, elle était obligée de lever la tête pour continuer à le regarder dans les yeux, même en talons, et avait plus que jamais l'impression de ressembler à une enfant face à cet homme qui la regardait d'un air moqueur.

- Sans doute parce que j'avais envie d'entendre cette réponse... dit-il son sourire toujours au coin des lèvres.

- Et bien vous l'avez eu... Content ? dit-elle légèrement moqueuse.

- Presque... si tu acceptais enfin un verre je le serais... dit-il en arborant son éternel sourire en coin.

Cette fois-ci ce fut le tour de la métisse de laisser échapper un rire amusé. Il fallait admettre que c'était bien tenté.

- Je vous l'ai déjà dit... Je ne bois pas au travail... Et je ne suis de toute façon pas sûre que le patron apprécierait de me voir boire en plein service... dit-elle en plissant légèrement ses lèvres l'une contre l'autre, dans une expression faussement innocente qu'on pourrait qualifier de « c'est pas ma faute... ».

Shades se laissa allez à un dernier petit sourire, étouffant visiblement un rire avant de se pencher vers elle.

- Peut-être aurait-il plutôt apprécié de te voir danser de manière si... lascive au lieu de travailler... À la vue de l'indécence avec laquelle tu bougeais sobre, je me demande ce que ça donnerait avec un peu d'alcool pour te désinhiber... dit-il à son oreille.

Il avait du mal à rire tant il voyait la jeune fille virer au rouge pivoine au fur et à mesure qu'elle entendait ses paroles, elle était prise d'une telle gêne qu'elle en perdait la parole.

Aissa ne savait plus où se cacher elle et sa gêne, elle aurait aimé un petit trou de souris pour s'y terrer jusqu'à la fin des temps. Le fait que ce connard de première vienne de se moquer ouvertement d'elle passait encore, qu'il en ait profité pour glisser un autre sous-entendu... Bon ok... normalement ça ne la perturbait jamais, mais bon là elle s'était admise à elle-même que de toute façon il faudrait qu'elle oublie toute forme de réactions normales et proportionnées lorsqu'elle était près de cet homme... Mais ce qui la gênait au plus au point était le fait qu'il l'avait observé alors qu'elle se dandinait comme la dernière des poufs depuis vingt minutes, et que non seulement il l'avait vu faire, mais si elle en croyait ses dires, il l'avait observé un moment... Elle aurait pu mourir de honte... mais malheureusement ce n'était pas le cas, donc elle vivait de honte, ayant perdu absolument toute répartie à ce moment précis.

Elle sentait le criminel sourire contre son oreille avant de se redresser légèrement, son visage était relativement impassible, mais son regard trahissait son sentiment de victoire et cette malice qu'elle avait déjà pu voir plusieurs fois déjà.

Elle ne réussit qu'à marmonner un « je crois qu'on a besoin de moi » avant de littéralement fuir le criminel aussi vite que possible, essayant autant que peu se faire de contenir sa gêne. Même si à ce moment précis il lui semblait que Shades avait vu tout ce qu'il voulait voir.

Et effectivement, le criminel la regardait partir, l'air victorieux, il n'avait rien fait pour la retenir, car pour lui c'était définitivement le plus amusant, il avait eu ce qu'il voulait pour l'instant, avait réussi à lui clouer le bec, et cette expression de lapin pris dans les phares d'un camion était tout bonnement adorable. Elle lui faisait penser à un chaton, qui sortait facilement les griffes faisant mine d'attaquer, et il mourrait d'envie de savoir si elle serait réellement capable de se défendre si poussée au pied du mur.

Enfin, pour ce soir, le consultant avait déjà épuisé le temps qu'il pouvait lui consacrer, après tout, mine de rien, il avait encore une montagne de travail à effectuer.

OOOOoooo

Aissa de son côté, elle essayait de se replonger dans le travail le plus possible pour oublier sa gêne, mais si en début de service le fait que les clients ne soient pas très assoiffés l'avait arrangé, maintenant elle le regrettait, elle n'avait quasi rien à faire et tournait comme un lion en cage, espérant rapidement, finir son service pour ne pas retomber sur ce gangster qui avait le don de la pousser dans ses retranchements.

C'est avec une lenteur infinie, mais paradoxalement avec beaucoup de chance qu'Aissa finissait son service, elle avait cru que celui-ci allait durer toute la nuit tant le concert n'en finissait pas. Et avec une joie non dissimulée, elle se rendait au vestiaire avec l'idée de prendre une douche froide, premièrement pour se calmer enfin complètement, et ensuite parce qu'une douche lui permettrait de se laver de toute la fatigue qu'elle ressentait ce soir-là.

Cependant en arrivant dans les sous-sols, elle remarquait qu'elle avait mis un peu plus de temps que ses collègues féminines à descendre, et que là plupart de ces dernières avaient déjà débarrassé le plancher. Il ne restait que deux filles en bas, Candice, qui n'avait pas vraiment l'air prête à rentrer chez elle, et Monique, une femme d'une trentaine d'années et peu loquace qui était en train d'enfiler ses habits civils.

L'idée de profiter seule des vestiaires ne lui paraissait pas si déplaisante, et elle n'y réfléchit pas plus que ça avant de sortir ses habits de rechange de son casier, les posant sur le banc près de la porte des douches et d'aller se rincer à l'eau bien chaude.

Elle passait cinq minutes comme ça, cinq longues minutes à profiter de la chaleur de l'eau et à se savonner le plus tranquillement du monde, elle se doutait qu'une fois sortie de la douche elle allait subir le froid de la nuit et elle n'avait pas particulièrement hâte, alors elle prolongeait le moment autant que possible, soufflant quelques bulles de son gel douche à la baie d'Açaï dans les airs avant de finalement se rincer, enfilant une grosse serviette autour d'elle pour éviter de trembler de froid. Elle avait ramené cette dernière de France, c'était une serviette bleu azur, géante dans laquelle elle pouvait entièrement s'enrouler et qu'elle trouvait toute douce et confortable. Quand enfin elle prit son courage à deux mains et sortit de la douche, elle manqua de hurler de colère face à ce qu'elle voyait.

Ses vêtements avaient tous bonnement disparus, et elle pouvait sentir une présence dans le vestiaire qui était pourtant censé être vide... Peu importe à qui elle devait cette mauvaise farce, une chose était certaine, la personne allait passer un mauvais quart d'heure.

La métisse sortie de l'habitacle éteignant le robinet d'eau par réflexe, et serrant fermement sa serviette contre son corps, avant de discrètement s'avancer vers la présence qu'elle avait senti.

Elle remarquait plusieurs traces de pas au sol, des chaussures d'homme, ce qui n'aidait clairement pas la jeune fille à décolérer alors qu'elle regardait les traces de pas s'approcher du banc où elle avait posé ses affaires puis s'en éloigner. Elle en déduisait donc qu'il ne s'agissait pas d'une simple farce qu'une de ses collègues aurait pu lui faire... C'était génial, parce que quiconque se trouvait dans ces lieux allait lui payer ce mauvais tour.

Elle se redressait légèrement, tous ses muscles semblaient tendus tant elle appréhendait le moment où elle rencontrerait le crétin qui avait osé lui faire une mauvaise blague. Elle repérait au loin une ombre, à demi cachée derrière un casier, prudemment et sans faire de bruits, elle s'en approchait doucement.

Malheureusement elle ne put retenir le léger craquement de sa cheville droite lorsqu'elle fit un pas dans sa direction, ce qui attira directement l'attention de l'homme présent. Il sortit de derrière sa cachette.
Au départ elle ne reconnaissait pas la silhouette de ce mystérieux farceur, ce n'est que lorsqu'il entra dans la lumière que Aissa put reconnaître cet idiot. Il s'agissait du chien de garde de Cornell Stroke... Tone, il se tenait face à elle, tout sourire. Il laissa un morceau de tissu tomber au sol, ce n'est que quand ce dernier s'étala sur le carrelage des vestiaires qu'Aissa put reconnaître un de ses sous-vêtements, plus précisément sa culotte en dentelle noir qui semblait avoir été coupée au couteau.

- Je peux savoir ce que ça signifie au juste ? demanda la métisse.

Elle aurait bien mis ses mains sur ses hanches pour accentuer la colère passive qu'elle ressentait, mais si elle lâchait le haut de sa serviette, celle-ci risquait de tomber au sol sans demander son reste.

L'homme arborait un sourire arrogant, et s'approchait maintenant d'elle d'un pas qu'il voulait assuré, mais il semblait plutôt essayer d'apprendre la marche des éléphants de Dumbo...

Il se planta à quelques centimètres d'elle, la regardant de haut alors qu'elle ne faisait même pas mine de reculer, se contentant d'arborer cet air blasé au possible, elle laissa même échapper un petit sourire.

Si Tone pensait simplement que la jeune fille était presque heureuse de le voir, même si il regrettait légèrement de voir qu'elle n'avait pas l'air plus intimidée par lui que ça, en réalité Aissa était extrêmement heureuse de voir que bien qu'elle agissait comme la dernière des midinettes avec Shades c'était un comportement qui ne concernait que lui, face à Tone elle avait presque du mal à ne pas se moquer de lui, et la proximité avec le chien de garde ne lui faisait pas plus d'effet qu'un épisode de plus belle la vie.

- Et bien, je t'avais dit que je t'apprendrais les bonnes manières... dit Tone en s'approchant encore légèrement, Il est temps que je te donne une bonne leçon.

- Hmm... En effet tu as dit ça... Ce à quoi j'ai répondu qu'un américain est et sera toujours mal placé pour donner un cours du genre... Maintenant rends moi mes vêtements, je veux rentrer chez moi... répondit-elle en le regardant d'un air méprisant.

Même si elle faisait au bas mot deux têtes de moins que lui, elle réussissait l'exploit de quand même le regarder de haut, et son comportement avait le don d'insupporter le criminel, alors il la poussa sans ménagement contre les casiers, la laissant s'écraser douloureusement contre le métal des portes avant de se planter devant elle, l'empêchant de s'enfuir.

- Oh, mince, je vais avoir un bleu... dit simplement la métisse en lançant un regard à son épaule.

Exaspéré, Tone attrapa la jeune fille par la gorge, la forçant à le regarder, il était maintenant penché sur elle, son visage un peu trop proche du sien.

- Je vais t'apprendre à me manquer de respect... dit-il visiblement à bout de nerfs.

- Alors pour ça j'en ai pas vraiment besoin, jusque-là je me débrouille très bien toute seule... déclara-t-elle, Par contre, tu n'as jamais entendu parler de chewing-gum à la menthe ? Ça devient vraiment nécessaire à ce stade ! dit-elle sans même faire l'effort de retenir un rictus moqueur.

Malheureusement, les deux mains prises par sa serviette, elle ne put se défendre face à la gifle monumentale qu'il lui envoya, faisant basculer son visage vers la droite.

Elle sentait le goût métallique du sang commencer à faire son apparition contre le bout de sa langue, elle devait s'être mordu la lèvre en prévision de l'impact.

Malgré tout elle laissa échapper un petit rire, reportant son regard sur l'homme qui avait osé lever la main sur elle, A ce moment précis, elle ne regrettait qu'une chose, avoir oublié de laisser le robinet ouvert, elle aurait pu le réduire à l'état de charpie en moins de temps qu'il faut pour le dire, mais non, comme une idiote elle se retrouvait à sa merci... s'en était risible... Enfin, elle n'allait pas non plus se laisser faire.

- Hmm... celle-là je l'avais peut-être mérité un peu... dit-elle en imitant le capitaine Jack Sparrow. Enfin, je pourrais au moins récupérer mes vêtements ? C'est pas que j'ai froid mais c'est l'idée...

Tone arborait un sourire bien trop fier de lui, il la plaqua une nouvelle fois contre les portes de métal, faisant taper sa tête sans ménagement.

- Et bien, il suffit de demander pour que je te réchauffe ma belle... dit-il en laissant courir sa main libre sur le flan de la métisse.

Elle eut un léger haut le cœur tout en se remerciant mentalement d'avoir pris une serviette aussi longue, avec sa taille de minimoy cette dernière lui arrivait jusqu'au chevilles, et de ce fait le chien de garde n'était pas près d'entrer en contact avec sa peau, ce qui la rassurait légèrement.

Cependant, ce qui lui faisait peur c'était qu'il s'approchait dangereusement, visiblement dans l'optique de l'embrasser et ça ne lui plaisait pas du tout. Elle avait bien une idée qui pourrait la sortir de cette situation, mais elle n'avait encore jamais tenté ça, et ne savait pas vraiment si ça marcherait.

D'autant plus que ça tête bourdonnait affreusement, se prendre deux fois une porte en métal ça ne remet pas vraiment les idées en place, alors c'est légèrement sonnée qu'elle laissa le criminel poser ses lèvres contre les siennes.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'était pas vraiment un bon embrasseur, elle avait plus l'impression de se faire aspirer le visage qu'être embrassé.

Elle se laissa faire quelques instant, le temps de reprendre ses esprits, elle sentait sa main droite serrer beaucoup trop fort contre sa gorge, l'empêchant de respirer normalement, alors que le criminel s'essayait à avaler son visage, du moins c'est ce qu'elle supposait au fait de la sensation désagréable qu'il lui procurait.

Sa main gauche elle était posée sur la hanche de la jeune fille, ses doigts se plantant légèrement dans sa peau à travers le tissu de la serviette.

Dans une tentative relativement désespérée d'éloigner ce crétin d'elle, Aissa décida d'utiliser ses pouvoirs de manière un peu différente. Si par le passé, due à de petites expériences elle avait déjà essayé de changer les états de l'eau par sa simple volonté, et qu'elle était effectivement capable de se transformer en liquide pendant une très courte période de temps, elle n'avait jamais eu l'occasion d'essayer de faire les deux.

Elle profita du moment où Tone décidait de franchir la barrière de ses lèvres pour approfondir le ... « baiser » pour commencer à givrer l'eau qui se trouvait dans sa bouche, se servant de la langue de son assaillant comme d'un pont pour faire entrer le froid dans sa bouche à lui. Ça lui demandait énormément d'énergie et de concentration, cependant en quelques secondes à peine elle avait réussi à complètement raidir sa langue sous le froid et elle se doutait qu'il en allait de même pour le reste de sa bouche.

A la fois surprit et effrayé, Tone relâcha sa poigne ce qui permit à la métisse de le faire reculer d'un coup de pied bien placé.

A l'aide d'un second coup elle l'envoyait au sol pour de bon alors qu'il semblait reprendre peu à peu ses esprits.

- Mais quel genre de chose es-tu ? Articula Tone.

La métisse se pencha vers lui, lui offrant un sourire bizarrement sincère.

- Oh mon cœur... Tu n'as pas la moindre idée du monstre que je suis vraiment... dit-elle simplement avant de partir à la recherche de ses vêtements.

Mais bien-sûr Tone avait décidé de les réduire en charpie, son T-shirt n'était maintenant plus que des lamelles de tissus et il avait tout bonnement coupé son Short en deux, mais ce qui attristait le plus la métisse était l'état de son soutien-gorge.

- Nan ça c'est vraiment pas cool, tu sais combien ça coûte ce genre de trucs ? Ça ne se fait vraiment pas... bouda la métisse alors que Tone se relevait pour fuir les vestiaires le plus vite possible.

La métisse soupira de dépit avant de partir à la recherche de son uniforme de travail, mais bien-sûr la buanderie qui faisait trop bien son travail avait déjà vidé les bacs des uniformes... dommage.

En fouillant dans ses affaires à la recherche de quelque chose qui pourrait l'aider, Aissa remarquait que ses mains tremblaient de plus en plus, elle n'arrivait même pas à se saisir de son téléphone, sa vision commençait à se troubler, des tâches venant y danser de temps à autre, et le bourdonnement n'avait toujours pas quitté ses oreilles. Elle sentait tout son corps tanguer de gauche à droite, incapable de se stabiliser.

Il lui était déjà arrivé d'avoir des malaises si elle utilisait ses pouvoirs en trop grosse quantité, mais jamais quelque chose d'aussi fort, c'est comme si toute sa force vitale avait disparu, lorsqu'elle chercha à s'asseoir un moment pour se calmer, elle sentit ses jambes flancher sous son poids et tout son corps tomber vers l'avant, droit vers le banc en bois.

Cependant avant de le percuter, elle sentit quelque chose contre sa taille, comme si quelqu'un venait de la rattraper.